mardi 19 octobre 2021

réaction à ma circulaire de ce jour - celle d'un ami d'enfance

 

Bonjour Bertrand,
J'ai lu ton courrier à nos évêques.
Ce qui me surprend, c'est que tu commences par "Eminences, Nos Seigneurs, mes chers Pères", semblant ainsi ignorer l'invraisemblable de telles nominations...
Quand finirons-nous cette désignation par des titres, dont la symbolique conduit aux errements que précisément le Rapport de la CIASE rend enfin publics.
Il est sympathique de ta part de féliciter l'épiscopat de la demande qu'ils ont faite pour qu'il y ait une commission. Mais les choses sont tout autres... ! Ils n'ont pas pu faire autrement, car des laïcs les ont sommés de le faire. L'épiscopat a résisté autant qu'il a pu..., et Dieu sait que l'épiscopat s'y connait en matière d'immobilisme...
Tu soulignes des tas de choses, mais tu oublies les transformations radicales qui devraient s'opérer en matière proprement théologique (qu'est-ce que le prêtre, la question de la sacralité, du pouvoir)...
Je crains fort que l'épiscopat n'en reste aux notions de "péché", de "repentance", de "prière" : tout à fait nécessaire de réfléchir sur ces points et de mettre en pratique.
Mais notre théologie s'attache à des concepts d'un autre âge. 
Tu sais sans doute que, jusqu'en novembre 2016 (date à laquelle le pape François a assoupli considérablement cette règle), une femme ayant avortée était excommuniée, et qu'un prêtre ne pouvait pas lui donner l'absolution sans permission explicite, mais qu'un prêtre agressant sexuellement un enfant ou n'importe qui d'autres reçoit sans problème l'absolution... Cherchez l'erreur...
Aujourd'hui la cohabitation juvénile est considérée de même gravité que la pédocriminalité. 
Un changement copernicien est nécessaire.
J'espère que beaucoup de laïcs se lèveront pur l'exiger.
Et de grâce n'appelons plus les prêtres par le nom de "père" : cela induit bien des routes perverses !
Il y a pire (si je puis m'exprimer ainsi) que les crimes sexuels des prêtres : il y a le silence de toute une Eglise, une Eglise qui savait, qui savait très  bien. Un silence pour que les apparences soient sauves, pour que l'institution Eglise ne soit pas montrée du doigt... Silence qui allait de pair avec l'accusation des victimes qui osaient parler : les victimes avaient tort bien sûr... Quelle cruauté ! Quelle ignorance de l'Evangile ! Quelle trahison du Christ !
Le pire est à venir, car une bête blessée devient plus féroce encore.
Bien à toi.

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