dimanche 30 octobre 2016

tranmission à l'épiscopat et nommément à Mgr. Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France, de mes notes sur leur " adresse aux habitants de notre pays "

Monseigneur, mon Père,


j'espère ne pas vous avoir importuné ou encombré par la communication, en destinataire caché, de mes récents courriels à l'Elysée : je m'y efforçais d'y faire lire le texte que vous aviez introduit dans Le Monde, le soir-même du premier débat de primaires pour la prochaine élection présidentielle. Peut-être y êtes-vous - vous-même - parvenu plus directement et en avez-vous reçu un écho ?

Merci à vous-même, au Conseil permanent dont j'aurais voulu connaître l'adresse internet de chacun des membres pour les remercier aussi, et à l'ensemble de vos Frères dans l'épiscopat.

Depuis le 28 Octobre 1972 (pour une pratique chrétienne de la politique), vos prédécesseurs nous ont enseigné à la suite notamment de Paul VI (14 Mai 1971 - lettre apostolique pour une société humaine) comment discerner en politique et comment contribuer, en cela, à la vie de notre pays, à l'amélioration de notre société. Cette fois-ci, votre apport est décisif, d'abord que vous vous situez vous-même - non plus en magistère - mais en contribution civique, et que vous ne vous pas seulement aux Français mais à tous les habitants avec nous de notre territoire. Ensuite, parce que vous prenez la parole par défaut. De fait, aucune personnalité, aucun mouvement, aucun parti dans la "classe politique", ni aucun commentateur ou essayiste, n'a présenté de manière si crûe et si pressante la situation dans laquelle - d'âme et d'esprit - notre pays se trouve : structures, "charpente" écrivez-vous, discernement du bien commun semblent avoir disparu, pas seulement de la pratique nationale, mais de la conscience de chacun.

Vous proposez avec instance - le questionnaire à la fin de votre adresse et avant le rappel de votre première "sensibilisation", celle du 20 Juin dernier - l'engagement personnel de chacun, des chrétiens, des catholiques dont vous supposez qu'ils vous écoutent les premiers, et le dialogue de tous avec tous.

Tendu et sobre comme il est, votre texte sous-entend que sans cette réflexion - cet arrêt intérieur de chacun en lui-même et pour notre pays - les différents processus habituels de la politique et de l'économie seront encore plus inopérants que ces dernières années. A commencer par la prochaine élection présidentielle. Combien j'en suis personnellement d'accord, qui milite par écrit vers l'Eysée (le secrétaire général par internet ou le Président lui-même par la poste) depuis bientôt dix ans pour une prise de conscience, laquelle fait forcément surgir les ressorts encore intacts souvent qui doivent être tendus.

L'effet d'annonce a été parfait, exceptionnel, correspondant très bien au texte. Votre entretien dans le Monde, particulièrement précis et vibrant. Succès tel que le premier tirage a été épuisé en moins d'une semaine.

C'est la suite, maintenant, qui importe.

Il apparaît que votre adresse est immédiatement comprise des incroyants ou des indifférents parce que vous vous posez en citoyens, préoccupés de notre avenir commun. Et il apparaît tout autant que beaucoup de fidèles pratiquants dans notre Eglise de France sont de plus en plus éloignés d'une entrée en eux-mêmes et d'un dialogue avec tous, librement et sans a priori, s'il s'agit du politique. Considérant la politique, avec autant de simplisme que de conviction, comme un mal et une erreur, ne la distinguant pas, précisément, du politique, beaucoup se sentent en état de siège face à des gouvernements considérés comme illégitimes : la Manif.pour tous et les combattants de la bio-éthique, quand ce n'est pas une analyse anti-Islam sommaire. Autrement dit, l'engagement et la réflexion - selon ce que votre adresse inspire, suggère et attend - n'est pas, actuellement, immédiat. Et le clergé - qui n'a jamais été formé jusqu'à présent, au moins en tant que clergé - au discernement pratique du politique et de son bien-fondé, ne semble pas s'engager à faire s'engager. Je ne sais si cette sensation que j'ai dans les paroisses de l'est du Morbihan (la Bretagne du sud) est trop pessimiste ou subjective, ou si elle peut être la tendance nationale.

Se saisir du politique et y contribuer est nouveau, c'est accueilli avec faveur et même admiration en dehors de l'Eglise, c'est reçu avec contre-sens par la "classe politiqe" (l'exposé de François Fillon vous remerciant de votre texte, en plaçant ses analyses et ses projets comme démonstration que lui-même est déjà au point... le pharisien et le publicain au Temple), c'est craint parmi les fidèles et dans le clergé.

Je vais tenter pour ma part de susciter des réunions de lecture puis de commentaire et mises en perspective, soit dans les paroisses que je connais, soit erga omnes dans des enceintes publiques.

Voici d'ailleurs mes notes de lecture, développant vos paragraphes ou dialoguant avec eux.

Il me semble que - comme en politique, surtout internationale - un "comité de suivi" au sein de votre Conseil permanent serait nécessaire pour
1° recueillir les échos retour de la diffusion de votre adresse : échos de presse, mais surtout échos selon la vie de chaque diocèse
2° zéler les diocèses pour qu'ils pressent les paroisses les composant afin que le texte soit réfléchi à plusieurs, commenté et sorte aussi des enceintes exclusivement catholiques
3° porter cette urgence et ce souci à divers responsables : les autorités religieuses dans des fois qui nous sont soeurs, l'Islam, l'Eglise réformée, le judaïsme. Cela peut se faire à la base dans chaque diocèse, mais aussi par vous-même - les chefs politiques, syndicaux et des groupements patronaux.

Naturellement, fils de France, elle-même fille aînée de l'Eglise, je suis, Monseigneur, mon Père, à votre disposition, comme à celle de "mon" évêque, l'évêque de Vannes.

Recevez, mon Père, l'hommage et l'assurance de mes sentiments filiaux et fraternels, et de nouveau l'expression de mon admiration pour le moment et le contenu de votre adresse.

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