lundi 19 septembre 2022

« Insiste à temps et à contre-temps » - saint Augustin

 

SERMON DE SAINT AUGUSTIN SUR LES PASTEURS


Vous n'avez pas ramené la brebis égarée, ~ cherché celle qui était perdue. C'est ainsi que nous pouvons nous trouver exposés à la violence des bandits et aux dents des loups furieux, et nous vous demandons de prier pour nous quand nous sommes exposés à ces dangers. Et les brebis sont rétives. Car lorsqu'on cherche celles qui sont égarées, elles disent qu'elles sont devenues étrangères en s'égarant et en se perdant : « Pourquoi nous appelez-vous ? Pourquoi nous cherchez-vous ? » Comme si la raison pour laquelle nous les appelons et les cherchons n'était pas justement qu'elles sont égarées et qu'elles se perdent ! « Si je suis égarée, dit-elle, si je suis près de mourir, pourquoi m'appelles-tu ? Pourquoi me cherches-tu ? » C'est parce que tu es égarée que je veux te rappeler ; parce que tu vas à ta perte, que je veux te trouver. « C'est ainsi que je veux m'égarer, c'est ainsi que je veux périr. »

C'est ainsi que tu veux t'égarer, c'est ainsi que tu veux périr ? Raison de plus pour que je ne le veuille pas. Oui, j'ose le dire : je suis importun. J'entends l'Apôtre me dire : Annonce la parole, insiste à temps et à contre-temps. À temps envers qui ? À contre-temps envers qui ? À temps envers ceux qui veulent, à contre-temps envers ceux qui ne veulent pas. Oui, je suis importun, j'ose dire : « Tu veux t'égarer, tu veux périr ; moi, je ne veux pas ». Et finalement, celui qui ne veut pas, c'est celui qui me fait peur. Si je voulais, voici ce qu'il me dirait, voici ce qu'il me reprocherait : Vous n'avez pas ramené la brebis égarée et vous n'avez pas cherché celle qui était perdue. Est-ce que je te craindrai davantage que lui ? Nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ. ~

Je rappellerai la brebis égarée, je chercherai la brebis perdue. Que tu le veuilles ou non, je le ferai. Et si, dans ma recherche, les buissons des forêts me déchirent, je me ferai tout petit ; je secouerai toutes les haies ; autant que le Seigneur redoutable me donnera de forces, je parcourrai toute la campagne. Je rappellerai la brebis égarée, je chercherai la brebis perdue. Si tu ne veux pas que je souffre, ne t'égare pas, ne te perds pas. Peu importe que je m'attriste de ton égarement et de ta perte. Je crains, si je ne m'occupe pas de toi, de te tuer, même toi qui es fort. Regarde en effet la suite du texte : Et celle qui était forte, vous l'avez accablée. Si je ne m'occupe pas de celui qui est égaré et qui se perd, c'est que je me réjouirai de voir celui qui est fort s'égarer et périr.

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