Edith
m’appelle au téléphone, juste arrivée à Saint-Nazaire, ville que nous aimons,
claire, jolies avenues parallèles, aussi bien des immeubles ouvriers que des
maisons patriciennes, la grande santé de l’Océan comme à Brest. Six heures à
donner : mise à nouveau en économie, français et histoire. Faire se
documenter l’élève, rien que par la nomenclature des prix Nobel de l’Economie
(depuis l’institution du prix en 1969 – j’ai le recueil à jour jusqu’à
STIEGLITZ, je crois, des œuvres et travaux de chacun, évolution des sujets de
préoccupation et d’une réelle intelligence scientifique, probablement celle qui
fait le plus la part d’un souci de l’humain et du bien-être des pays et des
personnes, en tant que tels).
La mort
en face est une chance et une grâce, elle accentue, imprime, plonge en nous la
marque de Dieu et nous centre sur Lui, en espérance pour l’immédiat et ses
suites, et en perspective. La mort est notre grand moment, elle rayonne sur
notre vie entière et la fait se mouvoir dans la seule direction qui vaille, la
vie éternelle, l’offre et la promesse de Dieu, et donc nous laisse à choisir les
voies pour acquiescer à ce don et marcher dans cette lumière vive. Message
verbal puis courriel de ma bien-aimée sur mon papier scolaire d’hier soir
qu’elle juge bien écrit. La question : la fin de l’économie, au sens de…
difficile de dire et choisir entre les acceptions du mot fin.
Aboutissement ? terminus ? objectif ?
Viatique.
Nous venons vérifier que notre fille n’est pas montée dans la grande chambre
pour « échapper » aux mouvements et rumeurs de sa chatoune pendant la
nuit, comme les précédentes. Non, elle dort découverte, en chien de fusil mais
Kitty tranquille au creux de sa jambe repliée. Nous « fondons »
ensemble.
Hier soir donc, sur la chaîne
parlementaire, un énième documentaire sur le Maréchal PETAIN. Je ne le
prends qu’en route, manquant donc la jeunesse, s’il en a été fait état, et la
Grande Guerre. L’ensemble vaut – au moins, pour moi – par les images, dont pour
la plupart ne m’étaient pas connues, sauf le serment de la Légion qui ne donne
nullement à un salut fasciste ou nazi mais à une levée du bas, tout à fait
classique, encore aujourd’hui dans nos prétoires… je jure de dire la vérité,
etc… et aussi une information (à vérifier) : avant même d’avoir rencontré
ses avocats (on ne cite pas PAYEN mais seulement ISORNI qui n’apparut d’abord qu’en
seconde main, mais avec la réputation du procès BRASILLACH), le Maréchal aurait
lui-même rédigé trois-quatre feuillets schématisant sa défense et la conduite à
tenir par ses conseils. Les commentaires sont tendancieux, approximatifs de la
part des Français, sauf l’un d’eux que je ne connaissais pas, Henry ROUSSO
n’est qu’orienté : la destruction de la République et l’antisémitisme, et
Marc FERRO, simpliste. Ce dernier a perdu son crédit à mes yeux depuis qu’il a
préfacé l’édition du manuscrit découvert il y a quelques années
seulement : le Maréchal écrit de sa main et agrémente de nombreux croquis
un résumé de ce qu’il appelle « la guerre mondiale ». dans cette
préface, FERRO souligne que cet inédit est le seul livre du Maréchal sur la
Grande guerre. Or, en 1929, et sans rien à voir avec la querelle dite du Soldat
qui l’opposa à DG, le vainqueur de Verdun a raconté dans un style tout à fait
gaullien… la bataille qu’il dirigea de Février à Mai 2016. – Les images donc et
la voix. Le Maréchal ne chevrote, au plus sa voix paraît celle d’un homme âgée,
la prestance tant en civil qu’en uniforme est encore plus majestueuse et
éclatante que dans la plupart des images que je connaissais ; la
popularité, le charisme sautent aux yeux comme rarement dans notre Histoire. Le
cinéma et le son n’existaient pas pour nos souverains, pour Napoléon, et
pratiquement pas pour CLEMENCEAU. Une révélation, à la suite de la courte
apparition à l’Hôtel-de-Ville, au balcon, en Avril 1944, à Paris, c’est la Marseillaise
qui est entonnée spontanément et chantée. Je ne m’accorde pas du tout avec le
fil du commentaire sinon que la description d’une République désaimée, de la
tentation des extrêmes, caractérisant les années 30, s’applique exactement à ce
que nous sommes en train de vivre. On ne peut établir que le Maréchal ait
cherché le pouvoir alors, même si certains pensaient à lui pour l’exercer. On
ne peut non plus établir un antisémitisme, sinon l’évocation selon quels
témoignages ? de conversations avec un couple voisin, américaine, à
Villeneuve-Loubet. Il faut savoir que LAVAL n’avait de relations qu’avec
MUSSOLINI, aucune avec l’Allemagne nazie, avant l’armistice. Il faudrait avoir
un écrit pour confirmer qu’en prenant congé de FRANCO, PETAIN aurait dit qu’il
allait mettre fin à trente ans de marxisme en France. La question des
« protocoles de Paris (Mai 1941) est évoquée partialement à la charge de
DARLAN et sans nommer BENOIST-MECHIN. On mentionne sans référence – tout cela à
retrouver puisque la source unique des commentateurs français est le dossier
des papiers personnels de Philippe PETAIN à nos Archives nationales – un document ou un échange de lettres de
LAVAL avec les Allemands leur demandant des « éléments de langage »
sur le sort des Français juifs déportés. Les questions que me posent Vichy et
le Maréchal ne sont pas complexes mais je n’ai pas encore les réponses :
pourquoi s’être fait donner les pleins pouvoirs sur le thème constitutionnel,
et non pas sur la gestion de la période d’armistice et jusqu’à la fin des hostilités.
La Troisième République avait fonctionné en temps de paix comme de guerre selon
le régime des décrets-lois, que ce soit abusif ou pas, mais les lois de 1875
étaient d’une telle souplesse (puisqu’elles étaient provisoires). Le Maréchal
et son gouvernement pouvaient fonctionner de même. Et pourquoi avoir pris
l’initiative – alors que la rencontre de Montoire n’était alors pas prévisible
et qu’en tout cas PETAIN ne la souhaitait pas et ne l’a jamais souhaitée –
l’initiative donc des textes anti-juifs et surtout du statut dès le 10 Octobre
1940 (je l’écris, de mémoire). Voilà les deux énigmes. Car le rappel de LAVAL
n’est que l’engrenage d’imprudences de DARLAN et du Maréchal, le 13-Décembre
est bien un congédiement, sinon anti-allemand, du moins pour reprendre la main
et voir clair (chaque fois que vous reveniez de Paris, c’était pour nous
annoncer des tuiles…). Il n’y a pas eu de discours pacifiste et
anti-parlementaire du Maréchal le 14 Juin, mais, en conseil des ministres, la lecture d’un court
papier : à mes yeux, l’armistice est la condition de la survie de la
France. Quant à n’être pas allée en Afrique du nord dès les 9 ou 10 Novembre
1942, par peur de prendre l’avion qu’il n’aurait jamais pris auparavant, c’est
faux. PETAIN était venu, sur ordre, prendre le relais de LYAUTEY au Maroc en
1926 pour la guerre du Rif : des images le montre en casque d’aviateur en
cuir à son arrivée et serrant la main du Résident général. Il n’est pas parti à
Alger, tout simplement parce que depuis Mai 1940, il se croit et se veut le
seul rempart que puissent opposer les Français au désastre de la défaite
et aux Allemands. C’est peut-être une erreur, mais c’est cela sa motivation de
l‘époque et jusqu’à sa mort. Sa hantise alors : être pris pour un traître.
Prier… hier matin,
j’avais commencé de lire les textes de maintenant [1]. Par distraction et
oubli de la date du dimanche. J’y reviens donc. L’impudence ? la mère de
Jacques et de Jean, les places, alors que sans doute ceux-ci les mérites
puisqu’eux comme d’autres auront la grâce et la force du martyre. Nous voyons bien que cette puissance extraordinaire
appartient à Dieu et ne vient pas de nous. – Pouvez-vous boire la coupe que je
vais boire ? – Nous le pouvons – Ma coupe, vous la boirez. Le texte ne doit pas nous dire ni
l’impudence, l’orgueil maternels, d’ailleurs bien placés, ni la forfanterie des
disciples puiqu’ils « y passeront ». Nous apprenons que la vie, le
parcours, le rayonnement et la fécondité sont fonction de notre assimilation au
Christ, du partage que nous vivons et souhaitons, de tout avec Lui. La coupe à
boire n’est pas quelconque (le dicton : la coupe est pleine…), elle est
celle du Christ, d’abord celle du Christ. Secondairement la nôtre et par
proposition de Celui-ci. Nous les vivants, nous sommes continuellement
livrés à la mort à cause de Jésus (situation
de l’Apôtre et des premiers chrétiens, alors que nous, aujourd’hui dans notre
France contemporaine, si loin des chrétiens d’Orient, quoique le grand pardon à
Sainte-Anne d’Auray, soit présidé en ce moment par l’archevêque d’Alep…, moi en
tout cas, nous ne mourons pas de persécution, seulement par notre nature et
notre biologie), afin que la vie de Jésus, elle aussi soit manifestée dans
notre condition charnelle vouée à la mort. Il s’agit donc de comprendre et
accepter avec joie cette occasion de témoigner de notre foi, en ayant une mort
consentie parce qu’occasion de nous référer au Chriost, de n’avoir d’appui
qu’en Lui, même si à l’évidence Il nous procure aussi le secours qui nous est
proportionné : celui de nos amous, de notre amour, de nos affections, de
tous nos compagnonnages de vie. Grâce de la conjugalité et de la paternité pour
qui – nous tous – est voué à la mort biologique. Paul ajoute, commente selon le
point décisif de notre foi en la résurrection : la résurrection de la
chair et la vie éternelle. Ce sont des retrouvailles et la pérennité, le plein
aboutissement de nos attaches affectives. En son espèce, il s’agit de ses
ouailles, et de lui, de leur affection mutuelle. Car, nous le savons, celui
qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus,
et il nous placera près de lui avec vous. Mouvement
de l’Eglise naissante et de l’apostolat de Paul, mais l’Eglise naît à chaque
instant et notre vie, débile et limitée, peut participer de l’apostolat
bimillénaire des Apôtres, des martyrs et des saints de tous les temps et lieux…
Tout cela, c’est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans
un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu. La grâce ne peut se ressentir ni se
comprendre par enseignement ou théorie, elle se vit, et elle est d’autant plus
intensément et directement, intimement vécue que nos circonstances sont
difficiles ou impérieuses. Le Christ, dispensateur de cette grâce et moyen
divin, en Sa propre de Fils de Dieu fait homme, nous indique quand il
prophétise Sa propre mort aux deux disciples soucieux de la bonne place in aeternum,
qu’elle est précisément la Sienne : quant à siéger à ma droite ou à ma
gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est
préparé par mon Père. Hier matin, je n’aurais
pu recevoir ces textes et leur enseignement comme je les reçois aujourd’hui.
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