jeudi 1 avril 2010

Jésus sachant... plus tard, tu comprendras - textes du jour

Jeudi-Saint 1er Avril 2010


Prier : notre religion chrétienne n’est pas un savoir-vivre ni une conception du monde, pas non plus fondamentalement une prescription, elle n’est qu’accessoirement une révélation de Dieu (le cartésianisme et la « philosophie des lumières » montrent que nous pouvons nous en passer pour discerner Dieu par nous-mêmes, selon nos schèmes mentaux ou selon une réflexion assez simpliste que contestent les agnostiques, dont la force est plutôt dans leur démonstration que psychiquement ils ne se portent pas plus mal sans idée de Dieu, que dans leurs raisonnements vraiment brèves de comptoir). Elle est l’affirmation – et la démonstration par l’exemple, l’itinéraire et la vie du Christ – que nous sommes appelés à participer à la vie-même de Dieu. [1] Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Jean, le mystique, Jean le favorisé, sinon le favori (mais aimer est-il favoriser ? ou distinguer, discriminer ? je crois que c’est plutôt de la part de celui/celle qui aime : approfondir, élargir), Jean insiste sur cet appel à l’intelligence que si souvent Jésus adresse à ses disciples qui le regarde, l’écoute, le voit faire et vivre. C’est un exemple que je vous ai doné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. . . Ce jour-là sera pour vous un mémorial . Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est une loi perpétuelle : d’âge en âge vous la fêterez. . . . Faites cela en mémoire de moi. L’éternité dans la tête, donc descendant au cœur : la mémoire du passé, le comportement au présent, l’attente de la venue du Christ, et ces jours-ci la récapitulation des prétentions de Jésus à être le rédempteur et Fils de Dieu, sa mise à mort par nous contre toute équité et contre toute procédure même humaines, sa résurrection avec le souffle coupé et donc le corps tranquille de tout le Samedi-Saint pour la contemplation. Madeleine au tombeau. Le cri de Pierre : participation et humilité, spontanéité et vulnérabilité, nous… alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête. La croix, les pieds, les mains clouées, la tête qui penche après l’interrogation, l’imploration, le cri. Plus tard, tu comprendras. Car nous comprendrons ! et d’abord cet exceptionnel sacrement de l’Eucharistie, banalisé par ceux qui persistent à « aller à la messe » (les talas. de l’université parisienne en 1900) et totalement ignoré par le « commun des mortels ». Ceci est mon corps, qui est pour vous. . . Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang . Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. Or, il s’agit de pain, rompu et distribué – en fin d’un repas festif mais « normal » et d’une coupe de vin, la énième sans doute de la soirée. Le contexte dramatique ne sera perçu que rétrospectivement. Quelle soirée cependant : Judas qui s’éclipse après un dialogue codé avec le Seigneur, le lavement des pieds rappelant une admonestation fréquente du Christ à ses disciples, mais ces petits faits avaient leurs précédents. Tout est là – dans nos vies – mais nous ne comprenons pas. La liturgie chrétienne, vêcue comme un temps d’arrêt et d’entrée … et aussi comme une épreuve proposée, moins distinctement que nos malheurs et épreuves petits ou grands, mais avec le sens à portée de nos cœurs, de nos intelligences, de nos mains. Ces jours-ci sont clé. En déduire pour moi, nous, nos aimés l’espérance sereine, et l‘urgence d’une révolte contre nos inerties, mon inertie, et contre le monde et nos sociétés tels qu’ils vont, inertes dans leur mensonge et leur cynisme : chaque jour, chaque heure en rajoutent. Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Nos routes.


[1] - Exode XII 1 à 14 passim ; psaume CXVI ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XI 23 à 26 ; évangile selon saint Jean XIII 1 à 15

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