jeudi 15 août 2013

l'enfant a tressailli d'allégresse au-dedans de moi - textes du jour

Jeudi de l'Assomption - 15 Août 2013

Prier… [1] l’Assomption de la Vierge Marie, mère du Seigneur Jésus-Christ, conçu du Saint-Esprit, Dieu fait homme, à Qui elle donne chair, est à la fois – comme l’Ascension de Jésus – d’une logique parfaite : « que faire du corps » d’un tel personnage ; de Moïse, on n’a jamais retrouvé le tombeau selon le Deutéronome ; de Jésus, le tombeau a sans doute été identifié, mais il était vide dans les trois jours de l’ensevelissement ; alors, en « imaghine »r un pour la Vierge. Logique humaine mais impeccable. Pourtant, ce parement par nous et selon nos esprits laksse entier le mystère qui est précisément celui de l’Incarnation et de la double nature divine et humaine d’une des trois personnes de la Trinité. Si celleci s’approche – assez bien, selon ce qui me vient de semaine en semaine plus clairement – Dieu étant amour, il « faut » plusieurs personnes, l’idéal en logique étant bien trois, dont l’une procédède des deux autres et signie leur relaiton, et l’amour ne se divise pas, n’est pas diviseur, c’est au contraire le « faiseur » par excellence, de l’unité. L’Ecriture chrétienne le dit en deux passages, redonnés ce matin : l’Apocalypse qui n’est pas une bande dessinée pour monsterhighs, mais qui est tout entière habitée et vécue par l’Eglise, la Vierge-Femme-Cité sainte et par le Christ-agneau. Ce qui ne dissipe bien des obscurités pour moi : un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations… Jésus, le Fils de Dieu, soit ! les menant avec un sceptre de fer … c’est moins compréhensible pour Celui qui est doux et humble de cœur. … Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ. La royauté, peu prisée a priori par Yahvé dans l’Ancien Testament, qui cherche – par la voix de Samuel – à dissuader Israël de choisir ce régime politique, apparaît dans le Nouveau Testament : alors tu es roi ? et surtout le « concept » de Royaume des cieux, que je ne crois pas énoncé dans l’Ancien. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône. L’envers de l’Incarnation… et difficulté supplémentaire : la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Ambivalence d’ailleurs de la dévotion mariale, surtout – m’a-t-il souvent semblé – chez les célibataires hommes consacrés, diocésains ou religieux. Femme ou Mère, cette Vierge, parangon en sus de la pureté, pureté sexuelle autant que du cœur, est-il insisté de siècle en siècle par l’Eglise. Je reprends ce propos en semi-boutade du pape François dans l’avion de son retour de Rio, car ce thème est voisin de la question de l’ordination des femmes. Il y a tout un effort et une recherche en théologie qui est à faire. Deux autres thèmes, jouxtant la psychologie, me paraissent aussi à approfondir : celui de père et celui de frères. Car aujourd’hui, s’aime-t-on tellement en fratrie que cela puisse être un modèle spirituel, et le Père dans l’Ecriture judéo-chrétienne est souvent d’une tendresse maternelle. Réfléchir n’est pas prier. Mais relire et chanter intérieurement le Magnificat, sans doute, l’ambiance et les paradoxes des Béatitudes : il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.  Mais c’est surtout le chant d’amour de la créature envers son Créateur, reconnaissance pour sa prédilection : il s’est penché sur son humble servante… il se souvient de son amour et c’est l’exaltation du salut, de se savoir et de se vivre et de se recevoir sauvé, selon toute espérance, et ce qui fait tenir une espérance, c’est la confiance en une promesse tenant elle-même à une Personne. Elisabeth a salué sa cousine, au même titre que l’Ecriture et Paul en particulier font l’éloge d’Abraham : la foi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. Sauvés, tous, de quoi ? de la mort. Vrai sujet. Je l’ai médité hier grâce à notre vieille dame, la terre glaise et sèche qui tombe en graines, l’annonce qu’il faudra faire à notre fille de cet événement qu’est la mort, la paix aussi d’un narthex avec bancs à l’ombre, sans sculptures que le feston grimpant au clocher d’une petite chapelle médiévale, comme monolithe d’un granit multiséculaire, intact, à l’échelle humaine. C’est en Adam que meurent tous les hommes, c’est dans le Christ que tous revivront… et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a mis tout sous ses pieds. La mort vaincue, c’est la vie éternelle et nous en vivons déjà, puisque nous sommes vivants. Son amour s’étend d’âge en âge. L’histoire et l’éternité, la précarité et la force de son bras, font notre humanité, notre vocation divine. Amen. Et aujourd’hui, Marie plus qu’un autre jour de nos humbles liturgies et calendriers (nos aide-mémoires et la consécration d’un peu de nos temps et énergies), tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. Le français qui tutoie Dieu depuis Vatican II ne tutoie pas encore la Vierge Marie.
 
                           L’évocation de Tarcisius dont mon enfance avait été tellement émue, coincide très heureusement avec cette solennité de la Vierge : l’Eucharistie est une des formes de l’Incarnation. Chrétiens, et même prêtres, nous le vivons de moins en moins. Les actions de grâces prolongées et vraies, à la suite des messes, encore dans mon enfance. J’essaie de revenir, quand je suis seul à cette pratique d’une dizaine de minutes, et essaierai d’y introduire notre fille quand nous serons ensemble. Cette conclusion dialoguée qui fait tellement écho à l’Introit. J’avancerai vers l’autel du Seigneur, la joie de ma jeunesse. 


[1] - Apocalypse de Jean XI 19 à XII 1 à 10 passim ; psaume XLV : 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XV 20 à 27 ; évangile selon saint Luc I 39 à 56

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