samedi 28 novembre 2015

vous tenir debout devant le Fils de l'homme - textes de ce matin pour ce soir

Samedi 28 Novembre 2015

Journée commencée tôt avec la « prune » à donner à Norauto : il s’agit d’un roulement avant droit. Nous continuons d’avoir confiance mais l’addition grimpe et d’invstigation en investigation… puis livraison par Emmaüs de ce qu’Edith compte installer à Strasbourg pour meubler et louer. Equipe dirigée par un bénévole, précocement mais volontairement retraité de la SNCF : la ressource humaine à Vannes et à Auray. Jacques, sympathie, beau visage, ses accolytes : Rabah, kabyle, et Samet, albanais. Sympathie aussi, plus fruste mais sincère. Le plus vécu, un Macédonien avec qui j’avais pu à la précédente livraison dialoguer sur Saint-Pantaléon et Skpje, évidemment, avec GLIGOROV, probablement le dernier homme d’Etat yougoslave. – Leur départ, des photos, je suis très tassé et plus petit que chacun. Lumière encore rasante du jour qui commençait à peine. Une synthèse m’est venue : expérience de notre vie conjugale, de plus en plus. L’amour n’est ni une passion, une une addiction, ni un sentiment, quoiqu’il puisse passer par cdes phases et ces acceptions, il est une vertu. – Entre « mes » étudiants nantais qui, tels qu’ils sont, me forcent aux trouvailles pédagogiques (ils dorment sans honte, ne prennent pas de notes, n’ont aucune idée de l’actualité, ignorent tout nom propre ou de personnalité notoire… sauf sans doute celles que je ne connais pas… et ne savent pas le sens de la plupart des mots qui sont précis, entre eux et notre fille m’apprenant le multimédia (mise en scène filmée avec son téléphone portable de ses poupées "everafterhigh"), les divers sites et « réseaux sociaux »… je m’initie à une civilisation nouvelle mondialiste, non du fait de traités ou de disparition des frontières, mais bien de la technique. Dépaysement mais, à mon propre étonnement, l’acclimatation est facile. Sans doute, cette facilité, native dans la toute jeune génération, et pas impossible d’accès puisqu’elle est technique et pas culturelle, est pour beaucoup dans cette contagion.
Politique, mes scenarii tels que proposés à l’Elysée. Pour Pierre I. les mises en ligne peuvent changer d’ici 2017 et l’expérience – depuis 1981 – des élections législatives suivant immédiatement les présidentielle, montre que Marine LE PEN, même si le code électoral n’est pas changé, c’est-à-dire même s’il n’y a toujours pas de représentation proportionnelle, peut  recevoir une majorité parlementaire à la suite de son élection présidentielle. Quant à MMR [1], le statu quo plutôt que le risque. – Economie, nous n’avions déjà presque plus d’industrie, toute la consommation courante en outils les plus banaux pour la communication vient de l’étranger, et dans les hôpitaux c’est le Japon, les Pays-Bas, l’Allemagne tandis que les photocopieurs sont Olivetti, les attentats du 13 Novembre ruinent d’un coup ce qu’il nous restait : la fréquentation touristique.
Prier… commentaire personnel d’un ami dominicain, hier, des textes tirés du prophète Daniel : des deuils au Bataclan mais aussi des signes [2].  Et aujourd’hui… prière du soir, d’un sommeil à l’autre, mais le matin est anxieux tandis que la nuit est remise tranquille. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous aurez la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. [3] Paradoxalement, c’est le Prophète qui est dans l’Histoire, les successions, la chronologie tandis que le Christ nous emmène dans l’imprévisible et le soudain. Pourtant, moi, Daniel, j’avais l’esprit angoissé, car les visions que j’avais me bouleversaient, tandis que le Christ, qui ne propose aucune interprétation puisque les faits sont bruts, pas une vision, une annonce, pas une métaphore recommande seulement la prière et l’éveil. – Oui.


[1] - Le 15/11/2015 11:42, Michel M... a écrit :
  Il est à craindre qu'il y aura d'autres attentats, aussi sanglants, peut-être plus. Alors, même ce président et ce gouvernement en viendront aux centres de rétentions pour tous les suspects de jihadisme en France, comme on a interné les Allemands vivant en France, dès le 2 septembre 1939. 
  Je crois vos remèdes erronés. Il faut au contraire que les Institutions continuent de fonctionner sans le moindre changement. Il s'agit de montrer que notre régime démocratique n'est pas atteint par ces fous dangereux. Le président réunit la représentation nationale pour dire le sens de son action et rappeler les principes de la République. C'est seulement une façon d'être présent. Le gouvernement fait le meilleur usage de l'Etat d'urgence sous le contrôle du Parlement. La vie continue, comme cela s'est passé au Royaume-Uni où le Parlement à siégé durant toute la guerre, où le Premier ministre était présent à question time, où la vie démocratique, imperturbablement, s'est poursuivie. 
  Virer Valls, le remplacer par un VGE un peu gaga ou par un chef d'état-major ! Faire l'union nationale avec le FN ! Pour moi c'est du n'importe quoi. 
   On ne va pas agiter le drapeau de la nation kurde au moment où l'on a plus besoin que jamais de la coopération turque pour la guerre contre Bachar et Daesh, pour fixer les refugiés syriens. C'est seulement au moment d'un réglement de paix qu'une telle révision des frontières sera envisageable après que les Kurdes auront prouvé avec éclat leur engagement pour la liberté et la laïcité.   

Le 27 novembre 2015 22:02, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Je ne vous lis - pour ce message - que maintenant. Valls, comme vous au moins dans ce message, se croit à Weimar en 1932 et pense l'union nationale contre le FN. Sondage lundi dernier 77% des Français "verraient d'un bon oeil" une union nationale même avec le FN. Lisez Politique internationale pour VGE : je suis en désaccord avec lui sur beaucoup de points, mais il n'est pas gâteux.
Les institutions ne fonctionnent plus depuis 1993, le président se maintient en 1997 et 2005, la recomposition régionale (carte et compétences) se fait sans consultation. Le président n'est pas contrôlé. On propose aux Français trois candidats que ceux-ci détestent.
La première défaite de l'Etat islamique est le fait des Kurdes coupant Raka de Mossoul. La Turquie ne coopèrera pas avec la Russie, et avec les Etats-Unis ce ne sera que sous condition.
Pour qu'il y ait un antisémitisme d'Etat et des crématoires en France - ce qu'en fait vous redoutez principalement - il faudrait que nous ayons un Hitler et une revanche à prendre. Nous sommes simplement un pays actuellement sans participation et ne croyant plus aucune personnalité politique.
Fraternellement.

Le 27/11/2015 23:24, Michel M... a écrit :
Je ne comprends comment vous pouvez imaginer que le président appelle Giscard à Matignon. Nul ne veut de lui dans la classe politique et dans l'opinion. Il n'incarne aucune autorité comme pouvaient le faire Pinay ou Mendès France, il n'inspire aucune sympathie. C'est un has been de la politique. Quant à nommer un militaire à la primature, même Clemenceau n'y pensait pas et encore moins de Gaulle (!) La guerre est une chose trop sérieuse pour la confier à des militaires.
Quant à la dérive des Institutions, pourquoi son début remonte-t-il à 1993 ? 
Je ne dresse la comparaison avec L'irrésistible ascension d'Arturo Ui en 1932 que pour dire que les Français se trompent s'ils ne voient dans le FN qu'une droite populiste. Derrière les blondes et Philippot se cachent les crânes rasés, mais surtout l'élection, même régionale des dames Le Pen va libérer la parole et les instincts racistes et xénophobes. Je vois la scène odieuse d'un boucher de village qui déteste les Arabes et qui, se sentant soutenu par la présidente de "sa" région, interdira, avec l'approbation des mémés à cabas, son échoppe aux Arabes du coin, qui réagiront en lui brisant sa devanture et alors les chasseurs pêcheurs et tradition monteront une ratonnade avinée contre ces salauds de bougnoules. Il y a aura du sang, des gendarmes, des télés, et madame Le Pen viendra conduire une manifestation de Français de souche contre les provocations islamistes etc etc. C'est ce genre de scénario qui déchireront la cohésion nationale et sociale que je veux éviter à notre pays. J'espère que les socialistes de retireront pour laisser Bertrand et Estrosi battre les dames Le Pen, sinon leur élection serait faire la courte-échelle à la tante pour 2017. Et là, il sera trop tard pour pleurer sur le lait renversé. 
   Je ne vais pas très bien, les douleurs neurologiques s'intensifient et se font plus fréquentes, entravant ma progression motrice. La sensibilité ne revient toujours pas. Je suis inquiet, je redoute de demeurer infirme et crains que mes quelques pas, aujourd'hui prometteurs, en cannes anglaises ne finissent par n'être qu'un cache-misère. 
Fidèlement, 


Le 28/11/2015 19:24, Bertrand Fessard de Foucault a écrit :
Votre troisième paragraphe est très bon, comme scenario possible, mais il entrainera de fortes réactions s'il se réalise. Il faut que la gauche réexiste, quoiqu'on puisse dire qu'elle n'a jamais existé, ou en tout cas duré en restant authentique. Il faut que quelque chose existe ailleurs si l'on veut rester dans une démocratie par alternance. Je préfère quant à moi une democratie par consensus, qui quand celui-ci défait, invente un autre consensus sur des thèmes ou des urgences plus à jour.
1993 fin de la gauche mitterrandienne et début d'un système où l'on n'attend plus que l'élection présidentielle : Balladur et Jospin n'ont fait qu'attendre leur élection présidentielle pour... Ensuite c'est 1997 et 2005 sans que JC démissionne : dissolution, referendum également de libre initiative et manqués. 2000 : désastreuse réduction du mandat présidentielle à cinq ans, 2002 : verrouillage en "inversant le calendrier" (ce que Barre et Rocard qui firent passer cela, croyaient intelligent, c'était nécessaire pour 2002-même, mais pas pour la suite. Depuis un système minimum de contrôle, des élections législatives en cours de mandat présidentiel, n'existe plus. Tout est figé pour cinq ans, sans cependant qu'un plan quinquennal ou quadriennal tire au moins parti de cette très grave ossification. Hollande est un Lebrun de la Cinquième République. Moeurs, le début du sans-gêne a commencé avec JC, ses deux successeurs ont ou font chacun dans leur genre.
Divergences ou pas, il y a nos affinités, mon bien cher Michel. Nous pouvons compter l'un sur l'autre. Je reviens ces temps-ci sur "ordalie".
Ennuyé et même inquiet pour votre convalescence et votre disponibilité physique à vous-même. J'en ai perdu la mémoire de l'origine de toute cette interminable séquence... suite lointaine de votre accident de scooter ? Etes-vous bien en mains, bien diagnostiqué ? Que pense Béatrix de tout cela ?
Affection et voeux fraternels.

[2] - évangile selon saint Luc 21, 29-33
   Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Voyez le figuier et tous les autres arbres. Regardez-les : dès qu’ils bourgeonnent, vous savez que l’été est tout proche.
    De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le royaume de Dieu est proche. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas sans que tout cela n’arrive.
    Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. »
Comprendre les bourgeons, signe d’espoir retrouvé mais surtout éveil de l’attention aux changements.
Dans nos histoires individuelles, des bourgeons pourraient avertir de la survenance prochaine d’événements inattendus. Dans le secret de nos cœurs, nous ignorons certains signes, nous ne parvenons pas à en déchiffrer d’autres qui pourtant devraient avertir d’une proximité particulière du Christ sur nos parcours.
Les barbaries de ces dernières semaines ont fait un tel bruit que nous devenons sourds, les grenades éclatées ont rendu aveugles, les rafales de kalachnikov faisant tomber des vies innocentes ont aussi effondré certaines de nos certitudes et fait surgir d’autres questionnements, les morts et les blessés allongés sur les trottoirs nous ont rendus muets.
Où est le signe dans tout cela ? signe d’une absence de signe ? signe de désespérance, de nuit et de brouillard ? signe de la peur qui s’installe, que certains cultivent pour que l’angoisse engendre la haine, signe d’un état de guerre attisant la soif de vengeance sanglante ? signe d’une démagogie électoraliste profitant de la douleur et des déchirements ? La place est prête pour toutes les théories phobiques, pour toute citation auto-prétendue autorisée et érudite interprétant tel verset ou sourate du Coran. Quel est le signe dans tout cela ? Peut-être ce que Vatican II appelait un signe des temps : ouverture de la conscience au dialogue avec le monde.
Loin d’appel à d’autre guerres de religions, loin d’un repli identitaire, notre qualité de baptisé invite à regarder autrement la déchristianisation de la société, à réfléchir à ce temps du samedi saint dans lesquels ces événements nous font entrer, samedi saint où la mise de Jésus au tombeau pourrait nous faire croire que Dieu est aussi entré définitivement au tombeau.
Sommes-nous prêts à vivre le vide du samedi saint ?
Le samedi qui suit le Bataclan.
Il faut passer par là pour arriver à la gloire et à la paix du matin de La Résurrection.
Quels signes du Christ parvenons nous à décrypter ?
De quel message de temps nouveaux ces signes nous rendent-ils porteurs ?
Sommes nous témoins de la proximité du Royaume de Dieu ?
Et si cette nuit obscure était signe d’un jour nouveau éclatant qui vient !

[3] - Daniel VII 15 à 27 ; cantique ibid. III 62 à 67; évangile selon saint Luc XXI 34 à 36

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