mardi 8 août 2017

les Dominicains


Ordre des Prêcheurs

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Ordre des Prêcheurs
Image illustrative de l'article Ordre des Prêcheurs
Ordre de droit pontifical
Approbation pontificale
Spiritualité
Structure et histoire
Fondation
Fondateur
Abréviation
o.p.
Dominicains
L’ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs (O.P. — en latin : Ordo Fratrum Prædicatorum), plus connu sous le nom d’ordre dominicain, est un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Il appartient, comme l'ordre des Frères mineurs ou franciscains, à la catégorie des ordres mendiants. Proche de la population, il se différencie d'autres ordres qui ont pour vœux de s'isoler, comme l'ordre cistercien.
Suivant la règle de saint Augustin, ainsi que ses propres Constitutions, en partie inspirées de celles des prémontrés (O.Præm), il s’est donné pour mission l’apostolat et la contemplation. Le Pape Jean-Paul II rappelait que depuis son origine, l'une des missions principales confiées à l'Ordre a été la proclamation de la vérité du Christ en réponse à l'hérésie (d'abord albigeoise, puis toutes les nouvelles formes d'hérésie manichéenne récurrente que le christianisme a dû affronter dès ses débuts, souvent centrées sur la négation de l'Incarnation)1. Sa devise est Veritas (la vérité). D'autres devises lui ont aussi été assignées, par exemple: « annoncer ce que nous avons contemplé » (contemplata aliis tradere), reprise de saint Thomas d'Aquin, ou encore « louer, bénir, prêcher » qui est une formule liturgique.
Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu'un seul vœu, celui d'obéissance, dans les mains du maître de l'ordre (ou de son représentant), les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.

Sommaire

Appellations

  • Frères prêcheurs : les premières approbations pontificales de l'ordre fondé par saint Dominique parlent de l'ordre « des frères prêcheurs » (ordo fratrum praedicatorum).
  • Dominicains : après la canonisation du fondateur, saint Dominique, en 1234, les frères furent parfois désignés du nom de « dominicains », appellation devenue courante après le XVIIIe siècle2.
  • Jacobins : nom donné à cause de l’implantation du couvent parisien fondé en 1217, sis à la rue Saint-Jacques, et placé sous le patronage de l’apôtre saint Jacques.

Histoire de l'Ordre

Origines et développement

Vers 1200, la plupart des institutions monastiques paraissent se replier sur elles-mêmes. Un besoin de renouveau spirituel se ressent aussi bien au sein de l'Église que parmi les couches populaires de la société. C'est dans ce contexte qu'apparait l'ordre dominicain qui se caractérise par une lutte sans relâche contre l'hérésie cathare ainsi que par un mode de vie apostolique.
Selon la légende, la mère de Dominique (Dominicus en latin, ce qui signifie celui qui appartient au Seigneur) aurait vu en songe, pendant sa grossesse, un chien tenant une torche allumée dans la gueule, pour éclairer le monde. Ce songe résume la vie du futur saint, avec un jeu de mot en latin sur les futurs dominicains, dominicanes (les chiens du Seigneur)3 qui ont pour vocation d'« aboyer contre les hérésies » et d'être les chiens du Seigneur surveillant le troupeau de brebis. C'est ainsi que l'iconographie les figure parfois, comme à la chapelle des Espagnols de la basilique Santa Maria Novella de Florence, où les chiens de berger protègent le troupeau du pape.
Dominique de Guzmán, plus connu aujourd'hui sous le nom de saint Dominique, est chanoine d'Osma en Espagne lorsque son évêque, Diègue d'Osma, lui demande de l'accompagner dans une mission diplomatique en Scandinavie. Durant leur chemin, Dominique rencontre un aubergiste albigeois dans le sud de la France et passe la nuit à essayer de le convertir. Au matin, l'aubergiste avait renoncé au catharisme pour le catholicisme. En revenant de Scandinavie, l'évêque de Dominique passe par Rome et demande au pape de le relever de son ministère pour se consacrer à la prédication dans le sud de la France. Le pape refuse. Toutefois en revenant en Espagne, le petit groupe croise une mission composée de légats du pape ayant pour but de convertir les cathares. Cette mission pontificale rencontre un premier échec. Diègue d'Osma leur montre l'exemple en abandonnant toutes ses affaires pour essayer de convertir les cathares avec pour seule arme l'Évangile. Son modèle est la prédication itinérante de Jésus. Alors que Diègue d'Osma retourne par la suite dans son diocèse à Osma, il laisse à Dominique la charge de continuer la prédication itinérante que lui-même avait initiée.
Saint Thomas d'Aquin, docteur de l'église catholique (1225-1274)
La chambre de saint Dominique à la Maison Seilhan, à Toulouse, considérée comme l'endroit où l'Ordre est né4.
Saint Dominique continue sans relâche cette œuvre. Il se fait des disciples. Il s'établit avec eux le 25 avril 12155 (date de la charte attribuant à la communauté la maison, sa vaisselle et son linge) dans la maison Seilhan à Toulouse, où il fonde l'Ordre des frères prêcheurs. Par la bulle Religiosam vitam l'Ordre reçoit de Honorius III, en 1216, son approbation ecclésiale définitive.
En quelques décennies, plusieurs centaines d'établissements nouveaux fleurissent à travers l'Europe.
Le pape Grégoire IX, se méfiant du manque d'efficacité pastorale des évêques, confie l'Inquisition dès sa création par la bulle Excommunicamus (1223) aux dominicains, deux ans après la mort du fondateur de l'Ordre. Cependant, Dominique n'avait pas participé lui-même à la croisade contre les Albigeois, préférant lutter par les moyens du verbe. Compte tenu de leur compétence théologique, de leur vocation à être près du peuple, et de leur bonne image dans la société médiévale, le pape choisit de préférence dans les rangs des dominicains ses représentants pour en faire des juges de l'Inquisition. Pour pouvoir se consacrer pleinement à leur tâche, ils sont fréquemment relevés de certaines des obligations que leur règle leur impose, comme celle de leur vie conventuelle et apostolique. On a donc aussi un certain relâchement dans le strict respect de la règle de Saint Augustin que les dominicains s'appliquaient à suivre. Par ailleurs, la pratique de la torture par l'Inquisition commence en 1252, sous la caution du pape Innocent IV.
Maître Eckhart fut, semble-t-il, le premier maître en théologie de l'Ordre à être condamné officiellement (1329). Deux autres dominicains célèbres n'auront pas la chance de mourir de vieillesse durant leur procès comme Eckhart, à savoir Jérôme Savonarole et Giordano Bruno, qui mourront tous deux sur le bûcher, respectivement en 1498 et 1600, toutefois après avoir l'un et l'autre rompu avec l'Ordre dominicain.
L'ordre dominicain se répand rapidement[évasif] dans toute la chrétienté et forme un grand nombre de maisons[évasif] distribuées en huit provinces : Espagne, Toulouse, France, Provence, Lombardie, Rome, Allemagne, Angleterre[réf. nécessaire].
À partir de la fin du XIIIe siècle, dans le contexte de querelles théologiques et des discussions sur la pauvreté mendiante, naîtra une longue rivalité avec l'ordre franciscain.
À Rome, l'ordre possède plusieurs couvents célèbres : Santa Maria sopra Minerva et Santa Sabina, qui est devenue sa maison généralice et est depuis l'an 1273 la résidence du maître général de l'ordre dominicain, le successeur de Dominique6.

Histoire des dominicains en France

Le père Lacordaire, vers 1855
Saint Dominique fonda la première maison de l'ordre à Toulouse. En 1217, il envoie des frères à Paris pour se former à l'université; la maison acquise près de la Sorbonne (près de l'actuelle rue Saint-Jacques) fut dédiée à saint Jacques. Au XVIIe siècle, un second couvent, qui accueillait le noviciat de la province réformée d'Occitanie, fut fondé rue Saint-Honoré.
À la Révolution française, les dominicains connaissent des besoins financiers. Ils doivent louer leurs couvents. Le club des amis de la constitution loue leur établissement de la rue du Faubourg Saint-Honoré. On a alors coutume d'appeler ce club, le club des Jacobins, le lieu des réunions ayant été donné au club. Le club des Jacobins s'installe aussi à l'église Saint-Thomas d'Aquin.
Supprimés en France en 1790, par le décret du 13 février qui interdit les vœux monastiques et supprime les ordres religieux réguliers7, les dominicains y sont restaurés en 1850 (date du rétablissement officiel de la province de France) à la suite de l'action du Père Henri Lacordaire. Certains couvents durent fermer après le décret du 29 mars 1880. Les dominicains furent expulsés en 1903 et leurs biens confisqués dans le cadre des dispositions d'exceptions prévues contre les congrégations dans la loi de 1901 sur les associations8. Les dominicains revinrent en France dans les années 1920, à l'instar de nombreuses congrégations religieuses chassées au début du siècle.
Le père Antoine Touron a écrit l'Histoire des hommes illustres de l'ordre de S. Dominique, Paris, 1743.

La prédication dominicaine

Au Moyen Âge

Durant la période médiévale, la prédication constitue une activité centrale de la vie des dominicains. C'est en effet le principal moyen qu'ils ont adopté pour lutter contre l'hérésie cathare. Cet acte a pour but au Moyen Âge d'assurer par la parole le salut de chaque chrétien. Prêcher revenait pour les dominicains à définir la vraie religion, à savoir le christianisme face aux déviances telles que l'étaient les hérésies et toutes autres sortes de superstitions inconcevables pour l’Église. Par ailleurs, la prédication avait pour objectif final d'imposer un modèle de religion qui ne pouvait être contesté. Le prédicateur avait pour rôle d'exposer et de défendre la vraie foi et donc de combattre les hérésies. Les dominicains occupaient ainsi une grande partie de leur temps à prêcher sur leur route, allant au contact de la population cathare. Le pape Innocent III était lui-même un ardent défenseur de la prédication et auteur de nombreux sermons. Un des points majeurs de son programme était la lutte contre l'hérésie cathare. Il la résumait ainsi  : Attaquer les déviations hérétiques, confirmer la foi catholique, extirper les vices et semer les vertus. D'ailleurs, le IVe concile de Latran qui se déroula en 1215 instaura son dixième canon (règle concernant la foi et la discipline édictée par l'autorité ecclésiastique) à l'organisation de la prédication afin d'accroître son efficacité. C'est dans ce cadre qu'est réellement fondé l'ordre dominicain qui devient rapidement le fer de lance de ce mouvement de prédication populaire. À travers ce soutien papal, on voit très bien la volonté de l’Église de maintenir à tout prix l'unité de la société autour d'une seule et même religion, le christianisme.
La prédication constitue donc pour Dominique et ses frères une présentation orale des données de la foi et de la spiritualité chrétienne. Son but est de nourrir et de stimuler la foi des fidèles en tenant compte de leurs attentes spirituelles. L'ordre dominicain utilise la prédication comme moyen de persuasion des populations réticentes au dogme catholique. Il s'agit pour les dominicains de rappeler aux cathares que le dogme ne peut justement pas être remis en question.
De plus, on peut noter que la prédication de Saint Dominique est nouvelle dans le sens où elle se fonde sur trois points fondamentaux: premièrement, elle s'inscrit dans un cadre hiérarchique directement dirigé par la plus puissante figure religieuse, à savoir le pape Innocent III. Deuxièmement, Saint Dominique a constitué autour de cette action un ordre religieux: l'ordre mendiant des frères dominicains, ordre approuvé par l'évêque de Toulouse Foulque et par le pape. Enfin, dernier point, la prédication des frères prêcheurs ne se limite pas à réfuter l'hérésie et défendre l'orthodoxie mais impose la religion chrétienne et son dogme comme seule religion possible qui ne peut pas être contestée. Le dogme doit être respecté et appliqué par l'ensemble de la population.
En outre, la prédication dominicaine se caractérise par le dialogue, la discussion avec les cathares réticents. Saint Dominique n'use pas de la force mais utilise la persuasion, la conviction, le dogme chrétien doit être le seul à faire autorité.
Les dominicains prêchent en apportant un témoignage. En effet, les dominicains prêchent ce qu'ils enseignent et ce qu'ils apprennent, ce qui révèle l'importance de l'éducation et des études au sein de l'ordre. Par ailleurs, ils imitent le modèle des apôtres bibliques dans leur façon de prêcher, à savoir qu'ils se déplacent dans l'humilité et dans l'austérité, sans argent, à pied. En cela, c'est une prédication itinérante et mendiante de témoignage, le témoignage de la vraie foi catholique.
De plus, la prédication des dominicains s'adresse véritablement aux fidèles. Elle s'efforce de lui parler de ses problèmes spécifiques et distingue des auditoires selon leurs activités socio-professionnelles. Elle a par ailleurs recours à des paraboles qui divertissent en faisant appel à la fable ou à la vie quotidienne afin de mieux attirer l'attention de l'auditoire. C'est ce qu'on appelle les exempla qui étaient de courts récits porteurs d'une leçon morale, illustrant un sermon et destinés à diffuser et à communiquer en territoire cathare le message de l’Église chrétienne.
La prédication mendiante se développe beaucoup dans les grandes villes où la population est nombreuse et s'exerce tout particulièrement dans les lieux publics fréquentés tel que les places publiques par exemple.
Ainsi, le futur saint Dominique prêchait à la tête d'un mouvement nommé Sainte Prédication ou aussi appelé Prédication de Jésus-Christ. Selon l'abbé bénédictin Guillaume Peyrac, Saint Dominique se donnait avec tant de ferveur à la prédication qu'il exhortait et obligeait tous ses frères à annoncer la parole de Dieu de jour et de nuit, dans les Églises et dans les maisons, par les champs et les chemins, en un mot partout et à ne parler jamais que de Dieu.
De plus, la prédication dominicaine se faisait deux par deux. Ainsi, Dominique était accompagné jusqu'en 1207 par son évêque Diègue d'Osma. Quand ce dernier mourut, Dominique ne continua pas seul sa prédication, il s'associa avec ce qu'on appelle un socius, c'est-à-dire un frère dominicain ou souvent un convers cistercien.
Ainsi, la prédication des dominicains peut être qualifiée de "nouvelle" dans le sens où, allant de village en village et de ville en ville dans l'humilité et la pauvreté mendiante, elle s'oppose à la prédication des prélats, c'est-à-dire celle des hauts dignitaires ecclésiastiques tels que les cardinaux et les archevêques qui déclarent la vérité catholique à laquelle doivent adhérer tous les baptisés, sous peine de sanctions spirituelles voire temporelles.
D'ailleurs, saint Dominique a une façon bien personnelle de prêcher et celle-ci se révèle très convaincante: il n'utilise en effet d'autre moyen que la parole, les prédications, les controverses, les exhortations, les avis et enfin l'exemple de sa sainteté de vie. Grâce à cela, il réussit à ramener à la foi nombre d'hérétiques. Le monastère de Prouille a constitué pendant plusieurs années pour saint Dominique l'un des seuls lieux servant de point d'appui, de lieu de recueillement et d'études indispensable pour mener à bien sa mission de prédication. En 1215, Saint Dominique fera par ailleurs confirmer les biens du monastère par le pape mais n'en sera pas considéré comme propriétaire, cela afin de rester en accord avec sa vocation de pauvreté.

Le rôle central de l'éducation et de l'enseignement

L'enseignement constitue une caractéristique essentielle de l'ordre dominicain. En effet, Dominique est particulièrement attaché à l'éducation et à la formation de ses compagnons. Il recherche à obtenir des frères compétents. Les dominicains bénéficient ainsi d'une solide formation intellectuelle; ce sont des théologiens. Saint Dominique a très vite compris l'importance de la formation théologique pour la prédication et l'instruction des hérétiques. S'ils veulent se montrer convaincants et perspicaces face aux cathares réticents, les dominicains doivent bénéficier d'un enseignement théologique approfondi. Dominique sait que ses frères doivent connaître les textes bibliques mais également savoir lire et écrire le latin. En ayant une solide culture théologique, les dominicains seront plus efficaces dans leurs prédications et arriveront à convaincre par la simple parole les hérétiques. Ainsi, sous son impulsion, les frères prêcheurs suivent divers enseignements pour les former à maîtriser les connaissances des textes sacrés.
L'ordre mendiant se caractérise donc par un enseignement plus poussé; Dominique insiste pour que les dominicains aient une meilleure connaissance du dogme et de ce fait, il est nécessaire qu'ils découvrent les réelles exigences de la morale catholique. L'étude qui prépare à la prédication est avant tout biblique et théologique, à savoir l'étude des textes sacrés.
Les principaux centres d'études aujourd'hui sont:

Habit

Dominicain au XIXe siècle
Les dominicains portent un habit de couleur blanche, composé de trois pièces :
  • une tunique (robe) serrée par une ceinture de cuir ;
  • un scapulaire (pièce de tissu sans manches, reposant sur les épaules) ;
  • un capuce (pièce de tissu reposant sur les épaules : il couvre le thorax jusqu'au sternum et les bras jusqu'aux coudes, et se termine en pointe dans le dos. Il comprend en outre une capuche.)
En certaines circonstances particulières, ainsi que lorsqu'ils sortent de leur couvent, ils portent sur l'habit un manteau noir, composé d'une chape et d'un capuce de même forme que celui de l'habit. Ce manteau était d'une seule pièce jusqu'au début du XIVe siècle environ.
Depuis le XVe siècle, ils ont ajouté à leur habit un rosaire de quinze dizaines porté à la ceinture.
La soutane blanche du pape est inspirée de l'habit dominicain, depuis saint Pie V qui, par humilité, avait conservé ses vêtements dominicains.

Armoiries

Armoiries du pape dominicain Benoit XI qui furent adoptées comme l'un des blasons de l'Ordre
Les armoiries de l'ordre ont évolué tardivement, mais elles ne furent adoptées que tardivement.
Contrairement à une erreur largement répandue9, l'ordre n'a pas attendu le début du XVe siècle pour avoir un blason.
Il ne faut cependant pas confondre les armoiries de prélats, issus de l'ordre dominicains, et celles de l'ordre lui-même. En effet, au XIIIe siècle, un blason inspiré de l'habit dominicain, "d'argent chapé de sable", est adopté par le pape dominicain français Innocent V. De même, en 1303-1304, le pape dominicain italien Benoit XI porte un écu simplement coupé des deux couleurs de l'Ordre: le blanc et le noir: en héraldique, "parti d'argent et de sable".
Au XVIe siècle, le blason d'origine "d'argent chapé de sable" sera surchargé parfois "d'un chien de sable, tenant dans la gueule une torche enflammée"10 puis de divers meubles: globe, livre, palme, lys, couronne d'or et étoile.
Armoiries du pape dominicain Innocent V qui porte aussi un des blasons anciens de l'Ordre
On trouve ainsi, en 1890, dans l'Annuaire du Conseil Héraldique de France par Barbier de Montault11 la description suivantes des armes de l'ordre: "D'argent, à la chape de sable, l'argent chargé d'un chien de même, tenant dans la gueule une torche enflammée, la patte senestre sur un globe d'azur et couché sur un livre de gueules, accompagné d'une palme de sinople et d'un lys au naturel passés en sautoir dans une couronne d'or, et une étoile d'or en chef."
Les armes à la croix florencée (croix figurant dans le blason actuel) se forment au XVe siècle en Espagne12.

L'ordre dominicain de nos jours

De nos jours, l'Ordre compte :
Le maître général actuel, le frère Bruno Cadoré O.P. a été élu le 5 septembre 2010 à la tête de l'Ordre.

Au Canada

Au Canada, l'on compte une seule province, la province du Canada (http://www.dominicains.ca [archive]), composée de près de 150 frères, et qui compte deux vicariats, un au Japon et l'autre au Rwanda-Burundi. Les dominicains du Canada possèdent deux campus universitaires. Le premier, le Collège universitaire dominicain d'Ottawa13 spécialisé en études philosophiques et en études théologiques. Le deuxième est le Collège universitaire dominicain de Montréal, voué aux études pastorale.

En France

En France, l'on compte deux provinces :
En France, on compte 2 800 sœurs de vingt-huit congrégations (sœurs dominicaines de la Présentation, sœurs dominicaines du Saint-Nom de Jésus, sœurs dominicaines du Saint-Esprit, etc.).
Parmi les activités des dominicains français, on peut citer :
En outre, il faut noter les institutions scientifiques suivantes, de statut international et relevant directement du maître général de l'ordre :
Le Père Michel Lachenaud a été élu, le 23 mars 2013, prieur provincial de la province de France des dominicains. Il succède à Mgr Jean-Paul Vesco, nommé évêque d’Oran14. Le frère Loïc-Marie Le Bot a été élu, en décembre 2014, prieur provincial de la province de Toulouse. Il succède au fr. Gilbert Narcisse ayant exercé deux mandats successifs.
En 2015 et 2016, à l'occasion des 800 ans de la création de l'Ordre, les dominicains organisent de très nombreuses initiatives au niveau international et notamment en France 15. A titre d'exemple, le 6 février 2016, une ostentation des reliques de Saint Thomas d'Aquin est proposée en la Cathédrale Notre-Dame de Paris16. À cette occasion, l'Ordre propose la toute première iVénération de l'histoire en suggérant aux fidèles d'adresser leurs intentions de prières par les réseaux sociaux via un Hashtag dédié, intentions qui seront ensuite déposées devant le reliquaire17.

Aux États-Unis

En Angleterre

En Allemagne et en Autriche

En Belgique

Les Dominicains sont présents à Bruxelles, Louvain-la-Neuve et Liège.

En Suisse

Actuellement, autour de 80 Dominicains vivent, étudient et travaillent en Suisse, dont une trentaine sont membres de la province suisse. Ils sont rattachés à sept communautés, dont la plus grande est à Fribourg. Couvent de formation, Fribourg reçoit de nombreux frères d'autres provinces, ce qui lui confère un caractère international. Les frères de la province de Suisse [archive] sont présents à Fribourg, Genève et Zurich.

Statistiques

Dominicain au début du XXIe siècle.
année
provinces
couvents
membres
1876
39

3 341
1910
28

4 472
1921
30
352
4 724
1931
29
424
6 137
1949
33
506
7 661
1966
39
697
9 998
2008

602
5 923
Selon l'annuaire pontifical de 2010, il y avait au 31 décembre 2008, 5 923 dominicains dans le monde, dont 4 466 prêtres.

Références

  1. Jean-Paul II, Lettre au supérieur général de l'ordre des dominicains [archive] {date|28|06|2001}
  2. Dans La Croix, 7 septembre 2010, p. 18.
  3. in La Croix, 7 septembre 2010, p. 18
  4. http://www.seilhan.org/ [archive]
  5. Pierre Félix Mandonnet, Saint Dominique. L'idée, l'homme et l'œuvre, 1938, desclée de brouwer
  6. Maxime Fourcheux de Montrond, Dictionnaire des abbayes et monastères, J.-P. Migne, 1856, p. 520
  7. hors ceux chargés de l’éducation publique et des maisons de charité
  8. L'expulsion des Dominicains en 1903 [archive].
  9. http://www.dominicains.be/Domini/index.php?option=com_content&view=article&id=78&Itemid=201 [archive]
  10. Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique
  11. Annuaire du Conseil Héraldique de France, 3ème année, 1890. Texte de X. Barbier de Montault, prélat de la Maison de Sa Sainteté.
  12. Marie-Humbert Vicaire, op. cit.
  13. http://www.collegedominicain.ca/ [archive], et ils assurent aussi une présence sur le web grâce au webzine Spiritualité 2000 (http://www.spiritualite2000.com [archive]
  14. http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-P.-Michel-Lachenaud-nouveau-prieur-des-dominicains-de-France-_NP_-2013-03-25-924854 [archive]
  15. VIIIe centenaire des Prêcheurs [archive]
  16. Jubilé : participez à une "iVénération" [archive]
  17. Comptez-vous « iVénérer » les reliques de saint Thomas ? [archive]

Compléments

Articles connexes

Bibliographie

  • Cahiers de Fanjeaux, Privat, Toulouse :
    • Les Mendiants en Pays d'Oc au XIIIe siècle, no  8 (1973, réédité en 1995),
    • L'ordre des Prêcheurs et son histoire en France méridionale, no 36 (2001) (ISBN 2708934384).
  • Dictionnaire biographique des frères prêcheurs [archive]
  • Marie-Humbert Vicaire, Histoire de Saint Dominique, Paris, Éditions du Cerf, rééd. 2004, 752 pages.
  • Guy Bedouelle et Alain Quilici, Les frères prêcheurs, autrement dits dominicains, Éditions Le Sarment Fayard, 1997
  • Thierry-Dominique Humbrecht, La vocation dominicaine, Éditions Parole et silence , 2007
  • Guillaume Goubert et Timothy Radcliffe, ancien maître de l'ordre des Dominicains, Je vous appelle amis : entretiens avec Guillaume Goubert, Éditions Cerf, 2014, Prix 2001 de littérature religieuse

Source partielle

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Ordre des Prêcheurs » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)

Liens externes

Sites officiels francophones de l'Ordre des Prêcheurs:
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La province de France est une des plus anciennes de l’Ordre : elle date sans doute des deux premiers frères que, de Toulouse, saint Dominique a envoyés à Paris. Son nom ne désigne pas un pays mais une langue : le français, la langue d’oïl.

L’état de grâce des commencements

Si Dominique est castillan, c’est bien au nord de l’Europe que naît l’idée de l’Ordre et c’est en France qu’il se concrétise.

L’aire géographique de la France des XIIe-XIIIe siècles connaît à la fois une explosion urbaine (avec l’apparition d’une nouvelle classe sociale, les « bourgeois », qui réclament un nouveau style de prédicants), l’essoufflement de la Réforme grégorienne et le développement d’un christianisme anti-clérical qui demandent une réponse radicale de l’Église.

Saint Dominique, dans le mouvement des Ordres mendiants, prend en compte la totalité des ces nouveaux éléments en développant une prédication des villes, des structures institutionnelles calquées sur les institutions du moment (mouvement des communes libres et de la vie commune féminine, masculine et des oblats laïcs) et une exigence intellectuelle qui mène les premiers frères à habiter près des Universités.

Dès la fondation de l’Ordre, le pouvoir pontifical, qui ne peut plus compter sur les vieilles structures des légats pontificaux pour assurer son pouvoir, nomme les frères aux postes clés : évêques, cardinaux (en moins d’un siècle, deux frères dominicains deviennent Papes : Innocent V, ancien prieur provincial de France et Benoît XI) ainsi qu’inquisiteurs.

Devenus très vite puissants, les Dominicains organisent l’Ordre en Provinces, la Province de France, la Province de Toulouse (créées du temps de saint Dominique en 1221) et la Province de Provence (créée en 1301) deviennent, durablement, des entités-identités distinctes. Les Moniales et les oblats (appelés Pénitents) dominicains suivent le même mouvement répondant ainsi à la demande de conversion de tous.

La Province de France, centrée autour de son Studium generale, le couvent Saint-Jacques, (au point que l’on nommera longtemps « Jacobins » tout dominicain français, même s’il n’a jamais mis les pieds à Paris !), voit les frères enseigner dans les Universités (saint Albert le Grand et saint Thomas d’Aquin), prêcher, diriger (évêques et cardinaux), partir en mission, contrôler, « inquisitionner » (Bernard Gui). La nouveauté de leur théologie (lectures des philosophes antiques), de leur prédication destinée aux bourgeois des villes (l’acceptation du prêt à intérêt où les Franciscains ont beaucoup « poussé à la roue »…), leur mobilité (les frères ne sont pas cloîtrés) et leur goût pour la mission (Grand Nord, Extrême Orient…) créent, jusqu’à la grande peste de 1348, un essor sans précédent.


L’essor arrêté et les réformes

Le XIVe siècle met un coup d’arrêt à cet essor. Si la date de la grande peste (1348) est un bon repère chronologique (les 160 frères de Marseille meurent tous de la peste en quelques semaines), en revanche, les causes sont plus profondes et plus structurelles. Comme les structures qu’il était censé remplacer un siècle avant, l’Ordre s’est embourgeoisé et sclérosé sous la poussée d’une société qui s’est, elle-même, figée. Les maîtres des Universités deviennent des caciques jaloux de leurs privilèges, les couvents somptueux doivent trouver des sources de revenus autres que la prédication mendiante (sépultures des nobles et des bourgeois, messes, location de leurs locaux, entrée de très jeunes fils de bonne famille etc.) Le grand schisme de l’Église divise l’Ordre en deux (si la majorité des couvents de la Province de France prend fait et cause pour le Pape d’Avignon, tous les couvents du Nord de la Province se rangent sous la bannière du Pape de Rome : le ver de la division des Provinces est dans le fruit). On peut aussi poser la question du trop-plein des couvents dans des villes saturées (un décret pontifical de 1265 oblige à ne pas construire deux couvents mendiants à moins de 500 mètres l’un de l’autre).

Un mouvement de réformes, profond, commence alors. Il s’agit de revenir aux principes des commencements tels qu’on les pense à l’époque : rappel de la pauvreté mendiante, développement d’une spiritualité basée sur l’austérité et l’étude.

C’est la Province de Provence (Arles, Saint-Maximim) qui lance le mouvement qui va toucher tout l’Ordre. Quatre Maîtres de l’Ordre successifs de 1426 à 1482 viennent de cette Province et imposent au reste de l’Ordre les principes de la réforme. Les Provinces de France et de Toulouse voient la réforme s’installer dans leurs couvents de manière parfois physiquement violente (en 1499, les frères d’Auch en viennent aux mains pour se chasser mutuellement du couvent ; en 1502, deux cents jeunes étudiants de Saint-Jacques qui n’acceptent pas la réforme sont expulsés par les archers du roi Louis XII) ou bien institutionnellement violente (l’impossibilité de mettre d’accord les frères oblige l’Ordre à créer des Provinces extra-territoriales, appelées Congrégations, ce qui installe l’Ordre dans la division, parfois à l’intérieur de la même ville : Paris connaît jusqu’à la Révolution française la co-existence de trois couvents dépendant chacun de trois structures institutionnelles différentes).

Le Rosaire, né dans la tête d’un Breton exilé à Gand, devient jusqu’à aujourd’hui le puissant appui de cette réforme.

Malgré les turbulences de la Réforme protestante et des guerres de religion, la situation se stabilise. Contrairement à ce que pourraient laisser penser les statistiques, la baisse du nombre des frères aux XVIIe et XVIIIe siècles, va de pair avec une vie religieuse retrouvée. La division entre frères depuis le grand schisme a permis aux pouvoir séculiers de mettre un pied dans la porte des couvents et Richelieu et Louis XIV ne se priveront pas d’intervenir parfois même dans les décisions du conseil conventuel du couvent Saint-Jacques ou dans la réforme des couvents de province. Mais si la Révolution finit par fermer des couvents qui n’étaient plus, quantitativement, que l’ombre d’eux-mêmes, il n’empêche que les derniers siècles de l’ancien régime ont vu des grands réformateurs (Sébastien Michaëlis), des prédicateurs actifs, de réels mystiques, des écrivains confirmés (Louis Chardon avec La Croix de Jésus), de truculents missionnaires (Jean-Baptiste Labat) cohabiter avec quelques agités politiques… Les Moniales ont suivi, peu ou prou, les vicissitudes des frères mais c’est surtout dans le Tiers-Ordre dominicain que les choses évoluent : des femmes, tertiaires dominicaines, décident à l’instar de Marie Poussepin, de grouper autour d’elles quelques compagnes dans un souci à la fois contemplatif et apostolique : les Sœurs apostoliques dominicaines sont nées.


Mort et restauration

La Révolution française annihile complètement six cents ans d’histoire : les bâtiments sont détruits, les bibliothèques et les archives dispersées, les frères et les sœurs en exil. Tout le monde (y compris les frères) pense qu’une page de l’histoire se tourne. Ils sont les derniers dominicains. L’heure est à autre chose.

La décision de l’abbé Henri Lacordaire, prêtre du diocèse de Paris, de restaurer quarante ans plus tard l’Ordre dominicain en France vient de l’idée que la France a besoin des Dominicains et non l’inverse. C’est une analyse sociale et politique (née de son observation d’avocat lettré et de journaliste) qui le mène à la restauration de l’Ordre. Quand il monte pour la première fois dans la chaire de Notre-Dame de Paris en habit dominicain (« le froc impopulaire » depuis la légende noire de l’inquisition), c’est pour parler de la « Vocation de la Nation française ».

Les Fils de Lacordaire, nombreux, brillants, turbulents jusqu’à la rupture avec le restaurateur (création du couvent de Lyon en 1856, création de la Province de Toulouse en 1865), resteront fidèles à cette intuition que l’on n’est pas dominicain pour l’Ordre (et que l’on pourra d’ailleurs malmener à l’occasion) mais pour la société qui nous a menés à l’Ordre.

Malgré les expulsions de 1880, les spoliations de 1903, rien n’empêche les Dominicains français de prendre à bras le corps les défis de leur temps : l’éducation avec la Congrégation enseignante, le souci des plus faibles avec les nombreuses congrégations féminines dominicaines qui s’activent dans tous les champs sociaux, la recherche scientifique (l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, la Revue des sciences philosophiques et théologiques, la Commission léonine…), les mission extérieures (Brésil, Colombie, Canada, Mésopotamie, Indochine, Haïti, Afrique francophone…), l’enseignement philosophique et théologique, l’édition (Les Éditions du Cerf), la presse (L’Art sacré, La Vie spirituelle, Sept…), la radio, la télévision (le CFRT) et Internet (la Retraite dans la Ville), le dialogue avec les autres confessions chrétiennes (Istina) ou avec les musulmans (IDEO).

Les Dominicains français n’ont jamais cessé d’être au plus près de leurs contemporains (au point parfois de friser la fusion avec eux dans les expériences communautaires de l’après-68). Comme saint Dominique et comme Lacordaire, le but était d’être frères des hommes, compris comme compagnons de route, comme amis et non pas comme différents ou distincts d’eux.
Fr. Jean-Michel Potin
Couvent de Saint-Thomas-d'Aquin, Lille
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Qui sommes-nous ? Des moines ? Non pas vraiment. « L’habit ne fait pas le moine. » En l’occurrence, cela s’applique !
Notre vie ressem­ble pourtant à celle des moines, c’est vrai : nous vivons en frères, avec une vie commu­nau­taire, parta­geant la table, mettant en com­mun nos biens. Louant ensemble, ou seuls, le Seigneur et lui confiant le monde qui vit et parfois souf­fre. Mais notre vie se passe aussi à l’exté­rieur car nous sortons du cou­vent (qui n’est donc pas un monas­tère). En effet, le monde nous appelle : nous sommes des prê­cheurs, et l’annon­ce de la parole de Dieu à nos contem­po­rains est la grande affai­re de notre vie.

À l’origi­ne, il y a le cœur débor­dant de saint Domini­que, inquiet de voir tant d’hommes et de femmes à l’écart de la Bonne Nouvel­le. S’en­tou­rant de frères, il ne tarde pas à les disper­ser aux quatre coins de la terre pour prê­cher à ceux qu’ils croise­ront sur leur chemin. Un cœur qui débor­de, telle est donc l’origi­ne de l’Ordre des prê­cheurs. Et depuis huit siècles, frères, sœurs et laïcs domini­cains s’atta­chent à rester fidèles à cette mis­sion si belle : Louer, bénir et prêcher.
Fr. Jean-Michel Potin
Couvent de Saint-Thomas-d'Aquin, Lille
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