vendredi 11 août 2017

sainte Claire d’Assise, vierge et fondatrice des Clarisses 1193 + 1253 . mémoire du jour, catéchèse de Benoît XVI & wikipédiawikipédia



Claire, naît en 1193 en Assise (Italie), dans la noble famille de Favarone di Offreduccio, de Bernardino et de Ortolana. Dès son enfance, on put admirer en elle un vif attrait pour la retraite, l'oraison, le mépris du monde, l'amour des pauvres et de la souffrance ; sous ses habits précieux, elle portait un cilice.

À l'âge de seize ans, fortement émue de la vie si sainte de François d'Assise, elle va lui confier son désir de se donner toute à Dieu. Le Saint la pénètre des flammes du divin amour, accepte de diriger sa vie, mais il exige des actes : Claire devra, revêtue d'un sac, parcourir la ville en mendiant son pain de porte en porte. Elle accomplit de grand cœur cet acte humiliant, et, peu de jours après, quitte les livrées du siècle, reçoit de François une rude tunique avec une corde pour lui ceindre les reins, et un voile grossier sur sa tête dépouillée de ses beaux cheveux.
Elle triomphe de la résistance de sa famille. Quelques jours après, sa sœur Agnès la supplie de l'agréer en sa compagnie, ce que Claire accepte avec joie, en rendant grâce au Ciel. « Morte ou vive, qu'on me ramène Agnès ! » s'écria le père, furieux à cette nouvelle ; mais Dieu fut le plus fort, et Agnès meurtrie, épuisée, put demeurer avec sa sœur. Leur mère, après la mort de son mari, et une de leurs sœurs, vint les rejoindre.
La communauté fut bientôt nombreuse et florissante ; on y vit pratiquer, sous la direction de Claire, devenue, quoique jeune, une parfaite maîtresse de vie spirituelle, une pauvreté admirable, un détachement absolu, une obéissance sublime : l'amour de Dieu était l'âme de toutes ses vertus.
Claire dépassait toutes ses sœurs par sa mortification ; sa tunique était la plus rude, son cilice le plus terrible à la chair; des herbes sèches assaisonnées de cendre formaient sa nourriture ; pendant le Carême, elle ne prenait que du pain et de l'eau, trois fois la semaine seulement. Longtemps elle coucha sur la terre nue, ayant un morceau de bois pour oreiller.
Claire, supérieure, se regardait comme la dernière du couvent, éveillait ses sœurs, sonnait matines, allumait les lampes, balayait le monastère. Elle voulait qu'on vécût dans le couvent au jour le jour, sans fonds de terre, sans pensions et dans une clôture perpétuelle.
Elle est célèbre par l'expulsion des Sarrasins, qui, après avoir pillé la ville, voulaient piller le couvent. Elle pria Dieu, et une voix du Ciel cria : « Je vous ai gardées et je vous garderai toujours. » ; malade, se fit transporter à la porte du monastère, et, le ciboire en main, mit en fuite les ennemis.
Claire, le 11 août 1253, quitte sa demeure terrestre pour la rencontre avec Dieu.
Pour approfondir, lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>>  Claire d’Assise
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Et plus encore : >>>  Clarisses


Sources principales : Abbé L. Jaud (Vie des Saints...) ; vatican.va (« Rév. x gpm »).





 
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 15 septembre 2010


Claire d’Assise

Chers frères et sœurs,
L’une des saintes les plus aimées est sans aucun doute sainte Claire d’Assise, qui vécut au XIIIe siècle, et qui fut contemporaine de saint François. Son témoignage nous montre combien l’Eglise tout entière possède une dette envers des femmes courageuses et riches de foi comme elle, capables d’apporter une impulsion décisive au renouveau de l’Eglise.
Qui était donc Claire d’Assise? Pour répondre à cette question, nous possédons des sources sûres: non seulement les anciennes biographies, comme celles de Thomas de Celano, mais également les Actes du procès de canonisation promu par le Pape quelques mois seulement après la mort de Claire et qui contiennent les témoignages de ceux qui vécurent à ses côtés pendant longtemps.
Née en 1193, Claire appartenait à une riche famille aristocratique. Elle renonça à la noblesse et à la richesse pour vivre dans l’humilité et la pauvreté, adoptant la forme de vie que François d’Assise proposait. Même si ses parents, comme cela arrivait alors, projetaient pour elle un mariage avec un personnage important, à 18 ans, Claire, à travers un geste audacieux inspiré par le profond désir de suivre le Christ et par son admiration pour François, quitta la maison paternelle et, en compagnie de son amie, Bona de Guelfuccio, rejoignit en secret les frères mineurs dans la petite église de la Portioncule. C’était le soir du dimanche des Rameaux de l’an 1211. Dans l’émotion générale, fut accompli un geste hautement symbolique: tandis que ses compagnons tenaient entre les mains des flambeaux allumés, François lui coupa les cheveux et Claire se vêtit d’un habit de pénitence en toile rêche. A partir de ce moment, elle devint l’épouse vierge du Christ, humble et pauvre, et se consacra entièrement à Lui. Comme Claire et ses compagnes, d’innombrables femmes au cours de l’histoire ont été fascinées par l’amour pour le Christ qui, dans la beauté de sa Personne divine, remplit leur cœur. Et l’Eglise tout entière, au moyen de la mystique vocation nuptiale des vierges consacrées, apparaît ce qu’elle sera pour toujours: l’Epouse belle et pure du Christ.
L’une des quatre lettres que Claire envoya à sainte Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui voulut suivre ses traces, parle du Christ, son bien-aimé Epoux, avec des expressions nuptiales qui peuvent étonner, mais qui sont émouvantes: «Alors que vous le touchez, vous devenez plus pure, alors que vous le recevez, vous êtes vierge. Son pouvoir est plus fort, sa générosité plus grande, son apparence plus belle, son amour plus suave et son charme plus exquis. Il vous serre déjà dans ses bras, lui qui a orné votre poitrine de pierres précieuses... lui qui a mis sur votre tête une couronne d'or arborant le signe de la sainteté» (Première Lettre: FF, 2862).
En particulier au début de son expérience religieuse, Claire trouva en François d’Assise non seulement un maître dont elle pouvait suivre les enseignements, mais également un ami fraternel. L’amitié entre ces deux saints constitue un très bel et important aspect. En effet, lorsque deux âmes pures et enflammées par le même amour pour le Christ se rencontrent, celles-ci tirent de leur amitié réciproque un encouragement très profond pour parcourir la voie de la perfection. L’amitié est l’un des sentiments humains les plus nobles et élevés que la Grâce divine purifie et transfigure. Comme saint François et sainte Claire, d’autres saints également ont vécu une profonde amitié sur leur chemin vers la perfection chrétienne, comme saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Et précisément saint François de Sales écrit: «Il est beau de pouvoir aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes; je parle de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent réellement un seul esprit» (Introduction à la vie de dévotion, III, 19).
Après avoir passé une période de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry, qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute origine sociale, qui «ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux... Les femmes... demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elle ne reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne le voudraient, par les prêtres et les laïcs» (Lettre d’octobre 1216: FF, 2205.2207).
Jacques de Vitry avait saisi avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité franciscaine à laquelle Claire fut très sensible: la radicalité de la pauvreté associée à la confiance totale dans la Providence divine. C'est pour cette raison qu'elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le Privilegium Paupertatis (cf. FF, 3279). Sur la base de celui-ci, Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété matérielle. Il s'agissait d'une exception véritablement extraordinaire par rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n'était pas secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a été la première femme dans l'histoire de l'Eglise à avoir rédigé une Règle écrite, soumise à l'approbation du Pape, pour que le charisme de François d'Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s'inspirer de l'exemple de François et de Claire.
Dans le couvent de Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient distinguer chaque chrétien: l'humilité, l'esprit de piété et de pénitence, la charité. Bien qu'étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les sœurs malades, en s'imposant aussi des tâches très humbles: la charité en effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l'Eucharistie était si grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires sarrasins, qui étaient sur le point d'agresser le couvent de Saint-Damien et de dévaster la ville d'Assise.
Ces épisodes aussi, comme d'autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons: «Comme est vive la puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux; elle se recueillait dans un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde. Elle se protégeait à l'intérieur et elle se répandait à l'extérieur. Claire en effet, se cachait: mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa renommée criait» (FF, 3284). Et il en est véritablement ainsi, chers amis: ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de manière durable, en insufflant les énergies que seul l'amour inspiré par l'Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de l'humanité!
La spiritualité de sainte Claire, la synthèse de sa proposition de sainteté est recueillie dans la quatrième lettre à sainte Agnès de Prague. Sainte Claire a recours à une image très répandue au Moyen âge, d'ascendance patristique, le miroir. Et elle invite son amie de Prague à se refléter dans ce miroir de perfection de toute vertu qu'est le Seigneur lui-même. Elle écrit: «Heureuse certes celle à qui il est donné de prendre part au festin sacré pour s'attacher jusqu'au fond de son cœur [au Christ], à celui dont toutes les troupes célestes ne cessent d'admirer la beauté, dont l'amitié émeut, dont la contemplation nourrit, dont la bienveillance comble, dont la douceur rassasie, dont le souvenir pointe en douceur, dont le parfum fera revivre les morts, dont la vue en gloire fera le bonheur des citoyens de la Jérusalem d'en haut. Tout cela puisqu'il est la splendeur de la gloire éternelle, l'éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache. Ce miroir, contemple-le chaque jour, ô Reine, épouse de Jésus Christ, et n'arrête d'y contempler ton apparence afin que... tu puisses, intérieurement et extérieurement, te parer comme il convient... En ce miroir brillent la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité et l'ineffable charité» (Quatrième lettre: FF, 2901-2903).
Reconnaissants à Dieu qui nous donne les saints qui parlent à notre cœur et nous offrent un exemple de vie chrétienne à imiter, je voudrais conclure avec les mêmes paroles de bénédiction que sainte Claire composa pour ses consœurs et qu'aujourd'hui encore les Clarisses, qui jouent un précieux rôle dans l'Eglise par leur prière et leur œuvre, conservent avec une grande dévotion. Ce sont des expressions où émerge toute la tendresse de sa maternité spirituelle: «Je vous bénis dans ma vie et après ma mort, comme je peux et plus que je le peux, avec toutes les bénédictions par lesquelles le Père des miséricordes pourrait bénir et bénira au ciel et sur la terre les fils et les filles, et avec lesquelles un père et une mère spirituelle pourraient bénir et béniront leurs fils et leurs filles spirituels. Amen» (FF, 2856).
* * *
Je salue les francophones présents et plus particulièrement les participants au pèlerinage promu par la Conférence épiscopale de Guinée, et conduits par l’Evêque de N’Zérékoré, Mgr Guilavogui, et ceux du Diocèse de Nancy, en France, guidés par Mgr Papin. Je n’oublie pas les pèlerins de la Martinique, de Dijon et d’ailleurs. Puisse Dieu vous bénir! Bon séjour à Rome!

APPEL DU SAINT-PÈRE
Je suis avec préoccupation les événements qui se déroulent ces jours-ci dans les diverses régions de l'Asie du sud, notamment en Inde, au Pakistan et en Afghanistan. Je prie pour les victimes et je demande que le respect de la liberté religieuse et la logique de la réconciliation prévalent sur la haine et la violence.
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Claire d'Assise

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Sainte Claire d'Assise
Image illustrative de l'article Claire d'Assise
Assise, basilique Sainte-Claire -
détail de la fresque de la vie de la sainte
Naissance
Décès
le 11 août 1253  (à 59 ans)
à Assise
Nationalité
Ordre religieux
Vénéré à
Fête
Saint patron
Divination, maladie ophtalmique, joaillier, linge de maison, doreur, or, beau temps, télévision, village de Santa Clara (Mexique)
Sainte Claire, née Chiara Offreduccio di Favarone à Assise en 1193 ou 1194 dans une famille de la noblesse, morte dans cette même ville le 11 août 1253, disciple de saint François d'Assise est la fondatrice de l'ordre des Pauvres Dames (clarisses), déclarée sainte par l'Église catholique romaine.

Sommaire

Assise

Claire d'Assise est née le 20 février 1193 selon un codex germanique du XIVe siècle, le 18 juillet selon le frère mineur Mariano da Firenze1. Selon la tradition, l'Église fixe sa date de naissance le 16 juillet 11942.
Selon les actes de son procès de canonisation, Claire Offreduccio di Favarone est la fille3 de Favarone, probablement de la lignée noble des comtes de Coccorano et, selon une tradition qui remonte au XVe siècle, d'Ortolana d'Assise, issue d'une famille noble de Fiume4.
Vers 1210, Claire assiste dans l’église Saint-Georges à Assise aux prêches de Carême de François Bernardone, le fils d'un bourgeois qui a tout quitté pour réaliser son idéal de vie évangélique5.
Enthousiasmée par cette prédication, conquise par l'idéal de pauvreté à l'image des évangiles, elle décide de renoncer au monde, après avoir rêvé de sillonner la Méditerranée comme sa mère qui avait fait de nombreux pèlerinages à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle et en Terre sainte. Elle quitte sa famille en cachette le soir du dimanche des Rameaux, le 20 mars 1212, en compagnie de l'une de ses tantes, pour rejoindre François et ses compagnons à la Portioncule6.
Ceux-ci lui remettent une tunique de toile grossière, la bure, et lui coupent les cheveux, en signe de renoncement. Selon les mœurs du temps, ne pouvant vivre au milieu d'hommes, la jeune fille se réfugie ensuite au couvent des nonnes bénédictines de San Paolo (Saint-Paul, près de Bastia). Elle doit y faire face aux tentatives violentes de son père et de ses oncles, furieux, de la ramener chez elle car ils voulaient lui arranger un mariage de convenance7. Puis François la confie aux Bénédictines de Saint-Ange de Panzo sur les contreforts du mont Subasio au sud-est d'Assise. Seize jours plus tard, elle est rejointe par sa sœur cadette, Catherine, qui deviendra Agnès d'Assise malgré l'opposition violente de leur famille 8.

San Damiano

Fin avril 1212, François installe la communauté naissante près de la chapelle de San Damiano sous la direction de Claire qui devra accepter en 1214 le titre d’« abbesse » malgré elle, communauté qui est bientôt rejointe par des femmes de la noblesse d'Assise et par sa mère à la mort de son époux, Claire et Ortolane y opérant des miracles de guérison5. François confiera aussi une Formula vitæ, règle de vie inspirée de celle des Frères mineurs. Ainsi naît l'ordre des Pauvres Dames, ou Clarisses. En 1216, elle aurait obtenu du pape Innocent III « le privilège de pauvreté », celui d'observer une pauvreté absolue, mais l'authenticité de ce privilège est remise en cause par l'historien Werner Maleczek (de)9.
Envoyant ses sœurs fonder dans toute l'Europe de nombreux monastères qui se réclamant de l'esprit de Saint-Damien, la règle de saint François ne peut suffire à maintenir dans l'unité d'une même discipline tous ces monastères dispersés. Aussi le cardinal Hugolin, protecteur de ce second ordre des Franciscains, leur donne en 1219 une règle plus stricte d'obédience bénédictine10.
On s'est complu à tort à voir entre Claire et François un couple d'amants mystiques, les « Roméo et Juliette de la sainteté »11.
Après la mort de François (1226), de fortes pressions, tant de la part des cardinaux que de la société civile, visent à faire accepter par la communauté des damianites des possessions foncières. Claire se défendra jusqu’au bout contre ces pressions12. Toute sa vie est tendue par son désir de vie pauvre.
Finalement, le 16 septembre 1252, le cardinal Raynald approuve la Règle rédigée vers 1247 par Claire sur la base de celle de François. Le pape Innocent IV visite Claire alors mourante fin juillet 1253. Le 9 août, le souverain pontife approuve la Règle de l’ordre des Pauvres Dames.
Deux jours après, le 11 août 1253, Claire meurt à l'âge de 59 ans, tenant entre ses mains le privilège de pauvreté13.

Épilogue

Châsse de sainte Claire d'Assise dans sa basilique.
Le pape Innocent IV et la Curie romaine viennent assister à ses obsèques. Innocent IV, par la bulle Gloriosus Deus du 18 octobre 1253, commande à l'évêque Barthélemy de Spolète la mission d'instruire son procès de canonisation. Deux années plus tard, le 26 septembre 1255, elle est canonisée par le pape Alexandre IV en la cathédrale Santa Maria d'Anagni14.
Presque simultanément commencent les travaux d'une église à Assise, la basilique Sainte-Claire destinée à honorer la sainte. Le 3 octobre 1260, ses restes sont transférés de la chapelle San-Giorgio, lieu de sa conversion, au maître-autel de la nouvelle église. Le 23 août 1850, dans le contexte de « recharge sacrale » des pèlerinages cherchant à restaurer les reliques des saints, l'évêque d'Assise décide de faire exhumer son corps, ce qui eut lieu le 23 septembre. Il déclare que ses ossements, reconnus juridiquement, sont conservés entiers malgré l'humidité du caveau. Les Archives épiscopales d'Assise notent l'extrême humidité du squelette et la friabilité des petits os. Puis en 1864, l'abbesse confia les ossements au romain Modesto Scevolo pour consolidation. Il remit ensuite les ossements en place avec moult coton et cire pour reconstituer une forme de corps mis dans un revêtement de filet métallique. En 1986-1987, il y eut un traitement scientifique urgent pour la conservation des restes de Sainte Claire qui se détérioraient par la présence du coton retenant l'humidité15. Le visage en cire que nous voyons maintenant est la reconstitution scientifique la plus exacte possible d'après le crâne. Les ossements sont rassemblées dans un reliquaire déposé dessous.
La châsse de Sainte Claire est aujourd'hui visible au couvent sainte Claire de Perpignan.
Elle a été proclamée patronne de la télévision dans le monde par Pie XII le 14 février 1958. Malade depuis près de trente ans, une nuit de Noël, clouée au lit, elle aurait selon la tradition rapportée par son hagiographe Thomas de Celano, vu et entendu la messe chez les frères, donc bien loin de son lieu d'alitement16. Elle est depuis la patronne des télécommunications mais aussi des brodeuses car selon la tradition, elle s'accordait occasionnellement un temps de loisir pour broder des tissus liturgiques. Parce qu'elle assurait la propreté et la blancheur de ceux-ci, elle est également la patronne des lavandières, des blanchisseurs et des repasseuses. À cause de son nom et parce qu'elle aurait eu, sur son lit de mort, la vision de ses obsèques, elle est la patronne des aveugles17.

Représentation artistique

Claire d'Assise est représentée dans la robe de bure franciscaine et la cordelière à trois nœuds. Au XVe siècle, elle porte parfois un manteau rayé de pénitente18. Elle a comme attributs une croix surmontée d'un rameau d'olivier (rappel de l'amour de la sainte pour le crucifix), un ostensoir, qui rappelle un épisode relaté dans sa Légende. Lorsque les armées sarrasines de Frédéric II veulent envahir le monastère de San Damiano en 1240 ou 1241, elle se porte au devant d'eux en leur présentant l'ostensoir contenant le corps de Christ, ce qui les repousse19. Elle a aussi parfois une lampe à huile en argile ou une lanterne, métaphore lumineuse de l'ostensoir eucharistique porté par cette patronne des aveugles20.

Quelques dates

Dates
Âge de Claire
Événements
1182

Naissance de François d'Assise
1195

Naissance de Claire
1203-1205
10/12 ans
Exil à Pérouse
1206
13 ans
Conversion de François
1210
17 ans
Rencontre avec François
1212
19 ans
Début de sa vie religieuse à Saint-Damien et Naissance de la communauté
1216
23 ans
Claire obtient du pape le "Privilège de la pauvreté"
1220
27 ans
Départ de sœurs pour Reims 1re fondation en France
1224
31 ans
Début de la maladie de Claire
1226
33 ans
Mort de François
1228
35 ans
Visite du pape
1re communauté en Espagne,24 en Italie
1234
41 ans
Agnès, fille du roi de Bohême, fonde un monastère à Prague et y entre.
1238
45 ans
Un monastère est fondé en Slovaquie
1240
47 ans
Les Sarrasins attaquent Saint-Damien
1242
49 ans
Un monastère est fondé en Moravie
1245
52 ans
Un monastère est fondé en Pologne
1253
59 ans
9 août : visite du pape
Approbation de la Règle de Claire par le pape
11 août : mort de Claire

1255

Canonisation de Claire

Œuvre

François d'Assise recevant la profession de foi de Claire.
Enluminure, v. 1435.
Sainte Claire vue par Giotto, fresque, chapelle Bardi, basilique Santa Croce, Florence.
Claire d'Assise a écrit :
Forme de vie que l'on nomme plus couramment la Règle, mot que Claire n'emploie pas ;
– un Testament ;
– quatre lettres à sainte Agnès ;
– une lettre à Ermentrude de Bruges, que l'on soupçonne fortement d'être une compilation par un copiste de deux lettres aujourd'hui perdues ;
– une Bénédiction de Claire à ses sœurs.
Si la liste peut paraître courte, il faut se rappeler que les femmes écrivaient peu à l'époque. On peut également noter un parallèle — limité — avec certains écrits de François d'Assise.
Trois autres textes hagiographiques importants nous font connaître Claire et la vie à Saint-Damien : la Légende (Legenda latina Sanctae Clarae Virginis) attribuée à Thomas de Celano21 ou à Bonaventure de Bagnoregio, la Vie de Claire (Vita di Santa Chiara) d'un franciscain toscan anonyme du début du XVIe siècle, publiée par le père Lazzeri22, et surtout les actes du procès en canonisation de Claire23, qui contiennent les dépositions des sœurs de Claire, qui ont vécu avec elle. Ces textes ont fait l'objet d'une analyse critique24.
Les « sources clariennes » les plus fiables et les plus importantes25 sont éditées en 201326.
Les témoignages et les lettres sont en quelque sorte l'application pratique de la Règle, avant que celle-ci ne fût écrite. La Règle est le chemin concret, le mode de vie dont la vie et les lettres dévoilent la source évangélique.

Postérité

Annecy a des lieux nommés d'après Claire d'Assise : la Rue Sainte Claire, la Porte Sainte-Claire, le Faubourg Sainte Claire et la Place Sainte Claire. Nice dans le quartier du Vieux-Nice a une adresse nommée "Rue Sainte Claire" .

Notes et références

  1. Mariano da Firenze, Libro delle degnità et excellentie del ordine della seraphica madre delle povere donne sancta Chiara da Asisi, éd. Studi Francescani, 1986, p. 27
  2. Thomas de Celano, Sainte Claire d'Assise, Perrin et Cie, 1917, p. 14
  3. Elle serait la troisième de leurs cinq enfants (Boson, Penenda, Agnès et Béatrix). Si ses deux sœurs cadettes Agnès et Béatrix ont une généalogie sûre, celle de ses deux frères aînés est plus mythique.
  4. Johannes Jöergensen, Pèlerinages franciscains : Traduits du danois avec l'autorisation de l'auteur, Perrin, 1910, p. 215
  5. a et b Jacques Dalarun, « Dieu changea de sexe, pour ainsi dire. » La Religion faite femme. XIe – XVe siècle, Fayard, 2008, 442 p.
  6. (en) Marco Bartoli, Saint Clare : Beyond the Legend, St. Anthony Messenger Press, 2010, p. 34-35
  7. (en) Marco Bartoli, p. 42-57
  8. Lazaro Iriarte, Histoire du franciscanisme, Éditions du Cerf, 2004 (lire en ligne [archive]), p. 504
  9. (de) Werner Maleczek, Das "Privilegium paupertatis" Innocenz' III. und das Testament der Klara von Assisi überlegungen zur Frage ihrer Echtheit, Istituto Storico dei Cappuccini, 1995, p. 52-56
  10. Dominique Donadieu-Rigaut, Penser en images les ordres religieux : XIIe-XVe siècles, Editions Quae, 2005, p. 193
  11. Jacques Dalarun, François d'Assise, un passage : femmes et féminité dans les écrits et les légendes franciscaines, Actes Sud, 1997, p. 77
  12. (de) P. Pancratius, « Het privilegie der armoede », Franc. leve, vol. XXII,‎ 1939, p. 176
  13. Lettre de faire-part de la mort de Claire, découverte dans un codex de la bibliothèque privée Landau de Florence. Publication par le Père Z. Lazzeri, Il processo de canonizzazione di Santa Chiara d'Assisi, appendice I, dans Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 494-499
  14. Jean-Marc Charron, Claire d'Assise : féminité et spiritualité, MNH, 1998, p. 147
  15. Publication : Reconnaissance et traitement pour la conservation du corps de sainte Claire d'Assise, 17 novembre 1986-12 avril 1987 Mgr Gianfranco Nolli, Protomonastère Sainte-Claire Assise
  16. Isabelle Prêtre, Claire d'Assise ou la joie d'exister, Mediaspaul éditions, 1999, p. 5-6
  17. Jean-Robert Maréchal, Les saints patrons protecteurs, Cheminements, 2007, p. 80
  18. Sainte Claire d'Assise [archive]
  19. Marie Blawin, François d'Assise, Editions Publibook, 2011, p. 18
  20. Jacques Bril, Regard et connaissance. Avatars de la pulsion scopique, Editions L'Harmattan, 1997, p. 219
  21. Tomaso da Celano, Legenda latina Sanctae Clarae Virginis, F. Pennacchi, 1910, 140 p.
  22. Père Lazzeri, La Vita di Santa Chiara, Quaracchi, 1920, 22 p.
  23. Actes édités par le Père Lazzeri, Archivum franc. hist., XIII, 1920, p. 403-507
  24. (de) M. Fassbinder, « Untersuchungen über die Quellen zum Leben der hl. Klara von Assisi », Franziskanische Studien, vol. XXIII,‎ 1936, p. 296-335
  25. « Tout sur Claire d'Assise », L'Histoire, no 392,‎ septembre 2013, p. 92
  26. Jacques Dalarun et Armelle Le Huërou, Claire d'Assise. Écrits, vies et documents, Le Cerf-Éditions franciscaines, 2013, 104 p.

Littérature première

  • Claire d'Assise, Écrits, Paris, Cerf, collection « Sources chrétiennes » (325), 1985.

Littérature secondaire

  • (en) « Claire d'Assise », dans Catholic Encyclopedia, 1913
  • (it) M.P. Alberzoni, Chiara e il papato, Milan, Biblioteca francescana, 1992.
  • Marco Bartoli, Claire d'Assise, Paris, Fayard, 1993.
  • (de) W. Maleczek, Klara von Assisi. Das « Privilegium Paupertatis » und das Testament, Rome, Istituto storico dei Cappucini, 1995

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