mardi 9 juin 2015

alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux - textes du jour

Mardi 9 Juin 2015

avertissement - Ces lignes du matin, depuis des années, sont intimistes, ce qui ne m'appartient pas entièrement, je le reconnais (les miens,  les autres y sont présents, convoqués) mais elles sont données parce qu'elles témoignent d'une dialectique qui, c'est certain, n'est pas mon fait. La prière du matin, par les textes de la liturgie catholique quotidienne, prend ce que je dépose, souvent épuisé ou en larmes, au pied du divin autel. Elle n'en fait pas un feu de joie, elle en tire toute la raison de prier, de me confier et donc de repartir, de continuer. Moins je dissimule détresse et " passages à vide ", plus je crois témoigner de la réplique de Dieu en nos vies. D'expérience de presque tout mon âge, le vertige ne me vient jamais des rives de la mort, mais immanquablement du succès quand il m'arrive (rarement : heureusement ?) d'en avoir. Dieu vient dans notre pauvreté. Je dis la mienne sans pudeur, comme je confesse - mais plus allusivement - mes excitations et emballements, ou des joies souvenues ou que je vis. Dire et voir sa propre dépression, c'est - je l'ai souvent vérifié depuis vingt ans - désigner pour soi qui l'inspire, et donc le vaincre. Grâce à Dieu, grâce à la vie en elle-même, grâce aux ressorts qu'animent en nous l'Esprit Saint et/ou la ressemblance qui nous a, nativement, été donnée. Se voir gisant, c'est appeler aux armes et les recevoir.
Textes d'aujourd'hui, le sel affadi est jeté, la lumière si elle est, a une fécondité spirituelle étonnante.

08 heures 18 + Prier… l’expérience de la mort nous est donnée dans la vie, et par la vie. L’expérience de l’inertie quand tout devient effort et effort insurmontable, la conscience se perd même de l’instant suivant qui pourrait, en fécondité, dépendre de nous. Je n’arrive pas à le décrire, je le vis. Hier, j’ai aussi vécu l’addiction de l’instant, autre pente mortifère. Plus de deux heures à organiser des photos et portraits de BB, alors que j’ai tant à faire – matériellement, débroussaillage, aspiration et dépoussiérage des tapis, rangements, et en écriture : note politique (11 Janvier au 7 Juin : le grand manque), mise au net diverses, présentation de plusieurs manuscrits mauritaniens et attaque de cet écrit dont je ne sais si j’en attend beaucoup ou si le seul fait de le produire me fera du bien… Inertie telle que depuis huit jours, j’ai à aller au bistrot d’en face organiser le dîner familial pour la fin du cycle primaire (cinq familles sur trente, encore davantage de prétextes que dans les paraboles messianiques du banquet), et je n’y vais pas.
Notre chien, que j’ai accidenté hier, la patte prise dans le virage de la voiture, son mauvais état général et surtout celui des hanches depuis des mois… le voici incapable de se mettre debout depuis vingt-quatre heures. Ma chère femme pour qui nos chiens…  
Notre pays, lui aussi grabataire. Du congrès socialiste, rien n’est retenu que l’escapade berlinoise du Premier ministre qui devait en être le zélateur constant ! pour aller conférer avec PLATINI… et une « tribune » dans le JDD de MONTEBOURG, la stérilité faite ministre pendant sa période gouvernementale : Florange et Alstom, le protestataire vissé sur son siège d’importance, auquel s’est joint PIGASSE, de la combinaison « capitalistique » ayant censément sauvé Le Monde. Lui, l’ancien ministre côté gauche comme SARKOZY, l’ancien président hyperactif, incapables tous deux de produire un livre de bilan et de proposition. L’empêchement français et la dilapidation de notre patrimoine matériel et de nos avances politiques ont maintenant une cause bien repérée : le mode actuel d’exercice de la fonction présidentielle. Une omnipotence, une impunité engendrant le vide de la conscience jusqu’au cynisme et à l’immoralité. Forme seconde du recel de ces fonctions, la première ayant été le sans-gêne, un mot vrai et dur me manque, qui aura caractérisé le quinquennat précédent. Comment va se rompre le cercle vicieux ? Sans doute à force de tourner à vide sans prise ni sur la conjoncture ni sur les esprits, faute de la moindre perspective, de la moindre vue d’ensemble tandis que se dépenaille l’outil du bien commun, l’Etat, dont les derniers attributs seront certainement d’ici peu sous-traités à la manière de la SNCF qui fonctionne en louant des autocars : la fiscalité, le maintien de l’ordre. Ce n’est plus même triste. Les sables mouvants du Mont-Saint-Michel mais sans voir « la merveille ».
Prier… la lumière du monde… le constat avec un don certain de la formule et de la proximité vis-à-vis des gens et des événements… le pape actuel à Sérajevo, le climat de guerre, expression qui a retenu l’unanimité de la presse mondiale, bien plus que le communiqué probablement « fleuve » du G7.

09 heures 09 + Je suis et me sens désemparé. Je sens ma chère femme souffrir de tout, en fait souffrir de la vie et particulièrement de la nôtre : but et perspectives ? Seule, notre fille est pour le moment intacte en goût et en joie de vivre.
Prier… que ta promesse assure mes pas : qu’aucun mal ne triomphe de moi ! Pour ton serviteur que ton visage s’illumine, apprends-moi tes commandements. [1] Je pense que s’arrêter de vivre, de vouloir vivre, c’est par absence, par perte de foi en soi et en Dieu, les deux se tiennent et font le goût et l’énergie de vivre ou leur absence. Jésus réplique : non pas une situation (dépréciation, dépression, impasse, vieillissement ou… jeunesse démunie, solitaire), mais un rôle et une mission. Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. Certainement pas par eux-mêmes, ces disciples apeurés, comprenant mal et embarqués dans l’inconnu, par l’inconnu. La relation double : la responsabilité vis-à-vis des autres, le rapport à Dieu de chacun et des autres à Dieu grâce à chacun. Paul l’explicite pour ses ouailles : celui qui nous rend solides pour le Christ dans nos relations avec vous, celui qui a consacrés, c’est Dieu ; il nous a marqués de son sceau, et il a mis dans nos cœurs l’Esprit, première avance sur ses dons. Ce que je lis, des millions de femmes, d’hommes, de tous âges et conditions, à travers ce monde-ci et aujourd’hui le lisent aussi ou le liront ou viennent de le méditer.  Déchiffrer ta parole illumine, et les simples comprennent. Aboutissement, le fiat, le oui (cf. Amédée de Bricquebec). 
Restent la foi et l’espérance. Mon vénérable beau-père, presque vingt-cinq ans handicapé moteur, dont les quinze dernières progressivement du fauteuil au grabat… mais jamais déprimé, et souvent le sourire, l’éclair du regard. Reste l’amour, sauvegarde vraie contre l’envie de finir,  nourriture quotidienne. Silence des prières millénaires et enseignées, transmises. Dieu nous les donnent en détail et fermement. Foi, espérance, amour, charité, silence, prière. Le présent est une anticipation.


[1] - 2ème lettre de Paul aux Corinthiens I 18 à 22 ; psaume CXIX ; évangile saint Matthieu V 13 à 16

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