jeudi 21 juin 2018

heureux ceux qui, dans l’amour, se seront endormis ; nous aussi nous possèderons la vraie vie - textes du jour

   
jeudi 21 juin 2018

17 heures 34 + Edith partie depuis trois quarts d’heure : dernière leçon ? à Loèze à Elven. Marguerite, notre chère fille, à Branféré avec Saint-François-Xavier, sa classe de 4ème 7 et la 4ème 1, moins nombreuse : elle a emmené mon appareil-photo. et je me réjouis de participer ainsi à sa vie. Je vais reprendre son « journal » ce soir : idées qu’elle accepte, coucher sous tentes avec des amies et camarades dans les moments creux de son été, modèle à 80 € que nous achèterons mardi à sa sortie. Zoé avec nous de demain après-midi à dimanche soir ou lundi matin. Peut-être, tenter le montage de ma yourte, vingt-cinq ans après… – Temps pas très bleu, mais chaud. Toujours la fatigue avec des pointes : au moment où je voulais accompagner ma chère femme à sa voiture, trébuché dans mon cher vieux cartable, et tombé : j’ai eu peur et fait peur.
 
Béatifique fin de matinée en parcourant-lisant- retenant des passages me correspondant exactement, dans une sorte d’examen de la « conversion » communiste d’André GIDE à plusieurs de nos plus grands écrivains en 1935 1 : MARTIN du GARD, MARITAIN, HALEVY, GUEHENNO, MASSSIS, MAULNIER, etc. et MAURIAC, puis dans un court livre de ce dernier commis en 1958 et que j’avais d’abord trouvé médiocre (le motif de sa foi religieuse 2) mais qui maintenant identifie bien ce que je vois 3 : François MAURIAC donc. Lui et GIDE opinant exactement de même manière sur le traitement des « colonisés » ou occupés : les scandales de nos habitudes d’époque, mais aujorud’hui nos impérities avec l’Europe orientale et avec toute l’Afrique. Sieste ensuite avant de déjeuner. Ma kiné de l’épaule droite est précise mais fatigante.
 
J’essaye à présent de mettre à jour ce journal pour diffusion en lectio divina et réflexions politiques, de samedi à hier. Essayer de retrouver ensuite cette structure quotidienne. Celle aussi de mes chronologies personnelles, celle enfin de mes lectures avec transcription de citations (depuis 1964, j’avais commencé par l’épitaphe que se voulait NEHRU). Prenant le mince fichier pour 2017, une citation très juste mais dont, certainement fatigué, je n’ai pas identifié l’auteur 4 : si ! mais mal disposée, ma chère Christiane SINGER. Depuis des semaines, chaque jour « mon » livre se pense, s’écrit, se précise. La réalité du ressenti, et cette réalité est fondatrice, plus défensive que créative mais elle « fabrique » la sagesse, version personnelle.
 
23 heures 46 + J’avais bien travaillé jusqu’à cette heure, mon texte pour aujourd’hui, prêt au copier-coller dans le haut du courriel organisé pour partir… et puis, distraction? j’ai fait partir le fichier sans sauvegarde : fin d’après-midi et soirée perdues. - Pleurs intimes. Ma chère femme y voit un signe : arrêter mes envois.


  ce qui suit : reconstitué le vendredi 22
 
07 heures 09 + Grâce d’une bonne nuit, malgré deux éveils-levers avant deux heures et avant six heures. Reprendre, et ce sera meilleur, ce que j’avais écrit-prié-médité hier soir. Garder confiance en Dieu et en ce dont Il m’a gratifié. Messages à ma chère femme, et aussi à Guillaume. N’inquiéter ni l’une ni l’autre, l’exemple à donner erga omnes. Aller plus lentement et tranquillement car tout de même : trébucher à l’angle de mon petit entassement sur mon vieux cartable, avoir égaré la clé de la boîte postale, mon meilleur thermos, la partie écrivante de mon stylo., cela en deux trois jours, c’est beaucoup. Appel à une activité tranquille : Marguerite et son amie, ces trois jours. Tondre, ranger, me mettre au LCL : ce n’est pas « il faut », mais bien (excellente formulation d’Eline D.), «j’ai besoin de ». Et ces tâches immédiates sont mes besoins, et ce livre plus encore, et vivre : oui, j’en ai besoin. Mes secours et mes aides, l’amour. Moyen, aide et responsabilité.
 
La grâce que tout le monde ne reçoit pas, les villes… le ciel à voir tous les jours, et tous les jours l’histoire de ses changements, vêtements e ce qu’y tracent les hommes (sillages de nos avions), le végétal, l’animal, hier l’odeur du foin, le regard des génisses chez Jean-Yves, le taurillon blanc qui se prend d’affection pour moi, le museau, le front qu’il me laisse lui caresser, gratification en foin frais. Ce qui n’a pas été perdu hier, c’est cela : ces regards, le renouvellement et l’arrangement de la litère de nos deux chèvres. - Et la chance de ma vie : beauté et grandeur de mes rencontres, de qui m’a aimé, et surtout notre accord conjugal, ces affinités constamment constatées en appréciation des gens, des réunions, des lectures et des événements. Avant-hier, conduisant vers Vannes, la vie qu’il m’est ainsi donné de vivre me fait soudain, comme une apparition, comme un intense rayon du soleil dans une ambiance quelconque, sinon grise… comprendre le début du Je vous salue, Marie… Car entre ma femme et moi, entre elle et son mari, il y a notre plaisir d’être ensemble, notre habitude heureuse et sereine d’être ensemble, quelles que soient les répliques, les situations, la remarque qui m’est faite de mes lacunes, de mes répétitions, de mes avortements et de mes inerties, il y a que nous aimons et choisissons à chaque instant d’être ensemble,en compagnie mutuelle. Et le Seigneur est avec vous. Ô Marie, Dieu est heureux en votre compagnie, Il la choisit, comme Il vous choisit, être en votre compagnie, être avec vous. Je vous salue Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec vous, Il se plaît avec vous. Les textes d’hier m’ont donné la même forte correspondance. L’enseignement du Notre Père… mais à s’arrêter à la prière seule, comment comprendre et vivre que notre propre comportement soit un modèle ! pour Dieu… pour Sa miséricorde. Pardonnez-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Or, la vérité, nos comportements de chaque jour sont bien que nous ne pardonnons pas facilement : des actes, des présences, des médiocrités, ni ouverture, ni indulgence et patience, ni évidence que les autres « en ont autant à notre sujet ». Or Jésus continue, explicite et même Il n’explicite que cela : le pardon mutuel est la mesure-même que Dieu nous appliquera Si vous pardonnez aux hommes, votre Père céleste vous pardonnera. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. Le critère de nos comportements, de notre relation à Dieu, de notre salut-même, sauf (heureusement) l’inépuisable miséricorde divine, c’est l’amour mutuel. La réussite, le rapport avec soi-même, ces deux frustrations que chacun de nous nous vivons quelle que soit notre « position » en ce monde-ci, ne sont pas la réalité, ils sont des préoccupations stériles. La gloire d’Elie, son épitaphe. Rien ne lui résista, et, jusque dans la tombe, son corps manifesta son pouvoir de prophète. Pendant sa vie, il a fait des prodiges ; après sa mort, des œuvres merveilleuses. Prophète, et nous aujourd’hui, depuis Jésus-Christ parmi nous : témoins et missionnaires. L’histoire rappelée d’Elie est aussi une promesse : heureux ceux qui, dans l’amour, se seront endormis ; nous aussi nous possèderons la vraie vie 6. Et, chaque heure, chaque jour – si souvent, grâce de notre santé quand elle n’est plus native, mais soutenue, grâce de notre âge quand il n’est plus impétueuse ignorance du temps passant – ce rappel : sœur fatigue en embuscade ! Mais ce passage du Siracide disant si bien ce que j’ai vécu en rejoignant ma chère femme dans notre lit, comme si Dieu et Ses prophètes m’y accompagnaient, me regardaient, me prêtaient leur parole et leur expérience.
 
09 heures 33 + Politique… les dépêches hier, pour un jour pas d’image ni de saillie d’EM. Evidence d’une personnalisation du pouvoir comme jamais depuis de GAULLE, mais cette personnalisation était naturelle aux Français autant qu’à l’homme du 18-Juin. Avec EM, elle est construite, mise en images (les signatures solennelles de lois, elle est constatée, le chef de son parti est nommé par lui et fait partie du gouvernement, c’est EM qui énonce que telle chose n’est pas au débat, etc. C’est malsain, car un pays n’avance pas sas la participation, les propositions, les idées et expériences du plus grand nombre. Cela s’accompagne de fiasco et d’entêtement, de spontanéités coûteuses sur le plan international : berné par TRUMP, pas en communion avec MERKEL, le mot terrible pour l’Italie (CONTE pas rancunier mais comprenant sur la question des réfugiés il va, de fait, avoir l’appui d’EM). Le Monde titre et commente sur le bunr out des élus de la République en marche, rythme et densité des « réformes », j’attends quant à moi le réveil. Pour celles, ceux qui n’avaient jamais « fait de politique », EM c’était le changement de la manière. Or, c’est la pire que nous ayons connue en temps de paix. Quant au contenu, c’est désormais clair, l’Ettat démantelé, le capitalisme, dans sa version accaparement, intérêt privé, pan par pan des procédures, des professions et bien entendu de ce qui fut le service public sont livrés. Expérience d’Edith à la CGT et en cours ou soutiens personnalisés : la réforme de la formation professionnelle : l’État, le public se retirent, ce sont le patronat et les entreprises qui s’en chargeront. Il est acquis depuis les lois dites Travail que le salarié ne sera plus licencié que selon les apparences d’une motivation personnelle, plus de licenciements économiques et collectifs. Le voici marchandisé dès sa sortie du cycle secondaire de l’Education nationale : formé selon des besoins qui ne sont pas à l’échelle du temps d’une vie ni selon des vocations, mais selon un marché au jour le jour. Le bureau de placement des années 1930-1950 pour les « domestiques ». La loi dite ferroviaire censée régler la question de la dette (impéritie des dirigeants, stratégie du tout TGV) va encore accentuer le tout-TGV, perdre définitivement les « petites » lignes : l’énorme effort de la IIIème République et des collectivités locales de tous niveaux pour la voie ferrée, y compris en ville, l’ouverture à la concurrence, c’est évidemment des sociétés privées : elles pullulent parallèlement à Pole Emploi, elles s’ouvrent en services pour pallier le numérique hors de portée pratique ou mentale de beaucoup, vg. les cartes grises. Et toujours aucune écoute : le patronat ne voulait pas de l’impôt à la source, charge nouvelle énorme pour les administrations d’entreprise. Une sorte de mépris pour tout ce qui a fait et organisé la France, sa conversion de force à un modèle inconnu : inspection des finances.
 
Construction européenne. A l’évidence, ce n’est pas la réforme de la zone euro. qui rendra « l’Europe » attachante et séduisante pour les populations et les citoyens, au contraire. Le populisme va encore s’alimenter à cela. Migrants et réfugiés. L’Aquarius et SOS Méditerranée sont d’initiative allemande… le premier accueil de MERKEL pour la vague qui submergeait le sud-est de l’Europe : Grèce, Autriche. Les 700.000 accueils de l’Italie alors. La vague baisse un peu mais ne s’arrêtera jamais. Les conditions de vie en Afrique, les dictatures, les accaparements, l’émigration des diplômés, la honte de ceux qui sont parvenus à s’échapper : deux exemples personnels, honte de la dictature et des accaparements dans leurs pays respectifs, de l’obscurantisme du potentat local. On ferait le rideau de fer ou la muraille de Chine que cela ne cessera pas. Et nous serons, en étant cabrés et les gouvernements pédagogues pour les sacrifices économiques et financiers, ne le sont pas pour l’humanitaire. Pourtant 61 % des Français ont désapprouvé EM dans son « appréciation » de l’Italie (comment d’ailleurs prendre cela au sérieux, quand le lendemain à l’Elysée il ne s’agit plus que de « mon ami Giuseppe »). En revanche, la vraie question et que nous traitons aussi mal que celle des « quartiers » et de la grande pauvreté, c’est évidemment l’intégration des nouveaux arrivants : un respect mutuel, une exigence légitime. Expérience d’Edith : en terminales et BTS, ici, Turcs et Africains dérangeant constamment l’ensemble de la classe et des autres élèves, des effronteries caractérisées, des menaces. Un de ses élèves en soutien blessé au collège par un Ukrainien s’attaquant à chacun, et dont personne n’a raison. Franklin : les fauteurs de trouble = une reprise de boxe avec le préfet des études, un Jésuite (le Père MAUCORPS...)
 
TRUMP, une autre Amérique bien sûr relativement à celle des soixante dernières années, quoique celle-là avait fait la guerre du Vietnam et les deux fiascos afghan et irakien… TRUMP plait certainement à une majorité d’Américains, nous en avons encore pour sept ans. C’est l’alignement sur Israël comme jamais, et le désengagement de toutes les institutions internationales. Deux paroxysmes qui peuvent nous arriver : politique sociale française, la privatisation de la sécurité sociale, et relations internationales avec le retrait des Etats-Unis de l’O.N.U.
 
La succession au MEDEF du très mauvais Pierre GATTAZ : j’ai mon candidat, mais l’ambiance est à de curieuses cooptations et surtout à une présidence intellectuelle de fait, celle d’EM. La maçonnerie en proie au même « mal », et à cette occasion de me documenter… j’apprends que le KELLER qui m’a refusé le fichier des adresses internet des anciens élèves de l’E.N.A. pour l’enquête que je souhaitais mener sur l’actualité ou pas de la vocation au service public, et du sens de l’État (je comptais aussi propager mon livre politique de l’an dernier) a été le précédent grand-maître.
 
Je pense que nulle part ni sur aucun thème l’évolution, même à court terme, ne peut continuer ni entériner la tournure des « réformes » chez nous et des relations internationales. Réveil des peuples, retour à de vraies maturités ? Peut-être, ce serait le mieux. Ou bien accident quelque part faisant jaillir des dirigeants, des institutions d’urgence et donc autres. Tchernobyl a provoqué partout les prises de consciences faisant la fin de l’U.R.S.S. : des faits de nature différente mais une même chaîne de causalité. - A Lorient, votre municipal, la maison des syndicats va leur être retirée. J’espère, autour de cette maison, une manifestation par milliers de tout le Morbihan. Précisément, EM en Bretagne, lettre ouverte des élus (Ouest France) : uniquement les dessertes ferroviaires...

Excellente synthèse par cet analyste québécois, Roger BIBEAU, concluant les parutions statistiques de ces semaines-ci : la récession qui arrive, du fait surtout du consommateur, du peuple, lequel vit douloureusement un écart de plus en plus grand entre le haut et le bas du "pavé". Les inégalités ne sont pas motrices économiquement, et pour l'heure, au moins en France, elles ne suscitent pas non plus de " mouvement social ".

1- André Gide et notre temps . 3ème éd. NRF Gallimard . 8 Juin 1935 . 90 pages
2- François MAURIAC . Le Fils de l’homme (Grasset . Janvier 1959 . 195 pages) p. 173 et ss. l’apaisement de l’angoisse
3- ibid. op. cit. pp. 103, les visages extatiques d’Etienne, d’Angèle de Foligno, de Benoît Labre et le dire de Pascal ; p. 135 « Nous avons feint de croire que ce mal sécuritaire était une maladie contractée récemment. Nous avons feint de croire que le nazisme... » ; la théologie du prêtre, celui qui absout, l’Abbé HUVELIN, texte exemplaire et admirable que son portrait, son explication, sa psychologie, p. 163 et ss.
4- Christiane SINGER, Eloge du mariage, de l’engagement, et autres folies (Albin Michel . le livre de poche . éd. Janvier 2007, rééd. Février 2011 . 120 pages) – pp. 83-84
Reniac, vendredi 3 Mars 2017
Impossible d’extirper de la vie de l’autre, comme on le ferait de tiques dans le pelage d’un chat, les rencontres qui importent pour lui.
Par un mystère, impossible à élucider, ce sont précisément toutes les rencontres d’une qui nous font peu à peu advenir. Chaque rencontre me livre d’étrange manière, tantôt une lettre, tantôt un mot, tantôt une virgule, un blanc qui, peu à peu, mis bout à bout vont composer le libellé d’un message à moi seul adressé.
Ou mieux encore : chaque rencontre détient une pièce biscornue du puzzle qui finira par composer une vie et qui, avec la multiplication des pièces disposées, va lentement, dans un dégradé de couleurs laisser apparaître les grands contours, les grands thèmes de ma destinée. Et ce sont les autres qui me livrent – souvent à leur insu – la clef de mon énigme.
Dans chaque rencontre se révèle un aspect de mon être, un visage secret nage à ma rencontre dans l’eau du miroir. Les rencontres me remettent en mémoire une modalité d’être, une totalité oubliée.
Elles me cherchent, me trouvent sous les masques. Souvent elles me délivrent.
5 - Ben Sirac le Sage XLVIII 1 à 14 ; psaume XCVII ; évangile selon saint Matthieu VI 7 à 15

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