vendredi 19 janvier 2018

voyage apostolique au Pérou : rencontre au foyer « Le Petit Prince »


 


Puerto Maldonado
12h15



RECONTRE AU FOYER « LE PETIT PRINCE »
SALUTATION DU SAINT-PÈRE
Puerto Maldonado
Vendredi 19 janvier 2018

 
Chers frères et sœurs,
Chers enfants,

Merci beaucoup pour ce bel accueil et pour vos paroles de bienvenue. Vous voir chanter, vous voir danser me comble de joie. Merci !
Quand on m’a dit qu’il y a ce Foyer Le Petit Prince et la Fondation Apronia, j’ai senti que je ne pouvais pas repartir de Porto Maldonado sans vous saluer. Vous avez voulu venir de différentes maisons d’accueil au Foyer Le Petit Prince. Merci pour les efforts que vous avez faits pour être ici aujourd’hui.
Nous venons de célébrer la Nativité. Nous avons eu le cœur ému par la représentation de l’Enfant Jésus. C’est lui notre trésor, et vous, les enfants, vous êtes le reflet, et vous êtes aussi notre trésor, le trésor de nous tous, le trésor le plus beau que nous devions protéger. Pardonnez les fois où, nous les plus grands, nous ne le faisons pas, ou bien nous ne vous donnons pas l’importance que vous méritez. Quand vous serez grands, ne l’oubliez pas. Vos regards, vos vies exigent toujours un plus grand engagement et du travail de notre part pour que nous ne devenions pas aveugles ou indifférents face à tant d’autres enfants qui souffrent et sont dans le besoin. Vous êtes, sans l’ombre d’un doute, le trésor le plus précieux que nous devions protéger.
Chers enfants du Foyer Le Petit Prince, et vous les jeunes des autres maisons d’accueil. Certains d’entre vous sont parfois tristes la nuit, le papa ou la maman qui ne sont pas là vous manquent, et je sais aussi qu’il y a des blessures qui vous font beaucoup souffrir. Dirsey, tu as été courageux et tu nous as fait part de cela. Et tu me disais : ‘‘Que mon message soit un message d’espérance’’. Mais laisse-moi te dire quelque chose : ta vie, tes paroles, et celle de vous tous sont une lumière d’espérance. Je voudrais vous remercier pour votre témoignage. Merci d’être lumière d’espérance pour nous tous.
Je suis heureux de voir que vous avez un foyer où vous êtes accueillis, où, avec tendresse et amitié, on vous aide à découvrir que Dieu vous tend les mains et qu’il sème des rêves vos cœurs. Cela est beau !
Quel beau témoignage que le vôtre, vous les jeunes qui êtes passés par ce chemin, qui avez rempli hier votre cœur d’amour dans cette maison, et qui aujourd’hui avez pu construire votre avenir ! Vous êtes pour nous tous le signe des immenses potentialités que possède chaque personne. Pour ces enfants, vous êtes le meilleur exemple à suivre, l’espérance qu’eux aussi pourront le faire. Nous avons tous besoin de modèles à suivre, les enfants ont besoin de regarder en avant et de trouver des modèles positifs : ‘‘je veux être comme lui, je veux être comme elle’’, sentent-ils et disent-ils. Tout ce que vous les jeunes pouvez faire, comme venir jouer avec eux, passer du temps avec eux, est important. Soyez pour eux comme disait le Petit Prince : les petites étoiles qui éclairent dans la nuit (cf. Antoine de Saint-Exupéry, XXIV ; XXVI).
Certains d’entre vous, jeunes qui nous accompagnez, viennent des communautés indigènes. Avec tristesse vous voyez la destruction des forêts. Vos grands-parents vous ont enseigné à les découvrir ; ils y trouvaient leur nourriture et les médicaments qui les soignaient – vous venez de bien le mettre en scène ici -. Elles sont aujourd’hui dévastées par le vertige d’un progrès mal compris. Les rivières qui vous ont vus jouer et qui vous ont offert de la nourriture sont aujourd’hui boueuses, polluées, mortes. Jeunes, ne vous résignez pas face à ce qui est en train de se passer. Ne renoncez pas à l’héritage de vos grands-parents, à votre vie ni à vos rêves. J’aimerais vous encourager à étudier, à vous préparer ; préparez-vous, saisissez l’occasion que vous avez de vous former, cette occasion qui vous est offerte par la Fondation Apronia. Le monde a besoin de vous, jeunes des peuples autochtones, et il a besoin de vous non pas déguisés mais tels que vous êtes. Pas déguisés en citoyens d’un autre peuple, non, tels que vous êtes, c’est ainsi que nous avons besoin de vous. Ne vous contentez pas d’être le wagon de queue de la société, accrochés et vous laissant porter ! Non, non, ne soyez jamais les wagons de queue. Nous avons besoin de vous comme moteur, qui impulse. Et je vous recommande une chose, écoutez vos grands-parents, valorisez vos traditions, ne refreinez pas votre curiosité. Cherchez vos racines et, en même temps, ouvrez les yeux à ce qui est nouveau, oui… et faites votre propre synthèse. Rendez au monde ce que vous apprenez, car le monde a besoin de vous dans votre originalité, tels que vous êtes en réalité, non comme des imitations. Nous avons besoin de vous dans votre authenticité, en tant que jeunes fiers d’appartenir aux peuples amazoniens et qui apportent à l’humanité une alternative de vie vraie. Chers amis, souvent nos sociétés ont besoin de corriger le cap et vous, les jeunes autochtones – j’en suis sûr – vous pouvez énormément aider dans ce défi, surtout en nous apprenant un style de vie basé sur la sauvegarde et non sur la destruction de tout ce qui s’oppose à notre cupidité.
Et la chose la plus importante, c’est que je voudrais remercier le Père Xavier [Arbex de Morsier, fondateur de l’Association Apronia]. Le Père Xavier a beaucoup souffert et cette souffrance lui a coûté ceci ; simplement merci, merci pour son exemple. Je voudrais remercier les religieux et religieuses, les missionnaires laïques qui font un travail magnifique et tous les bienfaiteurs qui forment cette famille ; les volontaires qui offrent leur temps gratuitement, qui est un baume rafraichissant sur les blessures. Et je voudrais remercier aussi ceux qui confirment ces jeunes dans leur identité amazonienne et les aident à forger un avenir meilleur pour leurs communautés et pour toute la planète.
Et maintenant, en restant comme nous sommes, nous fermons les yeux et nous demandons à Dieu de nous donner sa bénédiction.
Que le Seigneur vous bénisse et vous garde, qu’il fasse resplendir sur vous son visage, que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous accorde tous ses bienfaits, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. (Cf. Nb 6, 24-26 ; Ps 66, Bénédiction du Temps ordinaire)
Je vous demande deux choses : que vous priiez pour moi et que vous n’oubliiez pas que vous êtes les petites étoiles qui éclairent dans la nuit.

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