dimanche 19 octobre 2014

première session du synode sur la famille - introduction et clôture par le pape François



SALUT DU PAPE FRANÇOIS
AUX PÈRES SYNODAUX AU COURS DE LA Ire CONGRÉGATION GÉNÉRALE DE LA
IIIe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU SYNODE DES ÉVÊQUES
Lundi 6 octobre 2014

Éminences, Béatitudes, Excellences, frères et sœurs,
Je vous souhaite une cordiale bienvenue à cette rencontre et je vous remercie de tout cœur pour votre présence et votre service attentionnés et qualifiés.
En votre nom, je voudrais exprimer mes vifs et sincères remerciements à toutes les personnes qui ont travaillé avec dévouement, avec patience et avec compétence, pendant de longs mois, en lisant, évaluant, et élaborant les thèmes, les textes et les travaux de cette assemblée générale extraordi-naire.
Permettez-moi d’adresser un remerciement particulier et cordial au cardinal Lorenzo Baldisseri, secrétaire général du synode, à Mgr Fabio Fabene, sous-secrétaire, et avec eux à tous les rapporteurs, les rédacteurs, les consulteurs, les traducteurs, et à tout le personnel du secrétariat du synode des évêques. Ils ont travaillé inlassablement, et continuent de travailler, pour la bonne réussite du présent synode: merci beaucoup, vraiment, et que le Seigneur vous récompense !
Je remercie également le conseil post-synodal, le rapporteur et le secrétaire général ; les conférences épiscopales qui ont travaillé vraiment beaucoup et, avec eux, je remercie les trois présidents délégués...
Je vous remercie aussi, chers cardinaux, patriarches, évêques, prêtres, religieux et religieuses, hommes et femmes laïcs pour votre présence et pour votre participation qui enrichit les travaux et l’esprit de collégialité et de synodalité pour le bien de l’Église et des familles ! Cet esprit de synodalité aussi, j’ai voulu qu’il existe dans l’élection du rapporteur, du secrétaire général et des présidents délégués. Les deux premiers ont été élus directement par le Conseil post-synodal, lui-même élu par les participants du dernier synode. En revanche, comme les présidents délégués doivent être choisis par le Pape, j’ai demandé à ce même conseil post-synodal de proposer des noms, et j’ai nommé ceux que le Conseil m’a proposés.
Vous apportez la voix des Églises particulières, réunies au niveau d’Églises locales à travers les Conférences épiscopales. L’Église universelle et les Églises particulières sont d’institution divine ; les Églises locales ainsi entendues sont d’institution humaine. Cette voix, vous l’apporterez en synodalité. C’est une grande responsabilité: apporter les réalités et les problématiques des Églises, pour les aider à cheminer sur cette voie qu’est l’Évangile de la famille.
Une condition générale de base est celle-ci : parler clair. Que personne ne dise : « On ne peut dire cela ; quelqu’un pensera de moi ceci et cela... ». Il faut dire tout ce que l’on sent avec parrhésie. Après le dernier Consistoire (février 2014), où l’on a parlé de la famille, un cardinal m’a écrit en disant : dommage que certains cardinaux n’aient pas eu le courage de dire certaines choses par respect pour le Pape, en estimant peut-être que le Pape pensait autre chose. Cela ne va pas, cela n’est pas la synodalité, parce qu’il faut dire tout ce que, dans le Seigneur, on se sent de devoir dire : sans craindre le jugement humain, sans lâcheté. Et, dans le même temps, il faut écouter avec humilité et accueillir le cœur ouvert ce que disent les frères. C’est avec ces deux attitudes que s’exerce la synodalité.
C’est pourquoi je vous demande, s’il vous plaît, ces attitudes de frères dans le Seigneur : parler avec parrhésie et écouter avec humilité.
Et faites-le avec tranquillité et paix, parce que le synode se déroule toujours cum Petro et sub Petro, et la présence du Pape est une garantie pour tous et une protection de la foi.
Chers frères, collaborons tous pour que s’affirme avec clarté la dynamique de la synodalité. Merci.



En conclusion du synode des évêques sur la famille


Pape François

Le synode n'a jamais remis en question les vérités sur le mariage
Mais le pape François discerne cinq tentations
Anita Bourdin
ROME, 18 octobre 2014 (Zenit.org) - Le pape François discerne cinq tentations, au terme du synode extraordinaire sur la famille: autant de points de repères pour un examen de conscience tout au long du processus synodal, qui se poursuit jusqu'au synode de 2015. Il déclare en même temps que "jamais" le synode n'a "remis en question les vérités fondamentales du Sacrement du mariage". Il "canonise" la "Relatio synodi" comme un "résumé fidèle et clair de tout ce qui a été dit et discuté en salle, et dans les carrefours".
Le pape s'est adressé à l'assemblée, et son discours a duré une vingtaine de minutes, mentionnant notamment ces "cinq tentations": il n'a pas ignoré les difficultés du synode. Les applaudissements debout ont duré cinq minutes.
Les cinq tentations
Les cinq tentations sont, pour le pape François : la tentation d'un "raidissement hostile"; ou d'un "bonisme" qui serait "destructeur"; la tentation de "transformer la pierre en pain pour rompre un jeûne long, pesant et douloureux" ou de transformer "le pain en pierre" et de la "jeter contre les pécheurs"; la tentation de "descendre de la croix, pour contenter les gens"; le danger de "négliger le dépôt de la foi" et celui de "négliger la réalité".
Le pape s'explique sur chacune de ces tentations. La première: « La tentation du raidissement hostile, c’est-à-dire de vouloir s’enfermer dans la lettre (...), à l’intérieur de la loi, avec la certitude de ce que nous connaissons et non de ce que devons encore apprendre et atteindre. A l'époque de Jésus, c’est la tentation des zélotes, des scrupuleux, des impatients et aujourd'hui de ceux qu’on appelle aujourd’hui des "traditionnalistes" ou aussi des "intellectualistes". »
La deuxième: « La tentation d’un bonisme destructeur, qui, au nom d’une miséricorde traîtressse, met un pansement sur les blessures sans d’abord les soigner, qui traite les symptômes et non les causes et les racines. C’est la tentation des timorés, et aussi de ceux qu’on nomme les progressistes et les libéraux. »
La troisième: « La tentation de transformer la pierre en pain pour rompre un long jeûne, pesant et douloureux (Lc 4, 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et de la jeter contre les pécheurs, les faibles, les malades (Jn 8,7), c’est-à-dire de les transformer en un fardeau insupportable (Lc 10, 27). »
La quatrième: « La tentation de descendre de la Croix, pour contenter les gens, de ne pas rester à accomplir la volonté du Père, de se plier à l’esprit du monde au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu. »
La cinquième: « La tentation de négliger le dépôt de la foi en se considérant non comme des gardiens mais des propriétaires et des maîtres ou, de l’autre côté, la tentation de négliger la réalité en utilisant un langage minutieux et un langage pour dire tant de choses et ne rien dire. Nous appelons cela du "byzantinisme" je crois. »
N'ayez pas peur
"Chers frères et soeurs, a ajouté le pape, les tentations ne doivent ni nous faire peur ni nous déconcerter et encore moins nous décourager, parce qu'aucun disciple n'est plus grand que son maître; donc, si Jésus a été tenté - et même appelé Belzéboul (cf. Mt 12, 24) - ses disciples ne doivent pas s'attendre à un traitement meilleur."
Il confie : "Personnellement, j'aurais été très préoccupé et attristé s'il n'y avait pas eu ces tentations et ces discussions animées, ce mouvement des esprits - comme saint Ignace l'appelait (Exercices spirituels, 6) -, si tous avaient été d'accord ou taciturnes, dans une paix fausse et quiétiste."
"Au contraire, a-t-il poursuivi, j'ai vu et j'ai écouté - avec joie et reconnaissance - des discours et des interventions pleins de foi, de zèle pastoral et doctrinal, de sagesse, de franchise, de courage et de parresie. Et j'ai senti qu'on a mis devant ses yeux le bien de l'Eglise, des familles, et la "loi suprême" [suprema lex dans le texte, ndlr], le "salut des âmes" [salus animarum, dans le texte] (cf. Code de droit canon, canon 1752). Et cela toujours - nous l'avons dit ici dans la salle - sans jamais mettre en discussion les vérités fondamentales du Sacrement du mariage: l'indissolubilité, l'unité, la fidélité et la procréativité, c'est-à-dire l'ouverture à la vie (cf. Canons 1055, 1056 et Gaudium et Spes, 48)."
Amour de l'Eglise
Le pape a ensuite manifesté son amour pour l'Eglise, "mère féconde" et "maîtresse attentive" qui "n'a pas peur de se retrousser les manches pour verser l'huile et le vin sur les blessures des hommes."
Il a indiqué le chemin encore à parcourir: "Maintenant, nous avons encore un an pour mûrir les idées proposées , avec un vrai discernement spirituel, et pour trouver des solutions concrètes a tant de difficultés et d'innombrables défis que les familles doivent affronter, à donner des réponses à tant de découragements qui entourent et suffoquent les familles. Un an pour travailler sur la "Relatio synodi" qui est le résumé fidèle et clair de tout ce qui a été dit et discuté dans cette salle, et dans les carrefours. Et qui est présenté aux conférences épiscopales comme les "Lineamenta". " Les lineamenta sont le document de base d'un synode qui doit ensuite servir au Secrétariat du synode pour élaborer un "instrument de travail" (Instrumentum laboris).
L'assemblée synodale a été une expérience d'Église: « Voilà l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique et composée de pécheurs, qui ont besoin de sa miséricorde. Voilà l’Église, la vraie épouse du Christ, qui cherche à être fidèle à son Epoux et à sa doctrine. Voilà l’Église qui n’a pas peur de manger et de boire avec les prostituées et les publicains, l’Église qui a les portes grandes ouvertes pour recevoir ceux qui sont dans le besoin, les repentis et pas seulement les justes ou ceux qui croient être parfaits ! »

La paix intérieure
A propos des commentaires suscités par le synode, il a ajouté: «Tant de commentateurs, ou de gens qui parlent, ont imaginé voir une Eglise en conflit ou une partie contre l’autre, en doutant même de l’Esprit Saint, le vrai promoteur et garant de l’unité et de l’harmonie de l’Église. L’Esprit Saint qui au long de l’Histoire a toujours mené la barque, par ses ministres, même quand la mer était contraire et agitée et les ministres infidèles et pécheurs. Et comme je vous l’ai dit au début du Synode, il était nécessaire de vivre tout cela avec tranquillité, avec paix intérieure aussi parce que le Synode se déroule cum Petro et sub Petro et que la présence du Pape est une garantie pour tous. »
Il ajoute, avec auto-ironie: « Parlons un peu du pape, maintenant, en relation avec les évêques. Donc, le devoir du pape est celui de garantir l’unité de l'Église. Et celui de rappeler aux fidèles leur devoir de suivre fidèlement l’Évangile du Christ, et celui de rappeler aux pasteurs que leur premier devoir est de nourrir le troupeau que le Seigneur leur a confié et de chercher à accueillir avec paternité et miséricorde et sans fausse peur les brebis égarées. »



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