vendredi 12 juin 2015

quand ils arrivèrent à Jésus - textes du jour


Vendredi 12 Juin 2015

                   Ecrit à Agnès, la maîtresse de notre fille [1] sur hier soir : le témoignage vécu de la persécution consécutive à une conversion personnelle et familiale suivi d'une interprétation personnelle de l'Islam, plus que de l'aventure elle-même. Un public qui ne pouvait qu’être comblé dans ses a-priori mais j’ai senti dans les questions que quelques-unes étaient, sinon informées, du moins de bon sens et de véritable interrogation. Il pleut, notre chien s’établit volontiers sur ses pattes avant, la suite va être affaire de patience et d’affection.

            Prier pour un monde de paix, d’étonnement de ce que la vie quand même et les relations humaines et internationales, quand même, sont possibles et peuvent triompher. Prier avec la sérénité que produisent – ensemble – la confiance et la grâce, l’homme et son mouvement vers Dieu et l’enveloppement de l’homme dans la grâce divine, le plan divin. Dévotion qui est belle, celle du sacré-Cœur, fixant notre attention sur un aspect de la divinité, et qui donne cours à des effusions poétiques, sinon mystiques (Bonaventure), proches de celles de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. Je respecte ce mouvement de piété ecclésiale, mais je penche davantage pour une adoration en totalité et la contemplation de l’infini et du mystère. La prosopopée de Dieu dans l’Ancien Testament en dit plus que ce nous pouvons écrire et composer depuis, l’amour de Dieu pour nous surpassera toujours notre amour pour Lui, et cet amour n’est d’ailleurs mis dans nos cœurs et mobilisé que selon Dieu-même tant nous sommes limités et inconstants, surtout dans le domaine du « sentiment », du « cœur ». Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance… je le guidais avec humanité, par des liens d’amour. Je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue, je me penchais vers lui pour le faire manger. Expérience de toute maternité, de toute paternité, ce qu’on dit improprement, pour le « bas âge ». Viennent les années de maturation, voire l’âge ingrat, nous n’en sommes pas encore là avec notre fille. Nous demeurons dans cette admiration pour la liberté que Dieu donne à l’être humain. Notre fille ne reproduit rien, et si elle s’approprie c’est pour mieux composer le bouquet et l’agencer. Point besoin qu’elle nous le commente ou nous le donne, rien que de la voir et comprendre tandis qu’elle compose et vit sa vie, nous comble. Colère divine, mais Dieu n’y cède jamais irrémédiablement. Je suis Dieu et non pas homme. L’amour divin distingue Dieu de nous. Au milieu de vous, je suis le Dieu saint, et je ne viens pas vous exterminer. [2] L’eau du côté du Christ, l’eau jaillissant de dessous le Temple… L’enseignement de saint Jean est que les Ecritures continuent de s’appliquer à la lettre, même après la mort physique de Jésus : Aucun de ses os ne sera brisé… Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. Notre liturgie reprend, comme l’eau se mêle au vin, ainsi l’eau de notre baptême et le sang du Rédempteur. Le Sabbat abrège donc les agonies des survivants, système du supplice tel que la fracture des jambes et la perte de tout appui provoque la mort quasi-immédiate sans doute par ultime suffocation. Atrocité humaine, atrocité de la peine de mort quelle que soit la civilisation qui doit alors accepter les guillemets pour son énoncé. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Ecriture. Ce sont les païens qui s’en chargent sur demande des Juifs, exactement comme la mise à mort se fit à leur demande mais s’opéra par les païens. Nous sommes tous « dans le bain » face à l’insondable richesse du Christ, au contenu du mystère qui était caché depuis toujours en Dieu. Leçon donné par Paul à ses ouailles pour répondre à cet amour divin : restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles…  alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. Notre destinée est là, notre comportement et notre foi sont cela… que se fortifie en vous l’homme intérieur, que le Christ habite en vos cœurs par la foi… amen.


[1] - très heureux de vous avoir retrouvée hier soir au Vincin pour la conférence de Joseph Fadelle et admiratif que vous en ayez pris le temps alors que la fin d’année scolaire est tellement chargée pour vous.
Je vous confirme mes vives réticences sur ce que nous avons entendu hier soir. Sans doute, le témoignage de foi, de conversion et de tant de périls surmontés est véridique et édifiant. Il me semble en réalité plus porter sur une société fermée que sur une religion dont les textes fondateurs sont susceptibles de bien des exégèses et ne produisent pas forcément les mêmes comportements.
La solution est évidemment un changement politique et social, que seule peut opérer la démocratie et c’est celle-ci qui fera la tolérance et la laïcité. Le christianisme a mis longtemps lui aussi à se convertir à l’humanité dans bien des pans de notre société politique et culturelle.
Sans être spécialiste, je lis souvent et tranquillement le Coran en prenant des notes, que je peux vous donner et j’y vois surtout une inspiration spirituelle certaine et une communauté de prière possible. J’ai fait mon service national dans un pays musulman il y a maintenant cinquante ans : une République islamique, selon son titre-même, la Mauritanie, et je continue d’y aller et d’avoir de nombreux et vrais amis et correspondants. La biographie la plus aisée et cohérente de Mahomet est celle de Virgil Georghiu, grand écrivain dissident de Yougoslavie, parue en 1964.
Votre instruction de nos enfants il y a quelques mois sur l’Islam – selon ce que Marguerite nous en a restitué – était parfaite. N’en ajoutez rien et n’en retranchez rien.
Je vous tiendrai éventuellement au courant de ma correspondance avec son interprète. Il ne semble pas lui-même friand de contacts directs. Je pense aussi écrire à notre Evêque. Je ne crois pas bon que notre conférencier fasse la tournée l’an prochain des établissement d’éducation scolaire chrétienne.
Nous restons ma femme et moi très reconnaissants pour cette dernière année de cycle primaire. Grâce à vous, Marguerite a été heureuse, a pu s’appliquer sans effort et rester ajustée pour tout ce qu’elle devait acquérir et a acquis. Nous n’allons pas vous oublier.

[2] - Osée XI 1 à 9 passim ; cantique Isaïe XII 2 à 6 passim ; Paul aux Ephésiens III 8 à 19 passim ; évangile selon saint Jean XIX 31 à 37

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