mardi 24 novembre 2020

Car Il vient - textes pour aujourd'hui

 

mardi 24 Novembre 2020


                         10 heures 47 + Eveil autour de cinq heures ; mal dormi, ventre gonflé, mal aux dents mais supportable. Jour indécis, reliefs gris dans le ciel immobile. Mon aimée dort encore. Lutte à mener quotidiennement contre la paresse, la fatigue, la dispersion, et que j’abandonne sans le vouloir, comme hier : je n’ai pas même tenu ce journal ni vraiment lu les textes du jour, pourtant apaisés après l’horreur et la contrainte de ces prophéties du jugement dernier et des mises à part. – Aujourd’hui, la faucille aiguisée et ce qui semblait un Fils d’homme (indétermination déjà dans l’apocalypse de Daniel). Moisson et vendange, mais d’une façon terrible et indiscriminée, inhumaine : celui qui siégeait sur la nuée jeta la faucille sur la terre et la terre fut moissonnée… l’ange alors, jeta la faucille sur la terre, il vendangea la vigne de la vigne et jeta la vendange dans la cuve immense de la fureur de Dieu1Moisson et vendange, le pain et le vin, corps et sang du Christ. L’affichage est clair, toujours les temps derniers : le Seigneur vient pour juger la terre, mais ce ne sont plus l’horreur ni le châtiment. Joie au ciel ! Exulte la terre Les masses de la mer mugissent, la campagne tout entière est en fête. Les arbres dansent de joie devant la face du Seigneur, car il vient… Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. Regard et jugement de Jésus, selon les textes d’hier, la petite vieille et ses deux piécettes, sa foi. Aujourd’hui, plus personne que la prophétie de la destruction du Temple : l’ultime. Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. Loin de s’affoler, les disciples ne posent que la question de date, et le Christ répond par la prophétie de ce qui précédera cette date : des phénomènes effrayants surviendront et de grands signes venus du ciel.

                        L’actualité : les libertés publiques, test quotidien de la démocratie. L’autre, ressenti par DG dès la guerre, est la participation de tous à la décision sur ce qui les concerne Le vœu des Chinois clairement exprimé quand ils peuvent encore respirer, et l’absence de jugement et de structures intimes de qui nous préside, et nous a lancés depuis quelques semaines dans les plus hasardeuses manipulations et créations de textes, c’est bien la démocratie contestée à Hong Kong et en question dans ce qui se débat au Parlement : les libertés publiques et de toutes expressions, celles-là même contestées par l’ennemi aisément désigné, « l’islamisme radical ». La Chine, version Hong Kong, a ses héros : un prix Nobel de la paix mort quasiment en captivité et un militant Joshua WONG qui a commencé sa critique et l’expression de ses vœux, aussi jeune que Greta THUNBERG (que tente de caracicaturer inopportunément Marc LAMBRON dans son dernier livre). Les projets de loi en cours d’adoption sur le « séparatisme » et sur la « sécurité globale », les manifestations dans la « rue » : 10.000 à Paris, guère commentées. De même que dès son entrée en fonctions, EM s’est attaqué à notre système de conventions collectives en lui substituant le referendum d’entreprise, forcément à la discrétion d’un patronat garantissant (pour un temps) l’emploi contre l’acceptation d’une diminution des salaires et l’engagement de ne plus tenter de grèves, de même DARMANIN, en son nom, attaque la loi de 1881 sur la liberté d’expression. Nos partenaires européens ne s’y trompent et s’inquiètent. Bien entendu, ces législations d’exception n’empêcheront pas un terrorisme de moins en moins organisé et donc saisissable. En réalité, c’est notre système politique pratiquement verrouillé chaque cinq ans. Le retour à la démocratie et la fin d’une omnipotence présidentielle passe par le rétablissement du septennat, la non-coïncidence des mandats du Président de la République et de l’Assemblée nationale, ainsi que par une novation : l’inscription dans la Constitution des matières qui ne pourront plus être légiférées que par referendum. Ainsi, les libertés publiques.

                      En s’adressant à nous ce soir, comme annoncé depuis trop longtemps, le Président sort de son rôle et n’exerce pas le sien : il en a rarement eu conscience depuis son entrée à l’Elysée. S’il ne s’agit que de confinement et de sortir de l’étreinte de la Covid, pourtant si commode en économie d’entreprise (les licenciements chez Renault puis chez Danone, chez nous pour leur plus grande part) et en maintien de l’ordre dans les rues, le ministre des Solidarités et de la Santé aurait du être tout désigné, quitte à inaugurer un jeu de scène (que j’ai recommandé déjà à plusieurs de nos mentors quinquennaux) : le ministre compétent parle, mais en fond de scène le président de la République et le Premier ministre qui peuvent ajouter un mot. S’il s’agit à l’improviste de défendre les projets de loi dont l’étranger démocrate s’inquiète plus que nous, alors le chef de l’État contrevient à la démocratie parlementaire : le débat n’est pas clos, la première lecture au Palais-Bourbon doit être soumise au Sénat. La force… les sans-abris place de la République hier soir, et le cas, si peu humain, qui a été fait d’eux.

                       20 heures à 20 heures 25 (comme indiqué, maladroitement, dès l’ouverture) + Allocution d’Emmanuel MACRON. Maintien de la préférence pour u contre-plaqué blanc-ivoire, les seuls couleurs sont à gauche de l’écran les drapeaux français et européen. Texte lu qui donne du vague au regard, pas du tout adressé aux spectateurs, ce qui supposerait les yeux fixé sur le rond de la camera. Pas de gestes ou presque, seulement des mains, symétriques, et au ras de la table. L’espace n’est pas occupé, il n’est pas chaleureux. Les anciennes façons : avec un fond des bibliothèques ou des bureaux à l’Elysée, étaient chaleureuses. Référence aux discours précédents, rituel fréquemment repris des remerciements. Trois étapes, très caractérisés : le texte présidentiel passe en bas de l’écran et à droite sont schématisés en dispositif, dates, horaires, thèmes les dires présidentiels. Ce qui en ressort c’est qu’EM veut être absolument associé à la vie et à la gestion de cette crise sans précédent de mémoire humaine en France. Insistance sur l’efficacité du collectif, de « l’esprit de responsabilité », mais à peine une évocation de ce que la pandémie entame ou apporte au pays : la conscience de sa solidarité certes, mais sur la relation humaine ? Chiffres pour les compensations de pertes de chiffre d’affaires à raison des fermetures décrétées par le gouvernement : cela ne convaincra pas, un simple schéma de la consommation et de l’affectation déjà des crédits ouverts par ce plan de 100 milliards, serait plus parlant. C’est la manière déjà inaugurée du « traitement » de la « crise des gilets jaunes », le chiffre des aides… Les sports d’hiver sont perdants, les fêtes de fin d’année à la portion congrue, les Français sont traités en demandeurs, un peu puérils, même si « l’esprit de responsabilité » est autant salué que requis. Cette manière peut-elle continuer ? Discours d’un commissaire de police sur les permis de circuler, sur l’ouverture des commerces, pas celui d’un chef d’Etat

                        Juste avant, selon Quotidien, les événements d’hier soir de la place de la République à la rue Beaubourg. La préfecture de police et la mairie de Paris se « renvoient l’ascenseur » pour l’hébergement des immigrants. Le cas était d’école hier comme il a du l’être le 1er Septembre devant l’Hôtel-de-Ville. Cinq cent tentes montées autour de la statue emblématique, des polices de banlieues, avec consigne de ne pas frapper, mais c’est l’évacuation et l’endommagement des tentes, dont le prix chez Décathlon est crié (30 euros). Ceux qui sont venus aider, soutenir, protester sont jeunes : c’est le scandale qui est dénoncé, car rien n’est prévu pour la suite de la nuit. L’un des commissaires divisionnaires commandant les forces ainsi appelées n’en a aucune idée et semble même, de physionomie, du côté de ceux qu’il a faire évacuer.

                       Etats-Unis : TRUMP consent à ce qu’organise la transition d’une administration à l’autre. Joe BIDEN continue de se caractériser : dès le premier soir de certitudes, ce furent deux indications. L’ambassade américaine en Israël restera à Jérusalem, les Etats-Unis vont réintégrer l’accord de Paris sur le climat, mais ce soir est nommé en charge de l’énergie, un avocat déclaré des ressources fossiles. C’est de la vice-présidente Kamala HARRIS que j’attends le tournant dont l’Amérique et l’Europe, par voie de conséquence et surtout du fait d’une intimité à renouveler, ont une urgente et évidente nécessité.

La Chine qui résiste, bien des pays qui cherchent à se débarrasser de leur dictature, ont des héros. Mai 1968 a eu ses visages et ses gestes, même les « gilets jaunes » en ont donné aux libertés publiques. Mais maintenant ? qui ? singulier ou pluriel ? tandis que la France semble s’oublier de figure, et puis aucune discipline, aucune cohésion face à la pandémie ne remplaceront une demande collective et forte de participation politique. Celle-ci est d’ailleurs seule de nature à harmoniser et faire se répondre les unes aux autres nos spécificités et diversités de tant de sortes, et qui sont notre vie, de chaque jour, notre humus.

1- Apocalypse de saint Jean XIV 14 à 19 ; psaume XCVI ; évangile selon saint Luc XXI 5 à 11

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