« Le conseil permanent
de la conférence des évêques de France aux habitants de notre pays »
14 Octobre 2016 – Bayard
éditions . Mame . les éditions du Cerf – 4 euros
93 pages . format d’une main
.
pp. 79 à 90 = texte du 20
Juin 2016 « 2017 année électorale, quelques éléments de réflexion »
pp. 75 à 78 = questionnaire
« quelques pistes pour échanger à partir du texte … »
pp. 11à 71 = corps même du
texte
coincidence ou
organisation : remarquable communication pour le « lancement ».
La coincidence, le jeudi 13 Octobre, avec le premier débat télévisé pour la
primaire de la droite et du centre, l’annonce-commentaire par le président de
la conférence, Mgr. Georges Pontier accordant un entretien à Cécile Chambraud, pour
le quotidien le plus influent de France (Le Monde pp. 8 & 9) lequel en
supplément économique évalue la nouvelle Première ministre britannique, et en
pages littéraires, présente le journal intime, édité posthume de Witold
Gombrowicz – on ne peut faire mieux. Alain Juppé, l’un des sept candidats,
évoque pendant le débat, mais sans que ce soit relevé, le document. François
Fillon publie sa réponse le 25 dans la Croix (énoncé de ce qu’il croit des
convergences), et Marine Le Pen, dès le15 avait dénié toute compétence à
l’épiscopat en matière politique.
malheureusement – premier tirage
épuisé dès le 20 … et – au moins pour le paroissien du sud-est du Morbihan –
pas d’annonce en homélie ou en prône
*
* *
lecture ligne à ligne – annotée . commentée
une
entrée dans le texte, le soir du mercredi 19 octobre, me montre aussitôt que le
ton et la posture sont sans précédent dans le magistère des évêques depuis
cinquante ans : ils se situent en citoyens et mettent leur expérience de
l’homme et du dialogue, expérience dont
la source est dite, au service du pays. Ils prennent la parole par défaut, et
posent un diagnostic et appellent à la réflexion de fond et à l’engagement,
comme aucune formation politique ne sait actuellement le faire. Cette prise de
parole est motivée également par l’état alarmant de notre pays, au plan plus
spirituel, mental que matériel ou social. J’avais ainsi lu les vingt premières
pages, mais ayant prêté mon exemplaire à mon cousin Jean-François R. 75 ans, un
des fondateurs de la psychologie cognitive en France, et à sa femme Arlette, je
n’avais pu aussitôt poursuivre ma lecture. – Je la reprends à son début.
en italique, les remarques
BFF – en caractères droits
ce qui est emprunté au texte – ce
qui est souligné l’est dans la présentation du texte
page
11
nous aimons notre pays… nous
sommes préoccupés par sa situation… débat que notre pays se doit d’avoir … nous
ne sommes pas des spécialistes, mais nous partageons la vie de nos concitoyens
la posture est toute nouvelle, quelques-uns parmi d’autres …
titre général
habitants de notre pays …
pas seulement les Français, les Gaulois : légitimation s’il en
fallait, du droit du sol
dans un monde qui change
je ne crois pas que le monde change, ce sont les apparences, les
énoncés qui chgangent à chaque époque, c’est la manière des hommes de saisir
leur époque qui change à chaque génération – les faits et principaux paramètres
ont leurs précédents et leurs analogie dans notre passé national et dans
l’histoire de notre civilisation indo-européenne
page 12
sourds ou aveugles… indifférents
et insensibles… charge terrible des
dirigeants et « responsables » en toutes matières
beaucoup sur le territoire
national … cette appellation désignent
une responsabilité de tous et dénie aux « nationaux » l’exclusivité
de la possession ou de la jouissance du pays – les mots France ou Français ne
sont pas employés : il s’agit de l’homme tout court sans qualificatif ni
précision
lassitude… frustrations… peurs
page 13
incertitude dans la société… la
morosité ambiante… c’est du de
Gaulle :
du mal à se retrouver sur une
vision partagée de l’avenir et ainsi imaginer son futur… contribuer à une prise
de conscience
c’est l’énoncé et du diagnostic et du remède – tendant tout le propos
novation dans la posture, ce n’est ni l’Eglise, ni le magistère, ni
l’épiscopat qui interviennent en tant que tels, mais les catholiques,
citoyens à part entière, qui vivent aussi… ne peuvent se désintéresser…
page 14
le remède par la caractérisation de l’homme, personne et société :
l’espérance chrétienne n’est donc pas seulement individuelle, elle est
aussi collective
pages 14-15
rappel des précédentes prises de parole : celle de 1972 très
marquante
continuité des libellés et du fond : la vie en société et la
recherche du bien commun
page 15
acceptation explicite des notions traditionnelles et fondamentales
de Nation, Patrie, République comme ce
qui fonde la vie en société
pages 16-17
l’ambition du texte n’est pas un diagnostic sur la France ou un bilan
des lacunes ou dérives
c’est à une réflexion plus
fondamentale sur le politique en lui-même qu’il nous semble urgent d’inviter – ce ne sont pas les évêques qui feront à la
place des fidèles, du peuple, de tous, ce travail sur nous-mêmes
c’est à un travail de
refondation auquel il nous faut, ensemble, nous atteler
page 19
la crise de la politique est
d’abord une crise de confiance envers ceux qui sont chargés de veiller au bien
commun et à l’intérêt général
la charge est totale, précise, bienvenue
des ambitions personnelles démesurées,
des manœuvres et calculs électoraux des paroles non tenues, le sentiment d’un
personnel politique coupé des réalités, l’absence de projet ou de vision à long
terme, des comportements partisans et démagogiques… sont injustifiables et sont
devenus insupportables
p. 20
des figures éminentes et
discrètes comme Robert Schuman, Edmond Michelet…
acceptons ces noms qui sont ceux de futurs béatifiés ou saints :
ils ne sont d’ailleurs pas discutés
toute la noblesse du service
politique
l’expression est juste, évidente et – pourtant – elle sonne comme
neuve : c’est bien dit
soutenir ceux qui sont prêts à
s’engager dans cet esprit
dans un passé récent, une partie de la hiérarchie a pu paraître
soutenir des initiatives de formulation ou de comportement très
différentes : vg. « la manif pour tous »
p. 21
distinction opérante du politique relativement à la politique
juste définition de l’objet des élections, pas tant les personnes que le politique, la recherche du bien commun et
de l’intérêt général, qui doit trouver son fondement dans un véritable débat
sur des valeurs et des orientations partagées – le mot démocratie n’est pas ici appelé, le point important est le
partage
p. 23
juste évocation, juste remarque
ces moments de communion intenses
marquent nos concitoyens et l’histoire de notre pays. Certes, on peut se
demander ce qu’il en reste quelque temps après
c’est la faute majeure du quinquennat en cours que de n’avoir pas saisi
ces moments pour former un gouvernement d’union nationale, de consensus national
– ouverts à tous les mouvements politiques, y compris le Front national – et
privilégiant les personnalités d’autorité morale notoire plutôt que des dosages
et des proportionnalités, sans exclusion de non-élus et de non-habitués à la
geste politique … 2015, donc et François Hollande
la même opportunité s’est présentée presqu’au début du quinquennat
précédent quand le président d’alors sut, dans un discours prononcé à Toulon,
très bien caractériser la crise économique mondiale et financière que celle des
« subprimes » américaines mettait en évidence … 2008, donc et Nicolas
Sarkozy
sans doute aussi à la suite de l’élection présidentielle de 2002,
montrant un Front national n’augmentant d’une voix son score du premier au
second tour de scrutin : un gouvernement d’union nationale et républicaine
reflétant la majorité de plus de 80% qui s’était porté sur le nom de Jacques
Chirac, alors que ce dernier de 1981 à 2002 n’a jamais dépassé 20% des
suffrages exprimés au premier tour… 2002, donc et Jacques Chirac
p. 24
oui, les Français (première fois que le texte les nomme ainsi, et
significativement parce qu’il s’agit d’union-communion) veulent dire
clairement leur besoin de se retrouver et d’être unis malgré tout
l’erreur de plus en plus manifeste de nos processus électoraux et
maintenant des primaires de chaque « côté » : ils ne font
ressortir que les rivalités personnelles et les divergences de pensées et
d’idées, même à l’intérieur d’une « famille politique »
cette société en tension – la faute aux habitants de notre
pays ? ou aux médias ? et aux personnels dirigeants ?
p. 25
on ne peut sans cesse jouer sur
la com’ et l’audience - cela pour les dirigeants
chacun doit pouvoir
s’interroger sur l’incidence de ces nouvelles technologies sur son degré de
liberté et sa capacité de jugement personnel
c’est un peu bref
les moins de quarante ans et à plus forte raison les futurs électeurs
des années 2020 et ensuite, sont nés dans ces nouvelles technologies :
elles ne sont nouvelles que pour les plus de cinquante ans
j’ai deux expériences – la mienne, curieux de tout, aimant
l’encyclopédisme, je suis comblé par les sites documentaires, évidemment
wikipédia, par les sites d’institutions (celui du Vatican alors que celui de
l’Elysée est lamentable) et par les « moteurs de recherche »
fournissant si vite l’énumération de tous les traitements existants pour un
sujet qu’on se donne ou qui est apparu – celle que nous donne notre
fille : 12 ans moins un mois. Elle n’utilise ces technologies que de façon
personnelle : créativité, jeux et déjà un peu de traitement de texte.
Quand je dis jeux, ce ne sont pas des jeux proposés, mais comment elle joue,
généralement à plusieurs amies ou camarades, grâce à ces technologies
j’ai tendance à penser que ces technologies aident au contraire au
jugement personnel, parce qu’elles le documentent à la demande de celui qui
veut « se faire une opinion »
ainsi la variété, chez nous, des opinions se disant chrétiennes ou des
groupuscules surtout d’extrême droite : sans la toile, je ne les
connaîtrais pas
page 27
un pays qui ne cesse de produire
des normes et des règlements supplémentaires
plusieurs remarques
- cette production a sa limite matérielle : les processus
d’élaboration et de publication. A vérifier aujourd’hui, mais jusqu’il y a peu,
et depuis la Libération, l’ensemble des textes paraissant au Journal officiel
étant numéroté, on voit que l’on ne dépasse jamais 1.500 à 1.600 textes.
Certes, quelques-uns tournent à des catalogues énormes, vg. les lois Macron
- une moitié ou presque des textes en aplication chez nous est la
transposition de textes européens, ce à quoi nous obligent les traités
- la question est un peu différente, les praticiens du droit ne suivent
plus (a fortiori, le citoyen « lambda) et les textes sont beaucoup moins
bien préparés, rédigés qu’avant
page 28
oui, juste observaiton : précipitation… contexte de l’émotion qui va jusqu’à l’improvisation d’un
président sans culture juridique, vg. la déchéance de nationalité fondée sur la
double nationalité – les « lois-affiches » dénoncées par Jean-Louis
Debré quand il présidait le
Conseil constitutionnel
contestation importante et valable sur la plupart des sujets, traités
en droit : la logique exclusive du contrat qui prévoit tout = dérive anglo-saxonne – le droit est
coûtumier ou interpersonnel, il n’est pas édifié erga omnes et dans la
généralité, il n’est pas débattu en Parlement mais en juridiction (souvent à
juge unique)… c’était l’enjeu de l’article 2 de la loi Travail : quelle
est l’origine d’une norme ?
page 29
pas original mais juste
tout le monde s’accorde à dire
que notre pays a un besoin très gtrand de réforme, mais tout projet en ce sens
est a priori disqualifié. C’est toujours l’autre qui doit faire l’effort en
premier
le texte qui se relâchait et qui risquait de ne plus conserver son
lecteur revient à une remarque décisive : l’autorité de l’Etat se
disqualifie peu à peu, et beaucoup de gens ont le sentiment de n’avoir plus
prise sur le cours des événements – il
serait plus approprié d’écrire : plus prise sur les décisions les
concernant (la participation, les
analyses du général de Gaulle dans ses dernières années)
à noter : la mention de l’Etat en tant que tel vient à propos de
sa crédibilité, et non pas comme organe de contrainte
nœud du sujet, mais pas très bien dit = le potentiel de
dynamisme et de solidarité patine, sans arriver à trouver le point d’appui,
l’élément catalyseur qui lui permettra de se développer et de porter tous ses
fruits
cet élément peut être les circonstances : vg les attentats et a
contrario l’accueil des migrants, mais il lui faut aussi une personnalité ou un
groupe caractérisant cet élément, et enfaisant prendre conscience, au grand
nombre à la nation. Cas d’école : l’appel du 18 Juin, l’allocution du 22
Avril 1961brisant le pustch d’Alger, le bref discours du 30 Mai 1968 rompant la
sorte d’enchantement qui liait tous les esprits et beaucoup de comportements en
Mai 68 ; chque fois, la force du texte a été d’appeler cette catalyse et
en même temps de la constater comme latente, déjà comme point d’appui – en
réalité, l’institution présidentielle n’est pas un organe de gouvernement, mais
l’organe essentiel de ces catalyses et prises de conscience – merci aux rédacteurs, Messeigneurs, de
mener à cette constatation et à la définition latente, mais méconnue, du rôle,
chez nous, du président de la République
p. 30
le contrat social, le contrat
républicain permettant de vivre ensemble sur le sol du territoire national ne
semble donc plus aller de soi
formulation et même pensée très nouvelles : l’Eglise de France
s’approprie aussi ou enfin des éléments essentiels du vocabulaire que longtemps
elle récusait, et la droite (maurrassienne) aussi
esquisse d’une dialectique qui se proposerait : la définition
permet-elle de réassembler ?
p. 31
les conditions de vie en société
ne correspondent plus à ce que les individus espéraient
Implicitement, quelque chose de très neuf : 1° le droit à
l’espérance, 2° le droit à ce que cette espérance se réalise – c’est évidemment
la posture chrétienne, de tout croyant, la foi pérennise et consacre, motive
l’espérance
Une insécurité sociétale chez les
Français qui redoutent, plus que tous les autres européens (il manque la majuscule), de subir un déclassement dans leur niveau
de vie.
Observation à élargir : la thèse ou le fantasme du
« remplacement », la crainte en fait d’une sorte d’expropriation à
tous les égards. En prolongeant, on peut dire : la sensation, le constat
de n’être plus en état de défendre son propre acquis
p. 32
très bien et vécu : la disparition dans les villages des
services de proximité, épicerie, bureau de poste, médecin, curé…
oui : une majorité de Français a le sentiment de vivre dans
une société de plus en plus injuste… le salaire indécent de certains grands
patrons… qui se comprendrait certainement
si cela rémunérait des services et des performances d’éclat. Au contraire, les
plus fortes rémunérations sont le plus souvent celles de patron liquidant le
groupe et son savoir-faire – que l’Etat, notamment pendant le quinquennat
actuel, n’ait pas su ni pu empêcher cette dilapidation du patrimoine industriel
et intellectuel du pays
le texte, sans le faire comprendre explicitement (et c’est tant mieux),
distingue de fait les Français des autres habitants du pays qui ne le sont
pas : les exogènes ou les nouveaux-venus qui peuvent se satisfaire de bien
moins que le Français ancestral, la considération et la sécurité sociale leur
suffisent en général, du moins à la première génération, puisqu’ensuite ils
seront devenus Français…
p. 33
banal mais vrai – il eût sans doute fallu une pensée plus acérée et
vive : le chômage… la situation mondiale
sans doute parce que le clergé, presque par construction, ne vit pas en
propre le chômage, et que – malheureusement – il est, sauf exceptions, peu
formé à l’analyse des situations et conflits internationaux. Sans doute, des
expériences et des initiatives : l’Irak, le cardinal Barbarin, la
solidarité avec Haïti, et surtout le concours du clergé des pays d’Afrique
d’expression française à épaulerles desservants de paroisses de plus en plus
étendues et de moins en moins dotées
la plaie, l’horreur du chômage n’est pas la précarité financière, voire
le dénuement, mais le déni de valeur, de dignité frappant les chômeurs – le
salariat n’est plus la donnée motrice d’une entreprise, la masse salariale est
(terme affreux) « la variable d’ajustement ». L’injure de proposer à
des quaadragénaires, à des quinquagénaires des formations préalables à la
recherche de leur réemploi, comme s’ils ne savaient donc rien faire…
le chômage des jeunes, la difficulté d’entrer « sur le marché du
travail »
l’allongement de la durée légale du travail pour jouir d’une retraite à
taux plein tandi que l’on obtient un emploi de plus en plus tard et qu’on en
est expulsé de plus en plus tôt. Quarante ou cinquante annuités légales, au
regard d’une durée effective à l’emploi : vingt ou vingt-cinq ans…
p. 35
ce que constate trop rapidement le texte
l’idée de service civique
contribue à…
je le voudrais obligatoire, universel donc, garçons et filles, oeuvrant
pour l’esprit et la capacité de défense militaire du pays et de l’Europe dans
une première période, et appliqué dans une seconde à des tâches d’intérêt
général, notamment en coopération internationale (avec le vivant exemple dans
des pays dits en voie de développement mais le plus souvent en dictature, de ce
que seraient de jeunes Français, Européens, nativement démocrates et exigeants)
– évidemment, brassage européen tant pour la partie militaire que pour la suite
civique
pas exempter les acteurs sociaux
de leur responsabilité à l’égard des jeunes générations
p. 36
synthèse très bien venue
parmi les catégories de ceux qui
ont du mal à se sentir partie prenante au contrat social, il y a évidemment les
personnes d’origine étrangère, en France depuis peu ou depuis plusieurs années,
qui n’arrivent à trouver leur place.
… les valeurs républicaines de
« liberté, égalité, fraternité », souvent brandies de manière
incantatoire, semblent sonner creux pour beaucoup de nos contemporains sur le
sol national.
p. 37
habileté de la rédaction, on fait attendre des propositions, mais
celles-ci ne viendront qu’une fois présentées et débattues les questions
difficiles
la différence culturelle…pouvant
aller jusqu’au rejet de l’autre différent
oui, même si c’est un peu sommaire et rétrospectif : la France
a eu longtemps une conception assez précise de ce qu’est l’identité nationale
qui supposait de façonner un citoyen français dans le creuset républicain où il
s’appropriait l’idée d’un pays avec des références historiques et culturelles
partagées. Cette idée d’une Nation homogène… r
la suite du texte va sans doute approfondir et nunancer, mais les
nouveaux arrivants adoptent, au fond, la France et leur prétention est de s’en
approprier cette structure mentale, de la mettre à l’épreuve selon sa capacité
à accueillir, et ils ne prétendent qu’à peu : le droit que s’ajoute à
l’acquis constitutif national, leurs propres apports, historiques,
linguistiques, génétiques – d’autant que souvent ils ont fait partie aux
générations précédentes de nos empires coloniaux, et que ces apports en fait
correspondent à ce que nous-mêmes avions constaté ou découvert chez eux, sur
place – c’est manifeste dans la langue, le « beur » enrichit nos
vocabulaires, diversifie nos prononciations mais s’approprie notre grammaire
(la vraie structure d’une langue), la conserve absolument
p. 38
l’idée même d’un récit national
unifiant est largement contestée et remise en cause
cet énoncé manque d’expérience vécue et d’une réflexion sur la
transmission inter-générationnelle, actuellement
les jeunes générations, d’ascencance française et nationale séculaire
ou multiséculaire, n’ont plus la curiosité des ancêtres : tout commence en
histoire familiale à la seule fondation du couple donnant naissance à une
nouvelle génération. La mémoire est refusée, le critère est l’utilité, il ne
s’agit pas de rétablir artificiellement le culte du passé et des ascendants,
mais de constituer solidement la conscience des acquis. L’individualisme
régnant et qui sert la mondialisation, et que la vie d’entreprise, la loi
Travail-même, encourage pour éliminer toute coalition ou conscience « de
classe » qui changerait les « rapports de force » en cas de
difficulté financière ou sociale, tend à faire croire à chacun, qu’il n’y a d’acquis que par soi, et non par
transmission et don d’un autre, d’autres
le récit national est contesté par les programmes d’enseignement
secondaire : seuls des thèmes ou des séquences sont à l’étude, la
chronologie, la continuité des temps, des causes et des effets n’est plus
exposée ni donc admise – la dérive politique faisant que chaque parti ou
candidat propose d’être l’origine de tout (alors qu’au plus les mandats
opérationnelles sont de cinq ans) a – je crois – son origine dans cette amnésie
en revanche les mémoires peuvent se combiner, s’accepter et former de
nouveau un tronc commun : il est aisé que la période d’empire colonial
devienne bien commun et que la diversité des interprétations, et mêmes les
contestations en légitimité soient les éléments d’un récit national » plus
mouvementé et divers. – La même opération est évidemment à appliquer à
l’histoire européenne, faite de celles de tous les peuples européens, en sorte
que les fiertés de chacun, ou les désastres, crimes ou erreurs, deviendraient
de tous. Je crois cela possible. La République et la Grande guerre y sont
arrivées, de même que la réconciliation Eglise-Etat s’est faite par la Grande
guerre et la solidarité de vie dans l’épreuve.
p. 39
lourd et pas bien écrit : il convient donc pour l’avenir de
notre société de redéfinir ce que c’est d’être citoye français, et de
promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens (sic)
ce n’est pas d’une nouvelle définition qu’il s’agit, et aucune ne
serait universellement acceptée, encore moins faiseuse de consensus – il faut
au contraire affiner les constats, en produire la somme et de là viendra un
énoncé, ou en tout cas la matrice d’un énoncé ayant peut-être plusieurs
déclinaisons possibles – je crois assez, mais il faut approfondir, à une
communauté d’adhésion, à la conscience d’une communauté de destin, et à la
volonté de surmonter ensemble les difficcultés actuelles et à venir. La
transposition de la définition de Renan, mais pas seulement. Une sorte de
volontariat, qui fasse – notamment – des tendances à la communautarisation, qui
sont autant de replis et de peurs, d’auto-claustration défensive, des forces de
représentation, d’apport, de proposition
retour à la page 38
oui, c’est vrai, notre risque et même notre vie actuels sont là : certains
restent ainsi en dehors du modèle français, étrangers à une communauté de
destin. D’autres vivent mal ce sentiment de perte d’identité. C’est le terreau
de postures racistes réciproques.
Antidote au racaisme et à l’islamophobie que j’ai reçue, vécue – et qui
milite pour ce service national, militaire et civique – mes dix-huit mois de
service national en coopération : la Mauritanie nouvellement indépendante
. 1965-1966
page 39
Un large débat. Oui, mais modalités pratiques : pas
la fabrication d’un consensus, mais le constat d’un consensus et de ses
éléments, dont on n’avait pas encore conscience
Le monde arabo-musulman est
devenu de plus en plus une source de dangers pour beaucoup de nos concitoyens (il faut écrire plus précisément : aux
yeux de nos concitoyens, c’est
subjectif). Cette manière de penser et de comprendre n’est pas nouvelle :
l’antisémitisme avait le même mouvement : la crainte d’une domination,
l’idée aussi d’un pullulement (la propagande nazie, les Juifs comme les rats
arrivant de partout), de cycles de reproduction accélérée (la question du
regroupement familial). Elle tient du fantasme, elle a aussi son avantage
intellectuel : la cause de tout est trouvée, une cause qui exonère
d’ailleurs le commun, qui n’est que victime, et victime d’un complot.
Le christianisme peut partager
son expérience doublement millénaire et ; sans cesse renouvelée d’accueil
et d’intégration de populations et de cultures différentes dans la naissance
d’une identité qui ne nie pas les autres appartenances.
C’état vrai dans l’Eglise originelle, celle des Actes des Apôtres. Il
faut reconnaître que beaucoup de chrétiens convaincus, se croyant tels et
étant représentatifs pour l’incroyant oul’étranger, ont une mentalité et un
discours totalement contraires : l’islamophobie recrute autant que
l’intégrisme chez les catholiques pratiquants. C’est une posture
intellectuelle, une vision du monde d’autant plus affirmée et moins honteuse
que le « milieu » est socialement plus aisé : l’antisémitisme
des années 30 en France était de même. La pastorale paroissiale n’est pas
ardente à le modifier, à le changer… au moins selon mes expériences de paroisse
et de famille
page 41
constat tranquille des questionnements courants
page 42
et je me sens frère et bien rejoint, dans mon expérience et dans ce à
quoi je tiens, par ces semi-conclusions : il est très important que
notre société (société et non la
politique ou l’Etat ou le gouvernement : c’est bien vu et compris) s’empare
de ces questions, à la fois pour percevoir ce qui a construit et forgé notre
pays, mais aussi pour prendre la mesure de la richesse que des identités
plurielles peuvent lui apporter en faisant émerger les liens d’unité au cœur
même de cette diversité.
très heureuse expression : plus que d’armure, c’est de
charpente que nos contemporains ont besoin pour vivre dans le monde
d’aujourd’hui
page 43
pourquoi l’intégration n’a pu
s’opérer, et comment notre société a laissé une partie de sa jeunesse se perdre
dans de telles aventures mortifères et meurtrières
page 44
écriture prudente, allusive mais nécessaire – comment la transcrire en
pastorale ?
dans notre société, profondément
redevable à l’égard de son histoire chrétienne pour des éléments fondamentaux
de son héritage, la foi chrétienne coexiste avec une grande diversitré de
religions et d’attitudes spirituelles. Le danger serait d’oublier ce qui nous a
construits, ou à l’inverse, de rêver à un âge d’or imaginaire ou d’asporer à
une Eglise de purs et à une contre-culture située en dehors du monde, en
position de surplomb et de juge.
page 47
difficile énoncé parce que cette question du sens devenue « tarte à la crème »
depuis une vingtaine d’années (les « événements de Novembre-Décembre
1995 ») une sorte d’arrêt-sur-image, l’angoisse existentielle disait-on au
début des années 1960, l’absurdité de tout…
mais le libellé est acceptable : veiller aux conditions d’une
négociation toujours à refaire de ce qui fait tenir ensemble un pays, et
permettre que nul ne soit écarté, rejeté de ce débat-là pour une raison ou pour
une autre
idée en somme de pouvoir nous parler les uns aux autres, même d’une
communauté à une autre, si celles-ci sont vivantes par défaut d’une communauté
plus globale, plus englobante, la communauté nationale, et de se parler en tant
que tel, selon nos différences et nos convictions – ne pas se les
cacher et donc chercher à vraiment se connaître… ce qui est de moins en
moins le cas entre religions différentes, entre milieux sociaux différents, et
peut-être en provinces différentes. L’intégration ne se fait plus parce que la
machine est en panne, ou parce qu’il y a trop à intégrer, en qualité et en
masse ?
page 48
la politique s’est faite
gestionnaire (en bonne partie parce qu’à
mesure que se reconstituait une classe politique, de plus en plus éloignée, du
commun et du quotidien, celle-ci a cru que « le terrain », la
solution des problèmes particuliers les ferait ré-aimer – elle n’a pas
considéré qu’un peuple, un pays se fait d’abord par l’idéal, que l’envie
d’idéal et de beauté quelles que soient les cultures et les soi-disant niveaux
d’ « éducation », d’intelligence, est au cœur de tout homme, de
toute femme, de l’enfant-même), davantage pourvoyeuse et protectrice de
droits individuels et personnels de plus en plus étendus, que de projets
collectifs. Exactement comme dans le
système colonial, la question de la légitimité de la classe ou de l’étranger
envahisseur ou du dirigeant dominant, est évacué par l’argument de la
bienfaisance matérielle et du « progrès social »
et redondance page 50 :
on ne fait pas vivre ensemble des individus avec de seuls discours
gestionnaires, surtout quand
« crise » ou incompétences ou maladresses font que les gestions sont
manquées
page 49
juste mais à développer : l’ordre normatif ne vient plus d’en
haut mais d’une mutualisation des liens horizontaux.
Les partis politiques ne peuvent
plus revendiquer seuls l’organisation du débat et de la délibération. Ce n’est plus même une perte de
l’exclusivité, c’est devenu une impuissance. Si l’épisccopat prend ainsi qu’il
le fait par ce texte, c’est qu’il y a une place laissée vide
Les nouveaux forums de la vie en
société. Sans doute, les « réseaux
sociaux », mais ceux-ci – très utiles et légitimes pour divulguer des
informations que les médias des pouvoirs publics ou de l’argent ne
connaitraient pas ou tairaient (le terrain) – véhiculent surtout de la mode et
relayent l’idéologie dominante ou sa condamnation sans une discussion qui
ferait trouver le susbtitut ou le consensus.
pages 50 & 51
la question d’Europe, très bien énoncée : perspective et moyen –
elle rejoint mon papier pour Commentaire il y a deux ans ou plus ? pour un patriotisme européen –
mais il manque quelquess propositions pratiques (à vrai dire, celles que je
ressasse : la démocratie interne, soit l’élection du président de l’Union
ou mieux : de la Communauté européenne, retour à la terminologie
fondatrice, directement par l’ensemble des citoyens européens, et ayant
prérogative de convoquer le referendum dans les matières prévues par les
traités, évidemment à réécrire, que le prochain Parlement soit constituant)
le texte en étant résolument « pro-européen » de la même
façon qu’il est intégrationniste selon le droit du sol, sait bien qu’il va
à l’encontre de beaucoup de discours ambiants.
Pour un tel chantier, il nous
faudra de vrais européens, politiquement courageux et créatifs, qui ne
privilégient ni n’opposent la scène nationale à celle européenne. Nous sommes
convaincus qu’il ne peut y avoir d’avenir pour notre pays que dans une
Europe forte et consciente de son histoire et de ses responsabilités dans le
monde
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la seule question qui mérite
d’être posée n’est-elle pas : qu’est-ce qui fait qu’une vie mérite
d’être donnée aujourd’hui ? pour quoi suis-je prêt à donner ma vie
aujourd’hui ? La réponse est sans doute très personnelle et intime,
mais elle dit quelque chose d’une vie avec les autres et des valeurs qui
animent une société.
Oui
Il peut y avoir aussi une crainte
légitime de s’engager seul, et l’on peut aussi penser qu’on ne peut rien
changer
remarques très vécues, dont la vie spirituelle donne souvent
l’expérience, parfois jusqu’à la douleur : la vocation, ma vocation,
quelle est-elle ? comment y répondre ? et soutenu par quelles
forces ?A quoi suis-je bon ? est assez équivalent à : que
puis-je, que dois-je donc faire ? le mot et le concept de discernement
affleurent ce moment du texte
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travail du Jésuite, Michel de Certeau sur la parole après Mai 68
il n’y a pas de projet durable
qu’élaboré dans un raapport de dialogue. La politique ests dinc un lieu
essentiel de l’exercice de la parole
nous vivons la contre-épreuve dans le quinquennat actuel, la parole
présidentielle n’est que justification de gestions (le maléfice du précédent a
été de « mithridatiser » les Français en reprenant, avec la légimité
de la fonction présudentielle les thèmes et les réactions du Front national –
la somme des deux quinquennat produit une déformation substantielle de l’esprit
public et de l’exercice du politique)
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tout semble discutable et à discuter. Toutes les positions veulent
se voir écoutées, respectés, comme légitimes, à égalité. L’une des difficultés
est d’arriver à parler et à être entendu dans une démocratie d’opinion dans
laquelle tout – même l’anthropologie – est soumis au vote.
Cette vue est pessimiste et contestable. Elle suppose que la démocratie
est égalitaire, et qu’elle a comme protagonistes ou participants : les
idées. Je la crois au contraire du domaine du faire : que fait-on
ensemble ? pratiquement ? et je crois aussi qu’en approfondissant,
tout en ayant comme règle commune : il y a quelque chose à faire, les
points communs, des strates entières de la constitution de chacun, individus,
communautés, apparaissent et elles sont communes, pas analogues, mais communes,
susceptible de se reconnaître l’une l’autre et d’être appropriées mutuellement.
L’art du grand politique est de discerner ces strates et ces points
communs : le de Gaulle de la France libre, ce qui crée une mutualité entre
le dirigeant et ceux dont il répond selon leur consentement et leur
aspiration-mêmes [1]
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le politique va être sans cesse
appelé à gérer des équilibres provisoiees entre différents intérêts … le
compromis… comme une solution insatisfaisante
non, c’est réducteur – il y a l’arbitrage (définition du rôle du
président de la République selon l’article 5 de la Constitution) qui n’est pas
gestion
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quoique ne le disant pas, les auteurs du texte, depuis plusieurs pages,
ont présentes à l’esprit l’exigence ou la pétition chrétiennes en matière de
respect de la vie – c’est certainement cela qui a faussé l’image de l’Eglise,
au moins en France, les questions d’avortement, de contrôle des naissances dès
les années 1960, puis aujourd’hui de la bio-éthique et de tous les degrés de
manipulation que permettent les avancées technologiques et de la recherche.
Or, il est d’expérience – c’est au moins la mienne – que même la
transgression d’une loi si naturelle qu’elle apparaît bien d’inspiration du
Créateur, n’est commise qu’avec la conscience de ne pas bien faire, et plus
encore de manquer de confiance en ce divin Créateur. C’est sur cette conscience
que ne peut avouer celui qui transgresse (dans la douleur et le doute), que
doit s’appuyer le discernement du point commun qui – dans l’espèce française –
peut aboutir à une législation de vérité et pas de compromis ni de rapport de
forces ou de dictée par l’ambiance.
S’il faut parfois donner un
témoignage de fermeté, que celle-ci ne devienne jamais raideur et blocage
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le texte perd un peu de fil conducteur, ou alors est-ce simplement le
traitement en succession des questions difficiles – donc le religieux
il est très difficile dans
l’espace public de parler paisiblement de religion… certains ont du mal à
considérer que le religieux ait quelque chose de positif à apporter à la vie en
société
c’est bien ce qui fait point commun entre la perception de l’Islam chez
les catholiques (plus que chez les protestants) et la perception du
catholicisme par les incroyants (et souvent les protestants) : toutes deux
également négatives
que la religion soit un élément
qu’on ne eut négliger pour la bonne santé du corps social
habile contrepoint à « la religion opium du peuple » des
marxistes mais appel à une certaine connivence des musulmans de France,
beaucoup plus convaincus que les Français d’origine depuis la Révolution et les
Lumières, de l’utilié sociale d’une structuration de chacun par la religion
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l’évaluation de la laïcité par l’Eglise de France ne s’écrit pas ici
selon elle mais selon qu’elle peut être utile aujourd’hui pour résoudre nos
problèmes contemporains – retour des
évêques, à la posture de départ : citoyenne
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excellente définition limitative de la laïcité, acceptable par toutes
les religions et pratiques cultuelles, notamment l’Islam, et évitant tout
particularisme – car initialement il ne s’agissait bien que de l’Eglise et non
des religions et confessions
il serait intéressant que soient publiés les débats parlementaires sous
le petit père Combes et animés par Briand, qui ont abouti à la loi de 1905 – ce
serait encore plus utile que l’a été il y a quinze ans la publication des
débats amenant la loi de 1901 régissant les associations et dont
Waldeck-Rousseau fut le très remarquable organisateur
La laïcité de l’Etat est un cadre
juridique qui doit permettre à tous, croyants de toutes religions et
non-croyants, de vivre ensemble
Il n’ y a donc pas lieu à un statut spécial par religion, et notamment
pour l’Islam en France
Elle ne doit pas dépasser son
objectif en voulant faire de la laïcité un projet de société, qui envisagerait
une sorte de neutralisation religieuse religieuse de cette société, en
expulsant le religieux de la sphère publique vers le seul domaine privé où il
devrait rester caché. Cette conception est néfaste pour la société. Elle ne
respecte pas les personnes et engendre des frustrations qui vont conforter le
communautarisme.
Cette réflexion est très importante car elle pose que le religieux,
étant naturel en l’homme, est un élément constitutif de la société – ce qui ne
peut que rencontrer les musulmans – et qu’en conséquence chaque fidèle, en tant
même que fidèle à sa religion propre, choisie ou native, contribue par sa
pratique et sa fidélité à la cohésion sociale et au mieux-être national
L’épiscopat français assume par là le rôle décisif de cautionner
l’Islam en le reconnaissant comme analogue, socialement, à l’Eglise et
également contributeur de la refondation nationale
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l’Eglise ayant elle-même démontré que d’une crise peut surgir une
conscience nouvelle : celle de ressources jusques-là peu appelée, en fait
une application au politique en France
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l’originalité de cette prise de parole : l’engagement
Cela ne tombera pas du ciel ou
par l’arrivée au pouvoir d’une personnalité providentielle. C’est le travail
et la responsabilité de tous… c’est à un changement d’attitudes et de mode
de pensée qu’il faut nous rendre disponibles.
Partout fleurissent des
initiatives citoyennes, des désirs de parole… elles sont parfois maladroites,
inexpérimentéess, instruentalisées, mais elles manifestent toutes un désir de
vivre et d’écoutées.
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Les enjeux écologiques et
environnementaux sont en train de transformer en profondeur nos conceptions de
la vie en société, et nous tournent vers des attitudes de simplicité, de
sobrieté et de partage
Effectivement, le choix de son nom de règne, celui de François, avait
pu signifier de la part du pape un vœu de pauvreté pour lui-même et pour
l’Eglise universelle. En fait et jusqu’à présent, il manifeste une autre
référence : la louange et le respect de la
Création
Le texte aurait pu critiquer les conceptions valant souci écologique
depuis trente ans : nous en restons partout à une conception et à une
pratique très anthropocentrique et faisant peu ou pas cas de la solidarité de
tout le vivant, du tout de la Création, objet de la Rédemption, pas seulement l’homme
isolé (conclusion de l’évangile de Marc)
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banalement dit et sans force : il nous faut, à tous les
niveaux, que nous reprenions le temps de la parole et de l’écoute pour éviter
que le dernier mot ne reste à la violence
la violence : guère traitée
un terme et même une nécessité, pas évoqués et que ne donnent
pas : parole et écoute. L’empathie, l’a priori vers l’autre, et même –
substantiellement et chronologiquement – l’écoute avant la parole
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la dénonciation de la « déclinologie » n’est ni vigoureuse ni
originale
il y a de la tristesse dans notre
pays aujourd’hui. Tristesse de se voir ainsi, et de ne pas arriver à se
rasasembler pour l’élan dont il est capable, alors même que les épreuves et les
incertitudes demandent que nous nous retrouvions
rédaction qui donne à remarquer que nos évêques, ou du moins les
auteurs de l’adresse, n’attendent pas des politiques, des personnels politiques
actuels, encore moins du gouvernement, les solutions et l’élan qu’ils
souhaitent – c’est une société, un pays qui vont se sauver indépendamment
d’institutions et de processus politiques, occupant pourtant l’actualité
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chacun, à son niveau, est
responsable de la vie et de l’avenir de notre société. Cela demandera toujours
courage et audace. Des qualités qui n’ont jamais déserté le cœur de notre pays
Au fond, les citoyens, particulièrement conviés par les catholiques à
l’appel de leurs évêques en France, ont à imaginer par eux-mêmes et avec tous
leurs concitoyens, tous les habitants du pays, ce qu’il faut faire et comment
nous devons être
Les personnels politiques, « la classe politique », les
institutions, les élections sont hors sujet parce qu’à l’expérience :
l’état actuel du pays en son âme, tel que décrit et constaté, n’ont pas su, ces
derniers temps, répondre aux attentes et aux circonstances, remplir
positivement leur rôle nominal.
Terrible et calme condamnation : implicite.
Elle peut évoquer le titre d’un des volumes d’articles de Maurras
pendant la Grande guerre : la France se sauve elle-même
Mais plus encore que ces personnels et nos institutions qu’ils n’ont
pas su animer, la condamnation porte sur les idoles actuelles : nous
pensons que les vraies solutions auxx problèmes profonds de notre époque ne
viendront pas d’abord de l’économie et de la finance si importantes
soient-elles, ni des postures et gesticulations de quelques-uns
Personnalité providentielle, gesticulations : la démocratie naît
du secret des âmes et non de l’élection ou de la désignation de quelques-uns
Elles viendront de cette écoute
personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement
de tous.
Très offensif et pouvant même paraître injuste aux praticiens de la
politique, le texte est pourtant retenu dans la forme. Ceux qui l’ont précédé
depuis près de quarante-cinq ans étaient un art de se conduire en citoyens ou
en politiques, selon des règles que l’Eglise ne regrettait pas de ne pas avoir
posées, elle-même. Cette fois-ci, elle prend acte de ce que ses conseils n’ont
pas porté, et surtout de ce que le mal est de plus en profond. Le changement ne
viendra donc pas du haut et du hiérarchique, mais des âmes
L’invitation du 20 Juin dernier ne faisait pas attendre à ce point la
péremption des systèmes et pratiques politique. Elle s’inscrivait encore dans
cette sphère-là : elle justifiait la pratique démocratique en tant que
moyen page 79, mais elle
stigmatisait déjà le jeu médiatique .page 80 et n’admettait pas que l’économie
soit le seul facteur de construction
de la qualité de la vie humaine, personnelle et collective page 81. Elle appelait cependant à un pacte éducatif page 82 que n’a pas précisé l’adresse
présente, et elle croyait encore que des projets soumis au vote des
citoyens peuvent faire que l’Etat gère positivement
la tension entre un libéralisme snas contrôle et la sauvegarde des mécanismes
de protection sociale page 85. L’évocation de la famille, de l’Europe était rituelle. Il semble que
l’été et le chaos dans lequel se joue la future élection présidentielle, aient
incité la Conférence à dépasser de beaucoup l’étude des améliorations possible
de la vie et des comportements politiques dans notre pays. C’est bien d’un
appel au peuple qu’il s’agit : investir toutes nos capacités… cela
s’appelle l’espérance page 90. Du moins était déjà reéré, ce qui est le nerf de ce appel : la
seule recherche de solutions économiques est vouée à l’échec si rien n’est
entrepris pour la promotion culturelle, promotion d’une culture enracinée, qui
dsonne ou redonne le sens d’une vie collective nationale. Intuition parfaitement juste non seulement de ce qui est nécessaire,
mais plus encore de ce qui est possible : oui, la culture, et pour nous en
France, une culture française enrichie par celles et ceux les plus récemment
venus. C’est ce que j’ai vécu et compris en passant quelques heures dont une
nuit à Saint Denis, et il m’a paru plus que symbolique et significatif que
cette évidence née de la rue, des espaces publics, des rencontres en transports
en commun ou en milieu scolaire, puis éducatif, je la vive dans l’aura de la
tradition nationale la plus ancienne : la basilique-nécropole dédiée à
l’évêque martyr qui aux premiers temps de l’Eglise de France donna son nom à
cette ville et à ce département, censément à problèmes. Jean-Pierre
Chevènement, proclamant que là se trouvent toutes les nationalités, sauf une
(la française) n’a pas compris ce qu’est devenue, précisément, notre
nationalité. En sa plus belle éclosion..
Bertrand Fessard de Foucault,
jeudi 27 octobre 2016
[1] - Cette identité de nature entre tous ceux qui se rangeaient
sous la Croix
de lorraine allait être, par la suite, une sorte de donnée permanente de
l’entreprise. Où que ce fût et quoi qu’il arrivât, on pourrait désormais
prévoir, pour ainsi dire à coup sûr, ce que penseraient et comment se
conduiraient les « gaullistes ». Par exemple : l’émotion
enthousiaste que je venais de rencontrer, je la retrouverais toujours, en
toutes circonstances, dès lors que la foule serait là. Je dois dire qu’il
allait en résulter pour moi-même une perpétuelle sujétion. Le fait d’incarner,
pour mes compagnons le destin de notre cause, pour la multitude française le
symbole de son espérance, pour les étrangers la figure d’une France indomptable
au milieu des épreuves, allait commander mon comportement et imposer à mon
personnage une attitude que je ne pourrais plus changer. Ce fut, pour moi, sans
relâche, une forte tutelle intérieure en même temps qu’un joug bien lourd.
Charles de Gaulle . Mémoires
de guerre tome I – édition tircolore . Plon . 1954 – p. 111
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