samedi 5 juin 2021

faites le bien, le mal ne vous atteindra pas - textes du jour

Samedi 5 Juin 2021

08 heures 58 + La verdure, les arbres, feuilles, troncs dans la lumière humide du matin, si différents de leur intensité hier soir. Les routes sans personne. De nouvelles confidences de notre trésor de fille : depuis Septembre, le café à son petit-déjeuner. L’autre matin, elle n’aime toujours pas le vin, mais a goûté et apprécié du whisky et de la vodka. Route du retour de Saint-François-Xavier à Vannes, la pensée, le visage de mon beau-père me visite. Ave Maria… nunc et in hora mortis nostrae. A mon retour, Edith partant se faire promener par nos chiens, évoque le cortège de l’exode à Strasbourg vers la gare, tout le monde en pleurs, mais sa mère, alors pas trois ans, marche en chantant : l’équivalent alsacien, enfin, on y va, on y va…1940 ! Et quatre ans après, la libération, les troupes américaines, souvent noires : les enfants touchaient les bras des soldats pour voir si « cela » s’enlevait…

Lectio divina 1. Dénouement du « roman » de Tobie dont peut-être s’est inspiré WAGNER. Ich bin Lohengrin. Enseignement de l’archange : annoncez à tous les hommes les actions de Dieu comme elles le méritent, et n’hésitez pas à le célébrer. S’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent. Faites le bien, et le mal ne vous atteindra pas. … Enseignement et dévotion sur nos Anges gardiens : quand tu priais en même temps que Sarra, c’était moi qui présentais votre prière devant gloire de Dieu… et je faisais de même quand tu enterrais les morts… j’ai été envoyé vers toi pour te mettre à l’épreuve, mais Dieu m’a aussi envoyé pour te guérir, ainsi que ta belle-fille. Conclusion qui sonne, retentit comme celle des évangiles. Jeunesse extrême de l’Ancien Testament. Moi, je suis Raphaël, l’un des sept anges qui se tiennent ou se présentent devant la gloire du Seigneur. Et maintenant, bénissez le Seigneur sur la terre ! Célébrez Dieu ! Voici que je remonte auprès de celui qui m’a envoyé. Mettez par écrit tout ce qui vous est arrivé.

Aux « nouvelles » d’hier soir, quelques images sur le règne déjà acquis des talibans dans les deux tiers de l’Afghanistan. Les dernières troupes américaines quittent le pays en Juillet. Les visages des fillettes. Enseignement religieux, quatre heures par jour : il faudrait en savoir le contenu, comme d’ailleurs pour celui dispensé chez nous. Les filles privées d’enseignement secondaire ? Accès à l’université, mais nécessité d’ingénieurs, de médecins ? Comparution d’un vieux père de famille ayant trop dépensé pour le mariage de son fils : sous un arbre chétif, autour d’un tapis au sol, un tribunal lui demande son estimation de la peine qu’il mérite. Sans hésitation, il répond : la mort. Les conditionnements comme dans tout système totalitaire. Horreur. Drame de l’Islam contemporain : il semble que n’existe pas une autorité universellement reconnue par les fidèles et par toutes institutions musulmanes, pour condamner terrorisme, radicalisme, et autres aberrations conduisant au plus tragique et au revers absolu de la religion : religion = lien à Dieu. Juger le passé, même récent et quand on n’y a pas participé : génocide commis par la France en Algérie, selon le candidat de 2017, ou « accablante responsabilité » de la France au Rwanda, telle qu’elle vienne d’être proclamée sur place, donc en faveur de l’ethnie gagnante de 1994 et au profit de celui qui accapare depuis le pouvoir, n’est pas courageux ou iconoclaste, c’est être hors sujet ou démagogue. Les questions sont celles d’aujourd’hui, celles pour lesquelles nous avons prise, réponse, et responsabilité.

Le cardinal-archevêque de Munich présente sa démission au pape : des actes de pédophilie dans son diocèse, l’institution responsable. Il considère que la culpabilité de l’institution doit être reconnue par elle-même. Ce qui n’est pas du tout le comportement de l’évêque de Cologne. Nous avons vécu cela à Lyon, et le drame du cardinal BARBARIN, puni (sans mention de ses prédécesseurs et sans évocation de l’institution : seulement sa personne) alors que l’abbé PREYNAT ne le sera guère du fait de son âge et de sa santé. J’aurais souhaité que celui-ci demande pardon, non aux victimes : elles ont leur vengeance, même si ce qu’elles ont subi est irréversible, ineffaçable, avec une conscience si décalée dans le temps (là est l’horreur, la maladie ou la bombe à retardement dans une âme forcée à la solitude, et un tout autre âge de sa vie)Les victimes n'y trouvent pas de guérison, mais l'institution non plus, l'Eglise, notre société... Toujours aucun examen de fond sur le ressort intime de la pulsion pédophile et du passage à l’acte et de la perpétuation de l’habitude contractée : dans le cas de prêtres, en principe et par formation, très constitué, « armé » pour discerner et se dompter eux-mêmes, la psychologie du pédophile est exemplaire. Mais on étudie les victimes, pas les prédateurs. L’exhortation de saint Boniface, modèle (675 + 754, assassiné) pour les évêques allemands, citée par le bréviaire aujourd’hui tombe juste : Ne soyons pas des chiens muets, ne soyons pas des guetteurs silencieux, ne soyons pas des mercenaires qui fuient devant le loup, mais des pasteurs attentifs, veillant sur le troupeau du Christ, prêchant aux grands et aux petits, aux pauvres et aux riches, le dessein de Dieu, aux hommes de toute condition et de tout âge, autant que Dieu nous en donnera le pouvoir.

Nature de notre pays, constitution spirituelle, psychologique de la France : notre patrimoine est constitué aussi par les langues régionales. La « loi MOLAC, », la décision du Conseil constitutionnel (21 Mai dernier) censurant des dispositions-clés et qui empêcherait « l’enseignement immersif ». Ma chère femme n’a appris le français qu’à l’école et à partir de ses cinq ans. Si rien n’est repris, nous faisons une erreur énorme, Basques Bretons, Catalans, Alsaciens viennent de manifester et vont continuer. La France n’est pas un ensemble de territoires, mais de collectivités, d’hommes, de femmes, d’enfants, elle est faite d'histoire, de géographie, d'immigrations, d'émigrations : elle est une volonté et un esprit. L'amputer d'une de ses langues d'origine est aussi sérieux qu'un abandon de sol ou de droits. Il est interdit d'en jouer, nos rois le savaient, le faisaient vivre. Le pouvoir d'aujourd'hui, celui que les adultes vivants délèguent à des mandataires élus, doit rester précaire et devenir révocable, pour - précisément - traiter avec respect, mémoire, sens de l'avenir nos grands acquis et nos chances. La démocratie n’est pas l’élection, mais la participation aux décisions : aucun de nos thèmes actuels, si "technique" soit-il, ne peut-être accaparé. Songerie à voix haute du Président en campagne : des décisions graves peut-être à prendre. Ce ne sont pas les siennes, mais les nôtres.

Nos problèmes actuels celui-là ou la réforme de la « haute » fonction publique par la suppression de l’E.N.A. telles qu’à lui tout seul et in petto les décident notre prince régnant, sont si peu nouveaux que Le Monde m’a publié là-dessus en 1973, quatre ans avant la naissance de l’élu de 2017 et de l’éventuel candidat pour 2022. La plupart de nos malheurs publics, la tournure autoritaire et le recel de la position (pas de la fonction, aujourd’hui publiée dans sa lettre et dans les jurisprudences qui la fortifièrent) ont leur origine en 1969. Et d’abord notre oubli collectif de la responsabilité présidentielle que sanctionne un vote négatif au referendum convoqué selon celle-ci. Il y a cinquante ans, j’ai simplement écrit les Français ont droit à la différence (Le Monde . 27 Août 1975)puis demandé : crise de l’E.N.A ou crise de l’État ? (Le Monde . 8 Mai 1973). Et si peu après, le quinquennat contre la Constitution (Le Monde . 26 Septembre 1973). Et nous y sommes toujours, encore : parce que nous n’avons pas quitté ces erreurs fondamentales d’orientation, déclarées par ceux qui nous y menèrent, tout à fait anodines. Parce que nous ne comprenons pas notre histoire contemporaine : mémoire et anticipation à pas plus d’un an. Tenterai-je la compilation de ces « papiers » - 1972-1982 – d’abord postés, puis pour paraître plus vite : déposés au journal, par le métro parisien (5 rue des Italiens, la grande horloge dorée, siège actuel du parquet national financier), puis quelques mois après le premier accueil, autorisé à dicter par téléphone au service sténo. Pour que ce soit sur la table de « JF » avant « la » conférence de rédaction : autour de sept heures chaque matin, pour boucler à treize heures… Introduire très brièvement chaque article pour dire son contexte d’alors et surtout montrer sa postérité possible, sa ré-application. Ce qui me fera raisonner beaucoup de nos choses et personnes d’aujourd’hui.

Portée des dialogues de rue du Président dans le Lot. Naguère, c’était « casse-toi, pauvre c... », maintenant, c’est « vous êtes gonflé »… le commentaire du livre de Job, par Grégoire le Grand (né vers 540, élu pape en 590 + 604 :  Ainsi parle un de ses amis. L'enseignement des hommes arrogants a ceci de caractéristique qu'ils ne savent pas présenter avec humilité ce qu'ils enseignent, et qu'ils sont incapables de transmettre de façon véridique les vérités qu'ils possèdent. Ils montrent par leurs paroles, lorsqu'ils enseignent, qu'ils se considèrent comme installés sur un sommet, qu'ils regardent leurs auditeurs comme situés très en dessous d'eux. S'ils daignent leur adresser la parole, ce n'est pas pour les aider, mais seulement pour les dominer.

J’en oubliais de passer du livre de Tobie à l’évangile du jour, celui de Marc, le Christ caricaturant l’autorité religieuse de son époque et faisant considérer la réalité : une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie… Cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.

17 heures 16 + Siesté devant le marais rentrant entre Conleau et le continent, puis fatigué et complètement « out » en retrouvant notre trésor au pas de tir derrière le lycée Lesage : Ludovic et son fils, Thomas déjà rencontré, et une nouvelle Maïwenn. Rentré chez nous au jugé, mais constant bonheur d’être avec notre fille : voiture, sa chambre, n’importe où et n’importe comment ? Bonheur aussi devant la télévision eu milieu de cet après-midi : ma femme déjà entrée dans cette émission sur la 5 : chasseurs d’appart. Hier, c’étaient des aménagement ou des rénovations, des idées, des possibilités. Il m’est venu que nous pourrions, de nos deux longères, faire tout autre chose, et – ici où j’écris – ce fut autre chose il y a vingt ans, sans encombrement. Me .voici seul, tranquille, assuré de l’amour de mes aimées. Le silence du dehors, nos chiens, pas de vent. La prière, ma respiration.Champ d’apostolat, tout, tous, à commencer par moi. La preuve : l’attention intense à ma femme et de son point de vue. Tobie et Sarra : l’ange les prit tous deux à part et leur dit : « Bénissez Dieu et célébrez-le devant tous les vivants pour le bien qu’il vous a fait. Tous les vivants, Marc conclut ainsi son évangile. Pas seulement les humains. Tout, tous. Dans notre pensée, à notre vue, de mémoire… regardez ce qu’il a fait pour vous.

1- Tobie XII 1 à 20 passim ; cantique Tobie XIII 4 à 8 ; évangile selon saint Marc XII 38 à 44

 

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