L orenzo (dans le siècle : Giulio Cesare) da
Brindisi, prédicateur et théologien de la trempe de saint Antoine de
Padoue et de saint Bonaventure, eut une féconde activité apostolique. Parlant
plusieurs langues, dont l’hébreu, il fut professeur de théologie et
d’Écriture Sainte. Il construisit une synthèse doctrinale puissante, comme
ses contemporains jésuites, Pierre
Canisius et Robert
Bellarmin. On conserve de lui 840 homélies, dont 84 sur la Vierge
Marie, et des commentaires sur 35 000 textes bibliques. Cela lui valut
d’être déclaré Docteur de l’Église en 1959 par saint Jean XXIII (Angelo Giuseppe Roncalli,
1958-1963).
Laurent naît à Brindisi le 22 juillet 1559, ville portuaire faisant le
trait d’union entre le monde oriental et le monde romain. On lui donne comme
prénom Jules-César. Âgé de dix ans, il perd son père et entre à 16 ans chez
les capucins de Vérone.
Le 24 mars 1576, à 19 ans, il fait profession, prenant le nom de
Laurent, comme le fameux diacre martyr. La réforme capucine, avec son retour
aux sources, est alors en pleine expansion. Lancée en 1526, par Mathieu de
Basci, Louis et Raphaël de Fossombrone, cette réforme compte déjà 5000
frères, après 50 ans. Elle en comptera bientôt 17 000, en son premier
siècle d’existence, 32 000 en deux siècles. On envoie étudier Laurent à
Padoue, ville universitaire. Doué d'une mémoire prodigieuse, il s'applique
aux sciences sacrées, devenant maître en exégèse et en patrologie. Son originalité
est de devenir un étonnant polyglotte, maîtrisant sept langues : latin,
grec, syriaque, hébreu, italien, allemand et français.
Ordonné prêtre le 18 décembre 1582, Laurent est employé au ministère
de la prédication pour lequel il montre de remarquables dispositions. Très
éloquent, il évangélise l'Italie, l'Allemagne et d'autres pays. Grégoire XIII
(Ugo Boncompagni, 1572-1585) l'appelle à Rome et le charge des relations avec
les Juifs de la ville. Laurent se prépare à cette mission par la prière,
l’étude et la réflexion. Il parle si bien l'hébreu, qu'on l’invite à prêcher
dans les synagogues. Durant trois ans, il prêche tous les samedis, jours de
Sabbat, aux Juifs de Rome. Ses succès sont retentissants à Rome qu’un autre
Pape l'envoie prêcher aux Juifs des principales villes d'Italie.
En 1599, Laurent est envoyé en Autriche et en Bohême, avec onze
confrères capucins, pour œuvrer à la Réforme catholique. À cette occasion,
Laurent implante son Ordre à Prague, Vienne et Gratz. Le Saint-Siège lui
confie des missions diplomatiques. Nonce apostolique à Prague il réconcilie
entre eux plusieurs souverains, prévenant ainsi de désastreuses guerres
civiles. Il est également Nonce en d’autres pays, dont l’Allemagne et la
Tchécoslovaquie, luttant contre les hérésies, au risque de sa vie.
En 1611, il sauve l’Italie d’une invasion de 80 000 Turcs, en
prêchant jusque sur les champs de bataille. Il exerce toutes les charges de
son Ordre, y compris celle de Ministre général, visitant les couvents et
incitant à l’observance de la Règle. À ses frères il recommande l'obéissance
et l'humilité. Il veut aussi qu’on soit sobre dans les constructions des
maisons et des églises.
1583-1586 : Professeur de théologie et de Bible à Venise 1586-1588 : Supérieur et maître des novices 1590-1592 : Ministre provincial en Toscane 1596-1602 : Membre du définitoire général 1602-1605 : Ministre général, à 43 ans.
Il est au Portugal quand il meurt de dysenterie, le 22 juillet 1619,
à l’âge de 60 ans, après 45 ans de vie religieuse.
Lorenzo da
Brindisi a été béatifié en 1783 par Pie VI (Giovanni Angelo Braschi,
1775-1799) et canonisé, en 1881, par Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci,
1878-1903).
Pour
approfondir, lire la catéchèse du pape Benoît XVI :
>>> Saint Laurent de Brindisi [Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Source principale : ofmqc.ca/fra/franciscains/ (« Rév. x
gpm »).
|
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place
Saint-Pierre
Mercredi 23 mars 2011
Mercredi 23 mars 2011
[
Saint Laurent de BrindisiChers frères et sœurs,
Je me souviens encore avec
joie de l’accueil festif qui m’a été réservé en 2008 à Brindisi, la ville où,
en 1559, naquit un éminent docteur de l’Eglise, saint Laurent de Brindisi, nom
que Giulio Cesare Rossi prit en entrant dans l’Ordre des capucins. Dès son
enfance, il fut attiré par la famille de saint François d’Assise. En effet,
orphelin de père à l’âge de sept ans, il fut confié par sa mère aux soins des
frères conventuels de sa ville. Quelques années plus tard, toutefois, il
s’installa avec sa mère à Venise, et c’est précisément en Vénétie qu’il connut
les capucins qui, à cette époque, s’étaient placés généreusement au service de
l’Eglise tout entière, pour approfondir la grande réforme spirituelle promue
par le Concile de Trente. En 1575, Laurent, à travers la profession religieuse,
devint frère capucin, et en 1582, fut ordonné prêtre. Dès l’époque de ses études
ecclésiastiques, il révéla les éminentes qualités intellectuelles dont il était
doté. Il apprit facilement les langues anciennes, comme le grec, l’hébreu et le
syriaque, et modernes, comme le français et l’allemand, qui s’ajoutaient à sa
connaissance de la langue italienne et de la langue latine, à l’époque
couramment parlée par tous les ecclésiastiques et hommes de culture.
Grâce à la connaissance de
tant de langues, Laurent put accomplir un intense apostolat auprès de diverses
catégories de personnes. Prédicateur efficace, il connaissait de façon si
profonde non seulement la Bible, mais également la littérature rabbinique, que
les rabbins eux-mêmes en étaient stupéfaits et admiratifs, manifestant à son
égard estime et respect. Théologien expert de l’Ecriture Sainte et des Pères de
l’Eglise, il était en mesure d’illustrer de façon exemplaire la doctrine
catholique également aux chrétiens qui, surtout en Allemagne, avaient adhéré à
la Réforme. A travers une présentation claire et douce, il montrait le fondement
biblique et patristique de tous les articles de la foi mis en discussion par
Martin Luther. Parmi ceux-ci, le primat de saint Pierre et de ses successeurs,
l’origine divine de l’épiscopat, la justification comme transformation
intérieure de l’homme, la nécessité des bonnes œuvres pour le salut. Le succès
dont Laurent bénéficia nous aide à comprendre qu’aujourd’hui aussi, en
poursuivant avec tant d’espérance le dialogue œcuménique, la confrontation avec
la Sainte Ecriture, lue dans la Tradition de l’Eglise, constitue un élément
incontournable et d’une importance fondamentale, comme j’ai voulu le rappeler
dans l’Exhortation
apostolique Verbum Domini (n. 46).
Même les fidèles les plus
simples, dépourvus d’une grande culture, tirèrent profit de la parole
convaincante de Laurent, qui s’adressait aux personnes humbles pour rappeler à
tous la cohérence de leur vie avec la foi professée. Cela a été un grand mérite
des capucins et d’autres ordres religieux, qui, aux XVI° et XVII°
siècles, contribuèrent au renouveau de la vie chrétienne en pénétrant en
profondeur dans la société à travers leur témoignage de vie et leur enseignement.
Aujourd’hui aussi, la nouvelle évangélisation a besoin d’apôtres bien préparés,
zélés et courageux, afin que la lumière et la beauté de l’Evangile prévalent
sur les orientations culturelles du relativisme éthique et de l’indifférence
religieuse, et transforment les diverses façons de penser et d’agir en un
authentique humanisme chrétien. Il est surprenant que saint Laurent de Brindisi
ait pu accomplir de façon ininterrompue cette activité de prédicateur apprécié
et inlassable dans de nombreuses villes d’Italie et dans divers pays, alors
qu’il occupait d’autres charges lourdes et de grandes responsabilités. Au sein
de l’Ordre des capucins, en effet, il fut professeur de théologie, maître des
novices, plusieurs fois ministre provincial et définiteur général, et enfin
ministre général de 1602 à 1605.
Parmi tant de travaux, Laurent
cultiva une vie spirituelle d’une ferveur exceptionnelle, consacrant beaucoup
de temps à la prière et, de manière particulière, à la célébration de la Messe,
qu’il prolongeait souvent pendant des heures, absorbé et ému par le mémorial de
la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Seigneur. A l’école des saints,
chaque prêtre, comme cela a souvent été souligné au cours de la récente Année
sacerdotale, peut éviter le danger de l’activisme, c’est-à-dire d’agir en
oubliant les motivations profondes de son ministère, seulement s’il prend soin
de sa propre vie intérieure. En s’adressant aux prêtres et aux séminaristes
dans la cathédrale de Brindisi, la ville natale de saint Laurent, j’ai rappelé
que «le moment de la prière est le plus important dans la vie du prêtre, celui
où la grâce divine agit avec le plus d’efficacité, en donnant sa fécondité au
ministère. Prier est le premier service à rendre à la communauté. Les temps de
prière doivent donc avoir une véritable priorité dans notre vie... Si l’on
n’est pas intérieurement en communion avec Dieu, on ne peut rien donner non
plus aux autres. Dieu est donc la première priorité. Nous devons toujours
réserver le temps nécessaire pour être en communion de prière avec notre
Seigneur». Du reste, avec l’ardeur incomparable de son style, Laurent exhorte
chacun, et pas seulement les prêtres, à cultiver la vie de prière car au moyen
de celle-ci nous parlons à Dieu et Dieu nous parle: «Oh, si nous considérions
cette réalité! — s’exclame-t-il — C’est-à-dire que Dieu est vraiment présent à
nous quand nous lui parlons en priant; qu’il écoute vraiment notre prière, même
si nous prions seulement avec le cœur et avec l’esprit. Et que non seulement il
est présent et nous écoute, mais qu’il peut même et qu’il désire volontiers
répondre, et avec le plus grand plaisir, à nos questions».
Un autre trait qui caractérise
l’œuvre de ce fils de saint François est son action pour la paix. Les
Souverains Pontifes, ainsi que les princes catholiques lui confièrent à
plusieurs reprises d’importantes missions diplomatiques pour résoudre des
controverses et favoriser la concorde entre les Etats européens, menacés à
cette époque par l’empire ottoman. L’autorité morale dont il jouissait faisait
de lui un conseiller recherché et écouté. Aujourd’hui, comme à l’époque de
saint Laurent, le monde a un grand besoin de paix, il a besoin d’hommes et de
femmes pacifiques et pacificateurs. Tous ceux qui croient en Dieu doivent
toujours être des sources et des agents de paix. Ce fut précisément à
l’occasion d’une de ces missions diplomatiques que Laurent conclut sa vie
terrestre, en 1619 à Lisbonne, où il s’était rendu auprès du roi d’Espagne,
Philippe III, pour défendre la
cause de ses sujets napolitains, opprimés par les autorités locales.
Il fut canonisé en 1881 et, en
raison de son activité vigoureuse et intense, de sa science vaste et
harmonieuse, il mérita le titre de Doctor apostolicus, «Docteur
apostolique», que lui donna le bienheureux Pape Jean XXIII en 1959, à l'occasion du quatrième centenaire de sa
naissance. Cette reconnaissance fut accordée à Laurent de Brindisi également
parce qu'il fut l'auteur de nombreuses œuvres d'exégèse biblique, de théologie
et d'écrits destinés à la prédication. Il y offre une présentation organique de
l'histoire du salut, centrée sur le mystère de l'Incarnation, la plus grande
manifestation de l'amour divin pour les hommes. En outre, étant un mariologiste
de grande valeur, auteur d'un recueil de sermons sur la Vierge intitulé
«Mariale», il met en évidence le rôle unique de la Vierge Marie, dont il
affirme avec clarté l'Immaculée Conception et la coopération à l’œuvre de la
rédemption accomplie par le Christ.
Avec une fine sensibilité
théologique, Laurent de Brindisi a également mis en évidence l'action de
l'Esprit Saint dans l'existence du croyant. Il nous rappelle qu’avec ses dons,
la Troisième Personne de la Très Sainte Trinité, éclaire et aide notre
engagement à vivre dans la joie le message de l'Evangile. «L'Esprit Saint —
écrit saint Laurent — rend doux le joug de la loi divine et léger son poids,
afin que nous observions les commandements de Dieu avec une très grande
facilité, et même avec plaisir».
Je voudrais compléter cette
brève présentation de la vie et de la doctrine de saint Laurent de Brindisi en
soulignant que toute son activité a été inspirée par un grand amour pour
l'Ecriture Sainte, qu'il savait presque par cœur, et par la conviction que
l'écoute et l'accueil de la Parole de Dieu produit une transformation
intérieure qui nous conduit à la sainteté. «La Parole du Seigneur —
affirme-t-il — est lumière pour l'intelligence et feu pour la volonté, pour que
l'homme puisse connaître et aimer Dieu. Pour l'homme intérieur, qui au moyen de
la grâce vit de l'Esprit de Dieu, il est pain et eau, mais un pain plus doux
que le miel et une eau meilleure que le vin et le lait... C'est un maillet
contre un cœur durement obstiné dans les vices. C’est une épée contre la chair,
le monde et le démon, pour détruire tout péché». Saint Laurent de Brindisi nous
enseigne à aimer l'Ecriture Sainte, à croître dans la familiarité avec elle, à
cultiver quotidiennement le rapport d’amitié avec le Seigneur dans la prière,
pour que chacune de nos actions, chacune de nos activités ait en Lui son
commencement et son achèvement. Telle est la source à laquelle puiser afin que
notre témoignage chrétien soit lumineux et soit capable de conduire les hommes
de notre temps à Dieu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire