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heures 17 + Ce moment de prière, si tardif dans la journée, mais ce matin la
messe, nous somme dix, puis adoration du Saint-Sacrement et l’entretien que je
voulais avec notre recteur. Plus que sobre, nous sommes debout devant la
grille de la petite chapelle latérale. Les vitraux de Xavier de LANGLAIS dont
je remarque, après vingt-et-un ans d’habitat ici la beauté et combien ils
engendrent la liberté parce qu’ils font de la lumière mais n’imposent aucun
thème. Mon vis-à-vis toujours col romain, et habillé de noir, le front buriné
et le teint toujours mat, les cheveux noirs malgré la soixantaine et drus. Vous
pouvez toujours vous adresser à quelqu’un d’autre que moi. – Non, c’est vous,
nous n’avons pas les mêmes caractères, vous êtes pudique, difficile à saisir,
nous ne nous rencontrons qu’une fois par mois en partage d’évangile. Autrement,
non. Mais vous êtes spirituel, je le ressens profondément, j’estime la manière
dont vous êtes prêtre, j’ai confiance en vous, c’est donc vous. Je pressens
mais n’ai pas à le savoir et ne le saurai sans doute jamais, que vous avez une
vie difficile. Je suis avec vous. – Le conseil, l’accompagnement dont j’ai
besoin, je le reçois. Ainsi.
Je
me suis trompé hier, prenant la lecture du jour certes, mais continuant par la
fête d’aujourd’hui, celle de Notre-Dame du Rosaire et l’évangile de
l’Annonciation, hier le cantique de Zacharie, et le Magnificat
seulement aujourd’hui. Journée d’hier achevée par le début de cette série à
Vannes, en paroisse cathédrale : l’évangélisation et les Actes des Apôtres,
exercice stimulant et peut-être, l'ai-je sauvé, en mettant en garde Jean-Baptiste J., si
pédagogue, bienveillant et surtout pénétré de l’Ecriture comme chaque homélie
le fait sentir, ce qui n’est pas fréquent dans la façon aujourd’hui de prêcher…
en garde contre le praticien qu’il a choisi pour mener à bien l’intervention bénigne à laquelle il a fait allusion pour
modifier notre calendrier.
Je
suis habité par ces rencontrres d’aujourd’hui. Ce garçon de 17 ans subitement
enlevé par une tumeur au cerveau : annonce pendant notre messe du matin et
évocation par Marguerite ce soir, un élève de terminale à
Saint-François-Xavier. C’est affreux. Mon ami et frère qui souffre, dont la vie
ferait un roman, à la fois de cruauté du destin, de cruauté de certains vendeurs
de techniques médicales, et de cruauté de la partenaire quand elle n’a pas été
discernée pour ce qu’elle était… mystère de la méchanceté humaine quand elle
existe, d’où vient-elle donc ?et à laquelle il faut cependant pardonner,
mais aussi remédier en tout cas réduire. Et un roman de grande beauté puisqu’il
espère, puisqu’il aime ce qui lui est soustrait, puisqu’il ne devient pas fou
ou addictif. Et mes aimées.
Je
venais à ce moment quand j’ai été entrainé par le report de Koh-Lanta pour
match France-Bulgarie, que les petits meurtres d’Agatha CHRISTIE, mal interprêtés
n’ont pas tenté ma chère femme, et que par hasard nous « tombons » donné
par RMC sur deux épisodes plus que passionnants, les opérations de commandos,
fondatrices du SAS et des élites opérationnelles britanniques pendant la guerre
et depuis. Témoignages repris, admirabvles reconstitutions, explications de
stratégie, schémas, analyse des armes… il est vrai du « gâteau » pour
« no » terroristes d’aujourd’hui, des coups de main d’une folle
audace, d’une totale imprévisibilité pour l’ennemi : une soixantaine d’appareils
détruits dans le désert libyen, la grande « forme » JOUBERT de Saint-Nazaire
mise hors d’usage alors qu’elle était indispensable pour mettre en opération,
après le Bismarck, le Tirpitz. La bataille d’Egypte et de Libye en bonne partie
gagnée par ces destructions au sol de la Luftwaffe, et celle de l’Atlantique
plus encore. J’en ai déduis, d’une manière irréversible, que l’entreprise
européenne que ne doit plus être principalement économique et commerciale, mais
principalement stratégique, militaire et politique pour que triomphent les deux
valeurs qui nous caractérisent : diversité assumée avec solidarité,
démocratie réinventée malgré l’usure des procédures de toujours et les extrêmismes
les plus racistes et primitives – cette entreprise dont aucun peuple européen
ne peut se passer, ne doit sortir, n’aboutira qu’avec la Grande-Bretagne. Encore
faut-il enfin comprendre et connaître celle-ci, elle est totalement différente
des autres Européens, tout simplement parce qu’elle est une île, encore plus
que pèse encore sur elle son passé impérial mondial (bien plus que ne pèsent
sur la France son passé colonial et notamment le drame algérien, levier au contraire
pour notre rechange ou compensation en forme européenne, et sur l’Allemagne l’ambition
territoriale et païenne des deux grandes guerres du siècle passé). C’est tout à
fait clair, une raison de plus, déterminante, de tout reprendre de la « construction
européenne ». Bien entendu, comme de l’obsolescence de la démocratie en France
si elle n’est plus que nos pratiques bloquantes actuelle, il n’est pas vraiment
question dans la campagne présidentielle, c’est une tête de chapitre sans le
moindre développement, la moindre envie de vraiment innover. – Mais la question
pour la France, immédiate, est encore plus précise et concrète. Nous sommes
totalement dépouillés de notre patrimoine industriel, matériel et intellectuel.
La publicité dans un franglais honteux. Annonce que Canson, notre
papeterie emblématique, trois siècles d’existence, vendue aux Italiens. Le
maire de Mulhouse, un LR apès BOCKEL, fait les comptes : suppression de
20.000 emplois, principalement industriel depuis « la crise des "subprimes" .
– En nuisance de plus en plus intense et généralisée, je mets sur le même plan
la pusillanimité de nos politiques qui n’ont de formation que pour arriver, qui
ne savent même plus communiquer, qui s’enivrent de médias et notre patronat que
je rends responsable de nos faillites, de nos délocalisations et surtout de nos
absorptions par l’étranger. Tout cela mérite inventaire, bilan et en fait de
véritables procès en responsabilité personnelle. Vis-à-vis du pays, de sa substance,
de ses outils, ils sont criminels. Je ne comprends pas que – sauf surdité et
cécité de ma part, que je n’exclus pas tant il faut être informé et en même
temps pouvoir faire la synthèse sans simplisme ni bouc émissaire – personne ne
fasse de notre patrimoine le thème décisif pour notre existence nationale…
Le
Rosaire… toute pratique de piété… oui, nos siècles ont accumulé cela. J’apprends
ce soir que le rosaire n’est que cinq chapelets, je sais que le choix des
mystères à contempler tandis que la récitation nous centre, structure et garde,
est simple, parlant, Jean Paul II y a contribué. J’ai vécu ces ajouts avec un
des religieux le plus tardivement venu dans ma vie, mais en profondeur, car il
a exorcisé une dépression qui s’installé : Dom Amédée HALLIER de la Trappe
de Bricquebec. Mémoire aujourd’hui de quelqu’un, sans doute peu connu en France
ni traduit (à vérifier), un autre OZANAM, Italien, à peu près son contemporain,
ou plutôt son successeur dans l’Université, une génération quand même de
différence, le Professeur TONIOLO posant la question de l’éthique en économie
et étudiant le socialisme tandis que Léon XIII fait entrer les questions
sociales et les populations ouvrières dans la pensée, l’enseignement de l’Eglise
et la pratique. Ce que je lis de la liste impressionnante de ses œuvres est
éloquent : il est le précurseur de mouvements à fonder encore aujourd’hui ;
que des chrétiens s’emparent vraiment des questions économiques, et que
celles-ci soient vécue selon le social. Le rapprochement des deux fêtes :
une pratique, une piété remontant à saint Dominique et balançant – très heureusement
– ce qu’il a consacré à l’Inquisition, et cet universitaire italien, mort juste
à la fin de la Grande Guerre et dont toute l’œuvre est contemporaine de Rerum novarum et
développe cette encyclique.
Les
textes d’aujourd’hui ne se correspondent toujours en ce que je reçois d’evangelizo.org, [1]et ce que propose prions en Eglise [2]. Ayant hier ceux proposés
par mon livret aujourd’hui, je médite ceux que j’ai reçus : Paul et son
éloge de la foi, celle d’Abraham notre fondateur en vie spirituelle. Paul
justifie d’ailleurs son propre champ d’action : l’Ecriture, prévoyant que Dieu justifierait les païens
par la foi, annonça d’avance à Abraham cette bonne nouvelle : « En
toi seront bénies toutes les nations ». L’admiration du Seigneur : la Cananéenne, le centurion, le Christ
admiratif de la foi de ces païens…Discussion sur la loi, le rite qui ne valent
que par la foi et qu’ils n’introduisent pas forcément. Aux païens passe
dans le Christ Jésus la bénédiction d’Abraham et par la foi nous recevons l’Esprit
de la promesse. La foi d’Abraham n’est
pas une posture ou des mots, une piété, c’est constamment des actes, du
dépaysement total au sacrifice de son fils unique. La proximité du royaume de
Dieu qu’annonce Jésus se vérifie par les miracles, et notamment par ces
expulsions de démons : le royaume n’est pas celui de Béelzéboul, mais celui
de Dieu. Dialectique aussi du Christ. Dieu fait homme, à la fois souverain thaumaturge
et très fin contempteur de ses adversaires. Si moi, c’est par Béelzéboul
que j’expulse les démons, par qui vos adeptes les expulsent-ils ? aussi
bien seront-ils eux-mêmes vos juges. Mais si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse
les démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous. Amen !
[1] - Paul aux Galates III 6 à 14 ; psaume CXI ; évangile selon
saint Luc XI 15 à 26
[2] - Actes des Apôtres I 12 à 14 ; Magnificat donné par l’évangile de
Luc I 4 à 55 ; évangile selon saint Luc I 26 à 38
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