samedi 19 août 2017

saint Jean-Eudes . 1601 + 1680





prêtre et fondateur des :
« Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes)
« Institut Notre-Dame de Charité »

Jean Eudes, né le 14 novembre 1601, dans le petit village normand de Ri, était l´aîné de six enfants ; l´historien Eudes de Mézerai était son frère. Son père, Isaac, qui avait été arrêté au seuil du sacerdoce par des devoirs impérieux, possédait une science religieuse au-dessus de la moyenne ; aussi en fit-il largement bénéficier ses enfants.

Aucun ne profita mieux de cette éducation que Jean. Il n´était encore qu´un enfant quand, un jour, ayant reçu un soufflet d´un de ses camarades, il se mit à genoux, et tendit l´autre joue, selon le conseil évangélique. À quatorze ans, il faisait le vœu de chasteté et montrait déjà cette ténacité de volonté qui sera sa note caractéristique. Au collège de Caen, sa dévotion envers Marie le poussa à se passer naïvement un anneau de fiançailles au doigt.
Ses études terminées, il se décida à entrer dans l´état ecclésiastique. Pour le faire avec plus de perfection, il se mit sous la direction du Père de Bérulle, entra à l´Oratoire et fut ordonné prêtre à Paris, le 24 décembre 1625.
Le nouveau prêtre inaugura son ministère en se dévouant au soulagement des populations de Normandie alors décimées par la peste. Il poussa si loin le dévouement envers les pestiférés qu´il ne se trouva personne à Caen pour oser lui prêter asile, et que pendant plusieurs semaines il en fut réduit à se loger hors de la ville, dans un grand tonneau.
Mais l´œuvre principale du Père Eudes fut l´œuvre des missions. Au sortir des guerres religieuses, en France, l´ignorance de la religion et le relâchement des mœurs étaient extrêmes. Pour y porter remède, le Père Eudes parcourut la Normandie, la Bourgogne, l´Île de France et maints autres lieux ; son éloquence populaire, servie par un bel organe, et accompagnée d´une sainteté authentique, exerça un ascendant considérable sur toutes les classes de la société. Depuis saint Vincent Ferrier on n´avait point vu de missionnaire qui exerçât une telle action sur les foules.
Dans le but de travailler au relèvement du Clergé, « le plus grand ennemi de l´Église », selon lui, le Père Eudes ouvrit à Caen un séminaire qui fut l´embryon d´une nouvelle famille religieuse, consacrée aux Cœurs de Jésus et de Marie, et appelée « Congrégation de Jésus et de Marie » (Eudistes). Le succès vint aussitôt : les diocèses de Normandie furent bientôt pourvus de prêtres instruits et vertueux. Le Père Eudes ajouta à la formation du clergé les missions dans les campagnes.
En même temps, il fondait à Caen un Institut pour assurer la persévérance des « Repenties ». Selon l´usage du temps, chaque maison était indépendante ; à la mort du Père Eudes, il y en avait quatre ; à la veille de la Révolution, il y en avait huit. En 1835, la supérieure du Refuge d´Angers, sainte Marie-Euphrasie Pelletier, femme « de taille à gouverner un royaume », obtint que les nouvelles maisons fondées par son monastère restassent sous la dépendance de la Maison-Mère et donna à sa Congrégation le nom de « Bon-Pasteur ». Cette branche a eu un grand succès, et possède des ramifications dans les cinq parties du monde.
Arrivé à un âge avancé, le saint fondateur déposa sa charge de Supérieur et mourut saintement le 19 août 1680.
Une des gloires du Père Eudes est d´avoir été le précurseur de la dévotion aux Cœurs de Jésus et de Marie. Quarante ans avant les apparitions de Paray-le-Monial, il faisait célébrer par ses prêtres l´Office solennel de ces très saints Cœurs et s´en faisait l´Apôtre dans ses missions. Aussi le pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) appela le Père Eudes « Auteur du culte liturgique des SS. Cœurs de Jésus et de Marie ».
Saint Pie X (Giuseppe Melchiorre Sarto, 1903-1914), en le béatifiant, le 25 avril 1909, a dit qu´il devait être regardé comme « Père, docteur et apôtre » de cette dévotion.
Jean-Eudes a été canonisé le 31 mai 1925 par Pie XI (Ambrogio Damiano Achille Ratti, 1922-1939).
Pour un approfondissement biographique :
>>>  Jean Eudes : Fondateur - Les Eudistes
Sources principales : J.-M. Planchet, Nouvelle Vie des Saints, p. 332 (« Rév. x gpm »).







jesusmarie.free.fr

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Jean Eudes

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Jean Eudes
Image illustrative de l'article Jean Eudes
Prêtre français, Fondateur et Saint
Naissance
Décès
19 août 1680  (à 78 ans)
Caen, Calvados, France
Nationalité
Ordre religieux
1925
par Pie XI
Vénéré par
Fête
Jean Eudes, frère de l'historien François Eudes de Mézeray, né le 14 novembre 1601 à Ri, en Normandie (France) et décédé le 19 août 1680 à Caen (France), est un prêtre français oratorien, fondateur d'un institut religieux consacré à la formation des prêtres, et d'un ordre religieux voué à la réhabilitation des "filles repenties".
À l'origine de plusieurs séminaires dans sa Normandie natale, il fut un artisan de l'introduction du Concile de Trente, en France, ainsi qu'un acteur majeur de l'École française de spiritualité. Il est canonisé par le pape Pie XI en 1925.
Il est, au XVIIe siècle, avant Marguerite-Marie Alacoque, le grand propagandiste du culte au Sacré-Cœur de Jésus et au saint Cœur de Marie.

Sommaire

Biographie

L'ancien séminaire des Eudistes à Caen

Formation

Jean Eudes est né le 14 novembre 1601 (la même année que Louis XIII), à Ri, près d'Argentan, en Normandie. Après avoir accompli ses humanités au collège des Jésuites de Caen, il entre, le 23 mars 1623, dans la toute récente Société de l'oratoire de Jésus de France, rue Saint-Honoré, à Paris, où il est accueilli par le fondateur, le cardinal Pierre de Bérulle. Ordonné prêtre le 20 décembre, il célèbre le 25 de ce mois, jour de Noël, sa première messe, avant de poursuivre ses études théologiques dans la communauté oratorienne d'Aubervilliers1.

Fondation de la congrégation de Jésus et Marie

La "Vieille Mission" : première maison des Eudistes à Caen, où mourut Jean Eudes
Revenu en 1627 en Normandie, il est d'abord envoyé dans la région de Vrigny (diocèse de Sées), qui était touchée par la peste. Il échappe à l'épidémie et découvre l'abandon matériel et spirituel dans lequel vivent les campagnes. De ce constat, il tire une priorité pour son apostolat : si l'on veut rechristianiser la société, il faut former des prêtres, capables de tenir une paroisse rurale ou de prêcher des missions populaires. Rencontrant ainsi les directives du concile de Trente concernant la formation du clergé, il quitte, le 19 mars 1643, la communauté de l'Oratoire de Caen, dont il était le supérieur, pour ouvrir un séminaire dans cette même ville. À cet effet, il regroupe sept prêtres chevronnés, des missionnaires capables de devenir des formateurs, et fonde, le 25 mars de la même année, avec l'approbation de l'évêque de Bayeux, une société de prêtres voués tant à la formation des séminaristes et du clergé qu'aux prédications populaires dans les paroisses : la congrégation de Jésus et de Marie, dite des Eudistes 2. De Caen, les séminaires eudistes essaimeront, du vivant de leur fondateur, à Coutances, Lisieux, Rouen, Évreux et Rennes 3.

Fondation de l'ordre de Notre-Dame de la Charité

Dès 1634, Jean Eudes songe à établir à Caen un "refuge" pour les "filles repenties", c'est-à-dire des femmes désireuses de quitter le libertinage ou la prostitution. C'est chose faite en 1641, grâce à l'assistance de membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, avec la création de Notre-Dame du Refuge4. Quelque temps plus tard, il décide de confier cette œuvre à des religieuses, et crée, non sans l'assistance des visitandines de Caen, un institut, qui deviendra l'Ordre de Notre-Dame de Charité, reconnu le 8 février 1651, par l'évêque de Bayeux, Mgr Molé, et par une bulle pontificale d'Alexandre VII, le 2 janvier 1666. Du vivant du fondateur, s'établiront, en plus de celui de Caen, les monastères bretons de Rennes (1673), Hennebont et Vannes (1676)5.

Prédication

À sa mort, le 19 août 1680 à Caen, Jean Eudes aura prêché cent dix missions, entre 1632 et 1676, dont quatre-vingt-dix en Normandie, principalement dans le diocèse de Coutances. Ces missions populaires avaient pour but de rallumer la foi ou la ferveur catholique dans les paroisses. Chacune d'entre elles durait à peu près un mois et demi. Les matinées étaient consacrées à la prédication, les après-midis au catéchisme ou à des conférences. En plus de ces activités, le missionnaire confessait la population6.
Jean Eudes a également prêché devant la reine-mère Anne d'Autriche, qui l'appréciait beaucoup. Quant à Louis XIV, après avoir soutenu la fondation de la congrégation de Jésus et Marie, il suspectera le saint d'hostilité à sa politique gallicane, entre 1674 et 1679 7. Enfin, il convient encore de souligner l'activité liturgique et littéraire de Jean Eudes en faveur du culte des Cœurs de Jésus et de Marie : en 1648, au cours d'une mission à Autun, il fait célébrer, avec l'approbation de l'évêque, la messe et l'office du Cœur de Marie, dont il a composé la structure; il fait de même, à Caen et dans quatre autres de ses séminaires, en 1672, pour la messe et l'office du Cœur de Jésus 8.

Postérité

Reliquaire de saint Jean Eudes à Notre-Dame-de-la-Charité (Caen)

Vénération et souvenir

Plaque commémorative sur 'La Vieille mission', à Caen
Après sa mort, le corps de Jean Eudes est inhumé dans l'église des Très-Saints-Cœurs-de-Jésus-et-Marie du séminaire des Eudistes de Caen9. En 1810, les ossements de Jean Eudes ont été transférés à Notre-Dame-de-la-Gloriette. Depuis le 6 mars 1884, ils se trouvent dans la crypte sous le transept sud de cette ancienne église des Jésuites10.
Jean Eudes a été béatifié par Pie X en 1909, et canonisé par Pie XI en 1925. Sa fête se célèbre le 19 août.
Le 8 novembre 2014 à l'occasion de la session plénière de la conférence des évêques de France, Mgr Michel Dubost a annoncé le soutien de la conférence pour la cause de Saint Jean Eudes comme Docteur de l'Église11. En décembre 2016, Mgr Luc Crépy, évêque du Puy-en-Velay, a rencontré le pape François en audience privée pour soutenir cette cause12.

Spiritualité

Au centre de la spiritualité de Jean Eudes : le Cœur de Jésus et de Marie
Comparé à son maître, Bérulle, Jean Eudes est un missionnaire, plus qu'un métaphysicien. D'ailleurs, lorsqu'il s'agit de choisir des formateurs pour son séminaire, il ne recrute pas des docteurs en Sorbonne, mais des praticiens aguerris3. Dès lors, s'il reprend les caractéristiques fondamentales de la mystique bérullienne, il les réélabore toutefois dans une perspective pastorale, et se concentre sur ce qui lui paraît essentiel : l'engagement baptismal, l'humilité dans la disposition à Dieu, l'union spirituelle aux intentions de Jésus (les "états" chez Bérulle), la piété mariale, l'empreinte sacerdotale13.
Ces différents éléments se condensent dans une image accessible et évocatrice : la dévotion au Cœur de Jésus et de Marie. "Dévotion" ne désigne pas ici un exercice de piété purement personnel : Jean Eudes milite pour un culte liturgique, c'est-à-dire une célébration collective; de plus, le terme doit être pris au sens premier d'obéissance et d'engagement. Quant au "Cœur", il ne désigne ni l'organe ni le siège des sentiments, mais bien, au sens biblique, l'intériorité spirituelle et morale, porteuse de l'énergie de la volonté. C'est pourquoi Jean Eudes utilise une expression qui ne dissocie pas, sur ce point, Jésus et Marie, puisque leurs dispositions intérieures convergent au service de la Trinité.
En ce sens, peut-être est-il également possible d'y voir une allusion ecclésiologique : les Actes des Apôtres n'affirment-ils pas que les premiers chrétiens ne formaient qu'un seul cœur ? Quelques années avant Marguerite-Marie Alacoque, Jean Eudes propage ainsi, dans ses prédications comme dans ses ouvrages, le culte du Sacré-Cœur, sans exploiter, cependant, l'idée de réparation victimaire, qui sera centrale dans les apparitions de Paray-le-Monial 14.

Œuvres

Souvenir d'une Mission de saint Jean Eudes
Pierre de Bérulle, fondateur de l'Oratoire et maître de Jean Eudes
  • L'exercice de piété (1636)
  • La vie et le royaume de Jésus (1637)
  • Le testament de Jésus (1641)
  • Le catéchisme de la mission (1642)
  • Avertissements aux confesseurs missionnaires (1644)
  • La dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse vierge Marie (1648)
  • Offices (1652)
  • Contrat de l'homme avec Dieu par le saint baptême (1654)
  • La manière de bien servir la messe (1660)
  • Le Bon confesseur (1666)
  • Manuel à l'usage d'une communauté ecclésiastique (1668)
  • Constitutions pour les Sœurs de Notre-Dame-de-Charité (1670)
  • L'enfance admirable de la très sainte Mère de Dieu (1676)
  • Le mémorial de la vie ecclésiastique (1681)
  • Le prédicateur apostolique (1685)
  • Constitutions de la Congrégation de Jésus et Marie (1865)
  • Regulae congregationis Jesu et Mariae (1872)
  • Lettres (1909)
  • Memoriale beneficiorum Dei (1911)

Eudistes

Après avoir combattu le jansénisme au XVIIIe siècle, l'institut des Eudistes est supprimé lors de la Révolution française, puis reconstitué en 1826. La maison généralice est à Rome. Les Eudistes sont présents en Amérique du Nord (Collège Jean-Eudes à Montréal et l'Externat Saint-Jean-Eudes à Québec), Amérique centrale et Amérique du Sud, ainsi qu'en Afrique.
L'ancien séminaire de Caen portait le nom de Séminaire Saint-Jean Eudes15.
À Québec, Charlesbourg, il existe aussi une école secondaire "Saint-Jean-Eudes".

Voir aussi

Bibliographie

Présence de saint Jean Eudes à Caen

Œuvres de saint Jean Eudes

  • Saint Jean Eudes, Lettres choisies - lettres inédites, (présentées par Ch. Berthelot du Chesnay), Namur, Éditions du Soleil Levant, 1958

Études sur saint Jean Eudes

  • Abbé André Pioger, Un Orateur de l'école française, saint Jean Eudes (1601-1680), Paris, Bloud et Gay, 1940.
  • Abbé André Pioger, Saint Jean Eudes d'après ses traités et sa correspondance - Essai de psychologie religieuse, Paris, Bloud et Gay, 1940.
  • Clément Guillon, En tout la volonté de Dieu - Saint Jean Eudes à travers ses lettres, coll. Semeurs, Éditions du Cerf.
  • Paul Milcent, Saint Jean Eudes - Un artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle, Éditions du Cerf, janvier 1992.
  • Julien Martine, Vie du R.P. Jean Eudes, instituteur de la Congrégation de Jésus et Marie [archive], Caen, lib. Le Blanc-Hardel, 1880.
  • Pascal Frey, Une Expérience spirituelle avec saint Jean Eudes, Paris, éditions de l'Emmanuel, 2010.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, une pensée par jour, Paris, éditions Médiapaul, 2010.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, un prophète du cœur, coll. Le Livre ouvert, 2014.
  • Marion Humbert et Julie Deslondes, « Contrat entre Jean Eudes et Pierre Poisson, libraire et imprimeur à Caen », dans 1000 ans de Normandie, Gand, Snoeck, 2017 (ISBN 978-94-6161-367-7), p. 274-275

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. Ch. Berthelot du Chesnay, in Saint Jean Eudes, "Lettres choisies - lettres inédites", Namur, Éditions du Soleil Levant, 1958, p. 6-7
  2. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 7-8
  3. a et b Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 57
  4. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 88
  5. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 7
  6. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 41
  7. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 143
  8. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 130
  9. René Herval, Caen, Caen, Ozanne, 1946, 1944, p. 158
  10. Ministère de la Culture (base Palissy - Référence PM14000170 [archive]
  11. Bruno Bouvet, « L’Église de France soutient la cause de Saint Jean Eudes comme Docteur de l’Église » [archive], sur la-croix.com, 8 novembre 2014 (consulté le 9 novembre 2014)
  12. Mgr Crépy auprès du pape pour faire de saint Jean Eudes un docteur de l’Église [archive]
  13. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 106
  14. P. Cochois, "Bérulle et l'École française de spiritualité", coll. "Maîtres spirituels", 31, Paris, Éditions du Seuil, 1963, p. 162.
  15. http://www.seminaire-caen.fr/ [archive]
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BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 19 août 2009

Chers frères et sœurs!
C'est aujourd'hui la mémoire liturgique de saint Jean Eudes, apôtre inlassable de la dévotion aux Sacrés Cœurs de Jésus et Marie, qui vécut en France à la fin du XVIIe siècle, un siècle marqué par des courants religieux opposés et également par de graves problèmes politiques. C'est l'époque de la guerre de Trente ans, qui a non seulement dévasté une grande partie du centre de l'Europe, mais qui a également dévasté les âmes. Pendant que se diffusait le mépris pour la foi chrétienne de la part de certains courants de pensée alors dominants, l'Esprit Saint suscitait un renouveau spirituel plein de ferveur, avec des personnalités de grande envergure comme de Bérulle, saint Vincent de Paul, saint Louis Marie Grignon de Montfort et saint Jean Eudes. Cette grande "école française" de sainteté porta parmi ses fruits également saint Jean-Marie Vianney. Par un mystérieux dessein de la providence, mon vénéré prédécesseur Pie XI proclama saints ensemble, le 31 mai 1925, Jean Eudes et le curé d'Ars, offrant à l'Eglise et au monde entier deux exemples extraordinaires de sainteté sacerdotale.
Dans le contexte de l'Année sacerdotale, j'ai à cœur de m'arrêter pour souligner le zèle apostolique de saint Jean Eudes, particulièrement tourné vers la formation du clergé diocésain. Les saints sont la véritable interprétation de l'Ecriture Sainte. Les saints ont éprouvé, dans l'expérience de leur vie, la vérité de l'Evangile; ainsi, ils nous introduisent dans la connaissance et la compréhension de l'Evangile. En 1563, le Concile de Trente avait promulgué des normes pour l'érection des séminaires diocésains et pour la formation des prêtres, dans la mesure où le Concile était tout à fait conscient que toute la crise de la réforme était également conditionnée par une formation insuffisante des prêtres, qui n'étaient pas préparés pour le sacerdoce de manière juste, intellectuellement et spirituellement, dans leur cœur et dans leur âme. Nous étions en 1563; mais comme l'application et la réalisation des normes tardaient aussi bien en Allemagne qu'en France, saint Jean Eudes comprit les conséquences de ce retard. Animé par la conscience lucide du grave besoin d'aide spirituelle, dont les âmes étaient victimes également en raison du manque de préparation d'une grande partie du clergé, le saint, qui était un curé, institua une Congrégation consacrée de manière spécifique à la formation des prêtres. Il fonda son premier séminaire dans la ville universitaire de Caen, une expérience extrêmement appréciée, qui se diffusa très vite dans d'autres diocèses. Le chemin de sainteté, qu'il parcourut et qu'il proposa à ses disciples, avait pour fondement une solide confiance dans l'amour que Dieu a révélé à l'humanité dans le Cœur sacerdotal du Christ et dans le Cœur maternel de Marie. A cette époque de cruauté, de perte d'intériorité, il s'adressa au cœur, pour dire au cœur une parole des Psaumes très bien interprétée par saint Augustin. Il voulait attirer à nouveau au cœur les personnes, les hommes et surtout les futurs prêtres, en montrant le cœur sacerdotal du Christ et le cœur maternel de Marie. Chaque prêtre doit être témoin et apôtre de cet amour du cœur du Christ et de Marie. Et nous arrivons ainsi à notre époque.
Aujourd'hui aussi, on ressent le besoin que les prêtres témoignent de l'infinie miséricorde de Dieu à travers une vie entièrement "conquise" par le Christ, et apprennent cela dès les années de leur préparation dans les séminaires. Le Pape Jean-Paul II, après le synode de 1990, a publié l'Exhortation apostolique Pastores dabo vobis dans laquelle il reprend et met à jour les règles du Concile de Trente et souligne en particulier la nécessaire continuité entre le moment initial et celui permanent de la formation; pour lui, pour nous, cela est un véritable point de départ pour une authentique réforme de la vie et de l'apostolat des prêtres, et c'est également le point central afin que la "nouvelle évangélisation" ne soit pas simplement un slogan attrayant, mais se traduise dans la réalité. Les fondements établis dans la formation au séminaire, constituent l'"humus spirituale" irremplaçable, dans lequel on peut "apprendre le Christ" en se laissant progressivement configurer à Lui, unique prêtre suprême et bon pasteur. Le temps du séminaire doit donc être considéré comme la réalisation du moment où le Seigneur Jésus, après avoir appelé les apôtres et avant de les envoyer prêcher, leur demande de rester avec Lui (cf. Mc 3, 14). Lorsque saint Marc raconte la vocation des douze apôtres, il nous dit que Jésus avait un double objectif: le premier était qu'ils soient avec Lui, le second qu'ils soient envoyés pour prêcher. Mais, allant toujours avec Lui, ils annoncent réellement le Christ et apportent la réalité de l'Evangile au monde.
Au cours de cette Année sacerdotale, je vous invite à prier, chers frères et sœurs, pour les prêtres et pour tous ceux qui se préparent à recevoir le don extraordinaire du sacerdoce ministériel. Pour conclure, j'adresse à tous l'exhortation de saint Jean Eudes qui dit ceci aux prêtres: "Donnez-vous à Jésus, pour entrer dans l'immensité de son grand Cœur, qui contient le Cœur de sa Sainte Mère et de tous les saints, et pour vous perdre dans cet abîme d'amour, de charité, de miséricorde, d'humilité, de pureté, de patience, de soumission et de sainteté" (Le Cœur admirable, III, 2).
Dans cet esprit, chantons à présent le Notre Père en latin.
* * *
Je suis heureux de vous saluer, chers amis de langue française, en ce jour où l'Eglise fait mémoire de saint Jean Eudes, qui fut un modèle de sainteté sacerdotale. Le chemin de sainteté qu'il suivit et qu'il proposa à ses disciples avait comme fondement une solide confiance en l'amour que Dieu a révélé à l'humanité dans le cœur sacerdotal du Christ et dans le cœur maternel de Marie. Je vous invite à prier pour que les prêtres d'aujourd'hui, à l'exemple de saint Jean Eudes, soient aussi des témoins ardents de cet amour à travers leur vie et leur ministère, afin que le Peuple de Dieu tout entier puisse en bénéficier. Avec ma Bénédiction apostolique!

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QUI EST JEAN EUDES ?
par Édouard Boudreault, c.j.m.
Ceux et celles qui veulent enrichir leur esprit de la spiritualité de Jean Eudes et réchauffer leur coeur des ardeurs de son apostolat voudraient sans doute connaître mieux l'auteur des écrits qui leur sont proposés.
Il existe de nombreux ouvrages qui peuvent nous renseigner sur la vie et sur la personne même de l'Apôtre des Coeurs de Jésus et de Marie: biographies détaillées ou résumées, essais d'analyse de sa vie intérieure, de son caractère et de son oeuvre, etc.
Tous n'ont pas le loisir d'aller puiser dans des sources si abondantes et si variées.
J'ai cru répondre aux désirs de plusieurs en faisant pour vous un tri de documents qui vous donnerait en quelques pages les principaux événements qui ont jalonné sa vie et les principaux traits de sa personnalité.
Tout ce que je vais en dire a déjà été écrit ailleurs. Souvent, j'aurai recours à des citations textuelles, dont j'indiquerai les sources.
Pour ne pas laisser au hasard le choix des événements et des analyses variés, je vous soumets le plan que voici:

1 MILCENT Paul, eudiste, Un Artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle SAINT JEAN EUDES, Paris, Éd. du Cerf, 1985, p. 475

Son époque et son pays

Église de Ri où le petit 
Jean Eudes a été baptisé
.
Jean Eudes est né à Ri, en Normandie, le 14 novembre 1601, qui est aussi l'année de la naissance de Louis XIII.
Le siècle précédent s'était éteint dans une morne tristesse. Les conflits de toutes sortes et surtout les guerres de religion à l'intérieur de la France avaient exacerbé l'intolérance, engendré la misère et ouvert la porte à de nombreux excès.
L'Église de France ne se comportait guère mieux que le Royaume lui-même.
Mais, peu à peu, un réveil merveilleux se manifesta dans une renaissance spirituelle dont les fruits nous sont parvenus et qui suscite chez nous une effervescence remarquable.
C'est vers le milieu du XVIIe siècle que se place l'apogée de la renaissance catholique en France.
Deux auteurs français contribuèrent principalement à nourrir la piété des catholiques à cette époque: le saint évêque François de Sales (1567-1622) et le Cardinal Pierre de Bérulle (1575-1629). Le premier, dans son INTRODUCTION À LA VIE DÉVOTE (1608), ouvrait aux laïcs les voies de la perfection spirituelle qui paraissait jusque là ne convenir qu'aux religieux et religieuses séparés du monde. L'influence de Pierre de Bérulle s'exerça peut-être moins par son oeuvre écrite, rendue difficile d'accès par la sublimité de son mysticisme, que par son influence exercée sur toute une génération de prêtres et de religieux. (1)
A ces grands noms, il faut ajouter saint Vincent de Paul, monsieur Olier, saint Jean Eudes, le bienheureux François de Laval, la bienheureuse Marie de l'Incarnation et combien d'autres!
On vit naître alors des sociétés de prêtres séculiers: les Oratoriens, les Sulpiciens, les Lazaristes et les Eudistes.
Les laïcs n'étaient pas absents de ce grand renouveau.
Jamais, on ne vit une plus grande proportion d'hommes et de femmes dans les classes supérieures s'intéresser à la théologie, s'adonner aux pratiques de piété, aux oeuvres de charité. (1)
L'aspect social et charitable d'un tel éveil religieux s'incarne concrètement chez les Filles de la Charité fondées par Vincent de Paul, pour assister les malades et les pauvres, et chez les Soeurs de Notre Dame-de-Charité fondées par Jean Eudes et vouées à l'accueil des filles réduites à vivre une vie de débauche.
Jean Eudes au secours des pestiférés 
(Caen 1631)

«L'effort de rénovation porta même certains à des extrêmes qui introduisirent au sein du catholicisme un ferment de discorde.
Cette dissidence «janséniste» doit son nom à un évêque d'Ypres (Belgique), appelé Jansen ou Jansenius.
«Dans un livre intitulé, l'AUGUSTINUS, il donnait de la doctrine de saint Augustin sur l'influence de la grâce divine et la liberté humaine une interprétation se rapprochant de la théorie de Calvin sur la prédestination. Le propagateur du jansénisme en France fut Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, un disciple de Bérulle; à ses dirigés, il imposait une morale d'une extrême sévérité, repoussant toute compromission avec les sollicitations de la vie mondaine, mettant à la réception des sacrements des conditions presque inhumaines.
«Le jansénisme devait exercer une profonde influence sur le catholicisme français du XVIIe siècle, auquel il conféra un caractère de gravité, de tension, de rigorisme moral, en contraste avec le catholicisme plus décontracté d'Italie, d'Allemagne et des États autrichiens». (1)
Jean Eudes eut souvent maille à partir avec les jansénistes auxquels il s'opposait de toutes ses forces. La dévotion au Coeur de Jésus, dont il se fit l'apôtre, et surtout la dévotion au Coeur de Marie rencontrèrent une vive opposition chez les partisans de Jansen. Plusieurs de ces inimitiés survécurent longtemps après la mort du Saint.
Et pourtant, le style et certains aspects de l'ascèse de Jean Eudes n'échappent pas à l'austérité et à la tension jansénistes. Toujours, il en corrige le côté apparemment excessif en faisant appel à la miséricorde et en ouvrant les coeurs aux attraits de l'amour.
Les débuts de l'Église canadienne furent parfois teintés de style janséniste. On a d'ailleurs extrapolé sur ces faits en voulant faire croire que le catholicisme de l'Église canadienne est issu de sources douteuses. Dans les faits, les grands noms de cette Église sont ceux de grands hérauts de l'amour et de la miséricorde. Ce qui n'a pas empêché la pastorale populaire d'avoir parfois indûment recours à la peur et à l'exagération verbale.
Le renouveau issu de Vatican II et les facilités de communications ont permis à Église de combler les lacunes et de corriger les excès sans pour autant négliger les trésors de doctrine et de piété légués par nos pères dans la foi.
En outre, il serait intéressant de découvrir dans quelle mesure le puritanisme d'outre-frontière a pu influencer certains mouvements à saveur rigoriste qui ont eu cours chez nous.
L'Église canadienne a puisé dans les oeuvres illustres issues des grands courants spirituels du XVIIe siècle. Elle a été bâtie grâce au zèle fervent et à la sainteté héroïque de ses nombreux pionniers appartenant à la race des grands mystiques de l'École française de spiritualité. Notre contact avec saint Jean Eudes prend ici la forme d'un retour aux sources.

NOTES:
1- De BERTHIER, Histoire de France, Flammarion, 1977

Sa famille et son orientation

Baptistère de l'église de Ri où Jean Eudes a été baptisé
Le petit village de Ri où naquit Jean Eudes est situé en Normandie au diocèse de Séez à douze kilomètres d'Argentan.
Isaac Eudes fut le seul membre de sa famille à survivre à la peste qui ravagea la Normandie (peut-être celle de 1587).
Vers 1597, il trouva, à Ri même, sa future épouse, Marthe Corbin. Leur mariage fut béni de Dieu....une seule joie leur manquait. Après trois ans de mariage, ils n'avaient pas encore d'enfants.
Voici comment Jean Eudes lui-même voit les événements qui ont précédé et accompagné sa naissance: « Dieu m'a fait la grâce de me faire naître d'un père et d'une mère de condition médiocre et qui vivaient en sa crainte et dont j'ai tout sujet de croire qu'ils sont morts en sa grâce et en son amour.
«Mon père et ma mère ayant été trois ans depuis le commencement de leur mariage sans pouvoir avoir d'enfants...ils firent voeu, en l'honneur de la bienheureuse Vierge, d'aller à Notre-Dame-de-la-Recouvrance, qui est un lieu de dévotion à la même Vierge...; ensuite de quoi ma mère, étant devenue enceinte, fit un pèlerinage avec mon père en la dite chapelle là où ils m'offrirent et me donnèrent à Notre-Seigneur et à Notre-Dame». (1)
Jean Eudes était l'aîné de deux frères et de quatre soeurs. Charles Eudes d'Houay devint chirurgien, son frère François Eudes de Mezeray écrivit une Histoire de France et entra à l'Académie française. La vieille maison paternelle de Ri porte encore l'inscription suivante attribuée à Charles: «Nous sommes trois frères, adorateurs de la vérité: l'aîné la prêche, le second l'écrit et moi, je la défendrai jusqu'à mon dernier soupir». L'aînée des filles, Marie, eut quatre enfants, deux garçons et deux filles. Celles-ci entrèrent dans la Congrégation fondée par Jean Eudes: l'Ordre de Notre-Dame-de-Charité.
Voyons grandir notre héros:
«Étant dans une paroisse où il y avait très peu d'instruction pour le salut et où très peu de personnes communiaient plus souvent qu'à Pâques, j'ai commencé à l'âge de douze ans environ à connaître Dieu.» (1)
Malgré tout ce qu'on a dit d'élogieux au sujet de la piété de ses parents, l'instruction religieuse ne semble pas avoir été à l'honneur dans son foyer.
«Jean, à quatorze ans, fut envoyé à Caen chez les Jésuites. Il s'y montra bon élève et fervent congréganiste d'une de ces Congrégations de la Sainte Vierge toujours en honneur dans les maisons de la Compagnie de Jésus. Il semblait bien préparé pour faire un jésuite. Il devint oratorien». (2)
«Le 19 septembre 1620, il reçoit à Séez, la ville épiscopale du diocèse où il est né, la tonsure et les ordres mineurs. Il pense donc au sacerdoce. Mais il lui faudra quelque temps pour trouver son chemin; le clergé diocésain, souvent fort médiocre, ne l'attire guère, mais il n'envisage pas non plus d'entrer dans la vie religieuse.
«Il fait bientôt connaissance d'un institut nouveau, l'Oratoire de Jésus, qui, en 1622, ouvre une maison à Caen. Fondé à Paris, onze ans plus tôt, par Pierre de Bérulle, l'Oratoire n'est pas un ordre religieux, mais une société de prêtres, vivant en communauté, qui propose à ses membres de vivre à fond les exigences d'une vie de prêtre, et veut aussi contribuer au renouveau spirituel et pastoral du clergé». (3)
Ici, quelques remarques s'imposent. Ce genre de communautés de prêtres est alors assez nouveau dans l'Église. La Congrégation de Jésus et Marie (les Eudistes) fut établie selon les mêmes principes et munie de structures semblables à celles de l'Oratoire, avec un engagement plus ferme dans l'institut et une insistance particulière sur le service et la formation des prêtres.
Le Cardinal de Bérulle, fondateur de l'Oratoire, fut le grand maître spirituel de Jean Eudes.
Les écrits de Pierre de Bérulle ont fait école: les grands apôtres et les grands mystiques prêtres et laïcs de cette époque ont trouvé leur expression et ont souvent puisé leur inspiration dans les enseignements du fondateur de l'Oratoire; Jean Eudes est de ce nombre.
«À l'Oratoire de Jésus, Jean Eudes trouvait une congrégation sacerdotale dans la ferveur des débuts; on n'y faisait aucun voeu de religion: les obligations de l'ordre de prêtrise et de la vie de communauté traçaient les voies de la perfection; avant d'être prêtre, chacun apprenait à tout référer à Dieu par Jésus-Christ, fils de Marie». (2)
Sous la tutelle bienveillante de Bérulle, le père Eudes s'initie à la mission. Il y excelle. Ses succès sont retentissants, mais pas assez durables, faute de prêtres compétents et zélés pour maintenir la flamme.
D'urgence il faut fonder un séminaire! Ses supérieurs ne sont pas si pressés. Il procède lui-même à la fondation d'un séminaire à Caen. Vingt ans, jour pour jour, après son entrée à l'Oratoire, soit le 25 mars 1643, Jean Eudes fonde lui-même une nouvelle communauté de prêtres: la Congrégation de Jésus et Marie.
Jean Eudes passe un anneau au doigt d'une statue de Marie
NOTES:
1- EUDES, Jean, Oeuvres complètes, Paris, P. Lethielleux, 1924
2- DUCHESNAY, C. B., Lettres choisies, Paris, les Éditions du Soleil Levant, 1958
3- GUILLON, Clément, En tout, la Volonté de Dieu, Paris, Éditions du Cerf, 1981

SON CHAMP D'APOSTOLAT

Les Missions

Dans le langage courant, le terme «MISSION» s'applique d'abord à l'envoi de missionnaires en terres étrangères. Ces missions consistent en un travail complet d'évangélisation: prédication, catéchisme, administration des sacrements, surtout du baptême et de la pénitence. En un mot, le missionnaire travaille à «constituer» une Église.
Les missions de France au XVIIe siècle ne diffèrent guère des missions étrangères, sauf qu'elles s'appliquent à «reconstituer» une Église à l'état d'érosion.
La mission pour Jean Eudes est beaucoup plus qu'une prédication. Il distingue nettement entre «prêcher un carême» et «faire une mission pendant le carême».
«L'an 1638, je fis trois missions [...] La troisième à Pont-l'Évêque, au diocèse de Lisieux durant l'Avent [...] L'an 1639, je prêchai un carême à Pont-l'Évêque, qui fut comme une continuation de la mission que j'y avais faite l'Avent». (1)
Prêcher un carême, c'est faire une «station» et non une «mission».
«Dans les églises paroissiales et les églises conventuelles des villes importantes, il y avait habituellement trois stations au cours de l'année: pendant le Carême, l'octave du Saint-Sacrement et l'Avent.»(2)
Les stations consistaient surtout en des prédications, assez bien rémunérées, dont le but était surtout de rappeler les grandes vérités de la foi et de maintenir la vie chrétienne à l'intérieur d'Églises bien structurées. Saint Jean Eudes a dû prêcher une dizaine de ces stations.
Les missions sont beaucoup plus complexes. Elles sont parfois très longues. «À Rennes... le père Eudes et ses confrères passèrent quatre mois et demi.
On y faisait la prédication, on visitait les malades, on catéchisait les enfants et aussi nombre d'adultes. En plus « partout et toujours les missionnaires exhortent leurs auditeurs à se confesser et les confessent» (3)
Voici un témoignage de Jean Eudes lui-même: (Vasteville, 9 juillet 1659) «Trente missionnaires ne suffiraient pas maintenant tant il vient du monde de tous côtés aux prédications, qui, étant touchés puissamment, sont parfois huit jours autour des confesseurs, auparavant que de pouvoir être confessés. Enfin la bénédiction de Dieu est très abondante en cette mission». (4)
Le souci des âmes n'empêche pas le missionnaire de s'occuper des misères corporelles.
«Quand il faisait mission dans les grandes villes, il établissait des maisons de refuge pour les pauvres et les infirmes ou remettait en bon ordre les anciennes, quand elles étaient en mauvais état.
Là où il ne créait pas d'hôpitaux, Jean Eudes visitait ceux qui existaient».(5)

Les séminaires

Les missions, même les plus fructueuses, avaient souvent des résultats éphémères, faute de pasteurs compétents et zélés. Les prêtres étaient nombreux, mais, souvent, mal préparés et laissés à eux-mêmes. D'où une vie désoeuvrée et parfois scandaleuse chez quelques-uns et un zèle mal éclairé chez d'autres.
«Au cours de ses missions, Jean Eudes constatait souvent le manque de formation spirituelle et pastorale des prêtres. À partir de 1641, (comme les autres missionnaires oratoriens) il prit l'habitude de réunir les clercs à part pendant la mission elle-même. Cela ne suffisait pas; il fallait ouvrir des maisons où ces prêtres apprendraient les exigences de leur vocation, les séminaires.
«Le Concile de Trente en avait demandé la création, et plusieurs essais avaient été tentés en France; ils avaient été décevants. On en vint à penser, vers 1640, qu'il faudrait accueillir dans ces maisons, non des adolescents comme l'envisageait le Concile, mais des adultes déjà déterminés. Ces séminaires accueilleraient donc d'abord des adultes candidats au ministère, en vue de leur donner, avant les ordres, une formation spirituelle et pastorale (les cours de philosophie et de théologie y seront donnés plus tard); et aussi des pasteurs déjà ordonnés, désirant se renouveler dans l'esprit et les fonctions du ministère.
«Tel est le projet que forma Jean Eudes pour la ville de Caen. Richelieu l'encouragea; l'Évêque de Bayeux, Jacques D'Angennes y coopéra. Pour des raisons qui restent mal connues, le père Bourgoing, supérieur de l'Oratoire depuis 1641, s'y opposa; le père Eudes décida de passer outre, quitta l'Oratoire de Caen où il était supérieur, et le 25 mars 1643, fonda avec quelques prêtres la Congrégation de Jésus et Marie (Eudistes) dont le but était d'abord la formation des prêtres puis toute activité apostolique, en particulier, celle des missions à l'intérieur». (6)
Jean Eudes par Le Blond
NOTES:
1- EUDES Jean, Oeuvres complètes,  Paris, P. Lethielleux, 1924
2- GUILLON Clément, En tout, la Volonté de Dieu, Paris, Éditions du Cerf, 1981
3- Du CHESNAY Charles B., Les Missions de Saint Jean Eudes, Paris, 1967
4- EUDES Jean, Oeuvres complète, Paris, P. Lethielleux, 1924, vol. X,  p.431
5- PIOGER André, Un Orateur de l'École française, Saint Jean Eudes, Paris, Bloud et Guay, 1940
6- MILCENT Paul,  Saint Jean Eudes, une conception de la vie en Jésus Christ, Revue "Vie eudiste", 1973, no 8, p. 6

La permanence de son oeuvre:
ses fondations et ses écrits


SOMMAIRE
·         Ses fondations
·         Les écrits

Ses fondations:

L'Institut Notre-Dame-de-Charité

«Le Saint rassemble toutes les pénitentes dispersées dans la ville et les réunit le 25 novembre 1641, dans une maison située rue Saint-Jean vis-à-vis la chapelle de Saint-Gratien [...] cette maison que (la Vierge) allait couvrir de sa protection maternelle. L'oeuvre des repenties était fondée». (1)
«Cet "hôpital des âmes" dont le père Eudes dota l'Église [...] ne fut pas créé de toutes pièces ni équipé du premier coup.
Il fut d'abord aidé dans cette oeuvre de miséricorde par quelques femmes du peuple qui consentirent à héberger ses converties. L'une d'elles, Madeleine Lamy, habitait une petite maison au faubourg Saint-Julien à Caen. De toute évidence, ce ne pouvait être qu'une installation précaire.
«Le voyant passer accompagné de pieux amis, elle ne manqua pas l'occasion: «Où allez-vous?, interrogea-t-elle. Sans doute dans les églises pour y manger les images; après quoi vous croirez que vous êtes bien dévots. Ce n'est pas là où gît le lièvre, mais bien travailler à fonder une maison pour ces pauvres filles qui se perdent, faute de moyens et de direction». (1)
Cet apostrophe fut un trait de lumière pour le père Eudes et ses associées.
On décida d'abord de trouver une maison puis du personnel avec la permission des autorités civiles et religieuses et, après de nombreux aléas, l'oeuvre de Notre-Dame-de-Charité prit son essor, dans la pauvreté et au milieu des sarcasmes des bien-pensants.

La Congrégation de Jésus et Marie

Nous avons déjà parlé de cette oeuvre bien connue. Voici l'évaluation qu'en fait le fondateur un an avant sa mort:
«La bonté infinie de Notre-Seigneur Jésus et la charité incomparable de sa divine Mère nous ont fait plusieurs faveurs particulières... Mais une des plus grandes et peut-être la plus grande de toutes, c'est d'avoir établi notre Congrégation sur la croix. Car qui pourrait dire ce qu'il a fallu souffrir sur ce sujet, en toutes manières, de toutes parts, et durant plus de trente-six ans? N'avons-nous pas été abandonnés, pendant quelque temps, de nos meilleurs amis? N'avons-nous pas été noircis et décriés par une infinité de calomnies et de libelles diffamatoires?... Le monde et l'enfer n'ont-ils pas fait tous leurs efforts pour anéantir cette petite Congrégation dès sa naissance? Mais que peuvent toutes les forces de l'univers, même contre un ver de terre, ou un atome qui est dans la main du Tout-Puissant et sous la protection de la Reine du Ciel? [...] Car plus les oeuvres de Dieu participent à la croix de son Fils, plus elles ont de part aux grâces et aux bénédictions qui en procèdent». (1)

La Société du Très Saint Coeur de la Mère admirable

Cet institut est moins connu du public, mais son rayonnement n'en a pas été moins considérable.
Au cours de ses missions, Jean Eudes «aimait à rédiger des Confréries soit en l'honneur du très Saint Coeur de la Mère de Dieu, soit sous le vocable du Sacré Coeur de Jésus et de Marie, dans lesquelles il enrôlait un grand nombre de personnes de tout rang et de toute condition [...] Or l'Esprit de Dieu lui fit discerner, parmi les membres de ces confréries des âmes d'élites «qui, ne pouvant pas embrasser la vie religieuse, voulaient en vivre l'esprit. Jean Eudes établit pour elles une nouvelle société où elles trouveraient des moyens de sanctification faciles et tout appropriés à leur situation».
«Cette pieuse compagnie se compose de deux corps, l'un d'hommes, tant ecclésiastiques que laïques, l'autre de femmes». (1) Les personnes mariées n'en faisaient pas partie. Elle s'adressait à ceux qui voulaient vivre la virginité ou la viduité perpétuelle.
Les buts de la société étaient de
1) glorifier les Coeurs de Jésus et de Marie,
2) travailler au salut des âmes en propageant l'amour, le culte et l'imitation des Saints Coeurs.
Tous les membres étaient associés aux deux instituts, en favorisant les oeuvres des Séminaires, des Missions et des Refuges.
La société est encore bien vivante en Amérique latine, mais vacillante en France et en Amérique du Nord.
Mais elle survit dans de nombreuses congrégations religieuses; les Soeurs des Saints Coeurs de Jésus et Marie qui vivent près de nous ont eu comme fondatrice Amélie Fristel, membre de la Société du Coeur admirable.
Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Soeurs des Pauvres était aussi membre de la société. Quatre ou cinq autres communautés moins connues sont de même origine.

Les écrits

Les écrits de Jean Eudes qui nous sont parvenus comprennent douze volumes publiés sous le titre d'Oeuvres complètes.
Vie et Royaume de Jésus, le Manuel de piété, le bon Confesseur, le Prédicateur apostolique, le Mémorial de la vie ecclésiastique, le Contrat de l'homme avec Dieu par le Saint Baptême, le Coeur admirable ont inspiré de nombreuses générations de prêtres, de religieuses et de laïques à travers les continents, mais avec des hauts et des bas, selon les époques et selon les pays.
De nos jours, les écrits de Jean Eudes, surtout sous forme de morceaux choisis, ont pris un essor renouvelé. À leur grande surprise, plusieurs chercheurs ont retrouvé en Jean Eudes une doctrine dont l'aspect pratique et la profondeur fournissent un apport précieux au renouveau théologique, liturgique et mystique, issu de Vatican II.
NOTES:
1- GEORGES Émile, Saint Jean Eudes, Paris, P. Lethielleux, 1936

LES ŒUVRES COMPLÈTES

de Saint Jean Eudes

Les écrits de Jean Eudes qui nous sont parvenus comprennent douze volumes publiés

sous le titre de: "ŒUVRES COMPLÈTES" (OC):

Jean Eudes et les Saints Coeurs.(Verrière de la chapelle de la Maison de Charlesbourg)
T. I - LA VIE ET LE ROYAUME DE JÉSUS DANS LES ÂMES CHRÉTIENNES (1637)
T. II - TRAITÉ DE L'HONNEUR DÛ AUX LIEUX SAINTS (1648)
T. III - LE MÉMORIAL DE LA VIE ECCLÉSIASTIQUE (1668 ou 1681)
  • Manuel de prières pour une communauté (1668)
T. IV - LE PRÉDICATEUR APOSTOLIQUE (1673 ou 1685)
        - LE BON CONFESSEUR (1644)
T. V - L'ENFANCE ADMIRABLE DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU (1676)
T. VI - LE COEUR ADMIRABLE DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU (1681)
T. VII - LE COEUR ADMIRABLE DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU (1681)
T. VIII - LE COEUR ADMIRABLE DE LA MÈRE DE DIEU (1681)
  • Magnificat
  • Traité de la dévotion au Coeur de Jésus (12e livre)
  • Deux traités de la dévotion au Coeur de Marie (1648 et 1666)
  • Règlement de la Société du Coeur Admirable (1760 - Rennes)
T. IX - RÈGLES ET CONSTITUTIONS DE LA CONGRÉGATION DE JÉSUS ET MARIE (1658)
T. X - RÈGLES ET CONSTITUTIONS DE NOTRE-DAME DE CHARITÉ (1682)
  • Coutumier (de l'Institut Notre-Dame de Charité);
  • Lettres de S. Jean Eudes (livres 1 et 2)
T. XI - LETTRES DE S. JEAN EUDES, (livre 3) (1682)
·         Offices et Messes
T. XII - PETITS OFFICES, OPUSCULES ET FRAGMENTS
  • Tables analytique, biblique et patristique.



PRÉSENTATION
par Édouard Boudreault, c.j.m.

Ces écrits ont inspiré de nombreuses générations de prêtres, de religieuses et de laïques à travers les continents, mais avec des hauts et des bas, selon les époques et selon les pays.

De nos jours, les écrits de Jean Eudes, ordinairement sous forme de morceaux choisis, ont pris un essor renouvelé. À leur grande surprise, plusieurs chercheurs ont retrouvé en Jean Eudes une doctrine dont l'aspect pratique et la profondeur sont un apport précieux au renouveau théologique, liturgique et mystique, issu de Vatican II.

Au Canada français, les écrits de Jean Eudes nous révèlent des aspects oubliés de nos origines spirituelles et doctrinales.

Voici un aperçu de ses principales Oeuvres en utilisant les textes mêmes de Jean Eudes et ceux du P. Charles Lebrun dans les introductions de ces Oeuvres Complètes publiées au début du XXe siècle.

Les textes en retrait et en gras sont des citations de saint Jean Eudes
Les textes pleine ligne sont des citations de Charles Lebrun, c.j.m.
Les lignes en caractères italiques sont de Édouard Boudreault, c.j.m.


CONTRAT DE L'HOMME AVEC DIEU PAR LE SAINT BAPTÊME
Que celui qui a été baptisé a fait un Contrat avec Dieu, de très grande importance. C'est une chose déplorable à larmes de sang, de voir que, d'un si grand nombre d'hommes dont la terre est peuplée, qui ont été baptisés, et par conséquent admis au rang des enfants de Dieu, des membres de Jésus-Christ et des temples vivants du Saint-Esprit, et obligés à mener une vie conforme à ces divines qualités, il y en a néanmoins beaucoup plus qui vivent en bêtes, en païens et même en démons, qu'il n'y en a qui se comportent en véritables chrétiens.
Quelle est la cause d'un si grand mal? Il y en a plusieurs. Mais l'une des principales est que la plus grande partie de ces mêmes chrétiens est ensevelie dans un tel abîme de ténèbres et dans une si prodigieuse ignorance des choses qui appartiennent à leur profession, que même ils ne savent pas ce que c'est que d'avoir été baptisés.
Le Baptême est un sacrement qui nous incorpore à Jésus-Christ et nous apporte, avec l'obligation de mourir au vieil homme, le principe d'une vie toute nouvelle qui est la vie même de Jésus-Christ. (OC II, 207)
«Les ascètes français du XVIIe siècle, surtout ceux qui se rattachent à l'école de l'Oratoire, se plaisent à rappeler cette vérité qui est pour eux absolument fondamentale. Dans ses Exercices spirituels, saint Ignace part de la création pour établir les devoirs de l'homme envers Dieu, et le principe qui sert de base aux exercices s'applique à l'homme en tant qu'homme, abstraction faite de son caractère de chrétien.
«Nos ascètes du XVIIe siècle procèdent autrement.
Il est rare qu'ils fassent abstraction de l'élévation de l'homme à une fin surnaturelle. Ils savent que, dans la réalité, l'homme a toujours été appelé à la vie divine, et que, s'il l'a perdue par le péché d'origine, il l'a retrouvé dans son incorporation à Jésus-Christ par le Baptême. Aussi le Baptême est-il le point de départ, le principe, le fondement de tous leurs enseignements sur la vie chrétienne.»
(Ch. Lebrun, c.j.m. dans OC II, p. 197)

ENTRETIENS INTÉRIEURS DE L'HOMME AVEC SON DIEU
«Le Père Eudes publia, en 1662, les Entretiens intérieurs, dans le Royaume de Jésus, où ils formèrent dès lors, avec les Méditations sur l'humilité, la huitième partie de ce livre. Mais, ajoutés après coup à un ouvrage complet, ils ne font pas corps avec lui, et il n'y a aucun inconvénient à les en détacher pour en faire une oeuvre distincte.
«Nous avons dit précédemment, que le Serviteur de Dieu a aussi publié ces Entretiens en dehors du Royaume de Jésus, dans un petit volume in-32, mais toujours à la suite des Méditations sur l'humilité; et nous ne voyons pas qu'il les en ait jamais séparés. Il semble les avoir mis là comme à leur place naturelle, et l'on serait porté à croire qu'il a voulu, par ce moyen, remédier aux inconvénients que pourrait avoir la vue unique de notre néant, et des misères de notre nature dévoyée par suite du péché originel et de nos fautes actuelles. Il n'ignorait pas le conseil des maîtres de la vie spirituelle qui recommandent de ne jamais séparer la défiance de nous-mêmes de la confiance en Dieu. Il savait que la méditation exclusive ou trop prolongée de notre impuissance et de nos faiblesses pourrait conduire certaines âmes au découragement ou à la pusillanimité; qu'il serait injurieux à Dieu de ne penser qu'à soi et aux suites du péché, oubliant les dons et les grâces dont il nous a comblés; et que la vue des miséricordes de Dieu jointe à celle de nos profondes misères est tout ce qu'il y a de plus propre à nous faire renoncer à nous-mêmes pour ne compter que sur Dieu, chose absolument nécessaire dans le travail de notre sanctification.
«C'était là le secret du courage et de la force de l'apôtre saint Paul: Cum infirmor, tunc potens sum, s'écriait-il: «Plus je sens ma faiblesse, plus je suis fort», car je suis obligé de m'appuyer sur mon Dieu qui seul «est ma force et dans lequel je puis tout»: Omnia possum in eo qui me confortat. Ce n'est pas sur moi que je compte, mais uniquement sur sa grâce qui agira avec moi: Non ego, sed gratia Dei mecum.
«Ainsi donc, le Père Eudes semble vouloir, en habile directeur des âmes, qu'après nous être bien convaincus de notre néant et de notre incapacité à tout bien surnaturel, nous nous pénétrions profondément de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous pouvons en Dieu et par Dieu, afin de nous exciter à une vive reconnaissance pour ses immenses bienfaits, et de nous porter à entreprendre de grandes choses pour son amour.
«Les Entretiens intérieurs ont en effet pour objet les faveurs que nous avons reçues de Dieu, et les devoirs que nous avons par suite à remplir envers lui.
«Ce qui frappe le plus à la lecture de ces Entretiens, c'est leur caractère dogmatique. Ici pas de peintures morales, pas de ces analyses du coeur humain qu'on trouve parfois dans des ouvrages de ce genre. Ce sont les principes qui fixent l'attention du P. Eudes. À la lumière des saintes Écritures, il contemple avec admiration et amour les grandeurs de Dieu et les bienfaits sans nombre dont il nous a comblés, tant dans l'ordre naturel que dans l'ordre surnaturel, pour en tirer cette conclusion générale que notre vie lui appartient et qu'elle doit être employée tout entière à l'aimer et à le glorifier. On reconnaît, par endroits, les idées et même un peu la manière du Cardinal de Bérulle. Mais ce que l'on y reconnaît surtout et ce qui fait le prix des Entretiens, c'est la piété si vive et si pleine d'onction qui caractérise les ouvrages du P. Eudes.» (Ch. Lebrun, c.j.m. dans OC II, pp. 131-133)

LA VIE ET LE ROYAUME DE JÉSUS DANS LES ÂMES CHRÉTIENNES
CONTENANT PLUSIEURS EXERCICES DE PIÉTÉ POUR VIVRE ET MOURIR CHRÉTIENNEMENT ET SAINTEMENT, ET POUR FORMER, SANCTIFIER, FAIRE VIVRE ET RÉGNER JÉSUS DANS NOS ÂMES.
«Dans l'Élévation à Jésus placée en tête de l'ouvrage, le P. Eudes présente aussi son livre à toutes les âmes qui veulent suivre Jésus-Christ, spécialement à celles dont il avait la charge: «Je veux dédier et donner ce petit livre, dit-il, à toutes les âmes qui désirent vous aimer, [ô bon Jésus], et spécialement à celles dont vous voulez que j'aie quelque soin particulier devant vous.» Le Royaume de Jésus s'adresse donc tout particulièrement aux enfants du P. Eudes. S'ils veulent se remplir de l'esprit et de la piété de leur Père, c'est à ce livre surtout qu'ils doivent recourir. Jean Eudes y a condensé avec une lumineuse précision ses idées sur la vie chrétienne, sa nature, ses fondements et son complet épanouissement dans la pratique des vertus. Aucun autre de ses ouvrages ne présente les mêmes avantages. Dans tous, il est vrai, on retrouve sa doctrine spirituelle; mais elle est éparse dans le Coeur admirable; la Regula Domini Jesu (la Règle de Jésus) n'en donnent qu'une idée sommaire qui a besoin d'être expliquée; le Contrat de l'homme avec Dieu n'en indique que les principes essentiels. Seul, le Royaume de Jésus nous présente l'exposé complet et méthodique de la doctrine du P. Eudes, et nous apprend à la réduire en pratique dans les détails de la vie.» (Ch. Lebrun dans OC I, p. I)
L'idée fondamentale du Royaume de Jésus
«Le Royaume de Jésus repose tout entier sur cette idée, qualifiée de fondamentale par le P. Eudes lui-même. Que la vie chrétienne n'est que la continuation et l'achèvement en chacun de nous de la vie de Jésus. Le titre du livre exprime déjà cette idée. Dans sa Préface, le P. Eudes nous avertit que son but est de la mettre en lumière et de nous apprendre à la réduire en pratique.
«Cette manière d'envisager la vie chrétienne n'est pas nouvelle. Jésus-Christ lui-même nous la propose en divers endroits du saint Evangile, notamment dans la belle allégorie où il se compare à une vigne dont nous sommes les branches. On la retrouve dans l'Apocalypse et les Épitres de saint Jean. Saint Paul y revient à chaque instant, et on peut dire qu'elle fait le fond de sa doctrine. C'est lui qui en a donné la formule précise, dans ce texte connu qui s'applique à tout chrétien en état de grâce: Je vis, non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi(Ch. Lebrun, c.j.m., dans OC I, pp.  9-10)

LE COEUR ADMIRABLE DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU
«Le Coeur admirable est le plus considérable des ouvrages du P. Eudes, et c'est aussi celui où il explique de la manière la plus complète la dévotion aux Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie, telle qu'il la comprenait.
«Dans la Préface du Coeur admirable, le P. Eudes nous indique lui-même la raison qui le détermina à écrire son livre.
La terre est pleine de saints livres, qui ont été composés à la louange de la Mère admirable, et en si grande quantité qu'un excellent auteur en rapporte plus de cinq mille... Mais je ne trouve point de livres qu'on ait faits sur son très aimable Coeur. Et cependant, c'est ce qu'il y a de plus digne, de plus noble et de plus admirable en cette divine Vierge; et même c'est la source et l'origine de toutes ses grandeurs, ainsi que nous le ferons voir clairement ci-après. C'est pourquoi j'ai cru rendre service à Notre-Seigneur et à sa très sainte Mère, et obliger ceux qui font profession de l'honorer et de l'aimer comme leur Souveraine et comme leur véritable Mère, de mettre ce livre au jour, pour exciter dans les coeurs de ceux qui le liront une vénération et dévotion particulière envers son très aimable Coeur. (OC VI, V-VI)
On trouvera dans cet ouvrage la doctrine qui est à la base des Messes et des Offices liturgiques que Jean Eudes composa en l'honneur du Coeur de Jésus et du Coeur de Marie et qui furent célébrés pour la première fois dans l'Église.

LES ÉCRITS DESTINÉS AUX PRÊTRES
Jean Eudes composa plusieurs ouvrages destinés aux prêtres dont voici les trois principaux:
  • Le Mémorial de la vie écclésiastique
  • Le Prédicateur apostolique
  • Le Bon Confesseur

LE MÉMORIAL DE LA VIE ECCLÉSIASTIQUE.

L'auteur nous le présente ainsi:
Vous y verrez quelle est la dignité de l'état ecclésiastique, et les qualités excellentes d'un bon pasteur et d'un saint prêtre, dont la considération, si vous pesez ces choses comme il faut, vous donnera l'estime et le respect que vous devez avoir pour la sublimité et la sainteté de votre profession, vous portera à reconnaître et à louer la divine bonté qui vous a appelé à un état si noble et si saint, vous excitera à traiter dignement et saintement toutes les fonctions sacerdotales, vous fera craindre les fautes que vous y pouvez faire, comme n'étant point petites, puisqu'elles sont mesurées sur la grandeur de la grâce, en quelque façon infinie, que le Fils de Dieu vous a faite de vous rendre participant de son divin sacerdoce, et sur la dignité des fonctions sacerdotales; elle vous obligera enfin à mener une vie conforme à la sainteté de votre sacré ministère. (OC III, 1-2)
Le Prédicateur Apostolique nous montre le prêtre face à sa mission d'annonciateur de la parole de Dieu.
Les prédicateurs doivent souvent se mettre devant les yeux la très grande importance et la sublimité de leur office, non pas pour y prendre une vaine complaisance, ni pour en tirer de la gloire; mais plutôt pour s'humilier profondément en la vue de leur indignité infinie et de leur incapacité au regard d'un ministère si digne et si relevé, et pour s'exciter à n'omettre rien de tout ce qui dépend de leur pouvoir et de leur diligence pour s'en bien acquitter.
Pour cet effet, ils doivent se représenter, spécialement quand ils ont à se préparer à la prédication, que cet emploi considéré en lui-même, en son origine et en sa fin, est très excellent et de très grande conséquence.
Que cet emploi nous est commun avec les plus grands Saints de la nouvelle Loi, c'est-à-dire avec les saints Apôtres, et avec Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Que prêcher, c'est distribuer aux enfants de Dieu le pain de vie, et de vie éternelle, pour entretenir, fortifier et perfectionner en eux la vie divine qu'ils ont reçue de ce Père céleste en leur nouvelle naissance par le saint Baptême: Verba vitae aeternae habes (tu as les paroles de la Vie éternelle).
Que les prédicateurs évangéliques sont les anges incarnés du Seigneur, les messagers du ciel, les chérubins, les séraphins de l'Église, et les hérauts de la très sainte Trinité; à raison de quoi ils commencent aussi leur prédication: In nomine Patris, et Filii, et Spiritus sancti (au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit). (OC IV, 11)
Exhortation de Jean Eudes aux confesseurs:
Souvenez-vous que vous faites l'oeuvre de Dieu dans le confessionnal, et un très grand et très important oeuvre de Dieu: et par conséquent que vous le devez faire digne Deo, c'est-à-dire avec un soin, avec une application et avec des dispositions dignes de la majesté de Dieu, de la sainteté de son oeuvre, de la dignité des âmes qui ont coûté son sang, et du prix de ce sang précieux que vous leur appliquez. (OC IV, 147)


RÈGLES ET CONSTITUTIONS DE LA CONGRÉGATION DE JÉSUS ET MARIE
Pour acquérir une existence civile et ecclésiastique, la Congrégation de Jésus et Marie, fondée par Jean Eudes, devait se donner des Règles et des Constitutions. L'institut ne devait pas cependant devenir un ordre religieux.
«Le P. Eudes ne pouvait assujettir ses enfants à une Règle religieuse. La nature de sa Congrégation y répugnait. Ce n'était point un Ordre religieux, mais un corps purement ecclésiastique, destiné à conduire ses membres à la perfection de leur état, et à en faire les modèles et les éducateurs du clergé séculier, dans les rangs duquel ils entendaient rester. Dans ces conditions, il est évident qu'aucune Règle religieuse ne pouvait leur convenir.
«La Congrégation de Jésus et Marie est donc un corps purement ecclésiastique. Elle tient à demeurer dans la hiérarchie ecclésiastique, et bien qu'elle honore le Souverain Pontife comme son chef suprême, elle entend rester sous la juridiction immédiate des Évêques, pour être plus à même de leur venir en aide dans la formation du clergé.
«À raison même de son caractère purement ecclésiastique, la Congrégation de Jésus et Marie n'est pas un ordre nouveau; elle n'est qu'une branche du premier et du plus saint de tous les ordres, l'ordre sacerdotal dont l'instituteur est Jésus-Christ lui-même. Aussi est-ce lui qu'elle regarde comme son fondateur, et c'est de lui qu'elle a reçu la règle qu'elle suit. Toutefois, elle considère également Marie comme sa fondatrice, parce qu'elle a été associée d'une manière admirable au sacerdoce de Jésus-Christ, et que, si elle est la Mère de tous les chrétiens, elle est cependant, à un titre particulier, la Mère des prêtres.
«Quant à l'esprit de la Congrégation, il n'est autre que celui du Souverain Prêtre.» (Ch. Lebrun, c.j.m. dans OC IX, p 35)


Ses combats et ses victoires

Les admirateurs de Jean Eudes n'ont pas manqué.
«Le père Eudes n'a pas été seulement l'un des auteurs de la contre-réforme en France, mais le Saint Vincent de Paul de la Normandie» (Henri Prentout).
M. Olier l'appelait «la merveille de son siècle». Bossuet disait de Jean Eudes:
«C'est comme cela que nous devrions tous prêcher».

Il eut des amis qui lui furent fidèles à temps et à contre-temps. On y compta plusieurs évêques et de grands chrétiens, prêtres, religieux et laïcs.
Quoique grand homme d'action, il ne fut pas toujours admiré. «Il fut accusé d'ambition, d'ingratitude, de fourberie... À l'origine de tout ce fracas, il y eut deux torts chez Jean Eudes: son premier fut de sortir de l'Oratoire en 1643; son second tort, d'avoir été sur le point de trop bien réussir». (1)
Dans un pamphlet anonyme, le père Eudes était accusé d'avoir commis douze hérésies. «Il aurait été condamné au feu s'il avait vécu en pays d'Inquisition».
Peu à peu cependant, la vérité se fit jour, ses vertus surtout et son zèle et sa charité héroïque firent en sorte qu'il connut, tardivement il est vrai, les honneurs de la béatification en 1909 et de la canonisation en 1925.
La permanence de ses Instituts
1) L'Institut de Notre-Dame-de-Charité
Dès sa naissance, l'Institut de Notre-Dame-de-Charité souffre de sérieux handicaps: des saintes religieuses au service de prostituées, la vertu co-habitant avec le vice; il y a là matière à scandaliser les bien-pensants. De toutes façons, les âmes zélées sont plus portées à contribuer financièrement au soin des malades, à l'éducation des enfants qu'à nourrir les «filles de rue».
Par ailleurs, le Saint-Siège hésite à entériner une oeuvre aussi nouvelle et, en apparence, aussi fragile. L'hostilité, la pauvreté et parfois les frontières de la misère sont le lot de ces communautés naissantes.
Un autre danger menace l'ordre, si on regarde vers l'avenir. Les religieuses seront-elles tentées de glisser peu à peu vers des oeuvres moins difficiles et moins ingrates?
Pour surmonter les répugnances possibles de futures membres de l'Institut, la règle interdira aux pénitentes, si saintes sont-elles devenues, de se faire religieuses dans la communauté qui les a accueillies.
Pour éviter les déviations futures dans le travail apostolique, les religieuses sont soumises à un quatrième voeu:
Outre les trois voeux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance, elles en feront un quatrième qui est de vaquer et de servir ... à la conversion et instruction des filles et femmes pénitentes qui se rangeront volontairement sous leur conduite. (O.C. X,99)
Au cours d'un siècle et demi, l'ordre s'étendit à huit monastères. La Révolution française vient saccager l'oeuvre qui redeviendra florissante au cours du XIXe siècle.
2) La Congrégation de Jésus et Marie
À l'instar de plusieurs autres communautés religieuses, la Congrégation de Jésus et Marie subit présentement une sérieuse carence de vocations.
En retour, un renouveau remarquable s'affirme en Amérique latine, en particulier en Colombie et au Venezuela, tandis que la Province de France voit surgir un nombre croissant de vocations en Afrique occidentale.
3) La Société du Coeur admirable
Cette société moins bien adaptée à notre époque survit et se développe dans les nombreuses communautés religieuses dont elle a fourni les fondatrices.

Les monastères de Notre-Dame-de-Charité se multiplièrent dans différents pays. Comme il était de mise alors, chaque maison était autonome.
Mère Marie Euphrasie Pelletier, supérieure d'un de ces couvents, le Bon-Pasteur d'Angers, voulait bien essaimer mais sans abandonner à elles-mêmes les nouvelles fondations. Elle fit alors ce qu'avait fait son Fondateur, elle se sépara de l'Institut pour fonder le généralat, de sorte que les nouvelles maisons devinrent dépendantes de la Maison-Mère et formèrent la nouvelle Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur. La Fondatrice devint plus tard Sainte Marie Euphrasie Pelletier. Les deux branches de l'institut sont répandues à travers le monde.


La permanence de la doctrine de saint Jean Eudes
La dévotion aux Saints Coeurs de Jésus et Marie
Quand Jean Eudes obtint la permission d'établir une fête en l'honneur du Coeur de Marie et une autre en l'honneur du Coeur de Jésus, il en avait composé lui-même la messe et l'office qu'on devait utiliser pour ces célébrations.
Il provoqua alors une levée de boucliers de la part des Jansénistes et de nombreuses officines religieuses.
Il s'agissait là de nouveautés inacceptables. On le traita d'hérétique et de «mariolâtre».
Peu à peu, la tempête s'apaisa et la dévotion au Sacré-Coeur se répandit à travers l'Église avec une telle rapidité qu'on en oublia l'initiateur. Des livres savants traitant de la dévotion au Coeur de Jésus ne mentionnaient même pas le nom de Jean Eudes. Devant les protestations venues d'auteurs mieux informés, on fit la sourde oreille ou on contesta la qualité de la dévotion initiée par le père Eudes. Il en fut ainsi jusqu'à ce que le Pape Saint Pie X eut proclamé, en 1909, Jean Eudes «Père, apôtre et docteur du culte liturgique des Saints Coeurs de Jésus et de Marie».
Le renouveau de l'École française de spiritualité
Jean Eudes compte parmi les grands maîtres d'un courant spirituel né en France. Ce courant, répandu à travers l'occident grâce aux communautés missionnaires, anime des Églises d'Afrique et d'Asie. Au XVIIIe siècle il prit le nom de "École française de spiritualité".
La réforme religieuse issue de Vatican II retrouve de nos jours une doctrine solide et un élan de ferveur dans les écrits de Bérulle et de ses disciples.
De nos jours Jean Eudes est lu plus que jamais, mais il y a un plus:
Sa doctrine, sa piété et son zèle missionnaire se répandent dans des écrits et dans une prédication inspirés de son oeuvre, si bien que la voix de Jean Eudes retentit de plus en plus à travers le monde en invitant tous les chrétiens «à former Jésus en eux», à recourir à l'amour du Coeur maternel de Marie pour son Fils et pour nous tous qui en sommes les frères et les soeurs.

1- Du Chesnay, Les Missions de Saint Jean Eudes, Paris, 1967
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PRIER AVEC JEAN EUDES
Au sein de l'École Française, très marquée par le regard sur le Christ dans son mystère d’lncarnation, saint Jean Eudes, au XVllème siècle, invitait les chrétiens, oublieux des exigences de leur baptême reçu dès la naissance, à retrouver la richesse de leur engagement baptismal.
Dans ses missions, comme dans les séminaires et à Notre Dame de Charité auprès des femmes en difficulté, il donna des moyens très concrets pour vivre chaque jour en baptisé et ainsi "faire vivre et régner Jésus" en chaque chrétien qu'il dit être "un autre Jésus-Christ en la terre".
Un chemin pour prier
Saint Jean Eudes nous laisse sa manière de prier en 4 mouvements:
  • ADORER: contempler, s'émerveiller, admirer.
  • RENDRE GRÂCES: reconnaître les dons du Seigneur, dire merci...
  • VIVRE LE PARDON: prendre conscience de la distance qui existe entre sa propre vie et la merveille de l'Amour de Dieu.
  • SE DONNER À JÉSUS: se donner pour être témoin, se donner pour la Mission...
Ces quatre mouvements sont quatre attitudes intérieures à développer et qui supposent de prendre du temps pour s'accueillir sol-même, accueillir l'autre, Dieu, et se recevoir de Dieu.
Adorons Dieu dans l'immense amour qu'il a pour toutes ses créatures, et pour chacun de nous en particulier. Bénissons-le, aimons-le.
Remercions-le des bienfaits innombrables de son amour.
Demandons-lui pardon de nos ingratitudes envers lui et de nos manques d'amour à l'égard du prochain.
Donnons-nous à l'amour de Dieu, pour qu'il brise toutes nos résistances et qu'il règne parfaitement en nous.




Désir
Jésus, mon Seigneur, je t'appartiens nécessairement par mille et mille titres, mais je désire aussi t'appartenir volontairement.
Je veux que toutes mes pensées, paroles et actions, que toutes mes respirations, tous les battements de mon cœur, tous les moments de ma vie, je veux que toutes ces choses soient converties en autant de voix par lesquelles je te dise continuellement et éternellement: Je t'aime, je t'aime, oui, mon Seigneur Jésus, je t'aime.
Que désires-tu, qu'attends-tu de moi, sinon que je te réponde avec Pierre: Je t'aime, je t'aime.

Jésus
Jésus, Jésus! l'unique de mon cœur! le bien aimé de mon âme.
Jésus, mon soleil, illumine les ténèbres de mon esprit, embrase les froidures de mon cœur!
Mon Dieu et mon Tout, sépare-moi de tout ce qui n'est point Toi, pour m'unir tout à Toi !
Jésus, tu es tout à moi: que je sois tout à toi pour jamais ! Jésus, je te donne mon cœur, remplis-le de ton saint amour, que toutes mes actions rendent gloire à tes actions !
"Vive Jésus" Vive le Roi de mon cœur, Vive la Vie de ma vie, et qu'il soit à jamais aimé par tout et en toutes choses !

Merci
Je te rends grâces infinies, ô mon Dieu, pour moi et pour toutes tes créatures, spécialement pour ceux et celles qui me sont chers. Merci de nous avoir donné l'être et la vie, et un cœur capable de te reconnaître et de t'aimer.
Dieu, mon Créateur, tu ne m'as donné l'être et la vie que pour l'employer à ton service. C'est pourquoi je te l'offre, je te le consacre entièrement. Je ne veux plus être ni vivre que pour te servir avec tout l'amour que tu attends de mol.

Baptême
Jésus, je t'adore comme mon Chef que je dois suivre et imiter en toutes choses, selon la profession publique et solennelle que j'en ai faite au Baptême... et que je veux renouveler aujourd'hui .
Pour cet effet, en la vertu et puissance de ton Esprit et de ton amour, je renonce pour toujours à Satan, au péché, au monde et à moi-même. Je me donne à toi, Jésus, pour adhérer à toi, demeurer en toi et n'être plus qu'un avec toi ...
Je me donne à toi pour faire ta volonté ...
Je me consacre à toi. Établis en moi ta vie sainte et parfaite. Vis pleinement dans mon esprit et dans mon cœur. Jésus donne-moi la grâce d'accomplir parfaitement cet engagement. Accomplis-le toi-même en moi et pour moi, salon toute la perfection que tu désires.

Père, Fils, Esprit
Père de Jésus
Aime ton Fils Jésus pour moi,
Rends-nous participants de l'amour que tu lui portes.

Jésus, Fils de Dieu
Que mon âme se réjouisse de voir l'amour et la gloire infinie que tu reçois
de ton Père et de ton Saint Esprit.

Esprit de Jésus,
Qui est tout amour et toute charité
Aime le Père et Jésus pour moi,
Transforme mon cœur en amour vers eux.

Ô Père éternel, ô Fils unique de Dieu, ô Saint-Esprit du Père et du Fils, venez en moi, venez en mon cœur, séparez moi de tout ce qui n'est pas vous, attirez moi à vous, vivez et régnez en moi et faites que tout mon être, toute ma vie soient totalement consacrés à votre pure gloire.

Eucharistie
Ô Seigneur, tu ne te contentes pas d'être demeuré et d'avoir conversé avec nous durant le temps de ta vie mortelle, mais tu as trouvé une invention admirable pour être toujours avec nous et pour te donner à nous, avec tous les trésors et merveilles qui sont en toi, et ce par le moyen de ton Eucharistie, qui est l'abrégé de tes merveilles et le plus grand effet de ton amour vers nous.
Comme tu prends tes délices d'être avec moi, fais que je mette aussi tout mon contentement à converser avec toi, à penser à toi, et à t’aimer et glorifier.

Cœur
Seigneur Dieu, Père des miséricordes, en ta bonté sans mesure, tu nous as donné le Cœur très aimant de ton Fils bien aimé. Accorde à nos cœurs d'être unis étroitement entre eux comme avec Lui, afin que notre amour envers toi soit parfait.
ÔCœur tout aimable et tout amour de mon Sauveur, sois le Cœur de mon cœur, I'âme de mon âme, l'esprit de mon esprit, la vie de ma vie.

Miséricorde
Ô très bienveillant et très miséricordieux Cœur de Jésus, imprime en nos cœurs une image parfaite de ta grande miséricorde, afin que nous accomplissions ce commandement que tu nous as donné: "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux".
Jésus, puisque ton Père m'a tout donné en te donnant à moi, tous les cœurs de l'univers m'appartiennent; je prends donc tous ces cœurs et je veux t'aimer de tout l'amour dont ils sont capables, quand tu les as créés pour aimer.
Mère de miséricorde, regarde tant de misères, tant de pauvres, tant de captifs et tant de prisonniers, tant d'hommes qui sont persécutés par la malice des hommes, tant d'indéfendus, tant d'esprits affligés, tant de cœurs angoissés ...
Mère de Miséricorde ... Ouvre les yeux de ta clémence pour voir nos désolations. Ouvre les oreilles de ta bonté pour entendre nos supplications.
Montre, très bonne et très puissante avocate, que tu es vraiment Mère de Miséricorde.

Marie
Cœur de Marie, modèle de sainteté, demeure toute fleurie pour Jésus.
Merveille d'amour, chef d'œuvre de l'Esprit Saint, espérance et joie des pécheurs.
Astre brillant, sois le soleil et le guide de ceux qui t'aiment; foyer d'amour,
enflamme tous les cœurs.

Nos cœurs rachetés par la grâce, aide-les à vivre du Christ .
Ô Mère, garde en ton cœur aimant le cœur qui te prie.
Qu'il soit plein de tendresse pour ton Fils et plein d'amour pour sa Mère.
Trinité Sainte, source de vie éternelle, sainteté du Cœur de Marie, règne dans notre cœur à tous.

Mission
Envoie, Seigneur, envoie des ouvriers à ta Vigne; ressuscite, dans tous les pasteurs et prêtres de ton Eglise, cet esprit apostolique, dont tes bien-aimés Apôtres et Disciples ont été embrasés.
Embrase leur cœur du feu de ton amour et d'une soif ardente de ta gloire et du salut des âmes.

Découragement
"Ô Jésus, cela me suffit de savoir que tu es toujours Jésus !"
"Ô Jésus, sois toujours Jésus, et je serai toujours content, quoi qu'il puisse m'arriver!"

Commencement
Jésus mon Sauveur, je ne sais si j'ai encore commencé à t'aimer comme je dois.
C'est maintenant que je veux t'aimer de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces.
Je renonce pour jamais à tout ce qui est contraire à ton amour.
Je te donne mon cœur; prends en une pleine et entière possession pour y convertir tout ce qui te déplaît.
Je t'offre le Cœur de ta Mère, qui a plus d'amour pour toi que tous les cœurs réunis.
Marie, Mère de Jésus, aime ton Fils pour moi. Jésus, aime ta Mère pour mol. Saints et Saintes de la terre et du ciel, aimez Jésus et Marie pour moi; associez-moi à l'amour que vous leur portez éternellement.

Ces prières et été choisies et éditées par le
Centre de Spiritualité Eudiste, Redon, France


wikipédia . en ligne vendredi 19 Aoû 2016 . à jour au 1er Août 2016

Jean Eudes

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Jean Eudes
Image illustrative de l'article Jean Eudes
Prêtre français, Fondateur et Saint
Naissance
Décès
19 août 1680  (à 78 ans)
Caen, Calvados, France
Nationalité
Ordre religieux
1925
par Pie XI
Vénéré par
Fête
Saint Jean Eudes, né le 14 novembre 1601 à Ri, en Normandie (France) et décédé le 19 août 1680 à Caen (France), est un prêtre français oratorien, fondateur d'un institut religieux consacré à la formation des prêtres, et d'un ordre religieux voué à la réhabilitation des "filles repenties".
À l'origine de plusieurs séminaires dans sa Normandie natale, il fut un artisan de l'introduction du Concile de Trente, en France, ainsi qu'un acteur majeur de l'École française de spiritualité.
Il est, au XVIIe siècle, avant Marguerite-Marie Alacoque, le grand propagandiste du culte au Sacré-Cœur de Jésus et au saint Cœur de Marie.

Sommaire

Biographie

L'ancien séminaire des Eudistes à Caen

Formation

Frère de l'historien François Eudes de Mézeray, Jean Eudes est né le 14 novembre 1601 (la même année que Louis XIII), à Ri, près d'Argentan, en Normandie. Après avoir accompli ses humanités au collège des Jésuites de Caen, il entre, le 23 mars 1623, dans la toute récente Société de l'oratoire de Jésus de France, rue Saint-Honoré, à Paris, où il est accueilli par le fondateur, le cardinal Pierre de Bérulle. Ordonné prêtre le 20 décembre, il célèbre le 25 de ce mois, sa première messe, avant de poursuivre ses études théologiques dans la communauté oratorienne d'Aubervilliers1.

Fondation de la congrégation de Jésus et Marie

La "Vieille Mission" : première maison des Eudistes à Caen, où mourut Jean Eudes
Revenu en 1627 dans sa Normandie natale, il est d'abord envoyé dans la région de Vrigny (diocèse de Sées), qui était touchée par la peste. Il réchappe à l'épidémie et découvre l'abandon matériel et spirituel dans lequel vivent les campagnes. De ce constat, il tire une priorité pour son apostolat : si l'on veut rechristianiser la société, il faut former des prêtres, capables de tenir une paroisse rurale ou de prêcher des missions populaires. Rencontrant ainsi les directives du concile de Trente concernant la formation du clergé, il quitte, le 19 mars 1643, la communauté de l'Oratoire de Caen, dont il était le supérieur, pour ouvrir un séminaire dans cette même ville. À cet effet, il regroupe sept prêtres chevronnés, des missionnaires capables de devenir des formateurs, et fonde, le 25 mars de la même année, avec l'approbation de l'évêque de Bayeux, une société de prêtres voués tant à la formation des séminaristes et du clergé qu'aux prédications populaires dans les paroisse : la congrégation de Jésus et de Marie, dite des Eudistes2. De Caen, les séminaires eudistes essaimeront, du vivant de leur fondateur, à Coutances, Lisieux, Rouen, Évreux et Renne3.

Fondation de l'ordre de Notre-Dame de la Charité

Le couvent de Notre-Dame-de-la-Charité à Caen
Dès 1634, Jean Eudes songe à établir à Caen un "refuge" pour les "filles repenties", c'est-à-dire des femmes désireuses de quitter le libertinage ou la prostitution. C'est chose faite en 1641, grâce à l'assistance de membres de la Compagnie du Saint-Sacrement, avec la création de Notre-Dame du Refuge4. Quelque temps plus tard, il décide de confier cette œuvre à des religieuses, et crée, non sans l'assistance des visitandines de Caen, un institut, qui deviendra l'Ordre de Notre-Dame de Charité, reconnu le 8 février 1651, par l'évêque de Bayeux, Mgr Molé, et par une bulle pontificale d'Alexandre VII, le 2 janvier 1666. Du vivant du fondateur, s'établiront, en plus de celui de Caen, les monastères bretons de Renne (1673), Hennebont et Vannes (1676)5.

Prédication

À sa mort, le 19 août 1680 à Caen, Jean Eudes aura prêché cent dix missions, entre 1632 et 1676, dont quatre-vingt-dix en Normandie, principalement dans le diocèse de Coutances. Ces missions populaires avaient pour but de rallumer la foi ou la ferveur catholique dans les paroisses. Chacune d'entre elles durait à peu près un mois et demi. Les matinées étaient consacrées à la prédication, les après-midis au catéchisme ou à des conférences. En plus de ces activités, le missionnaire confessait la population6. D'autre part, Jean Eudes a également prêché devant Anne d'Autriche, qui l'appréciait beaucoup. Quant à Louis XIV, après avoir soutenu la fondation de la congrégation de Jésus et Marie, il suspectera le saint d'hostilité à sa politique gallicane, entre 1674 et 16797. Enfin, il convient encore de souligner l'activité liturgique et littéraire de Jean Eudes en faveur du culte des Cœurs de Jésus et de Marie : en 1648, au cours d'une mission à Autun, il fait célébrer, avec l'approbation de l'évêque, la messe et l'office du Cœur de Marie, dont il a composé la structure; il fait de même, à Caen et dans quatre autres de ses séminaires, en 1672, pour la messe et l'office du Cœur de Jésus8.

Postérité

Reliquaire de saint Jean Eudes à Notre-Dame-de-la-Charité (Caen)

Vénération et souvenir

Plaque commémorative sur 'La Vieille mission', à Caen
Après sa mort, le corps de Jean Eudes est inhumé dans l'église des Très-Saints-Cœurs-de-Jésus-et-Marie du séminaire des Eudistes de Caen9. En 1810, les ossements de Jean Eudes ont été transférés à Notre-Dame-de-la-Gloriette. Depuis le 6 mars 1884, ils se trouvent dans la crypte sous le transept sud de cette ancienne église des Jésuites10.
Jean Eudes a été béatifié par Pie X en 1909, et canonisé par Pie XI en 1925. Sa fête se célèbre le 19 août.
Le 8 novembre 2014 à l'occasion de la session plénière de la conférence des évêques de France, Mgr Michel Dubost a annoncé le soutien de la conférence pour la cause de Saint Jean Eudes comme Docteur de l'Église11.

Spiritualité

Au centre de la spiritualité de Jean Eudes : le Cœur de Jésus et de Marie
Comparé à son maître, Bérulle, Jean Eudes est un missionnaire, plus qu'un métaphysicien. D'ailleurs, lorsqu'il s'agit de choisir des formateurs pour son séminaire, il ne recrute pas des docteurs en Sorbonne, mais des praticiens aguerris3. Dès lors, s'il reprend les caractéristiques fondamentales de la mystique bérullienne, il les réélabore toutefois dans une perspective pastorale, et se concentre sur ce qui lui paraît essentiel : l'engagement baptismal, l'humilité dans la disposition à Dieu, l'union spirituelle aux intentions de Jésus (les "états" chez Bérulle), la piété mariale, l'empreinte sacerdotale12. De plus, ces différents éléments se condensent dans une image accessible et évocatrice : la dévotion au Cœur de Jésus et de Marie. "Dévotion" ne désigne pas ici un exercice de piété purement personnel : Jean Eudes milite pour un culte liturgique, c'est-à-dire une célébration collective; de plus, le terme doit être pris au sens premier d'obéissance et d'engagement. Quant au "cœur", il ne désigne ni l'organe ni le siège des sentiments, mais bien, au sens biblique, l'intériorité spirituelle et morale, porteuse de l'énergie de la volonté. C'est pourquoi Jean Eudes utilise une expression qui ne dissocie pas, sur ce point, Jésus et Marie, puisque leurs dispositions intérieures convergent au service de la Trinité. En ce sens, peut-être est-il également possible d'y voir une allusion ecclésiologique : les Actes des Apôtres n'affirment-ils pas que les premiers chrétiens ne formaient qu'un seul cœur ? Quelques années avant Marguerite-Marie Alacoque, Jean Eudes propage ainsi, dans ses prédications comme dans ses ouvrages, le culte du Sacré-Cœur, sans exploiter, cependant, l'idée de réparation victimaire, qui sera centrale dans les apparitions de Paray-le-Monial13.

Œuvres

Souvenir d'une Mission de saint Jean Eudes
Pierre de Bérulle, fondateur de l'Oratoire et maître de Jean Eudes
  • L'exercice de piété (1636)
  • La vie et le royaume de Jésus (1637)
  • Le testament de Jésus (1641)
  • Le catéchisme de la mission (1642)
  • Avertissements aux confesseurs missionnaires (1644)
  • La dévotion au très saint Cœur de la bienheureuse vierge Marie (1648)
  • Offices (1652)
  • Contrat de l'homme avec Dieu par le saint baptême (1654)
  • La manière de bien servir la messe (1660)
  • Le Bon confesseur (1666)
  • Manuel à l'usage d'une communauté ecclésiastique (1668)
  • Constitutions pour les Sœurs de Notre-Dame-de-Charité (1670)
  • L'enfance admirable de la très sainte Mère de Dieu (1676)
  • Le mémorial de la vie ecclésiastique (1681)
  • Le prédicateur apostolique (1685)
  • Constitutions de la Congrégation de Jésus et Marie (1865)
  • Regulae congregationis Jesu et Mariae (1872)
  • Lettres (1909)
  • Memoriale beneficiorum Dei (1911)

Eudistes

Après avoir combattu le jansénisme au XVIIIe siècle, l'institut des Eudistes est supprimé lors de la Révolution française, puis reconstitué en 1826. La maison généralice est à Rome. Les Eudistes sont présents en Amérique du Nord (Collège Jean-Eudes à Montréal et l'Externat Saint-Jean-Eudes à Québec), Amérique centrale et Amérique du Sud, ainsi qu'en Afrique.
L'ancien séminaire de Basse Normandie, à Caen, portait le nom de Séminaire Saint-Jean Eudes14.
À Québec, Charlesbourg, il existe aussi une école secondaire "Saint-Jean-Eudes".

Voir aussi

Bibliographie

Présence de saint Jean Eudes à Caen

Œuvres de saint Jean Eudes

  • Saint Jean Eudes, Lettres choisies - lettres inédites, (présentées par Ch. Berthelot du Chesnay), Namur, Éditions du Soleil Levant, 1958

Études sur saint Jean Eudes

  • Abbé André Pioger, Un Orateur de l'école française, saint Jean Eudes (1601-1680) - Paris, 1940, Bloud et Gay.
  • Abbé André Pioger, Saint Jean Eudes d'après ses traités et sa correspondance - Essai de psychologie religieuse - Paris, 1940, Bloud et Gay.
  • Clément Guillon, En tout la volonté de Dieu - Saint Jean Eudes à travers ses lettres - Coll. Semeurs, Éditions du Cerf.
  • Paul Milcent, Saint Jean Eudes - Un artisan du renouveau chrétien au XVIIe siècle - Janvier 1992 - Éditions du Cerf
  • Julien Martine, Vie du R.P. Jean Eudes, instituteur de la Congrégation de Jésus et Marie - Caen, 1880, lib. Le Blanc-Hardel.
  • Pascal Frey, Une Expérience spirituelle avec saint Jean Eudes - Paris, 2010, éditions de l'Emmanuel.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, une pensée par jour - Paris, 2010, éditions Médiapaul.
  • Pascal Frey, Saint Jean Eudes, un prophète du cœur - 2014, coll. Le livre ouvert.

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. Ch. Berthelot du Chesnay, in Saint Jean Eudes, "Lettres choisies - lettres inédites", Namur, Éditions du Soleil Levant, 1958, p. 6-7
  2. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 7-8
  3. a et b Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 57
  4. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 88
  5. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 7
  6. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 41
  7. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 143
  8. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 130
  9. René Herval, Caen, Caen, Ozanne, 1946, 1944, p. 158
  10. Ministère de la Culture (base Palissy - Référence PM14000170 [archive]
  11. Bruno Bouvet, « L’Église de France soutient la cause de Saint Jean Eudes comme Docteur de l’Église » [archive], sur la-croix.com,‎ 8 novembre 2014 (consulté le 9 novembre 2014)
  12. Ch. Berthelot du Chesnay, op. cit., p. 106
  13. P. Cochois, "Bérulle et l'École française de spiritualité", coll. "Maîtres spirituels", 31, Paris, Éditions du Seuil, 1963, p. 162.
  14. http://www.seminaire-caen.fr/ [archive]
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