mardi 1 septembre 2020

faire-part de nouvelle arrivée dans la vie - aux destinataires de mon message quotidien, interrompu depuis le 3 mars 2020

 

Nouvelle arrivée dans la vie

– 20 Août 2020 à 20 heures 50 – aux destinataires de mon message quotidien


Chères et chers, mon dernier message a été le mardi 3 Mars.

Depuis l'été dernier, vous aviez dû sentir ma fatigue et constater l'irrégularité de mes envois, censément quotidiens. Cause identifiée à l'hôpital Chubert de Vannes, où j'ai été emmené en urgence aux aurores du vendredi 6 Mars : corona virus à l'époque et maintenant covid 19. Il m'a été dit il y a quelques jours que j'ai été leur premier "cas". Coma de plus de trois semaines. Pour ma femme, inquiétude terrible, partiellement atteinte elle aussi mais à domicile. Maîtrise d'elle-même de notre fille, bientôt seize ans. Pour moi, pendant ces semaines que du bonheur... une hallucination à multiples enchaînements, que j'ai notée six semaines après en être sorti et avoir retrouvé la capacité d'écrire (à la main... je ne reprends messagerie et clavier que par petits moments depuis d'hier après-midi : fatigue). Rencontre sans précédent de mon fils : douze-quinze ans, épisodes, émerveillement, beau et bagarreur, ce que je n'ai jamais été, grand et plutôt blond, ses yeux, je ne sais pas, et par lui acteur-titre d'un film très attendu avec un jaguar numérisé, et moi e tout petit rôle, un contrat du réalisateur franco-brésilien de plusieurs milliards d'euros. A mon premier réveil, demandes instantes d'organiser une rencontre de travail avec la mairie de mon village (acheter le presbytère pour le maintien duquel je me battais l'été dernier), mes banquiers (simples correspondants d'agence ou "conseillers") et mettre à ma vue un grand portrait peint de mon fils.

Très pénible et lent retour à une forme de vie qui n'a été que réapprentissage de tout pendant des semaines et dans plusieurs services. " Vous n'êtes pas passé loin ", m'a-t-il été dit. Un bref retour à la Pentecôte, chez nous, puis ré-hospitalisation : septicémie. Enfin convalescence chez les Augustines de Malestroit : leur re-fondatrice, Mère Yvonne-Aimée, en procédure de béatification, pour laquelle je milite depuis que mon voeu en Juillet 2001 de recevoir un enfant de mon sang, a été exaucé. Sortie il y a juste un mois. Je suis autonome chez nous en tout, mais ne marche pas encore de vraies distances et ne me suis pas essayé à reprendre le volant. La tête me tourne souvent depuis une quinzaine de jours, et je dois donc être attentif en me déplaçant et pas seulement "dans" les escaliers.

J'ai été sauvé, bien sûr par les médecins, réacclimaté à la vie quotidienne par d'admirables aide-soignantes et infirmières (chaleur, respect et compétence), mais aussi par le cercle intense des affections, des prières et des pensées dont je n'ai su que quelques-unes.

J'ai appris la valeur de la santé, j'ai appris mon âge (limite pour lire encore Tintin), je n'ai pas changé mes projets notamment d'écriture et de témoignage, mais je m'en suis détaché ou plutôt j'en ai été détaché et je l'accepte.

Le chapelet, comme dédicace à chacune des personnes me venant à l'esprit, a été à partir de la fin d'Avril, une structure. La télévision : Arte notamment pour ses admirables documentaires animaliers ou de géographie, les policiers quotidiens (Maigret, Marple, Poirot, moins souvent Barnaby) m'ont égayé. La matinée de chaque dimanche, passionnante, sur la 2 : Islam et judaïsme m'apprenant beaucoup, et la messe en studio confiné. La communion reçue dans ma chambre.

Petit vitesse, occasion suprême qu'est la vieillesse consciente de la vie et d'elle-même, si différemment de la jeunesse n'ayant de conscience que d'être illimitée.

Je compte écrire cette expérience, beaucoup de notes manuscrites à partir de la dernière semaine d'Avril. Aussi essayer de fonder une association des "anciens covidiens" : reconnaissance à nos soignantes et soignants, partage et approfondissement ensemble ou par internet de notre expérience, stimulation des pouvoirs publics pour le suivi des "covidiens" et pour une réflexion ouverte et pluridisciplinaire de l'apport de cette épreuve (traitement de la pandémie et vie économique et sociale en confinement) au développement de notre pays et des solidarités. Cela si j'en ai (en reçois) la force. De même que j'espère celle de reprendre - dès demain... - notre correspondance de chaque jour.

De vos nouvelles, même si nous n'avons pas encore échangé jusqu'à présent sauf nos adresses internet, me feront plaisir.

Vous savez aussi sur simple avis de votre part, ces envois peuvent cesser.

Chaleureusement et - ensemble - vivons.


Aucun commentaire: