samedi 22 décembre 2012

il retire le pauvre de la cendre pour qu'il siège parmi les princes - textes du jour

Samedi 22 Décembre 2012

Prier… tout réduire et simplifier à l’instant de monter à l’autel intérieur, n’avoir plus rien à dire, ne porter que ce qui n’est pas ôté, venir me présenter selon l’Ecriture : Viens ! … Voici, je viens. La lecture ensemble des annonciations diverses à Marie, à Joseph, à Zacharie, puis les dialogues de la Visitation : Elisabeth et Marie, me rappellent la structure du livre de Job, véritable entretien psychothérapeutique où le patient doit être suscité et validé par le praticien, en l’occurrence les divers censeurs de Job, et pendant lequel celui-ci, à la recherche du sens et d’une récupération de lui-même à peine de mort au moins psychique, ne doit jamais et ne peut jamais se ressentir coupable. Job ne pourrait rien dire qu’un monologue tournant court s’il n’était appelé, contredit, suscité. Il en vient alors  au plus bel acte d’amour et de foi, et aussi à un magnifique retour à sa situation propre. Accessoirement, le caractère diabolique de la dépression et de toute tentation mortifère est marqué dans le début du livre. L’exceptionnelle et si diversifiée « mise en scène » de la conception du Christ et de l’ère historique nouvelle qui s’ouvre dans le cheminement spirituel de l’humanité limitée et déchue est de même type, mais au lieu qu’il s’agisse d’un sujet à bas de lui-même et d’une innocence difficile à démontrer, il s’agit là des différentes postures du croyant devant l’ineffable : le mode de son salut propre et sa participation active au salut universel. Aucun des acteurs et actrices n’est passif, chacun est nécessaire au plan de Dieu. Le Magnificat [1] est impossible sans la salutation de l’ange Gabriel et sans l’expression de bonheur et de foi d’Elisabeth recevant sa jeune et sans doute jolie cousine. Marie est suscitée et reconnue autant par les hommes (ici représentée par sa famille de sang en Elisabeth) que par Dieu. Elle répond ce que tous auraient pu répondre, ce que nous tous nous devons répondre. Son chant rappelle celui d’Anne, mais présente deux différences. Marie se met en scène dans l’ensemble de l’histoire, parfaitement consciente du rôle décisif qui lui a été donné. Marie lit l’ensemble des Ecritures et de l’histoire antérieure à celle qui commence à présent, à la promesse divine faite à nos pères dans la foi. Anne voyait sa demande (la naissance si attendue mais si improbable de Samuel) exaucée, Marie qui n’avait rien demandé voit dans ce dont elle est gratifiée (et par elle l’humanité entière) l’accomplissement d’une promesse, l’identité amoureuse du Dieu très fidèle.
Marie :
 Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s'est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s'étend d'âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d'Abraham et de sa race à jamais.
Anne :
Mon cœur exulte à cause du Seigneur :
mon front s’est relevé grâce à mon Dieu !
Face à mes ennemis, s’ouvre ma bouche :
oui, je me réjouis de ta victoire !
L’arc des forts sera brisé,
mais le faible se revêt de vigueur.
Les plus comblés s’embauchent pour du pain,
et les affamés se reposent.
Le Seigneur fait mourir et vivre ;
il fait descendre à l’abîme et en ramène.
Le Seigneur rend pauvre et riche ;
il abaisse et il élève.
De la poussière, il relève le faible,
il retire le pauvre de la cendre
pour qu’il siège parmi les princes
et reçoive un trône de gloire.
Seigneur, ouvre mon cœur, rends-le sensible à la prière que Tu me donnes. Rends-moi présent à Ta présence, fais-moi reconnaissant pour la vie et la mort par laquelle Tu nous appelles, ayant tant voulu notre naissance, ma naissance, tout mon être, chacun de nos êtres et chemin vers Toi, tous ensemble, chacun vrai de Ta vérité, selon Toi. Ainsi soit-il. Et alors la simplicité de la suite. A-t-elle assisté Elisabeth pour la naissance de Jean Baptiste, six mois à l‘annonce de Gabriel, trois mois de séjour… Marie s’en retourna chez elle. Luc ne mentionne ni ses propres parents ni Joseph, le lieu va donc de soi. La jeune fille est devenue une femme adulte. La grossesse est bien commencée. Jésus-embryon ne pouvait tressaillir à la rencontre de son cousin. Le voici habitant pleinement sa mère et partageant sa respiration et son sang. Le fait spirituel est tout naturel. – Ensuite viendront les grandes actions de grâce de Zacharie et de Siméon. La vie et ses Te Deum, les grands parcours humains que parfois nous savons synthétiser pour en admirer la providence mais d’exemplarité, finalement, que celle de Dieu reconnue dans nos destins, marqués tous par la fidélité.


[1] - 1er livre de Samuel I 24 à II 1 ; cantique d’Anne in 1er Samuel II ; évangile selon saint Luc I 46 à 56

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