lundi 16 août 2010

si tu veux - textes du jour

Lundi 16 Août 2010


Prier…[1] Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? Ai-je jamais posé cette question ? la récompense, la rétribution, aimer ou courtiser quelqu’un pour en obtenir quelque chose, n’a jamais été mon mouvement. Je ne suis pas appâté. Parce que Dieu est inconnaissable sauf en Jésus-Christ et selon ce que nous en donne l’Esprit-Saint, le seul chemin que j’entrevois (mais de plus en plus nettement) est de chercher à le mieux connaître, de désirer de plus en plus profondément et « explicitement » dans ma vie Le connaître. La curiosité de l’amour, car la connaissance est intimité. Ma foi n’a jamais été une solution à des (mes) problèmes. Dieu ne m’accompagne que voilé par ce qu’Il m’apporte au jour le jour, voilé mais proche et certain. Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Il n’y a qu’un seul être qui soit bon ! Si tu veux entrer dans la vie observe les commandements. Je ne lis que maintenant – après ma confession – cette réponse du Christ me confirmant qu’Il m’a déjà mis dans le chemin. Le quidam est amené de l’objet au sujet, et Dieu ne s’approche que par une réponse de notre part : les commandements sont le début du dialogue, ils sont question divine à l’homme, veux-tu pour me plaire faire ceci et être cela. Récitation des commandements par le Seigneur (Dieu) Lui-même, c’est bien Lui qui pose les questions. Le « jeune homme » [2] croyait mener le dialogue, le contraire s’est aussitôt produit. Dieu déconcerte. Il est face à lui-même, mais il ne sait pas encore que c’est douloureusement. Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? Ce rebond n’est pas mauvais, le « jeune homme » a conscience que cette docilité et ces observances ne suffisent pas, « ce qui est bon » non plus. Si tu veux être parfait… Jésus reprend tout et revient dans le registre de son interlocuteur. Matthieu contrairement à Marc [3] (qui rédige selon Pierre), ne note pas les sentiments du Christ. Deux sortes de gens viennent à Jésus, des gens d’importance mais de bonne foi, Nicodème en est l’archétype, mais celui d’aujourd’hui aussi : ils demandent la vie éternelle et il leur est répondu par une exhortation à la conversion. Les autres sont des suppliants, ils demandent la guériron, le miracle, l’impossible, ce sont ceux-là qui sont exaucés, pour la raison simple que le dialogue est égal avec Dieu : ils ont la foi, et telle que Jésus les en admire. Sentiments de pitié, de compassion puis d’admiration, exaucer va de soi, pour Dieu. Alors. Or, dans ce dialogue, dont Jésus sait l’aboutissement au moins dans le moment (la conversion ultérieure reste imaginable pour le tiers que nous sommes depuis les évangiles, en tant que récit, mais non en tant que proposition et révélation), il va y avoir le regard d’amour si rarement noté, hors l’appellation – d’ailleurs tardive, à partir de la Cène – du disciple que Jésus aimait. Cet interlocuteur qui va être défaillant, est aimé. La conversion n’est pas imposée par Dieu, Son amour est (d’une certaine manière) impuissant face à notre liberté… va et vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. On est encore dans l’économie de troc. Puis viens, suis-moi. Les synoptiques concluent de même, vivement impressionnés : à ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. L’unité intérieure… texte qui fait suite à celui des enfants, modèle et qu’attire le Christ. L’enfant caractérisé par son unité psychique faite de dépendance et d’éveil à la liberté, qui ne sont pas – dans notre commencement – antinomiques, de même qu’ils ne l’étaient pas au début de la Genèse. La lecture d’Ezéchiel donne la même alternative, mais avec une brutalité inouie : Dieu dépouille de tout, avec une cruauté difficile à citer, et dont le prophète est le premier à pâtir. Je vais te prendre subitement ta femme, la joie de tes yeux… vos fils et vos filles qui sont resés à Jérusalem, tomberont par l’épée. Dieu est sérieux. Seul des synoptiques, Matthieu conclut la liste des commandements par celui auquel d’ordinaire Jésus renvoit d’abord et essentiellement. Et aussi : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Graduation que suit aisément celui qui était venu à lui, et alors que Marc et Luc font dire au Christ : une seule chose te manque, Matthieu refuse le constat et rend l’initiative au « jeune homme » : si tu veux… La plus terrible alternative qui soit donnée dans la vie humaine.


[1] - Ezéchiel XXIV 15 à 24 ; cantique Deutéronome XXXII 6 à 21 passim ; évangile selon saint Matthieu XIX 16 à 22

[2] - un notable, selon Luc XVIII 18 à 23

[3] - X 21 : alors, Jésus fixa sur lui son regard et l’aima


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