samedi 27 février 2016

toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi- textes du jour

Samedi 27 Février 2016

L’épuisement ? la dépression ? l’âge ? la santé ? Je n’arrive plus à tenir mes blogs. ni le journal de notre fille, ni le mien pour sa version long terme. Hier soir, après ma vaine recherche d’abord de mes diapositives de Mauritanie, puisque nous allons passer une partie de la journée chez mon premier accueillant et ami là-bas, il y a cinquante-et-un ans : JMB, administrateur de la France d’Outre-Mer, puis mon incapacité à mettre en œuvre du scanner acheté exprès pour les transférer sur « disque dur », je suis resté hébété devant mon clavier, ne parvenant à écrire que péniblement en plusieurs heures ce que j’ai lu de la liturgie du jour. Le psalmiste a raison : Dieu comble son bien-aimé, quand il dort. Mais de bons moments auparavant, mes étudiants d’YNOV pour les plasticiens, enfin et vraiment gratifiants, des courants d’affection, de l’entr’aide, et ma compréhension tardive pour la manière de les enseigner et de les rejoindre donc. Et puis aux côtés d’Edith, en début d’après-midi, l’excellent Maigret tend un piège avec GABIN, GIRARDOT et d’autres.
Le monde, nous, comme pendant la Grande Guerre. On attend la « percée », un changement, une issue à l’effroyable enchainement de causes et d’effets nous massacrant mentalement et pour beaucoup nous privant d’avenir et de présent, le monde s’appauvrissant par l’homme et ses fautes, par sa tolérance de mauvais dirigeants. La percée, pour notre temps , elle ne peut aujourd’hui venir que des peuples. Elections en Iran hier, mécanisme compliqué et conservateur, violations constantes des règles d’éligibilité. En Irlande, le rebond économique semble faire encore plus de dégâts matériels et surtout psychologiques dans la population, même si les chiffres, etc… que le temps de débâcle et de faillites il y a quelques années. Chez nous, non seulement des orientations maléfiques et contraires à l’équité autant qu’au bon sens, mais surtout on ne peut plus mal orchestrées et exécutées. Par leur probable abstention, en réponse à un dessein clair : l’abolition du droit du travail, et à terme chez nous comme dans le monde, le projet tentaculaire, global d’abolir l’état de droit et les Etats pour fonder la suite sur le seul droit des plus forts, ou simplement ratifier ce qui est déjà l’état des lieux et des choses… les frondeurs dits de gauche privent le pays du dernier espoir d’alternative sérieuse à une cours de dix-quinze ans.
La déprime me quitte : la tendresse de ma chère femme, à notre éveil. La main de ma femme, son avant-bras. Notre fille dont une mèche de cheveux seulement dépasse des couettes, puis maintenant à mes yeux, adossée à l’une des œuvres de mon cher Heinrich FALTERMEIER, sur ma table, son portrait sur fond blanc, regard aigu, intelligent, une présence encore plus que la confiance. Et c’est cela l’amour sans effusion, sans gestes, allant encore plus au cœur. La vérité de notre fille. La vie quand elle est vraie. La plus belle apparition dans ma vie, même et surtout quand hier soit, elle nous explique sa première leçon de rugby au collège, s’énervant et explosant quand je l’interromps par mes questions. Elle l’appréhendait, les plaquages, les garçons ? Elle raconte l’initiation au plaquage. Edith et moi ne savons pas même le nombre de joueurs par équipe: quinze sans doute, et ma chère femme croit qu’il n’y a qu’un seul but… elle a pris plaisir aux plaquages, a compris le passage de balle, le rôle du soutien, elle a gagné sur sa peur et l’inconnu et les garçons… elle souhaite que j’attende la fin de ses explications, censément complètes. – J’ouvre à nos chèvres, qui appellent.
Partir avant l’aube, sortir. Jésus sortit, bien avant l’aube, et gagna un endroit désert, et là il priait  Le prodigue, ma « retraite » d’une journée, le 10 Juillet 2012 ou 13, l’exposition REMBRANDT sur le visage du Christ au Louvre, sept heures à y regarder et à y écrire. Tout à remettre au net, pas encore fait, mais vécu inoubliablement. Le tableau du prodigue à genoux dans les bras de son père, une reproduction grande et bien faite dans le chœur de notre paroisse alsacienne, Saint-Louis de la Robertsau. Les déclarations – intenses – d’amour du père pour ses deux fils aux itinéraires si différents apparemment. Mais il n’est qu’un itinéraire, notre réponse spontanée ou sollicitée par les circonstances ou par Dieu Lui-même, explicite. Notre itinéraire à Dieu, notre Père, itinéraire initié par le Fils, itinéraire selon l’attraction du Père sur nous, mais un Père inconnaissable si le Fils et la mémoire de Lui qu’Il nous donne, ne nous était donnée puis maintenue par l’Esprit. Cette parabole introduit au Credo. Le père ne dit rien au prodigue, il constate, il dit sa propre émotion : il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers… festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Tandis qu’avec le fidèle, le père dialogue… toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. La suite illustre l’avertissement de l’Ancien Testament… si le méchant quitte sa méchanceté… si le juste se détourne de sa justice. Le père tente de le faire comprendre et vivre à son aîné. Il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Mort pour s’être détourné de son père et avoir voulu vivre par lui-même quoique selon le capital reçu. Revenu à la vie parce que retrouvé. Retrouvé pour le père, donc pour lui-même, sans qu’il soit même question de rendre des comptes ou d’être pardonné, ce qu’escomptait évidemment le prodigue. Un Dieu qui ne s’obstine pas pour toujours dans sa colère mais se plaît à manifester sa faveur. De nouveau, tu nous montreras ta miséricorde, tu fouleras aux pieds nos crimes, tu jetteras au fond de la mer tous nos péchés ! Seigneur, prends pitié du monde, de ta Création dans l’état où nous l’avons mise et où nous nous mettons nous-mêmes. Prends pitié de nous ! suscite-nous ! Amen ! Veuille nous secourir. Nous faire être et agir selon ce que Tu nous as donné et inscrit en nous : Ta ressemblance. [1]


[1] - Michée VII 14 à 20 ;  psaume CIII ; évangile selon saint Luc XV 1 à 32

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