Sous le règne
de Dioclétien, à Tropea, en Calabre (I), un couple de pieux chrétiens
aisés, Doroteo et Eusebia, qui étaient restés sans enfants, supplièrent
Dieu de leur accorder une progéniture, en lui promettant de la Lui
consacrer. Leur prière fut exaucée, et il leur naquit une fille, un
dimanche de l’année 287, c'est pourquoi ils la nommèrent Kyriaquie (signifie « dimanche » en grec. On
pourrait donc traduire son nom par celui de « Dominique ». L'ayant
baptisée, ils l'élevèrent en l'instruisant et la corrigeant selon le
Seigneur (cf. Éphés. 6:4), et fidèles à leur promesse, ils préservèrent sa
virginité afin de la consacrer au service du Seigneur.
Un jour, un
riche païen, qui séjournait dans la ville, ayant entendu vanter la beauté
et la qualité des mœurs de la jeune vierge, décida de la marier à son fils.
Mais quand on vint lui en faire la proposition, Kyriaquie déclara qu'elle
était épouse du Christ, et qu'elle désirait mourir dans la virginité. Furieux,
le prince alla les dénoncer, elle et ses parents, à l'empereur Dioclétien
comme rebelles à son autorité. Le souverain les convoqua, et leur demanda
pourquoi ils rejetaient les dieux de l'Empire. Dorothée répondit avec
courage qu'il avait appris de ses parents à n'adorer qu'un seul Dieu, le
Créateur du ciel et de la terre, qui s'est incarne pour notre Salut. Il fut
soumis à la flagellation. Mais comme, sous les coups, il continuait à se
moquer des idoles, l'empereur, voyant qu'il n'en tirerait rien de plus,
l'envoya, avec Eusébie, auprès de Justus, gouverneur de Mélitène, en Petite
Arménie. Celui-ci les soumit à la torture et leur procura la couronne du
Martyre, en leur faisant trancher la tête.
Quant à
Kyriaquie, Dioclétien l'envoya à son gendre, le césar Maximien, qui
résidait à Nicomédie. Ayant admiré son éclatante beauté, Maximien la fit
comparaître et lui promit qu'elle épouserait un des parents de l'empereur
si elle acceptait d'honorer les dieux. Mais la frêle jeune fille se montra
inflexible et lui déclara que rien ne pourrait la séparer de l'amour du
Christ. Le tyran la fit alors étendre à terre entre quatre piquets et
ordonna de la fustiger à coups de nerfs de bœuf, jusqu'à ce que mort s'en
suive. Les soldats épuisés changèrent à trois reprises, mais Kyriaquie
restait insensible aux coups et n'en était que plus rayonnante de grâce.
Maximien, croyant que, par pitié pour la jeune vierge, ses hommes n'usaient
pas de toute leur force retourna sa colère contre eux. La Sainte
l'interpella alors: « Ne
t'égares pas, Maximien. Jamais tu ne pourras me vaincre, car Dieu me porte
secours ». Craignant d'être de nouveau tourné en ridicule,
l'empereur la fit transférer auprès d'Hilarion (ou Hilaire), gouverneur de
Bithynie, homme réputé pour sa cruauté envers les Chrétiens.
Après avoir
pris connaissance de la lettre de Maximien, qui accompagnait la captive,
Hilarion menaça Kyriaquie de tortures inouïes. Elle lui répondit qu'il
serait plus aisé d'amollir le fer, plutôt que de la soumettre; et quand on
lui passa des torches enflammées sur le corps, après l'avoir suspendue par
les cheveux, elle resta impassible, comme si elle était déjà revêtue de
l'incorruptibilité promise aux élus. La nuit suivante, elle reçut dans sa
prison la visite du Christ qui la guérit et lui promit de la délivrer de
toutes épreuves par Sa grâce. Au matin, le tyran s'étonna de la voir
indemne, mais attribuant ce miracle aux dieux, il la fit conduire au temple
des idoles. En entrant dans le temple Kyriaquie se mit à genoux et adressa
une prière au Christ. Aussitôt l'édifice s'ébranla et les idoles tombèrent
à terre, et se brisèrent en mille morceaux qu'un vent violent dispersa,
mettant en fuite les païens présents. Seul Hilaire continuait de proférer
des blasphèmes, quand un éclair fendit le ciel et brûla le visage du
gouverneur qui, tombant de son siège, expira. Il fut remplacé par un autre
magistrat, Apollonios, qui, ayant été mis au courant des événements qui
agitaient la province, fit comparaître la Sainte et la condamna à être
brûlée vive. Après avoir allumé une grande fournaise, les soldats y
jetèrent Kyriaquie. Elle demeura plusieurs heures en prière, les mains
tendues vers le ciel, sans que les flammes puissent lui causer la moindre
brûlure. Et, alors qu'on était en été et que le ciel était dégagé, un nuage
noir apparut et une averse vint éteindre le feu. Apollonios ordonna ensuite
de lâcher contre elle deux lions; mais, dès qu'ils l'approchèrent, les
fauves devinrent doux comme des agneaux et se couchèrent aux pieds de la
Sainte. De nombreux païens, qui avaient été témoins de ces prodiges,
confessèrent alors le Christ, et ils furent aussitôt exécutés.
Le jour
suivant, un nouvel interrogatoire devant le gouverneur s'avéra tout aussi
vain. Constatant donc qu'il ne pourrait vaincre la valeureuse athlète du
Christ, ni par les flatteries ni par les tortures, Apollonios la condamna à
mourir par le glaive. Emmenée en dehors de la ville, Kyriaquie demanda à
ses bourreaux de lui accorder un instant pour prier. Tombant à genoux, elle
adressa une longue prière au Christ, qui lui avait donné la force de
témoigner de son Nom devant les rois et les princes, et qui avait préservé
sa virginité jusqu'à ce jour de ses noces mystiques. Des Anges lumineux
vinrent prendre son âme, pour la présenter à son Époux, et elle s'affaissa
doucement à terre : c’était le 06 juillet 303. Les soldats, qui
s'apprêtaient à lui trancher la tête, furent stupéfaits de la trouver déjà
morte. Ils entendirent alors une voix céleste, qui leur disait: « Frères, allez raconter à tous
les merveilles de Dieu ». Pendant qu'ils allaient rendre compte
au gouverneur de ce qu'ils avaient vu, des Chrétiens, qui se tenaient
cachés par crainte des païens, vinrent prendre le corps de la Sainte et
l'ensevelirent dans un lieu convenable en rendant grâces à Dieu. Les
dépouilles mortelles sont conservées dans la Cathédrale de Tropea, en
Calabre.
Sainte Kyriaquie, localement appelée Santa
Domenica, est la Patronne de Tropea où elle est l’objet d’une grande
vénération et où, tous les ans, il y a une grande fête en son honneur dans
toute la province.
Sources principales : jubilatedeo.centerblog.net ;
santiebeati.it (« Rév. x gpm »).
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