lundi 16 août 2021

 

COMMENTAIRE DE SAINT GRÉGOIRE LE GRAND
SUR LE LIVRE DE JOB

Le double combat de l'Apôtre

On nous rapporte que les saints entraînés dans le combat des épreuves combattent simultanément certains de leurs ennemis en les frappant, et d'autres en les persuadant ; à ceux-ci ils opposent le bouclier de la patience, contre ceux-là ils brandissent les javelots de l'enseignement. Et ils réussissent merveilleusement dans la pratique de ces deux genres de combat. Au-dedans, ils instruisent sagement ceux qui sont égarés ; au dehors, ils méprisent, courageusement ceux qui les attaquent. Ils corrigent ceux-ci par l'enseignement ; ils découragent ceux-là par la constance. Par la patience, ils peuvent regarder sans crainte les ennemis menaçants ; mais, par la compassion, ils amènent au salut leurs concitoyens qui faiblissent. Ils résistent à ceux-là, pour les empêcher d'entraîner les autres ; ils craignent que ceux-ci ne s'écartent radicalement de la voie droite.

Regardons le soldat de l'armée divine se battre des deux côtés. Il dit : Luttes au-dehors, craintes au-dedans. Il énumère les guerres qu'il endure au-dehors en disant : Dangers des fleuves, dangers des bandits, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur mer, dangers des faux frères. Dans cette guerre, il doit ajouter les flèches qu'il lance contre l'adversaire : Fatigues et peines, veilles fréquentes, faim, soif ; jeûnes fréquents, froid et dénuement.

Mais alors qu'il est entraîné dans tous ces combats, il va dire comment il va encore être vigilant pour protéger son camp. Car il ajoute aussitôt : Sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Églises. Voilà comment il soutient courageusement les combats et se dépense avec miséricorde pour protéger ses proches. Il raconte les maux qu'il souffre, il y ajoute les bienfaits qu'il dispense.

Comprenons donc quel labeur c'était pour lui de supporter les assauts au-dehors, et en même temps de protéger la faiblesse du dedans. Au-dehors, il souffre des combats parce qu'il est déchiré par les fouets, lié par les chaînes ; au-dedans, il éprouve la peur : il redoute que ce qu'il souffre ne fasse du tort, non pas à lui. mais à ses disciples. C'est pourquoi il écrit à ceux-ci : Que personne ne soit ébranlé au milieu des épreuves présentes, car vous savez bien que nous y sommes destinés. Dans sa propre passion, ce qu il craignait, c'était la chute des autres ; il craignait que ses disciples, en apprenant qu'il avait été fouetté pour la foi, ne refusent de professer leur propre foi.

Tendresse d'une infinie charité ! Il méprise sa propre souffrance, et il veille à ce que ses disciples ne souffrent dans leur cœur aucun dommage d'une suggestion mauvaise. Il dédaigne pour lui-même les blessures corporelles, et il remédie chez les autres aux blessures spirituelles. Les justes se reconnaissent à cela : accablés de douleurs par l'épreuve, ils ne cessent pas de se soucier de l'intérêt d'autrui ; alors qu'ils souffrent des malheurs qui les atteignent eux-mêmes, ils veillent par leur enseignement à fournir autrui du nécessaire ; c'est ainsi qu'ils sont de grands médecins tout en étant frappés par la maladie. Eux-mêmes sont déchirés de blessures, et ils portent aux autres les remèdes qui leur rendront la santé.

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