dimanche 30 décembre 2012

ne le trouvant pas, ils revinrent... en continuant à le chercher - textes du jour

Dimanche 30 Décembre 2012

La paix par la famille, mon équilibre et ma sérénité retrouvés après cet incident de santé, et peut-être par cela-même, ne s’établissent vraiment que par ce qu’il m’a été donné de fonder à trois, ma chère femme et notre fille. Les urgences ne sont pas dans les échéances que je me donne ou dans ce que je déplore à voir et à comprendre notre époque, à vivre nos astreintes propres, à regretter que si peu de ceux qui nous pensent et nous dirigent soient ce qu’ils devraient être… tourment et regret quotidiens…, mais dans notre vive ensemble, notre être ensemble, et le souci, la sollicitude, l’admiration que j’éprouve pour celles qui me sont confiées, et je sais qu’elles me savent chacune confié à elles et que leur relaiton mère-fille a aussi son secret de personnalité et d’amour. Et rien que d’aller au cinéma hier après-midi, de regarder de profil les extases et bonheurs de Marguerite et de son amie de cœur, rien que de faire la queue enfants et parents : Clochette et le secret de la vallée aux fées, et à nouveau tout à l’heure Ernest et Célestine, et mercredi Jean de la lune, du cher Tom UNGERER, qu’elles ont déjà vu mais que j’irai revoir, me convainc que le salut d’un monde, aujourd’hui sans repères et si mal dirigé, au moins pour nous les Européens, et sans doute les Africains et les Arabes nous qui sommes si solidaires de fait (et de cœur), tient à la poésie, à notre capacité de nous émerveiller. Décalés ainsi ou recentrés, nous sommes aptes à tout. Ce n’est pas du cinéma…
La Sainte-Famille, selon la liturgie d’aujourd’hui, est très exceptionnelle par rapport aux nôtres. L’enfant est Dieu, Fils de Dieu. Le père, de sang royal, n’est qu’adoptif. L’union n’a pas été consommée entre époux, si elle doit jamais l’être. La mère, sans doute très jeune, est à la fois hautement spirituelle et disponible à tout événement, mais ne saisit pourtant pas le sens de la première épreuve qui leur est infligée par cet enfant. Ce dernier est celui par qui tout arrive : une conception hors norme, une naissance dans des circonstances très dépaysantes en lieu et temps, en visiteurs inattendus, le déclenchement d’un malheur national puisque ses contemporains sont massacrés tout alentour, la fugue… il n’y a que la conclusion qui soit conforme : Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. … Il grandissait en sagesse, en taille et en grâce sous le regard de Dieu et des hommes.  [1]
Prier…   la Sainte Famille donc, en exemple malgré son exceptionnalité. Docilité à la coûtume et intégration sociale : comme chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem… leurs compagnons de route… leurs parents et connaissances. Maturité relative de l’enfant Jésus, quand il eut douze ans. Il est indépendant de tempérament et avec l’aval de ses parents : il était avec leurs compagnons de route. Les autres enfants, il y en a sûrement, ne sont pas mentionnés. L’événement, l’inquiétude… d’une certaine manière, Jésus est le saint « patron » des enfants fugueurs, et il a sa raison propre comme tout enfant échappant au savoir et au contrôle parentaux : comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. Evidemment incompréhensible, puisque : Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! C’est Marie qui a pourtant été instruite par l’ange Gabriel, et par le vieux Syméon, qui parle et qui comprend encore moins que Joseph, muet. Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Recherche de trois jours… la mise au tombeau, pas tant du Seigneur, que de ceux qui sont témoins de sa disparition humaine et à nos sens. Recherche dans la colonne qui marche qu’ils dépassent, qu’ils remontent jusqu’à épuisement, dans toute la ville, c’est au Temple qu’ils pensent finalement : il y est entré avec eux et il y est tout simplement resté, affinités humaines, occasion divine… ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. Jésus et les protagonistes de tout son enseignement. La foule est en tiers. Il fait les questions – qui sans doute surprennent et stupéfient – et aussi les réponses, puisque probablement les professionnels sont collés. Probablement aussi la dialectique est déjà celle du « ministère public » : l’identité de cet enfant, le dessein de Dieu, la mission, la relation du présent et du futur désormais proche à vue humaine avec l’Ecriture… Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Notre première intelligence est notre mémoire, mais une mémoire révérentielle, paisible, attentive et qui y gagne ses repères, nous les donne, le lien se fait, la joie mentale pousse à la prière et elle en est un des « fruits ». Le sens in fine. Nous reconnaissons qu’Il demeure en nous puisqu’Il nous a donné son Esprit. La mère de Samuel, dont le chant a inspiré ou prédit celui de Marie… a eu humainement plus de présence au dessein divin que la mère de Jésus !… elle ne fait pas le pèlerinage mais elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours ». Au contraire, Jésus se présente de Lui-même au Temple, et se consacre de Lui-même jusqu’à la croix. Et c’est alors que tout s’explique, devant l’autel, au sanctuaire, au Golgotha : je suis cette femme qui se tenait ici près de toi en priant le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. A mon tour, je le donne au Seigneur…  Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qu’il lui plaît. Le développement de saint Jean pour ses disciples et paroissiens fonde toute famille : voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ et nous aimer les les autres… Champ d’application de notre liberté, retour à notre nature par destination : foi et amour, les deux expressions pratiques de la confiance. L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison et l’hirondelle, un nid… Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière… regarde le visage de ton messie. Ainsi soit-il !


[1] - 1er livre de Samuel I 20 à 28 passim ; psaume LXXXIV ; 1ère lettre de Jean III 1 à 24 ; évangile selon  saint Luc II 41 à 52

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