mercredi 24 juin 2015

que mon salut parvienne jusqu'aux extrêmités de la terre - textes du jour

Mercredi 24 Juin 2015


               Cafard intense, le temps, le temps de chaque jour que je ne maîtrise plus, le temps de ma vie qui me paraît si réduit à la fois parce que je n’en fais « rien » et parce que j’ai vieilli, ce qui est plus cafardant que le processus : le constat. La mort ces jours ou heures-ci de notre chien : avoir à l’euthanasier, enchaînement de ces quinze jours. Echec de soi par rapport à soi, échec de notre pays par rapport à lui-même. Par rapport à des projets, à des ambitions, par rapport à une image, à un passé, à des possibilités ? Protéger les miens de moi-même et de toute contagion, n'apporter que de l'apport.
                 Prier… je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis. Etonnantes sont tes œuvres, toute mon âme le sait. La liturgie de ce jour me prend à rebours [1]. Le prodigieux est que je sois, que nous soyons devant Dieu, qu’il y ait Dieu. A ne confondre avec personne ni avec quoi que ce soit, avec la fatalité, avec la mort, avec la chance, avec selon certaines cultures ou certains totalitarisme, quelqu’un d’autre… [2] Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Jean Baptiste… son culte dans certaines croyances ou cultures, nos arrangements actuels et des publications, car le gisement est riche, sauf spirituellement (Da Vinci code). Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Je n’en suis pas ou plus là. Ce qui me console n’est pas cette prédilection particulière, mais l’espérance que nous soyons tous sauvés. Lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrêmités de la terre… c’est à nous que la parole du salut a été envoyée. C’est le « collectif » qui me passionne, m’attriste, m’effondre mais que je souhaite tant. Moi ? dans le lot, et avec toutes celles, tous ceux que j’aime ou qui m’aime. « Que sera donc cet enfant ? ». En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Jean… puis Jésus… à la manière de Dieu, chaque enfant. L’enfant qui nous transforme et nous attache à la vie. Pas de plus beau, de plus fort, ni de plus impérieux dans la psychologie du vivant que la responsabilité. Nullement au sens des politiques d’aujourd’hui qui – affirmant prendre leurs responsabilités – ne revendiquent que l’exclusivité, le recel de la prise de décision, sans aucune sanction, sans aucun compte-rendu critique, sans risque d’avoir à obtenir quitus… Non, la responsabilité qui lie et relie et qui fait la chaîne humaine, le « portage » mutuel, la magnificence affective et spirituelle du vivant. Responsabilité qui confirme notre ressemblance à Dieu. Prendre soin de ce qui nous est donné. Et Dieu prenant soin de Sa création, de Sa créature. Il y a ces moments, comme maintenant, comme dans le parcours d’Isaïe : je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. Il y a la connaissance que Dieu a de nous, Lui seul peut juger, jauger et évaluer, ce qui est d’ailleurs secondaire puisqu’Il sauve : tu me scrutes, Seigneur, et tu sais. Sauve-moi, sauve-nous. Apprends-moi à vivre. Mourir, nous savons tous…  C’est parce qu’il y a la mort qu’il faut la solidarité, dans le champ entier de nos vies et pour tout le vivant.


[1] - Isaïe XLIX 1 à 6 ; psaume CXXXIX ; Actes des Apôtres XIII 22 à 26 ; évangile selon saint Luc I 57 à 80 passim

[2] - deux livres singuliers, achetés avant-hier, et sans compter Michel ONFRAY, pourtant célèbre pour une rectitude et une liberté lui donnant de faire école : Une fois sans morale ou une religion sans morale, cela ne me revient plus…
Symcha JACOBOVICI & Barbie WILSON, L’Evangile oublié . le texte qui révèle mariage de Jésus et de Marie-Madeleine (Michel Lafon éd. Avril 2015 . 461 pages)
Régis DRBRAY, Dieu, un itinéraire (Odile Jacob . Avril 2015 . 410 pages)

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