jeudi 28 novembre 2019

Huffington Post -le cardinal Barbarin assailli de toutes parts avant son procès en appel


Huffington Post -28 Novembre 2019 . 04:17

Le cardinal Barbarin assailli de toutes parts avant son procès en appel

 Le procès en appel du cardinal Barbarin s'ouvre dans un contexte encore plus tendu qu'en première instance, avec une nouvelle série de témoignages.

  • Le HuffPost avec AFP



Emmanuel Foudrot / ReutersLe cardinal Philippe Barbarin lors de son procès à Lyon le 7 janvier 2019.
JUSTICE - Le cardinal Philippe Barbarin retrouve les juges. Le prélat conteste ce jeudi 28 novembre devant la cour d’appel de Lyon sa condamnation à six mois de prison avec sursis prononcée par le tribunal correctionnel le 7 mars dernier. L’archevêque de 69 ans est accusé d’avoir passé sous silence les abus pédocriminels d’un prêtre de son diocèse, le père Bernard Preynat, suspecté d’avoir abusé de plusieurs scouts entre 1976 et 1991.
S’il a fait acte de repentance devant la justice divine en s’attribuant surtout des “erreurs de gouvernance”, le cardinal Barbarin, dont le pape a refusé la démission, ne s’estime pas coupable devant celle des hommes. “J’ai reconnu les erreurs que j’ai faites, mais ce n’est pas celles que je me vois reprocher” par le tribunal, avait-il justifié en mars. 

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De nouvelles accusations

Les poursuites pour non-dénonciation visaient six prévenus, quatre religieux et deux laïcs, parmi lesquels seul Philippe Barbarin a été condamné en première instance.
Problème: ce procès en appel s’ouvre dans un contexte peu favorable au primat des Gaules. Un nouveau témoignage livré au Parisien ce mardi pourrait en effet renforcer la pression qui pèse sur l’homme d’Église. Pour la première fois, un ancien prêtre du diocèse de Lyon jure avoir alerté l’archevêque dès 2002, alors que celui-ci assure n’avoir été mis au courant de la situation qu’à partir de 2007. “Il m’a dit: ‘Oui, je sais, je suis au courant de la situation, j’ai des fiches sur Preynat’. Et il a conclu la conversation sur ce sujet. Dans mes propos, il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait de pédophilie”, témoigne cet ancien prêtre, réduit à l’état laïc en raison de son homosexualité.






Une version démentie par ses avocats qui pourrait cependant relancer le débat sur la prescription de ce type de délit. 
Sans lien direct avec ces premières accusations, le cardinal est également directement visé par des accusations de harcèlement lancées dans L’Obs par un ancien séminariste de son diocèse. Aujourd’hui marié, celui-ci accuse le cardinal de “harcèlement moral et sexuel”, tout en reconnaissant qu’il n’y a eu aucune agression sexuelle. Là encore, la défense du prélat, qui s’est mis en retrait de son diocèse, a démenti une enquête “abracadabrantesque”, tout en précisant réserver ses réponses à la cour d’appel.

Climat tourmenté pour l’Église

Ce second procès risque quoiqu’il arrive de bousculer un peu plus une Église catholique en proie à de sérieux tourments. Depuis les premières révélations sur l’affaire en 2015, l’onde de choc n’a pas manqué de se propager dans toute l’Église, dont le primat des Gaules - son plus haut dignitaire - symbolise désormais les défaillances face aux prêtres pédophiles. La question d’éventuelles réparations continue d’alimenter les discussions et la rancoeur de certaines victimes.
Comme une énième secousse, une enquête préliminaire a été ouverte après un signalement du diocèse de Lyon sur les “dérives” d’un prêtre, accusé d’“abus spirituel” par une fidèle, a-t-on appris ce mercredi après une information du site d’enquêtes Médiacités
Reste que l’affaire Barbarin aura aussi permis à une partie de l’Église d’affronter ses démons en face. Récemment, 3 diocèses et la cour d’appel de Grenoble ont signé un protocole les engageant à systématiser les signalements et le traitement judiciaire des abus sexuels.
En première instance du procès Barbarin, les débats, portés par les témoignages des victimes de Preynat, ont été jugés exemplaires. De l’avis même du diocèse qui, via son évêque auxiliaire Emmanuel Gobilliard, a remercié en marge de l’audience les plaignants et leur association (La Parole libérée) d’avoir “secoué l’Église” sur ses “dysfonctionnements”.
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La condamnation du cardinal Barbarin est un “signal très puissant” pour cette victime

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