samedi 8 octobre 2016

les deux saintes Pélagie d’Antioche . l'une vierge et martyre à l’âge de 15 ans † v. 302 & l'autre, la prostituée repentante . 430 + 457




 Nous avons le récit de la mort de la première, grâce à saint Jean Chrysostome. Au début de la persécution de Dioclétien vers 302, les policiers se présentent au domicile de Pélagie qui n'a que 15 ans.
Elle est seule et ils viennent l'emmener car elle est chrétienne. Devant leur attitude dont elle sait que cela risque de se terminer par un viol avant d'être menée au tribunal, « Pélagie - écrit saint Jean Chrysostome - imagina une ruse si habile que les soldats n'en sont pas encore revenus. D'un air calme et gai, feignant d'avoir changé d'avis, elle les prie de la laisser se retirer un moment, juste le temps de revêtir la parure qui convient à une nouvelle épousée. Ils n'y voient aucun inconvénient. Quant à elle elle sort posément de la chambre, monte en courant sur le toit de la maison et se précipite dans le vide. C'est ainsi que Pélagie déroba son corps à la souillure, qu'elle délivra son âme pour lui permettre de monter au ciel et qu'elle abandonna sa dépouille mortelle à un ennemi désormais inoffensif.» 

Pour un approfondissement :
>>> Homélie N. 1 de Jean Chrysostome



Source principale : nominis.cef.fr/ (« Rév. x gpm »).



 





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saint Jean Chrysostome

HOMÉLIES SUR SAINTE PÉLAGIE.

PREMIÈRE HOMÉLIE.


AVERTISSEMENT A ANALYSE.

Nous avons deux homélies sur sainte Pélagie, mais de la seconde nous ne possédons qu'une traduction latine conservée par surins. La première fut sans aucun doute prononcée à Antioche où fut aussi martyrisée sainte Pélagie.
1-3° Ce fut par le conseil de Jésus-Christ que sainte Pélagie prévint le jugement du tyran, et se précipita. — 4° Exhortation à la décence et au recueillement.

1. Béni soit le Seigneur l voici maintenant que des femmes, à leur tour, se jouent de la mort; des jeunes filles se rient d'en finir avec la vie; des vierges, de toutes jeunes filles, étrangères au mariage , se jettent au milieu même des démons armés, sans recevoir leurs blessures. Tous ces biens, nous les devons au Christ, sorti d'une vierge : car, après ce bienheureux enfantement, cette admirable naissance, la mort a été paralysée; la puissance du démon, anéantie ; ce ne sont plus désormais les hommes seulement, mais les femmes aussi qui le méprisent; et non-seulement les femmes, mais les jeunes filles. Un berger intrépide prend le lion, redoutable pour son troupeau ; il lui brise les dents ; il lui coupe les ongles ; il fait tomber sa crinière sous les ciseaux; il en fait le jouet, méprisable et ridicule , qu'il livre aux enfants des bergers, aux jeunes filles pour servir à leur amusement : ainsi a fait le Christ, de cette mort, formidable pour notre nature, terrible, épouvantable ; il l'a prise , il a dissipé l'épouvante qu'elle inspirait; il nous l'a livrée pour amuser même des jeunes filles. Voilà pourquoi la bienheureuse Péta gie a couru au-devant, avec un si vif transport, qu'elle n'attendit pas les mains des bourreaux, qu'elle n'entra pas au tribunal, que la grandeur de son âme la poussa à prévenir leur cruauté. Douleurs, tortures, affreux supplices, elle était prête à tout supporter, mais elle craignait de perdre la couronne de la virginité. Et ce qui prouve combien elle redoutait le libertinage des impies, elle le prévient, elle s'empresse de se soustraire au dérèglement de leur insolence. Jamais homme n'entreprit rien de pareil; en effet, tous les hommes qui affrontèrent le martyre, se présentèrent devant le tribunal, et là, ils montrèrent leur courage. Mais les femmes, exposées par leur nature à certains outrages, se préoccupèrent des circonstances qui pouvaient accompagner leur mort. Si Pélagie avait pu conserver la virginité, en acquérant la couronne du martyre, elle n'aurait pas refusé de se présenter au tribunal : mais, vu la nécessité de perdre l'une ou l'autre, elle pensa que ce serait le comble de la démence, quand elle pouvait remporter une double victoire, de ne se ménager qu'un demi-triomphe. Donc, elle refusa d'entrer au tribunal, de s'exposer en spectacle à la licence des regards; de permettre aux désirs impurs de jouir de son (498) aspect; elle mit son corps sacré à l'abri des outrages; de la chambre virginale, du gynécée, elle passa dans un autre asile de la chasteté, dans le ciel. Il est beau de voir autour de soi, sans pâlir, les bourreaux qui déchirent vos flancs; Pélagie n'a pas montré moins de grandeur. Pour les hommes qui souffrent le martyre, il arrive un moment que la sensibilité s'éteint dans la variété des tortures ; que la mort ne paraît plus redoutable; qu'elle semble bien plutôt la délivrance, la fin des douleurs; mais notre vierge, sans avoir encore rien souffert, lorsque son corps était intact, nullement déchiré, Pélagie eut besoin d'une âme grande et généreuse, pour sortir de cette vie par une mort violente. Si vous admirez le courage de ces hommes intrépides, admirez donc aussi la force virile de cette vierge; si la constance de ces héros vous saisit par ce qu'elle a de sublime, soyez également saisis de la générosité sublime de cette femme, qui ose affronter une telle mort. Ne passez pas en courant, retenez ici vos pensées. Voyez cette vierge délicate qui ne connaissait que sa chambre pudique; tout à coup des soldats l'envahissent, des soldats sont à sa porte; ils l'appellent au tribunal ; on la traîne dans la place publique pour répondre à une accusation, de quelle nature, de quelle gravité ! Pas de père auprès d'elle, pas de mère à ses côtés; ni nourrice, ni servante, ni femme du voisinage; pas une amie; elle était seule au milieu des bourreaux. Qu'elle ait pu sortir et répondre à ces soldats, à ces bourreaux, ouvrir la bouche, faire entendre sa voix; qu'elle ait eu la force de les regarder, de conserver une contenance, de respirer, quel prodige, quel courage admirable ! Cette vertu n'appartenait pas à la nature humaine; il y avait là un surcroît qui venait de Dieu. Cependant la vierge n'était pas d'elle-même inactive; tout ce qui dépendait d'elle de faire, elle le fit; elle montra du zèle, de la prudence, de la générosité, de la résolution, de l'empressement, de l'impatience même. Mais le succès auquel aboutirent ces excellentes dispositions fut l'effet du secours de Dieu et de la grâce d'en-haut ; en sorte que nous devons l'admirer et tout ensemble la déclarer bienheureuse ; bienheureuse, parce Dieu a été son compagnon d'armes; l'admirer, parce qu'elle ne manqua pas elle-même de courage. Car qui ne serait frappé d'admiration en apprenant, qu'en moins d'un instant, elle conçut, résolut, accomplit ce qu'elle avait décidé? Il arrive souvent, vous le savez tous, que des projets longtemps médités, nous les rejetons lorsque le temps est venu de les accomplir; une légère crainte qui nous saisit disperse tous nos desseins; une frayeur subite suffit pour nous détourner. Notre vierge, au contraire, en un seul et même moment, conçoit, résout, exécute un dessein si plein de terreur et d'épouvante; ni l'horreur du présent, ni la rapidité des instants, ni son abandon au milieu des embûches, ni cette circonstance qu'elle est toute seule chez elle, quand on la saisit, rien, non, rien n'a troublé cette bienheureuse ; on eût dit que c'étaient des amis, des personnes de connaissance qui lui rendaient visite, tant elle conserve la liberté dans toutes ses actions ; cette tranquillité se comprend. En effet, elle n'était pas seule, Jésus était avec elle, Jésus, son conseil il était là auprès d'elle; c'était lui qui parlait à son coeur ; c'était lui qui fortifiait son âme; c'était lui qui chassait la crainte. Et cette protection était justice; la vierge martyre s'était d'avance montrée digne d'un pareil secours.
2. Elle sortit et demanda aux soldats la permission de rentrer et de changer de vêtements : elle rentre et revêt l'incorruptibilité, au lieu de ce qui est corruptible; l'immortalité au lieu de la mort; la vie sans fin, au lieu de celle qui n'a qu'un temps. Pour moi, j'admire, outre ce qui a déjà été dit, que les soldats lui aient accordé ce qu'elle demandait, qu'une femme ait trompé des hommes, qu'ils n'aient, rien soupçonné de ce qui allait arriver, qu'ils n'aient pas deviné la ruse. Ne dites pas que personne aussi n'a jamais rien fait de pareil; en effet, nombre de femmes se sont élancées dans des précipices, jetées dans les flots, ou poignardées, ou pendues; ces tragédies se renouvelaient fréquemment alors. Non, ce fut Dieu qui aveugla les satellites et ne leur permit pas de comprendre la ruse. Elle s'envola donc du milieu des filets; comme une biche tombée entre les mains des chasseurs et qui se sauve, arrive sur le sommet d'une montagne inaccessible, et là, hors de leur portée, à l'abri de leurs traits, s'arrête, et, sans rien craindre, regarde ceux qui la poursuivaient; ainsi fait notre vierge : elle était tombée entre les mains des chasseurs qui la traquaient; sa chambre était comme un filet où on l'avait prise, elle se sauve; non sur le sommet d'une montagne; mais elle gravit les cimes du ciel même, et, de ces hauteurs, elle ne redoutait plus leur (499) approche ; et les voyant ensuite s'en retourner les mains vides, elle jouissait de la confusion des infidèles. Attachons-nous à la bien comprendre le juge est sur son siège; les bourreaux se tiennent auprès de lui, les tortures sont préparées, tout le peuple est rassemblé ; les soldats attendent; c'est un trépignement universel, dans l'impatience du plaisir; on espère que la proie va venir, et voici que ceux qui avaient été envoyés pour s'en emparer, reviennent le front bas, les yeux regardant la terre, et racontent ce qui s'est passé. Quelle honte, quelle affliction, quel sujet de reproches pour ces infidèles ! Comme ils ont dû baisser la tête et rougir, quand ils eurent compris qu'ils ne faisaient pas la guerre aux hommes, mais à Dieu ! Joseph, harcelé par l'insidieuse maîtresse qui le poursuivait , abandonna le manteau qu'avaient souillé les mains de l'étrangère, et s'échappa nu ; mais Pélagie déroba son corps aux atteintes des impudiques; elle dépouilla son âme qui monta nue au ciel, abandonnant aux ennemis sa chair sacrée; confondus, réduits à l'impuissance, ils ne savaient que faire de ces restes. Voilà les oeuvres glorieuses de notre Dieu, quand il lui plaît de tirer ses serviteurs de leurs angoisses, pour les conduire à la sérénité, et de confondre les ennemis, en apparence triomphants, et de leur enlever toutes les ressources de la pensée. Quelle position plus cruelle, que celle où s'était trouvée cette jeune vierge? quoi de plus facile que ce que méditaient ces soldats? Elle était seule dans sa chambre; ils l'y tenaient entre leurs mains, elle y était enfermée comme dans une prison, et cependant ils revinrent après avoir perdu leur proie. Encore une fois, la vierge était seule; aucun secours, aucune ressource; aucune issue possible pour échapper de quelque côté que ce fût à ces affreux malheurs; si près de la gueule des bêtes féroces, elle se dérobe néanmoins aux dents qui allaient la dévorer, elle échappe aux piéges, aux soldats , aux juges, aux princes. Elle vivante, tous croyaient facile de triompher. d'elle ; mais la voilà morte, et alors les pensées des bourreaux sont confondues ; il fallait leur apprendre que la mort des martyrs, c'est la victoire des martyrs. Ce qui arriva, c'est comme si un navire chargé d'une énorme provision de marchandises, de pierres précieuses, assailli, à l'entrée même du port, par des flots qui menacent de l'engloutir, échappait à leur fureur, qui ne ferait que le pousser dans le port avec plus de célérité. Ainsi en arriva-t-il à la bienheureuse Pélagie. Les soldats se précipitant dans sa demeure,. la crainte des tortures qu'elle attendait, les menaces du juge, toute cette tempête, plus. violente que les flots soulevés, ne fit que précipiter son vol dans le ciel ; les vagues qui allaient l'engloutir, la portèrent plus rapidement au refuge où sont les ondes tranquilles; et puis son corps, plus brillant que la foudre,.tomba,. frappant d'un éclat terrible les yeux du démon.. Car la foudre qui se précipite du ciel, nous cause moins d'épouvante, que n'en ressentirent les, phalanges du démon, quand elles virent tomber ce corps de la vierge martyre, plus redoutable que tous les tonnerres.
3. Et maintenant voulez-vous être sûrs que rien n'est arrivé que par la volonté de Dieu? Ce qui le prouve surtout, c'est la promptitude du zèle qui a transporté la jeune vierge, c'est que les soldats m'ont pas soupçonné la ruse, c'est qu'ils ont consenti à sa demande, c'est que le fait s'est accompli. Une autre preuve, aussi forte, peut se tirer du genre même de la mort. En effet, beaucoup de personnes sont tombées du haut d'un toit, sans se faire aucun mal; il en est d'autres qui se sont mutilé le corps, et ont vécu longtemps après leur chute; mais Dieu n'a pas voulu que rien de pareil arrivât à la vierge bienheureuse; il voulut que son âme sortît aussitôt de son corps, et il la reçut parce qu'elle avait assez lutté, parce qu'elle avait accompli sa tâche. Ce n'est pas la chute, c'est l'ordre de Dieu qui a déterminé la mort. Le corps était étendu non sur un lit, mais sur le sol ; il n'était pas sans honneur, quoique gisant sur le sol; le sol même devenait un objet de vénération, pour avoir reçu ce corps si glorieux. Ce corps n'était que plus vénérable, d'être ainsi étendu sur le sol; les outrages qu'on subit au nom du Christ, nous sont un surcroît d'honneur. Il était donc étendu sur le sol, dans ce lieu vénérable, ce corps virginal, plus précieux que l'or; les anges se tenaient à l'entour, tous les archanges le contemplaient avec un respect insigne; le Christ lui-même se tenait là. Car, si les maîtres assistent aux funérailles des domestiques honorables, s'ils y vont sans rougir, à plus forte raison, le Christ n'a pas pu rougir d'honorer de sa présence, celle qui, pour lui, avait exhalé son âme, et affronté un si grand danger. Elle était donc là, étendue, dans la (500) pompe magnifique qui convient aux funérailles des martyrs, parée de la confession de la foi, vêtement plus riche que toute la pourpre des rois; robe plus précieuse que tous les tissus les plus précieux ; superbe à double titre, par la virginité, par le martyre; c'est avec ces ornements de ses funérailles, qu'elle paraîtra au tribunal du Christ. Et nous aussi, envions pour nous de pareils vêtements, et pour les jours de notre vie et pour notre mort: nous savons bien que celui qui se pare de vêtements d'or, n'en recueille aucune utilité; au contraire, il s'expose à de nombreux reproches ; il semble même, dans le sein de la mort, ne pas renoncer à une gloire qui n'est que vanité; s'il est revêtu de bonnes oeuvres il aura, même après sa mort, beaucoup de bouches pour célébrer ses louanges. Sachons-le bien : la splendeur même de nos cours impériales paraîtra aux yeux de tous moins brillante que le sépulcre où sera couché ce corps qui a vécu dans la vertu, dans la piété. Vous êtes les témoins de ce que je déclare, ô vous qui, dédaignant les sépultures des riches malgré l'or et les étoffes magnifiques qui les décorent, vous en détournez comme on s'écarte des cavernes, et courez avec amour auprès de cette sainte, qui a choisi le martyre, la confession de la foi, la virginité, et non des vêtements d'or pour ses ornements, et qui est morte dans le martyre.
Imitons-la de toutes nos forces. Elle a méprisé la vie; de notre côté, méprisons les délices, raillons la somptuosité; loin de nous l'ivresse, l'intempérance. Ce n'est pas sans dessein que je prononce ces paroles, mais c'est que j'en vois beaucoup qui, au sortir de ce spectacle tout spirituel, vont courir aux lieux où l'on s'enivre, où l'on mange, aux tables d'hôte, dans d'autres endroits encore où l'infamie réside. C'est pourquoi, je vous en prie, je vous en donne l'exhortation et le conseil, ayez toujours présente à votre mémoire, à votre pensée, cette vierge sainte, ne déshonorez pas cette assemblée, ne ruinez pas la confiance que cette fête nous inspire. Nous n'avons pas tort dans nos entretiens avec les Gentils, de parler avec orgueil de la foule qu'attire cette solennité; nous les voyons rougir devant nous, quand nous leur disons que la ville entière, qu'un si grand peuple, parce qu'une simple fille est morte, s'attroupe ainsi en son honneur, et cela chaque année, après tant d'années, que le temps écoulé depuis n'a jamais pu interrompre ni refroidir les hommages fidèles à sa mémoire. Mais si les Gentils soupçonnaient ce qui se passe dans cette assemblée, combien ne perdrions-nous pas de leur respect ! Quand cette foule, ici réunie, conserve l'ordre et la décence, c'est pour nous la plus belle gloire; mais son indolence, son mépris des, devoirs, c'est notre honte, et cette honte nous accuse.
4. Si donc vous voulez que nous puissions nous glorifier de ce grand rassemblement de votre charité , retirez-vous dans nos demeures avec l'ordre parfait qui convient à ceux qui se sont réunis auprès de cette bienheureuse martyre. Celui qui ne s'en retournerait pas dans ces dispositions, non-seulement n'aurait rien gagné, mais il s'exposerait au plus grand danger. Je sais que vous êtes exempts des maladies qui souillent l'âme, mais cette excuse ne doit pas vous suffire; vous devez encore, quand vos frères oublient la décence, les ramener à la modestie parfaite, les rétablir dans la pureté, dans l'honnêteté convenable. Vous avez, par votre présence, honoré la martyre; honorez-la encore en redressant ceux qui sont proprement ses membres. Si vous voyez un rire désordonné, une course indécente, une démarche indigne, une allure inconvenante, montrez-vous, et fixez des regards sévères, des regards qu'on redoute. Mais on vous méprise, on ne fait que rire plus fort à vos dépens? Prenez avec vous, deux frères, ou trois, ou un plus grand nombre, afin que ce plus grand nombre vous assuré le respect. Vous ne parvenez pas encore, même par ce moyen, à corriger leur démence, dénoncez-les aux prêtres. Mais il est impossible que leur impudence aille jusqu'à mépriser les reproches, les exhortations; je ne saurais croire qu'ils ne finissent pas par s'amender, par renoncer à ces dérèglements, à ces frivolités licencieuses. Supposez que vous en ayez reconquis une dizaine, ou trois, ou deux, ne fût-ce qu'un seulement, vous retournerez chez vous, enrichi d'un gain précieux. La route est longue: profitons dé la longueur de la route, pour recueillir dans notre mémoire les discours que nous aurons entendus ici : voilà le moyen de parfumer le chemin des plus suaves odeurs. La route aurait moins de charmes, quand l'air, dans tout le parcours, serait embaumé de senteurs exquises, qu'elle ne serait charmante aujourd'hui, si tous les fidèles qui la suivront, regagnaient leurs demeures, en se racontant l'héroïsme de notre martyre, chacun se servant (501) de sa langue comme d'un encensoir pour l'honorer. Quand l'empereur fait son entrée dans une ville , avec quel ordre les files des soldats s'avancent, de droite et de gauche, s'exhortant mutuellement à marcher sans confusion, avec les précautions que le respect commande, à qui veut paraître digne des regards du peuple !
Faisons comme eux; car nous aussi nous escortons un empereur; non un empereur visible, non un empereur qui ne commande que sur la terre, mais le Maître et le Seigneur des anges. Marchons donc, nous aussi, en bon ordre, nous exhortant, les uns les autres, à nous avancer comme il convient, en gardant nos rangs, de telle sorte qu'on admire, non-seulement notre grand nombre, mais encore la beauté de notre défilé. Parlons mieux n'eussions-nous aucun témoin, fussions-nous seuls à faire ce trajet, même alors il ne faudrait pas nous abandonner à des allures inconvenantes, parce qu'il y a un oeil qui ne dort pas, présent partout, regardant tout. Considérez encore qu'un grand nombre d'hérétiques sont mêlés avec nous; s'ils nous voient ainsi dansant , riant, poussant des cris, en proie à l'ivresse, ils nous condamneront en toute sévérité, ils s'éloigneront de nous. Si, pour un seul homme qu'on scandalise, on s'attire un inévitable châtiment, nous qui aurons scandalisé un si grand nombre d'hommes, quel châtiment n'encourrons-nous pas? Mais loin de nous ce malheur, qu'après ces discours, qu'après cette exhortation , aucun de nous s'expose à tomber dans de tels égarements ! Car si jusqu'à présent ces fautes ne méritaient pas de pardon, après notre réunion d'aujourd'hui, et les reproches que vous venez d'entendre, la peine sera bien plus inévitable encore, tant pour ceux qui s'abandonnent à ces excès, que pour ceux qui les voient avec indifférence. Donc, pour préserver vos frères des châtiments, et pour vous assurer à vous-mêmes une plus belle récompense, prenez en main le soin du salut de vos frères; engagez-les à recueillir, à se rapporter mutuellement les discours que vous avez entendus, pour les méditer pendant tout le parcours de la route, pour offrir, à ceux qui sont restés, qui ont été laissés dans leurs maisons , les restes dé notre table, pour vous apprêter, même chez vous, un brillant repas. C'est ainsi, en effet, que nous retirerons de cette fête tout le sentiment qu'elle doit imprimer profondément dans nos âmes; que nous nous assurerons la plus grande bienveillance de la sainte martyre, juste retour de la sincérité de notre respect. Notre présence ici, notre tumultueux empressement, lui sera bien moins agréable, que le plaisir de nous voir emporter d'ici une abondante et lourde moisson de grâces spirituelles. Puisse notre sainte nous mettre en possession de ces fruits, par ses prières, et, avec elle, puissent tous ceux qui ont lutté comme elle, nous obtenir de conserver la mémoire des discours de ce jour, et de tous les autres; de les reproduire dans toutes nos actions, afin d'être, à toutes les heures de notre vie, agréables au Dieu à qui appartient la gloire, la. puissance, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

wikipédia – à jour au 27 septembre 2016

Pélagie d'Antioche

Page d'aide sur l'homonymie. Cette page d’homonymie répertorie différentes personnes portant le même nom.
Deux saintes sont désignées comme Pélagie d'Antioche :

Pélagie la Vierge d'Antioche. (Fête le 9 juin)

Martyre à Antioche, actuellement Antyaka, en Syrie. En 304, à 15 ans, selon la légende, se jeta du haut de sa maison alors qu'on venait l'arrêter comme chrétienne ou pour échapper à un magistrat libidineux.

Pélagie la Pénitente d'Antioche (Fête le 8 octobre)


Sainte Pélagie parmi ses courtisans, Nonnus priant pour elle (manuscrit du XIVe siècle).
Née dans une famille d'Antioche vers 430, Pélagée surnommée Marguerite (du latin margarita, « perle », soit à cause de sa grande beauté, d'où son surnom de la « perle d'Antioche », soit parce qu'elle était toujours couverte de perles) s'engagea dans une troupe de comédiennes à Antioche. Dotée d'une beauté extraordinaire, fière et vaine dans sa manière d'être, elle salissait son esprit et son corps dans l'impudicité. Si elle passait en ville, c'était avec une ostentation telle qu'on ne voyait sur elle que soieries, or, argent, pierres précieuses ; partout où elle allait, l'air embaumait de toutes sortes de senteurs. Elle était précédée de parfums capiteux et suivie d'une foule immense de jeunes filles et de jeunes garçons revêtus, également, d'habits somptueux et tout à sa dévotion1.
Selon La Légende dorée, elle était donc aussi belle et frivole. Entrée par hasard en 453 dans une église, pour s'en moquer, elle entendit un sermon du prêtre Nonnus (assimilé à Nonnus, évêque d'Edesse) décrire la grande pécheresse Babylone ; elle se reconnut dans cette description et en fut bouleversée. Aussitôt elle demanda le baptême. Trois jours après, elle distribua ses biens aux pauvres et partit vivre en solitaire dans un couvent de moines basiliens, sur le mont des Oliviers. Là, afin de pouvoir accomplir sa mission, elle se fit passer pour un dénommé Pélage. Elle accueillait les visiteurs et leur parlait de Dieu afin de les convertir. Elle obtint ainsi de multiples conversions de jeunes bédouins et de voyageurs. Espérant racheter sa vie passée, elle avait donc pris l'habit d'ermite, et habitait une petite cellule dans laquelle elle servit Dieu en pratiquant une rigoureuse abstinence. Elle jouissait d'une réputation extraordinaire, et on l'appelait frère Pélage. Un jour, le 8e jour d'octobre vers 457, un diacre vint frapper à sa porte. Mais comme personne ne lui répondait, il passa par la fenêtre et vit que Pélage était mort. Il courut annoncer cela à son évêque, Nonnus qui vint, en plein désert, avec le clergé et les moines pour rendre les derniers devoirs à un si saint homme. Le voyage avait pris des semaines, mais quand on eut sorti le cadavre de la cellule, un corps si décharné mais si merveilleusement conservé, on s'aperçut que c'était une femme ! Tous furent remplis d'admiration, et rendirent grâces à Dieu ; ensuite ils ensevelirent le saint corps avec tous les honneurs. (Tiré de : La vie des Premiers Saints, Anonyme).
Cette sainte est probablement le doublet d'une sainte Marguerite d'Antioche2.

Notes et références

  1. Jacques de Voragine, La Légende Dorée, E. Rouveyre, 1902, p. 169
  2. Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, Presses universitaires de France, 1959, p. 1058
Dernière modification de cette page le 27 septembre 2016, à 07:17.



notre Sainte mère PÉLAGIE la prostituée repentante


Sainte Pélagie vivait à Antioche dans la deuxième moitié du cinquième siècle. Livrée à la danse et aux plaisirs impurs, elle était la prostituée la plus connue de cette grande ville et avait tiré de ses débauches une grande fortune qu'elle n'utilisait qu'à parer son corps d'atours précieux et de parfums voluptueux, pour attirer de nouvelles victimes dans ses filets. Elle avait de nombreux esclaves et serviteurs qui l'escortaient lorsqu'elle se proMenait dans la ville, assise dans son char luxueux. Or, un jour où l'Archevêque d'Antioche avait invité Nonnus, l'Evêque d'Edesse, un saint homme dont les paroles inspirées portaient ses auditeurs au repentir et à l'amour de la vertu, à prêcher devant le peuple, Pélagie vint à passer devant l'assemblée avec son cortège habituel. Alors que tous détournaient les yeux de ce spectacle, Saint Nonnus regarda cette femme en pleurant. Il dit à ceux qui l'entouraient: «Malheur à nous, paresseux et négligents, car nous devrons rendre compte au jour du jugement, pour ne pas avoir mis à plaire à Dieu le zèle et le soin que met cette pauvre femme à orner son corps pour un plaisir passager». Et il pria ardemment le Seigneur pour sa conversion.

Le lendemain, comme Nonnus commentait le Saint Evangile au cours de la Divine Liturgie, Pélagie se trouvait dans l'assistance. Les paroles de l'Evêque sur le Jugement dernier et l'éternité des peines de l'enfer pénétrèrent dans le coeur de la jeune femme comme une épée effilée et éveillèrent en elle le seul véritable amour, celui de l'Epoux céleste. De retour dans son palais, elle adressa une lettre au Saint Evêque, demandant qu'il acceptât de la recevoir et qu'il ne méprisât pas sa turpitude s'il était vraiment disciple de Celui qui est venu pour appeler «non les justes mais les pécheurs à la pénitence» (Mat. 9:13). Nonnus lui fit répondre que si elle était vraiment décidée à se repentir, elle devrait se présenter à l'église, devant toute l'assemblée des Clercs et du peuple, pour confesser ses fautes. Pélagie saisit cette occasion et se précipita vers l'église, en oubliant sa parade et son orgueil d'autrefois. Puis elle se jeta à genoux au pieds de l'Evêque et le supplia de la faire renaître à la vie divine par le Saint Baptême, afin que le démon et l'habitude ne la rappellent pas à sa vie de débauche. Lors du Baptême de Pélagie toute la ville d'Antioche se réjouit de l'événement et du salut de cette âme. Elle fut confiée à une moniale du nom de Romane, qui l'initia au combat spirituel et à la vie de repentir. Par la prière et le signe de la Croix, elle vainquit ainsi les tentations de revenir à sa vie de péché, qui ne tardèrent pas à fondre sur elle. Quelques jours après son Baptême, Pélagie fit distribuer toutes ses richesses aux pauvres et affranchit ses esclaves.

Ainsi libérée de tout attachement au monde, elle changea ses vêtements féminins pour de grossiers vêtements d'homme, et partit en secret pour pratiquer l'ascèse en Palestine, sur le Mont des Oliviers. Elle resta de longues années enfermée dans une petite cellule, luttant chaque jour contre les passions qui s'étaient enracinées dans son corps et mettant désormais tout le soin qu'elle avait autrefois pour ses toilettes et ses parfums à l'ornement de son âme pour la vie éternelle. Bien qu'elle restât dans la solitude, la renommée de ses exploits se répandit parmi les ascètes de Palestine, qui croyaient qu'elle était un homme. Lorsque la sainte pénitente remit en paix son âme à Dieu, tous les moines de la région se réunirent pour vénérer ses Saintes Reliques et glorifièrent grandement le Seigneur en apprenant d'un disciple de Nonnus la véritable histoire de Pélagie, qui enseigne à ceux qui sont plongés dans les ténèbres du péché à ne pas désespérer, mais à s'engager avec vaillance sur la voie du repentir.


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