Il n'existe pas de mot pour traduire caricature dans la langue du
Coran. Le blasphème n'existe pas en droit français. Comment expliquer et
lever les malentendus ?
Le 31 octobre dernier sur Al Jazeera la télévision du Qatar, le
Président Macron a tenté de lever ce qu'il a appelé un « malentendu ».
« Ces dessins sont faits en France, ça n’est pas la loi de l’islam
qui s’applique en France, c’est la loi du peuple français
souverain...beaucoup de pays dans le monde ont renoncé à la liberté
d’expression ces dernières décennies parce qu’il y a eu des polémiques,
par la peur, par le chaos justement des réactions. » Brillant
plaidoyer bien argumenté qui aura peut-être contribué à réduire le fossé
d'incompréhension entre le Président de la France et le « monde
musulman »
Dans ses questions le journaliste a évoqué les « musulmans
français ». Dans ses réponses le Président a parlé des « Français de
confession musulmane ».
L'ordre de priorité des mots est révélateur de l'équivoque.
Charlie intégriste
Le 9 novembre 1970 Hara-Kiri, journal auto-qualifié "bête et
méchant", offensait la mémoire du Général de Gaulle qui venait de
décéder. Immédiatement l'hebdomadaire était interdit de parution sur
ordre de Matignon : « dangereux pour la jeunesse ». Il reparaissait
quelques jours plus tard sous le titre de Charlie Hebdo.
Le journal faisait alors rire avec les dessins de Reiser et
réfléchir avec les chroniques de Fournier qui éveillèrent à l'écologie
toute une génération. Pour attirer le lecteur, la page de couverture se
devait d'être racoleuse, graveleuse, irrévérencieuse. Nul n'était
n'épargné, pas même les handicapés.
Charlie n'a pas changé il est toujours l'adolescent irresponsable qui fait tache dans le paysage de la presse « convenable ».
Contrairement à Libé qui s'est embourgeoisé, il est resté gauchiste
anti tout qui chie sur tout. Il dessine en couverture « le cul des
juives » ou caricature le christ avec des yeux de couilles et un nez de
pénis.... Les jeunes Gaulois du Quartier latin ricanent, les vieux
bourgeois s'indignent. D'innombrables procès n'en viennent pas à bout.
Souvent au bord du dépôt de bilan, l'hebdo a été sauvé par le prophète
des musulmans qui lui a valu au lendemain du massacre de sa rédaction
par Al Qaïda un tirage de cinq millions d'exemplaires !
Le titre est désormais immortel, il est martyr, il appartient à la
République. Aucun pouvoir ne saura le soumettre car il détient le bouton
rouge d'une guerre entre les Francs et les Mohamétants.
Pour Charlie, Dieu, que la République ignore, n'existe pas. Depuis
cinquante ans, il le fait savoir. Sa croisade contre les religion est
une sorte de radicalisme de la laïcité, idéologie tout aussi intolérante
que celles qu'il combat. Ses coups de poings dans la plaie font mal,
mais ils alertent peut-être de maux plus grands encore.
L'Islam est en crise
Cette évidence proférée par Emmanuel Macron n'est pas nouvelle.
Elle s'affiche dans la confrontation millénaire entre chiite et sunnite
cristallisée depuis cinq ans dans la guerre par procuration entre l'Iran
et l'Arabie Saoudite au Yémen. Elle s'exprime aussi en Libye où depuis
dix ans par mercenaires interposés le Qatar et la Turquie affrontent
les Émirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite et l'Égypte. On pourrait
ajouter à ces conflits une dizaine de points chauds en Afrique, en Asie
et au Levant où les musulmans s'entretuent sous les yeux des
marionnettistes évangélistes américains, juifs israéliens, orthodoxes
russes, catholiques européens et mécréants de tous horizons.
Les attentats de Conflans et de Nice commis par des immigrés
errants solitaires et incultes sont aussi les conséquences d'une guerre
froide secrète. Les caricatures de Charlie ont été montées en épingle
dans les pays sous influence des Frères musulmans : Turquie, Qatar,
Tunisie, Pakistan, Bengladesh, Gaza, Tripoli ; elles ont été modérément
diffusées dans les camps d'en face pourtant tout autant intolérants :
Arabie, Émirats, Égypte, Algérie mais qui sont les alliés de la France
dans cette confrontation idéologique au sein de l'islam.
Il y a 1,8 milliard de musulmans dans le monde. Seuls quelques
petits millions d'entre eux vivent dans un espace de liberté, ceux de
France en font partie. Ils n'ont pas bougé et ce n'est pas la peur de la
répression qui les auraient empêché de descendre dans la rue. Ils ont à
l'unisson de la nation été choqués par les assassinats et leurs infâmes
motifs. Ils ont sans doute pensé comme l'islamologue tunisien Youssef
Seddik, « que le blasphème n'engage que celui qui le profère...que
les musulmans cessent de pousser des cris d'orfraie pour des faits qui
ne les concernent pas... » (Jeune Afrique 6 nov 2020)
Les occidentaux aussi doivent faire le ménage chez eux
Alors que la Chine, le Japon et la Russie ont leur propre moteur de
recherche, l'alliance des opiums des peuples wahhabites et évangélistes
diffuse en occident les messages de Google. Car Google est salafiste.
Le chercheur Hugo Micheron révèle : « Si vous faites une recherche
quelconque sur l’islam dans Google... huit pages sur dix correspondront
à des orientations les plus orthodoxes, voire ouvertement salafistes. » (audition du 21-01-20 au Sénat).
Autre curiosité du paysage, au milieu de la tempête contre Macron,
le Premier ministre canadien Trudeau a cru bon – pour faire plaisir à
ses clients du Golfe - de déclarer que la liberté avait des limites
!... Sous-entendant celle du sacré.
Trudeau retarde de cinq siècles. Ses ancêtres qui posèrent le pied
sur les rives du Saint-Laurent, racontaient qu'à Paris en 1529, un
bourgeois perdant une partie de dés s'était s'exclamé « merde à la Vierge Marie et à Dieu !
». Arrêté et jugé, il avait été brûlé en Place de Grève sous les yeux
d'une foule satisfaite qui psalmodiait l'Ancien Testament : « celui qui blasphème au Nom du Seigneur sera mis à mort : toute la communauté le lapidera » (Lévitique 24, 13-16).
Au nom de la liberté Trudeau voue au bûcher posthume Rabelais,
Voltaire, Céline, San Antonio, Coluche, Desproges, Bedos...et d'autres
milliers de milliers d'impertinents anonymes. A-t-il jamais visité Paris
où chaque jour, 27 000 touristes se pressent autour du Sacré Coeur près
duquel se trouve la statue du Chevalier de la Barre qui fut supplicié,
décapité, brûlé en 1766 à l'âge de vingt ans pour avoir négligé d'ôter
son chapeau au passage d'une procession ? Quelques années plus tard, la
tourmente révolutionnaire coupait la tête du roi puis guillotinait 30 à
40 mille suspects dont quelques milliers de prêtres réfractaires (les
Bienheureux Martyrs), pendant qu'à Paris on pillait et détruisait les
églises. Trois générations plus tard, pour mettre un terme définitif à
l'ingérence de dieu dans le gouvernement des hommes, la nation se
séparait définitivement de la religion.
La laïcité est la France
On ne peut comprendre la laïcité à la Française si on ignore son
histoire. Chaque français est d'abord un citoyen. Cette qualité prime
sur les croyances et les pratiques religieuses. Les quelque 5 millions
de citoyens musulmans s'y obligent car « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale... ». L'article premier de la Constitution devrait être affiché au tableau de toutes les écoles de France.
C'est à cause de cet ancrage singulier que les Français sont pris
pour cibles par les intégristes qui ont pour « mission » d'islamiser
le monde. En France, ils sont une minorité de criminogènes, mais le
réservoir d'illuminés incultes est immense.
En absence de toutes statistiques, plusieurs rapports d'études
concordent pour dire que la moitié des musulmans vivant en France sont
pratiquants. Ils se rendent régulièrement dans l'une des 2 600 salles de
prières et mosquées.
L'inquiétude vient d'instituts de sondage qui révèlent que plus du
quart d'entre ces pratiquants, soit plusieurs centaines de milliers
pensent que « la charia devrait s'imposer aux lois de la République ».
Ce chiffre ahurissant est alarmant car il révèle la faillite de
l'éducation nationale.
Musulman et étranger de naissance
En France, on naît musulman par généalogie, on le devient par le regard de l'autre.
La religion se transmet de père en fils. L'attribution du prénom
est un marqueur social qui suivra le musulman toute sa vie. Face à
Kevin ou Aurélie religieusement anonymes, Abdallah et Fatma porteront le
label de leur dieu. C'est pourquoi certains parents donnent à leurs
enfants des prénoms « séculiers » Sonia, Eddy ou bi-religieux: Sarah
ou Adam, Maryam ou Elias. Comme dans toutes les religions, croyance et
ferveur se nourrissent ensuite de l'éducation des parents et de
l'enseignement des catéchistes.
Parce que les musulmans de France sont plus ou moins lointainement
issus de l'immigration, leur citoyenneté est ouvertement déniée. Ainsi,
au lendemain des attentats le ministre de l'Intérieur Darmanin est allé
en tournée en Afrique du Nord pour soumettre une liste de fichés « S »
à expulser vers leur pays d'origine. Alger et Tunis ont fait remarquer
que la plupart des individus désignés étaient citoyens français, nés en
France.
Comment se démarquer de cette identité étrangère et de cette double
suspicion d'allégeance à un pays étranger et à une religion
prétendument hostile à la république ?
Bi-citoyen « Malgré-nous »
Tout comme la religion musulmane, la nationalité dans les pays
arabes s'acquiert automatiquement par filiation. Ainsi, de jeunes
français descendants d'immigrés ont rarement ou jamais mis les pieds au
pays de leurs ancêtres dont ils ne parlent pas la langue. Ils sont
pourtant des nationalisés du destin, des « Malgré nous » du nom des
Alsaciens incorporés par les Allemands. Cette condition serait
supportable si elle n'était pas source de méfiance et de tracasseries.
« J’avais sans cesse le sentiment d’être jugée. En France je
m’exaspérais que l’on me renvoie à mes origines, comme si j’étais
étrangère. En Tunisie, on s’étonnait que je ne parle pas la langue de
mon pays d’origine » confie la journaliste Sana Sbouai (La Presse tn 19-07-19)
La confusion entre nationalité d'origine et religion remonte à la
colonisation. Ainsi en 1923, la France décide d'encourager l'intégration
par la naturalisation des élites tunisiennes dans son protectorat. Pour
endiguer le flot des candidats surtout attirés par le supplément de
revenu, « le tiers colonial », les nationalistes parmi lesquels
Bourguiba proclament avec les oulémas que la naturalisation vaut
conversion et que par conséquent les nouveaux français ne peuvent
prétendre au repos dans un cimetière musulman. Cette instrumentalisation
de la religion réussit au-delà de toute espérance. Aujourd'hui encore,
la confusion nationalité-religion continue de tourmenter les esprits.
La terre française est t-elle mécréante ?
Des récentes statistiques concordantes révèlent que 80% des
musulmans de France se font inhumer à l'étranger. Les intégristes
prétendent que la terre française est mécréante mais restent muets quand
on leur demande de définir ce qu'est une « terre musulmane ». Ils
évoquent aussi le manque de place dans les rares carrés réservés des
cimetières municipaux où comme les juifs, ils réclament d'être inhumés à
part. Et les mairies ne font pas preuve de bonne volonté. Ce qui peut
se comprendre.
De l'autre côté de la Méditerranée, on encourage le «
rapatriement » (de quelle patrie?) des corps. Ainsi, l'état tunisien
prend à sa charge l'intégralité des frais dès la déclaration de décès au
Consulat. Marocains et Algériens sont organisés en associations de
solidarité plus ou moins efficaces. Sur le net, une entreprise de pompes
funèbres affiche un prix d'appel de 4 050 euros pour un service vers la
Turquie, 2 500 vers le Sénégal, 1 900 vers le Pakistan, 1 700 vers le
Mali....Le business est florissant. Nul ne s'interroge sur la fuite des
défunts. La mort emporte la citoyenneté française du musulman.
Un destin de Morisque
En 1492 après la chute de Grenade les musulmans et les juifs
recevaient l'ordre de se convertir ou de s’exiler, mettant fin à 800 ans
de présence musulmane en Espagne. En 1609, ceux qui avait accepté de se
convertir au prix d'incessantes persécutions de l'inquisition, étaient
finalement expulsés. Près d'un million de Morisques s'installeront en
Afrique du Nord et reprendront la religion musulmane ou juive que leurs
grands parents avaient reniée. Certains de leurs descendants se sont
installés en France au 20ème siècle.
Musulmans de France où Français musulmans, qui pourrait prédire que
leur sort ne sera pas finalement comme celui des Moriques, les oubliés
de l'Histoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire