mercredi 3 janvier 2018

que cherchez-vous ? - textes pour ce jeudi 4



jeudi 4 Janvier 2018
 08 heures 00 + Eveillé depuis six heures et demi, et aussitôt levé pour appeler l’assistance Groupama et commencer de régler l’affaire de notre Scenic. Deux messages : Ousmane en train de tomber malade, et l’annonce par un « newsletter » littéraire de la mort hier de Bernard de FALLOIS [1], ce qui me touche beaucoup, infiniment [2]. C’est le coup de gong, j’allais me mettre, dès mes deux « urgences » réglées, à écrire et c’est à lui que j’allais proposer mon manuscrit sous mon nom, alors que je compte prospecter ailleurs sous le pseudo de Charles André… mes deux autres prénoms. Oui, touché, et surtout averti. Mon livre lui sera dédié au même titre qu’à mes aimées. Avertissement que le temps va de plus en plus vite. Quatre-vingt-dix ans… quinze ans encore, puis-je espérer davantage ? Les premières pages de mon livre, sans doute sur ces circonstances et ce gong du temps. Et puis grâce étonnante : ma forme cette nuit et ce matin. Puisse cela durer ? reprendre pour quinze ans, après que je n’ai rien « fait » depuis mon exclusion socio-professionnelle, mais « en activité » étais-je fécond ? je ne le crois spas.

 08 heures 24 + BdeF… mes initiales… va me porter mentalement, j’en suis sûr. Commencer mon livre par nos rencontres, puis par l’exutoire devenant outil et finalement ultime ambition, l’écriture. Appeler aussi la mémoire de JF pour mes collaborations et ma correspondance avec Romain GARY et c qu’il se passa à l’Iris avec notre trésor, quand se termina la projection de la promesse de l’aube, seconde version. L’événement et la force, coïncidant. L’homme et Dieu ensemble pour m’aider, me pousser, m’appeler. – Aujourd’hui, rangements pour les meubles, et venue de Zoé. Courriers pour les collaborateurs de BdeF et pour la promotion de mon livre chez l’Harmattan. Très grosse journée en perspective. Le jour se lève, pas de couleur que du gris et le noir des silhouettes de nos arbres.

 09 heures 52 + « Dead line » pour mon livre : pouvoir le déposer physiquement chez BdeF, le lundi 22 janvier prochain quand je viendrai consulter … m’y mettre, ayant fini LCL, le jeudi 11 (anniversaire de JPD). Dix jours d’écriture intensive, m’en tenir au titre et précisément à ce qu’appelle en mémoires diverses ce que je vis en ce moment. Court récit…

10 heures 50 + Commencer dès ce soir une fois les armoires livrées et les filles bien ensemble.

 11 heures + Préparer l’accueil de la grosse armoire, et le déplacement de l’armoire à Match : je m‘y mets. Edith continue d’appeler « la chatoune »…

 12 heures 22 + Minnohar Me Mamm… je fais de la place pour les deux armoires, quelques papiers me reviennent et il y a la masse des bandes son ou video… Et puis… écrire ce que j’ai entrevu ce matin ? j’y parviendrai pet probablement dans le délai que je me suis donné : le 22, mais en quoi cela intéressera-t-il qui que ce soit…. La machine à vouloir. L’observation de BdeF : capter et garder l’attention du lecteur… !

 23 heures 11 + Quand les Français se réveilleront… (cf. Napoléon, quand la Chine s’éveillera), endormis par des médias, des commentaires : l’économie, l’argent, les réformes. Ouest France aujourd’hui : « économie, Macron accélère les réformes ». Le Monde daté du 3 : « à l’Elysée, la méthode Brigitte Macron, l’épouse du chef de l’Etat, dont les activités sont régies par une « charte de transparence », enchaine les initiatives, aussi bien au palais qu’à l’extérieur ». La soi-disante nostalgie d’un peuple qui a décapité son roi et détrôné une lignée de huit siècles se comblerait d’un élu par défaut, se proclamant sans précédent. L’économie qui démoderait toute l’Europe et placerait d’ici 2050 le centre du monde entre Inde, Japon, Indonésie et Chine. L cafard, le mépris d’un constante pédagogie de la culpabilité : la réforme, la réforme. Réformer quoi ? ou qui ? se rendre une échelle de valeurs, rétribuer les dirigeants uniquement par l’honneur et l’expérience de diriger, sans cooptation, ni jeu des chaises musiciennes, l’appartenance à une entreprise, à un métier au lieu des promesses d’incessantes formations, c’est-à-dire de constants obsolescences. Quelle absurdité, quelle cécité que notre ambiance quand elle se réduit à quelques-uns, à une mascarade pour le petit écran et à la folie de se croire envier par l’étranger de nous être donnés celui qui nous dirige ! Le bonheur d’un peuple, celui de notre Vieux Monde ne se reconstituera ni par les schémas d’un seul, homme ou pays, ni par comparaison avec ailleurs. La santé et la réussite d’une société, ce sont sa cohésion et son éthique. Les réformes ? des pages de Journal officiel et des ratures, des blancs dans le Code du travail : je ne vois rien d’autre, du papier. Une politique étrangère : l’illusion de séduire personnellement et un à un ses homologues, l’immaturité de prétendre réconcilier les parties libyennes et maintenant, en pleine crise du régime iranien, croire qu’Arabes, aux Etats si récents et artificiels, devenus spéculatifs à mesure que le pétrole perd d’avenir, et Perses, aux frontières, aux systèmes de pensée, au concept-même d’Etat, multimillénaires, pourraient se considérer sans se toiser… Et la criante lacune : l’appel à ce que s’incarne l’Europe. Vivre cela, cette dérision, quand on a eu quinze ans en 1958, qu’on a pleuré en 1969 et que l’entreprise européenne, alors à Six, était un joyau d’intelligence et de savoir-être, est pis qu’un mauvais rêve : c‘est recevoir de ceux qui sont censés diriger Etat, partis, entreprises, médias… une injure. La politique et la démocratie, c’est le peuple. Les relations internationales, ce sont les peuples. Les tailles, les performances sont secondaires. L’existant est bien plus riche, prometteur, passionnant. L’invention qu’il nous faut continuer, c’est comment ? pourquoi ? nous savons et voulons. L’impératif n’est pas un mode de vie, ni même un récitatif, encore moins un « argumentatif », intitulé singulier d’une des déclinaisons du français au bac…
Prier… scansion épique que ces enchaînements : Jean qui vient baptiser, les foules accourent au rite de la pénitence, comme Ninive quand Jonas la traverse en criant… la prophétie si étrange, au milieu de vous, se tient celui que vous ne connaissez pas [3]… puis, le cri, le décisif commencement, l’Annonciation désormais à tous les peuples, à tous les siècles, à moi, à tout le monde. Moi, j’ai vu et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu [4], et le divin, l’humain désormais marchent ensemble… avec un naturel saisissant. Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait (comme plus tard dans le Temple, ou dans la Genèse, Dieu dans le jardin de l’Eden, se promenant le soir tranquillement), il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ». Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus… Où demeures-tu ? … Venez, et vous verrez. Un humour, une magie, Jésus attire… et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Jean, l’évangéliste qui en était, note l’heure, comme il notera celle de la mort du Fils de l’homme… Puis, le décisif s’accélère : nous avons trouvé le Messie… Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean (comment le savait-il ? Son discernement de Nathanaël, un peu plus tard…) ; tu t’appelleras Pierre… Il semble que Jésus l’ait dit autrement qu’en araméen, mais en grec…. 5]. L’appel est un vocatif, Dieu nous nomme, alors que depuis la Genèse il nous a donné de nommer tout être vivant. Son appel du jeune Samuel. Et Il nous enseigne comment Le nommer, Lui : Notre Père, Jésus nous apprenant à prier, sur notre demande, prise de conscience des disciples dans cette demande, la nôtre aussi. Appellation que nous avons à donner à Dieu qui dit tout, la suite va de soi… Nos vies vont d’elles-mêmes. Celui qui pratique la justice est juste comme lui, Jésus est juste. Cette appréciation par Yahvé, de la foi d’Abram : et Dieu vit qu’il est juste. Cette très belle distinction par l’Israël moderne des « justes parmi les nations ». Hier, voulant appeler le cardinal SALIEGES [6] à considérer l’un des points [7]qu’a examinés le séminaire gouvernemental convoqué et animé par le président de la République, et non par le Premier ministre, je découvre plus précisément que par lectures évasives ou ouï-dire, le trio de l’honneur et ses titres de glorieuse mémoire, justes parmi les nations, compagnons de la Libération… l’Abbé de NAUROIS, un autre prélat : Bruno de SOLAGES, décisif aux côtés de l’archevêque de Toulouse. C’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu s’est manifesté. Théologie du péché que je voudrais tant que l’Eglise approfondisse en même temps que délibèrerait un concile d’objet essentiellement pastoral, les deux thèmes très interdépendants. Quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu, et pas davantage celui qui n’aime pas son frère. Ce triplé du psaume XCVIII, de la première lettre de Jean et des débuts de son évangile, sont cette année une lumière et – pour moi – un appel à la confiance, à l’espérance, espérance en la suite de cette vie, espérance du débouché de la mort. Par sa main puissante, il s’est assuré la victoire. … Acclamez le Seigneur car il vient pour gouverner la terre. Ainsi soit-il !


[1] - www.actualitte.com consulté le matin du jeudi 4 janvier 2018 à 07 heures 26

L’éditeur Bernard de Fallois est décédé hier, à l’âge de 91 ans, comme nous le confirme la maison d’édition qu’il a fondée et qu’il présidait. Il avait découvert Joël Dicker, avait publié deux inédits de Marcel Proust, les oeuvres complètes de Marcel Pagnol et avait fait connaître bien d’autres auteurs. 

 

  2] - la mort de Bernard de Fallois, que je n’apprends que ce matin, m’attriste très fort et personnellement. Son témoignage pour une radio (France-Info. ?) à la parution de la trilogie de Françoise Chandernagor, une de mes camarades de promotion E.N.A., m’avait aussitôt donné un haute idée de lui et de son travail. Plus tard, en Juillet 2006, en pleine canicule, je vins le voir rue La Boëtie et lui proposer l’envoi de ce que je projetais d’écrire : la biographie de Maurice Couve de Murville. Il me parla alors de sa relation au début des années 1960 avec le ministre des Affaires Etrangères du général de Gaulle.
Au début de 2007, il m’écrivait pour me lire sur le grand homme. Il doutait que ce soit un succès de librairie, mais pour l’honneur il voulait ce livre dans son catalogue. Je ne l’ai toujours pas commencé, mais intime de l’ancien et dernier Premier ministre de l’homme du 18-Juin, j’ai le devoir d’aboutir, et j’ai aussi le devoir – maintenant de mémoire – de proposer mon texte d’abord à sa maison. Je lui ai alors proposé un portrait intime et des propos personnels sur l’Abbé Pierre qui venait de mourir et avec qui j’avais passé des semaines, relayé par ma future femme, quand l’ « affaire Garaudy », le mit quelque temps au ban des médias, des associations et même d’Emmaüs…
Nous continuâmes de correspondre et moi de lui déposer, soit rue La Boëtie, soit rue Cortambert, des manuscrits et projets, dont l’un lui plut beaucoup mais que je lui disais d’un ami de carrière diplomatique, non de moi. Pour ce texte, nous en restâmes là, mais je le tiens à votre disposition.
Puis, souhaitant – avant « mon » Couve de Murville – entrer au mieux sinon au plus vite en édition, et par lui, je lui demandais ce qu’il lui plairait que j’écrive. Il me répondit.
Notre relation a été plus qu’amicale quoiqu’apparemment sans autre fécondité que l’estime et même l’attente mutuelles. Il se confiait sur la situation de l’édition en France, sur son passé et l’itinéraire de ses emplois et de ses convictions, la Table ronde, Emmanuel Berl. Je crois que nous nous intéressions mutuellement, et il devint ainsi un véritable frère aîné. J’avais confiance en lui. Tout ce que je lui apportais mais ne correspondait toujours pas à ce qu’il voulait, ajoutait à nos conversations et rencontres. Et c’était bien l’essentiel et ce fut le plus gratifiant.
Je le pleure donc. Une photographie de lui que vous m’adresseriez me fera très plaisir.  Et je vais me permettre de venir à vos bureaux, sans doute dans la journée du lundi 22 Janvier, vous confier quelque chose que je vais écrire ces jours-ci dans sa pensée. Et ensuite, enfin… il y aura « le » Couve de Murville.
Bernard de Fallois fut un homme de continuité et de foi. Il en résulta à mon endroit une fidélité qui me porte et exige depuis près de douze ans./.

[3] - évangile selon saint Jean I 27

  4] - évangile selon saint Jean I 34

 [5] - 1ère lettre de saint Jean III 7 à 10 ; psaume XCVIII ; évangile selon saint Jean 35 à 42
 
 [6] - fait cardinal par Pie XII en 1946, ce qui vaut approbation de Mgr. Salièges, y compris politique de l’attitude de celui-ci à Vichy (l’antisémitisme) mais compréhensive du choix initial du Maréchal puisqu’à Naurois, son prêtre, voulant rejoindre Londres, il commande : vous devez rester…

 [7] - « la crise migratoire » : les circulaires COLLOMB, la consigne aux hôpitaux psychiatriques d’aider aux expulsions de sans-papiers

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