mercredi 24 février 2010

il y a ici bien plus - textes du jour

Mercredi 24 Février 2010


Les innombrables itinéraires humains, les tâtons, les espérances, les habitations, le train à l’aube, le grand magasin de livres et médias, l’autobus parisien, les bords de Seine, la rue Royale, l’Interallié, visages, rencontres, silhouettes, correspondances, pensées, paroles, intuitions, des portrais d’âme qui me viennent … ceux que peut-être j’éveille en d’autres sans le savoir ni que le contact se fasse en cette terre et cette histoire.

Les certitudes que me donnent soudainement mes aimées à les aimer non plus en pensée mais en mutuelle présence… l’enfant nous apprend que peut-être l’adolescent d’aujourd’hui et les apparentes précocités sexuelles anticipant non seulement la construction sociale, mais même l’équilibre de l’affectivité (s’il en est jamais un), tout ce qui déroute les générations plus anciennes, dont la mienne, a peut-être sa sagesse. Je n’ai pas encore lu le livre d’Elisabeth Badinter et peut-être elle et moi ne nous ne rencontrons pas en cela et en d’autres choses, quoiqu’elle ait le don de toucher et faire toucher les points décisifs de nos mystères, mais après des millénaires où l’art de la femme d’équilibrer l’homme et de le faire aimer et s’aimer, un art qui restait si enfermé et secret, et dont le sexe était l’un des espaces-moments-occasions, parmi d’autres selon les intelligences innées ou acquises, il est possible que depuis très peu de décennies, presqu’actuellement, la femme, dès sa forme commençante de l’adolescente, prenne le relais et ouvertement initie l’homme en son commencement adolescent, à aimer, rencontrer, se donner, attendre, se casser la g.., et éprouver parfois en quelques heures ou minutes seulement puissance et impuissance, extase sans encore les mots ni les comparaisons, pas même la poésie, gestes en double ou triple et invention inrenouvelable, et qu’en conséquence quelque chose, des comportements – mal compris ou critqués ou redoutés – parce que dans notre incompréhension et nos références incomplètes, ils paraissent dangereux ou prématurés à d’autres générations que celle de ces encore-enfants… soit une tranquille mûe que la jeunesse nous apprend et dont les très jeunes fille d’aujourd’hui ont mission consciente – pas seulement pour ce que nous croyons du haut (ou du bas de nos âges…) : plaisir ou faiblesse, ignorance ou irresponsabilité. Peut-être au contraire, sont-elles très responsables, celles, si jeunes, qui pertçoivent les impasses où nous ont menés nos éducations, nos contraintes, nos peurs. Peut-être, piste en tout cas pour nous désinquiéter et chercher ce que cela signifie au-delà de nos propres façons de voir. Jeunes filles prenant à nos yeux, mais pas aux leurs, le risque d être victimes aussi, mais aussi amenant leur si frais compagnon au risque assumé de comprendre à deux la responsabilité, de changer le monde entre autres, et d’user de la nature pour qu’elle serve au bien commun. Les mutations sociales commencent probablement par ces gestes, échecs et vérité du couple.

Secondement, toujours à nos éveils de famille : leçon de la beauté. Ce que nous voyons et ressentons, notamment de l’homme à la femme, apparence qui subjugue et examen qui déçoit, diagnostic d’insignifiance voire de laideur que démentent des formes aperçues puis une totalité d’un corps qui dément un visage puis y renvoit le magnifiant, quelle que soit l’apparence en notre forme existentielle humaine, nous sommes dans la pressentiment de l’aboutissement de chacun dans l’éternité dans le sein trouvé-retrouvé de Dieu – alors la beauté que nous cachions ou que nous révélions, parfois, souvent, formellement ou pas, beauté toujours reçue, et humainement toujours dépendante et pas seulement de la mode, de l’âge et du regard d’autrui, la beauté de maintenant n’est que pressentiment de notre beauté définitive, achevée, complète…
… du moins c’est que je vois maintenant que nos retrouvailles s’accomplissent en famille.

Prier… [1] il y a ici bien plus que Jonas. Les conversions, celle de Ninive, celles qui ne se produise pas. Le jugement non pas divin mais d’une génération à l’autre. La nôtre experte pour s’exonérer du présent et de ce qu’elle sème pour l’avenir. Ils se sont convertis en réponse… tout est dialogue, l’autisme est la mort car il est du cœur, car l’autiste au sens clinqiue a un regard, une attente et ses capacités. La reine de Saba, Ninive, et aujourd’hui tant qui peuvent se lever contre nous, pour seulement condamner. Jésus à bout d’argument laisse les hommes et les femmes, les générations s’entre-débrouiller : lors du jugement (événement et concept décisifs pour le Coran, presqu’accidentel pour les deux versants de la Bible car pour celle-ci le présent décide plus que le futur, et le passé sans cesse nous y aide) les habitants de Ninive se lèveront en même temps que cette génération. Lassitude de Dieu… notre réponse est notre prière : crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. … Jonas se leva et partit pour Ninive, selon la parole du Seigneur. Moins lassé que le Christ lui-même, mais quelle résistance il avait offert à l’envoi de Dieu… Le début de la foi n’est pas du tout une adhésion à quelque corpus de croyances ou d’expériences enseignées, voire de révélations, il est une question : qui est Dieu si … en tout cas, un Dieu qui nous concerne. Pour Ninive, plus ou moins déiste et qui entend, elle est : qui sait si Dieu ne se ravisera pas, s’il ne reveindra pas de l’ardeur de sa colère ? Et alors, nous ne périrons pas ! Une conception du monde (fausse pour nous, rendant compte à son époque d’une civilisation) est acceptée par Dieu qui y insère son interrogation et la fait se poser en termes propres à cette génération-là. Image du savoir-faire ets e comporter de Dieu qui nous pose aujourd’hui les questions dans nos langues. La réponse de Ninive est aussi datée que l’appel divin : nous ne répondons et n’exerçons notre liberté qu’à notre date, pas à celle de temps, de cultures, de géographie où nous ne sommes pas. Nous ne sommes pas, pour Dieu, des êtres imaginés, mais vivants : Il en sait quelque chose, le Dieu vivant qui nous crée et nous appelle à son image et à sa ressemblance.

Hier est toujours quand les fondements de la prière nous sont enseignés, quand Dieu définit Lui-même l’efficience de sa parole [2]. Simplicité du Christ pour nous qui sommes aussi pauvres qu’ambitieux et nous maltraitons tant nous-mêmes : Il nous donne un Dieu à prier qui est à notre portée, aucune demande en principe à formuler (votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé), mais nous sommes introduits comme ouvriers-mêmes de la divinité. Dieu aurait besoin d’être sanctifié, Dieu situé aux cieux, Dieu dont la volonté pourrait ne pas être faite, que de contingences qui fait revenir Jésus aux nôtres : notre pain de ce jour, nos dettes (autrefois appelées offenses) et une conclusion de grande finesse psychologique : nous ne péchons qu’après combat, notre responsabilité n’est finalement que celle reconnue par Dieu, en termes si humains : si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas vos fautes. Seul point que Jésus commente de la prière qu’Il vient de donner à ses disciples qui s’étaient rassemblés sur la montagne autour de lui. Que d’indulgence et que d’offrande de Dieu : non seulement, nous exaucer pratiquement, notre besoin de mots, mais nous demander de les dire, et à qui : notre Père. Conception d‘ailleurs du père à retrouver, de même que Marie nous apprend aussi bien ce qu’est la mère que la fille, la vierge que la fécondée. Le Seigneur entend ceux qui l’appellent. Pourquoi ? comment ? en faisant, en créant, en exauçant. Prière par des mots, celle de l’homme, réponse de Dieu dans ce registre mais d’une vérité incomparable et définitive, réponse par l’envoi du Verbe (le Fils) : ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. La prière enseignée par le Fils a son aboutissement dans notre rédemption, dans la Résurrection : l’efficacité est là, notre pain quotidien est là. Tout simplement parce que la volonté de Dieu s’accomplit comme nous l’avions souhaité nous-même, en priant. Que ton règne vienne, comme s’il n’était pas, comme s’il était douteux…


[1] - Jonas III 1 à 10 ; psaume LI ; évangile seln saint Luc XI 29 à 32

[2] - Isaïe LV 10 à 11 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

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