Anne appartenait à ce peuple
choisi qui, dans les desseins de Dieu, devait donner naissance au Sauveur
des hommes ; elle était de la tribu de Juda et de la race de David. Ses
parents, recommandables par leur origine, devinrent surtout illustres entre
tous leurs concitoyens par l'éclat d'une vie pleine de bonnes œuvres et de
vertus. Dieu, qui avait prédestiné cette enfant à devenir l'aïeule du
Sauveur, la combla des grâces les plus admirables.
Après Marie, aucune femme plus que sainte Anne ne fut bénie et
privilégiée entre toutes les autres. Mais si elle reçut tant de grâces,
comme elle sut y répondre par la sainteté de sa vie ! Toute jeune enfant,
elle était douce, humble, modeste, obéissante et ornée des naïves vertus de
son âge. Plus tard, comme elle sut bien garder intact le lis de sa
virginité ! Comme elle dépassait toutes les filles, ses compagnes, par sa
piété, par la réserve de sa tenue, son recueillement et la sainteté de
toute sa conduite !
Puis, quand il plut à Dieu d'unir son sort à celui de Joachim,
combien Anne fut une épouse prévenante, respectueuse, laborieuse,
charitable et scrupuleusement fidèle à tous les devoirs de son état,
vaquant à propos au travail et à la prière. Dieu lui refusa longtemps de
devenir mère ; elle se soumit humblement à cette épreuve et l'utilisa pour
sa sanctification. Mais à l'épreuve succéda une grande joie, car de Joachim
et d'Anne, déjà vieux, naquit miraculeusement celle qui devait être la Mère
du Sauveur et, dans l'ordre de la grâce, la Mère du genre humain. C'est
sans doute un grand honneur pour sainte Anne, que d'avoir donné naissance à
la Mère de Dieu ; mais il lui revient beaucoup plus de gloire d'avoir formé
le cœur de Marie à la vertu et à l'innocence !
L'Église célébrera dans tous les âges la piété maternelle de sainte
Anne, et la gloire de sa Fille rejaillira sur elle de génération en
génération. Le culte de sainte Anne a subi diverses alternatives. Son corps
fut transporté dans les Gaules, au premier siècle de l'ère chrétienne, et
enfoui dans un souterrain de l'église d'Apt, en Provence, à l'époque des
persécutions. À la fin du VIIIe siècle, il fut miraculeusement découvert et
devint l'objet d'un pèlerinage. Mais c'est surtout au XVIIe siècle que le
culte de sainte Anne acquit la popularité dont il jouit.
De tous les sanctuaires de sainte Anne, le plus célèbre est celui
d'Auray, en Bretagne ; son origine est due à la miraculeuse découverte
d'une vieille statue de la grande Sainte, accompagnée des circonstances les
plus extraordinaires et suivies de prodiges sans nombre. Sainte-Anne
d'Auray est encore aujourd'hui l'objet d'un pèlerinage national.
Joachim, de la tribu de Juda et
de l'antique famille de David, était pasteur de brebis à Nazareth. Stolan,
père de sainte Anne, lui donna sa pieuse fille en mariage. Les deux époux
vécurent dans la crainte du Seigneur et dans la pratique des bonnes œuvres.
Ils firent trois parts de leurs biens : l'une était destinée au temple et
aux ministres de la religion ; ils répandaient la seconde dans le sein des
pauvres ; la dernière servait aux besoins de la famille.
Cependant le bonheur n'était pas dans ce ménage : l'épouse de
Joachim était stérile. Depuis vingt ans ils priaient Dieu de les délivrer
d'un tel opprobre, lorsqu'ils se rendirent, suivant leur coutume, à la
ville sainte pour la fête des Tabernacles. Les enfants d'Israël y venaient
offrir des sacrifices au Seigneur, et le grand-prêtre Ruben immolait leurs
victimes. Joachim se présenta à son tour. Il portait un agneau ; Anne le
suivait, la tête voilée, le cœur plein de soupirs et de larmes. Le
grand-prêtre, en les apercevant monter les degrés du temple, n'eut pour eux
que des paroles de mépris et de reproche : « Vous est-il permis, leur dit-il, de
présenter votre offrande au Seigneur, vous qu'Il n'a pas jugés dignes
d'avoir une postérité ? Ne savez-vous pas qu'en Israël l'époux qui n'a pas
la gloire d'être père est maudit de Dieu ? » Et en présence du
peuple il repoussa leur offrande.
Joachim ne voulut point revenir à Nazareth avec les témoins de son
opprobre. Leur présence eût augmenté sa douleur. Anne retourna seule dans
sa demeure. Pour lui, il se retira dans une campagne voisine de Jérusalem,
où des bergers gardaient ses troupeaux. Le calme silencieux de la vie pastorale,
le spectacle touchant de la nature, apportèrent quelque soulagement à la
blessure de son cœur. Qui n'a jamais senti que la solitude le rapproche de
Dieu ?
Un jour qu'il se trouvait seul dans les champs, l'Ange Gabriel se
tint debout devant lui. Joachim se prosterna, tremblant de peur : « Ne crains pas, dit le
messager céleste, je suis l'Ange du Seigneur, et c'est Dieu Lui-même qui
m'envoie. Il a prêté l'oreille à ta prière, tes aumônes sont montées en Sa
présence. Anne, ton épouse, mettra au monde une fille ; vous la nommerez
Marie et vous la consacrerez à Dieu dans le temps ; le Saint-Esprit
habitera dans son âme dès le sein de sa mère et Il opérera en elle de
grandes choses.» Après ces mots, l'Ange disparut.
Joachim vit bientôt se réaliser la prédiction de l'Archange. De son
côté, il fut fidèle aux ordres du Seigneur : sa fille reçut le nom de
Marie, et, à trois ans, il la confia aux pieuses femmes qui élevaient dans
le temple de Jérusalem les jeunes filles consacrées au Seigneur. Elle y
vivait depuis huit ans sous le regard de Dieu lorsque Joachim mourut chargé
de mérites et de vertus. Anne, son épouse, le fit ensevelir dans la vallée
de Josaphat, non loin du jardin de Gethsémani, où elle devait le rejoindre
un an plus tard.
Source principale : Abbé L. Jaud -Vie des Saints...- (« Rév. x gpm »).
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