jeudi 19 juin 2014

car nous aussi nous possèderons la vraie vie - textes du jour

Jeudi 19 Juin 2014



Planté hier soir notre chène d’anniversaire : il est beau que ce soit un cadeau de Jean-le-bon. Scène de Marguerite. Impressionnante de méchanceté et de refus. Pas envie de collaborer au geste puis de nous photographier, quand vous serez morts, je l’arracherai. J’ai failli perdre patience comme déjà la veille à ses récitatifs, ses accusations envers sa mère censée mentir. Puis… tout a fondu, d’abord dans les gestes qu’elle a consentis, plus tard à notre acceptation de dîner tous les trois devant la télévision pour Hercule Poirot, se pelotonner comme la veille sur les genoux de sa mère. Mais le scolaire la rebute, les capitales de l’Union européenne ne « rentrent » pas. Comme à propos de notre chêne, c’est la question : à quoi « çà sert » ? l’amour, aurai-je pu répliquer, à quoi vela sert-il ? et la tendresse ? et la mémoire qui s’exerce ? l’utilitarisme et l’envie comme critères de l’action ? s’abandonner à ses inerties psychologiques ? Texte aussi en voiture sur ce qu’elle prend pour de la pornographie, le nu, la veille ensemble à ce qu’elle regarde sur écran, ce que je lui fais entendre mais sans qu’elle accepte d’opiner, elle dit seulement qu’elle n’aime pas mon discours… Je laisse. Elle est notre souci et notre bonheur. Les gestes et inclinations de ma chère femme, à la dérobée, pour notre enfant. – J’irai cette fin d‘après-midi revoir notre cher Denis M. ; j’y ai goût. Pourquoi ? sans doute, échangeons-nous le plus brut d’une relation humaine : affection, tendresse, consentement à nos états pratiques, respect mutuel. – Je me suis endormi et je me réveille dans l’action de grâce. Cette sensation si profonde et nouvelle : la paix intérieure et l’espérance totale pour le monde et toute la création. … Un couple de merle depuis quinze jours, plus à l’aise chez nous que nous-mêmes. Le mâle en reconnaissance plusieurs jours de suite, nos affolements mutuels pour le faire sortir, ses fientes partout, mon Napoléon-le-Grand heureusement vitré… couvert de…, puis notre accueil, des sorties qu’il repère et la merlette parfois elle aussi en visite, notre maison est une tente ouverte vers le sud, et en cette saison de longs jours, le soleil en se levant vient en oblique jusqu’à ce clavier. Le jour commençant, bien éveillé, qui salue, me salue. Tandis que je suis présent à ce que je fais, les oiseaux le sont aussi, occupés à se manifester…

Prier… le Notre Père… à sa récitation usuelle, dont le et ne nos inducas a été heureusement retranscrit, Marguerite a voulu ajouter : et ne nous fais pas entrer en tentation mais garde-nous toujours avec Toi, et délivre-nous du mal. Amen. Hier soir, la prière de nos dix ans ensemble. Ma chère femme choisissant le Je vous salue, Marie… maintenant et à l’heure de notre mort. Cette décisive et maternelle compagnie de l’exemplaire première chrétienne, la mort mais pas la corruption. Le don de l’esprit, la traversée de la mort … Elie et Elisée, le relais, l’exemple, la communion, l’accompagnement [1] : quand Elie fut enveloppé dans le tourbillon, Elisée fut rempli de son esprit (sa prière a donc été intégralement exaucée) et pendant toute sa vie aucun chef ne l’a intimidé, personne n’a pu le faire fléchir. Aucun événemnt n’a pu l’abattre, et jusque dans la tombe, son corps manifesta son pouvoir de prophète. Pendant sa vie, il a fait des prodiges ; après sa mort, des œuvres merveilleuses. Cette gloire de l’homme reçue de Dieu, transmises par les saints qu’Il se donne et nous donne. Honte aux serviteurs d’idoles qui se vantent de vanités ! en familiarité avec nous, partageant notre histoire, Il nous donne par le Saint des saints, son Fils fait homme, la prière parfaite. Comment d’ailleurs ne pas le vivre ? ce que nous « composons » ou bien ce que nous lisons d’autres, si admirable que ce soit (prière scoute, textes des deux Thérèse, de FOUCAULD, René QUOIST, et ainsi de suite), nous paraît insuffisant, incomplet, ou ne nous donnant pas la position la plus juste devant notre Seigneur. Demander d’excuser la faiblesse de ces prières tandis que celle reçue du Sauveur, puis celle de l’Eglise se reconnaissant dans Marie, sans s’y identifier puisque la priant, sont parfaites : le manteau sur nos épaules que sont ces deux textes pour le murmure de notre âme à tous propos et en tous moments.  Que ta volonté soit faite… délivre-nous du mal. Et Jésus n’insiste que sur le pardon, toute sa prédication, chaque fois qu’Il illustre par un miracle, revient sur le pardon, celui qu’Il accorde et « prouve », celui qu’Il nous veut pratiquer. Pardonner, c’est être libre d’être à Dieu. C’est naturel, ce devrait l’être puisque nous sommes, nouss-mêmes, pardonnés. Tout geste de communion que nous attendions de qui nous aimons et sommes aimés, et qui nous est donné, contre l’espérance et l’attente du moment, est une certitude anticipant le paradis et toute relation humaine. Celle-ci est alors signe et providence. Leçons que nous répète notre fille. – Chapelet qui n’est pas moulin à prières (mais comprenons-nous cette prière-là aussi ?), prière usée, utilisée, transmise depuis deux millénaires : communion intense avec tous, avec tant, que de réciter Pater et Ave. Humblement, joyeusement, peut-être un jour écrasé, peut-être un matin debout à nouveau.


[1] - Ben Sirac XLVIII 1 à 14 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

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