samedi 20 octobre 2012

ne vous tourmentez pas pour savoir comment vous défendre ou comment parler - textes du jour

Samedi 20 Octobre 2012

D’abord prier… prière de demande. Depuis quelques jours, décidé d’emmener notre fille pour «  se confesser », et du coup moi aussi. Fiche qu’elle lira pour les parties récitées préparant l’aveu de ce qui… et de ce que … mais contrairement à mes parents pour mes premières confessions, à mes cinq-six ans, je la laisse réfléchir seule. Ce qui nous distancie de Dieu. Lu dans sa Bible pour jeunes enfants – maintenant insuffisante mais si justement illustrée et racontée – la parabole du prodigue (la cherchant dans la Bible « pour adultes », l’exhaustive… je constate que le récit ne figure que dans Luc [1], avec des références à Isaïe, à Jérémie, à Zacharie pour les mouvements du fils partant et revenant. Dans la version de Marguerite, le jeu des physionomies, celle du père est toujours d’une telle bonté que c’est montré par l’étonnement et la naïveté, la bonté rend vulnérable selon le regard d’autrui, mais certainement selon le regard de Dieu sur nous. Notre fille veut un texte de l’Ancien Testament, qu’elle appelle la première partie, elle a compris le fondement de nos Ecritures, leur équilibre mutuel par l’explication et le développement de chacune par l’autre. Dans la responsabilité dont très souvent je prends conscience et sur laquelle je m’interroge – transmettre ma foi, si limitée et peu efficiente, à notre fille, sera-ce accompagnement et grâce pour toute sa vie, ou bien difficukté et handicap… responsabilité de transmettre, mais j’inocule… quoi ? La réponse me vient, de source, le vrai transmetteur n’est pas moi… et ce que je transmets n’est pas du texte ni de la croyance, je mets en relation de trésor à trésor, de personne à personne. Nous avons lu alors la Genèse et le « péché originel », nous alternant dans la lecture. L’Islam plus adroitement, parce que ce n’est pas fonctionnel et que ce peut être donné à tous les participants au groupe qui s’assemble et va prier, donne à présider. L’Eglise chrétienne a sa présidence en liturgie. Marguerite « préside » d’autorité, car elle l’a reçue manifestement. Je le ressens. Nous avons terminé, à son initiative, par le Je vous salue, Marie et sa lecture de fiches… le memento de toutes les mamans du monde qui souffrent.
Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu’il ouvre votre cœur à sa lumière, poour vous faire comprendre l’espérance que donne son appel. Me voici à genoux et à l’écoute. Et le pardon, selon le pouvoir donné aux Apôtres et à leur chef, est signe d’Eglise autant que d’incarnation : l’Eglise est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.  Je ne m’attarde que la complexité, et peut-être la maladresse de certains exposés pauliniens de la Trinité : le Christ égal en tout au Père ne doit rien à Celui-ci, et tout cependant, et mutuellement. Et nous ? notre péché personne… Celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié en face des anges de Dieu. Je renie Dieu dans le péché, car j’oublie mon espérance, mon témoi accusateur c’est moi-même dans la lumière que me procure l’Esprit Saint à seule fin de revenir à Dieu. Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné.  [2]
Rencontres et dialogues d’hier et avant-hier. Mon cher Denis M., retrouvé après l’alerte de santé, l’infarctus et l’itinéraire des soins et examens depuis, de sa montagne en séjour de vacances dans le Beaufortin à la messe du soir, hier, avec Anne-Marie semi-handicapée et moi heureux d’être à l’heure. Lui-même est content d’être déchargé de toute tâche et responsabilité fonctionnelle. Etre quitté par toute une quantité d’ennuis, d’histoires, de prises ç charge matérielle et autre… vie du prêtre en mission pastorale…Heureux des e reposer enfin, d’approfondir. Je le sens depuis quelques années, à plus de quatre vingt ans, vraiment en marche, nu de foi, culturellement chrétien, dominé par les expériences parfois négatives de sa formation et de son parcours, mais si vrai quand il évoque saint Augustin rien que par le « devoir » qu’il avait dû rédiger au grand séminaire : le sacrifice, et sa définition qu’il donne en latin et doit me traduire, ce qui éloigne de Dieu et ce qui ramène l’homme à son Créateur, mouvement perpétuel de la création et du rachat. Il a lu, improviste d’un auteur déjà ancien, une biographie d’Elisabeth de la Croix qu’il découvrait ainsi. J’évoque, accompagnant celle-ci et gerbe décisive des femmes apportant tant à l’Eglise au XXème siècle qu’avait préparé Thérèse de Lisieux : Edith STEIN. Il ne suit pas le synode des évêques sur la nouvelle évangélisation et a comme moi le réflexe de dire : réévangélisation. Je m’en suis réjoui. Dépasser la boîte à idées ? cela ne semble pas en prendre le chemin. Pendant le Concile, sa célébration aujourd’hui en cinquantenaire, sans véritable approfondissement et application de ses contenus et décisions, Paul VI avait assumé proprio motu la maitrise de l’ordre du jour. A vérifier, mais cela se ressentait à l’époque. Des assemblées d’évêques, des travaux et débats ensemble, et l’impasse ou l’interdit. Depuis, continue Denis… tout s’est passé comme si les papres successifs avaient été enchanté de l’apparition, de l’expression des intégristes et de la place médiatique qu’ils ont prise. Les vocations sacerdotales d’aujourd’hui semblent se produire et s’épanouir uniquement dans cette mouture, sinon cet esprit. Remarque conclusive : l’Eglise depuis un siècle, a eu des papes trop intelligents. Lui-même hanté par le pratique et la pastorale. Commune estime pour le duré doyen, capable de revenir sur une affirmation ou une décision, un dérapage et de faire toutes les réparations voulues. L’humilité est une grâce.
Avant-hier, expérience crûe des circonstances de l’Evangile. Vendant ses fromages de brebis ou de chèvres, à l’étal d’une camionnette ad hoc sur les marchés forains, le jeudi soir dans notre bourg, j’avais à la fin de Juillet remarqué sa croix pectorale : byzantine. Habillé de noir, courte barbe, calme. Orthodoxe, qui devait être ordonné prêtre le 15 Août. Je le retrouve, lui dis ma pensée à cette date-là. Echange grâce à l’évocation de notre fille, les circonstances si naturelles, mais exceptionnelles pour les mœurs dans l’Eglise catholique, de sa première communion. Le dire de Denis M. sans penser à notre fille, qu’au baptême dans l’Eglise orthodoxe l’hostie est posée sur les lèvres du nourrisson. Mon vis-à-vis ajoute : et le prêtre trempe le doigt dans le calice du vin consacré et en humecte la langue du baptisé. Nous nous reverrons. Il avait gardé le souvenir de notre première dialogue. Il célèbre seul la messe, en attente de paroisse ou en train de la constituer. Denis M. reconstituait cela très bien. On est tout à fait dans le schéma des Actes des Apôtres. Pour mon dialoguant, la crise de la foi est particulière à la France et tient à la manière et à l’esprit dans lesquels sont attendus et conçus les enfants. Tout le système est égoiste et de l’ordre de l’avoir. Cette spécificité française – que caractérise de son côté Denis M. en stigmatisant ce tropisme continuel vers la Restauration de 1815, les propositions de chelin de croix, d’adoration, de procession – me frappe. Elle a une portée politique. Nos maladies actuelles en France ne sont pas universelles pour l’essentiel, elles nous sont propres, de même que nous fut propre notre ressort antan.
Memento avant de m’éloigner de l’autel intérieur. Grâces soient rendues aux dirigeants de la collection Pleiade : Thérèse d’Avila et Jean de la Croix y entrent. Mais je doute que soit jamais levé l’interdit pesant sur BRASILLACH du fait de ses écrits antisémites, aujourd’hui introuvables puisqu’évidemment pas repris de Je suis partout… une de nos maladies est là. Le président des jeunesses juives réclamant hier une législation spéciale pour la poursuite de l’antisémitisme sur internet… L’attentat affreux à Beyrouth, le cancer syrien triomphant, une guerre du genre de celle d’Espagne, mais qui à l’époque avait été contenue, il est vrai que le « fascisme » avait triomphé ailleurs sans combat ni résistance… Comme en Afrique et au Maghreb, ce n’est ni être paternaliste, ni complexé, ni néo-colonial que de reconnaître qu’au Levant, l’histoire, même avec ses faces d’ombre ou de manichéisme depuis les Croisades jusqu’au mandat et aux débats avec les Anglais, nous a donné une responsabilité morale. Des repentances ou des fiertés, soit… mais le traitement du passé ne devrait affecter que nos consciences et nos intelligences et pas autant les incantations publiques. Il faut que cesse ce massacre en Syrie, il faut préserver le Liban, c’est aussi important sinon plus que la dogmatique « occidentale » sur la sécurité d’Israël… Le scandale des pantomimes sur le « made in France » (énoncé en sigle anglais de même que nos autorités chargées de la francophonie tolèrent depuis le début les libellés en anglais des messageries courantes, ainsi celle d’Orange et de ses « fournisseurs d’accès ») et d’avoir publiquement évoqué Florange, le désastre industriel français et la mise au rancart de la fleur ouvrière française, en comparant loutil et le site à un canard boîteux. Je sais bien que c’est le terme de Bercy, comme dans les état-majors au temps de NIVELLE devant Verdun, une offensive se décidait par cette phrase : faites donner la viande. La politique, la vie, l’évangélisation se jouent là : le respect pour l’homme commence par la pitié et par la révolte. Je nous les souhaite. En France et dans l’Eglise. Et aussi dans mon cœur et dans mon existence quotidienne.
Expérience d’évangile. Cette rencontre de ce prêtre orthodoxe, la sympathie, le dialogue, l’échange à venir, ce que j’en apprendrai sûrement, son accueil et son souhait de cœur… mais en moi, une méfiance que je ne sais définir ni élucider. Peut-être parce qu’il est haut-le-pied, sans paroisse. Il gagne son pain par ses fromages et aussi un cabinet de consultant en para-médecine chinoise et en thérapie par la diététique, rendant seulement à qui vient le trouver les outils de sa guérison et remise sur pied personnelles. Les Apôtres, un par un, à leur rencontre du Christ, auraient pu avoir cette méfiance devant l’insolite et l’inédit. D’autant qu’il s’agissait de bien davantage qu’une rencontre passagère, si marquante serait-elle : ils étaient invités à suivre, et ils suivirent. Denis M. hier soir, encore dans la préparation d’une homélie pour dimanche, le jeune homme dit riche. Remarque, très rare cas dans l’évangile où Jésus est quitté dans la tristesse de celui qui était accouru vers lui. La généralité, il est vrai en circonstances de miracles, est au contraire l’explosion de joie et de bonheur : les paralytiques, lépreux et aveugles, la Samaraitaine, Marie-Madeleine…


[1] - XV 11 à 32 ; Isaïe LV 7 & XLIX 14 à 16 ; Jérémie III 12 & XXXI 20 ; Zacharie III 4

[2] - Paul aux Ephésiens I 15 à 23 ; psaume VIII ; évangile selon saint Luc XII 8 à 12

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