09 heures 43 + J’écris,
non pour être lu, mais pour écrire. Je peux évidemment dire
que l’écrit reste
et que je « resterai » ainsi. Dire aussi, car je le vis
intensément,
que j’aurai aimé de mes ascendants lire un journal intime ou
des mémoires, leur
vie et leur explication-ressent de la vie, de la leur et de la
vie en général. Mais évidemment quand il y a écho
de ce que j’écris
en l’adressant en partage à d’autres, me devenant très proches
ainsi, même si
les visages et les circonstances des rencontres m’échappent,
alors le meilleur
de ce que je peux donner de moi-même prend un sens et donne à
mon
existence sa vraie et belle raison : simplement apporter
quelque chose à
autrui, qu’il ne recevrait peut-être pas sans moi. Je regrette
enfin, quant à
moi, de n’avoir pas commencé beaucoup plus tôt à mes
treize-quatorze, je n’en
avais pas l’idée, mais à mes dix-sept ou dix-huit ans oui. Je
ne crois pas (à
vérifier) avoir écrit pourquoi je commençais de tenir mon
journal (fin Août
1964). – Journal « intime » et partage, antinomique ?
salutaire ? Ecrire certainement. Donner ce que j’ai et reçois
par
l’écriture : certainement aussi.
Aimer
n’est possible que dans la certitude et la confiance d’être
aimé. Sinon de
l’appropriation indûe, de la prédation. La sensation de
réciprocité, même sans
expression, est certainement un des débuts de l’amour. En
cela, Dieu est
vraiment notre exemple et notre garant. Dans notre relation
à Lui, où Il est
toujours plus que nous. Dans notre relation à qui nous
aimons, car Il garantit
en sollicitude autant qu’en exemplarité notre amour, nos
amours.
Echos
de ces dernières quarante-huit heures en politique. Nous
tournons à la honte
et à l’absurde. La surenchère sécuritaire, des simplismes de
plus en plus
écoeurants de la part de personnalités – si tant est
qu’elles méritent d’avoir
cette appellation avec la considération qui va avec –
censément d’expérience et
de maturité. NS aurait hier soir atteint le comble (TF1). La recette à la TRUMP,
lequel ne déshonore pas l’Amérique car OBAMA, quelles que
soient ses faiblesses
et lacunes, lui réplique et magnifiquement. Donc, virer,
exclure, renvoyer,
expulser, etc… tous ces mots, tous ces concours pour une
place qui est de plus
en plus abîmée : présider notre pays, notre République,
passeront et
seront oubliés, remplacés, supplantés par d’autres, encore
plus absurdes ou
indignes. Mais ce qui demeure est grave : pas de
compréhension ni des
psychologies collectives, de la nôtre en tant que peuple
français bien plus
cohérent et uni que ne le croient nos dirigeants. La moindre
réunion publique,
si elle est dialogue, et non soumission à la harangue d’un
prétendant novateur,
montre cette unité de pensée et de réflexe quels que soient
les
« clivages » politiques qui ne sont guère profonds et sur
lesquels
nous savons, chacun, passer. Pas de compréhension non plus
des psychologies
individuelles : celles des généreux autant que celles des
tueurs. Le Figaro, hier, titrait sur toute sa une :
"la guerre". Et Libération : "pourquoi ?". Je voudrais que
titres, textes et surtout dialogue entre nous soient tout
autres : avançons, précisons nos buts et nos ambitions, la
raison sobre alors et alors seulement ainsi, sera
contagieuse et nos lèpres (terrorisme des tueurs, bêtise de
certains de nos dirigeants et opposants, mentalement aussi
criminelle et mortifère). Drame pour qui meurt et pour qui
perd ses proches et aimés, mais attentat à l'âme nationale
que de nous rabaisser à la seule invective d'un soi-disant
camp à un autre.
Prier
pour nous, pauvres pécheurs… prier. Lève-toi !
Engage un procès avec les montagnes, et que les collines
entendent ta voix… Mon
peuple, que t’ai-je fait ? réponds-moi. Est-ce parce que je
t’ai fait
monter du pays d’Egypte, que je t’ai racheté de la maison
d’esclavage, et que
je t’ai donné comme guides Moïse, Aaron et Miryam ? Bonne
volonté et méprise de ce peuple qui est notre prosopopée,
dont l’histoire et la
psychologie sont notre parabole à chacun. Il croit à des
demandes et à des
obligations impossibles à satisfaire de la part de Dieu.
Mais non ! On
t’a fait connaître, ce qui est bien, ce que le Seigneur
réclame de toi :
rien d‘autre que de respecter le droit, aimer la fidélité, et
t’appliquer à
marcher avec ton Dieu. [1]
Pourtant les
contemporains du Christ, les
connaisseurs de cette histoire sainte persévèrent dans leur
refus : nous
voulons voir un signe de toi – Cette génération mauvaise et
adultère réclame un
signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le
signe du prophète
Jonas. La Passion et la
Résurrection sont
LE signe par excellence : comme Jonas est resté dans le
ventre du
monstre marin trois jours et nuits, le Fils de l’homme restera
de même au
coeur de la terre trois jours et trois nuits. Peine perdue jusqu’à l’événement… il y a ici
bien plus que Jonas…
et il y a ici bien plus que Salomon… en
réalité, Jésus accumule les motifs de Sa condamnation par
les docteurs de la
Loi, les scribes et les pharisiens. Il sera condamné et mis
à mort, en parfaite
connaissance de cause de Sa prétention, mais évidemment pas
de Son identité,
puisque celle-ci porte la Résurrection en elle et la vie
éternelle, la
divinisation pour nous. Les psaumes, le miroir,
l’approfondissement de nos
psychologies personnelles, du plus intime de nous, et – tout
autant le dialogue
de Dieu avec nous, Son approche. Cohérence pas seulement
dogmatique, littérale
des divers livres de la Bible en ses deux versants, mais
psychologique, jusques
dans la posture. Le psaume 50 et Michée sont la même
objection de Dieu à nos
réticences et méprises : Qu’as-tu à réciter mes lois, à
garder mon
alliance à la bouche, toi qui n’aimes pas les reproches et
rejettes loin de toi
mes paroles ? Voici ce que tu fais ; garderai-je le silence ?
Penses-tu que je suis comme toi ? je mets cela sous tes yeux
et je
t’accuse. S’examiner
sereinement, la
fatigue que je cause aux autres, la lassitude et la
déception, ces multiples
défauts qui sont des aspérités abîmant et blessant autrui,
qui m’aime, dans sa
liberté, son chemin, sa personnalité, mes aimées, femme et
épouse chérie,
trésor admiré… oui, je suis fatigant et improductif, je ne
tiens pas parole car
j’en dis trop en intention et n’en fais passez en acte. Qui
offre le
sacrifice d’action de grâce, celui-là me rend gloire : sur le
chemin qu’il
aura pris, je lui ferai voir le salut de Dieu. Remède et « pénitence » : l’action de grâce.
Paradoxe de
ce que nous demande Dieu. Nous ne sommes pas assez ou si peu
en coincidence
avec Lui. Prier.
10
heures 50 + Pourquoi écris-tu ? personne ne te lis. Elle
évoque « ma »
prière du matin, cet envoi sans doute. Quant aux livres,
aucun depuis toujours
n’a débouché. Les projets, les manuscrits se sont succédés
et accumulés. Elle
en souffre pour moi, en est humiliée pour moi. Je voudrais
lui dire et répondre
car elle m’aime et s’attriste. Lui faire drabord sentir la
joie d’écrire quand
la difficulté est surmontée, quand le chemin devient léger
et clair. Que je n’ai
aucun prix pour certains et a fortiori ce que j’écris, oui.
Mais je n’en
souffre pas du tout. Mes pages et mes pages vers l’Elysée
sont un journal
politique, il est offert, qu’il ne soit pas reçu, que les
idées et analyses ne
soient pas, dans un certain registre et pour certains
milieux et ambiances, ni
une manière d’être considéré, ni même une possibilité
d’entrer quelque part, qu’y
puis-je ? et je ne sais autrement m’y prendre. Sans doute,
distinguè-je l’intime
du politique ou de l’exposé. Un travail et une reprise dans
un exercice, une
respiration, vitale très souvent, secourable toujours. Une
épreuve parfois
quand je suis si fatigué que goût et force, même si la tête
marche encore, m’ont
abandonné, laissé à moi-même sans voix. Registre et
registre, écrire sans
destinataire précis ou écrire pour l’invisible universel.
D’expérience
constante, c’est second. – C’est ce à quoi je voulais
répondre en réfléchissant
au début de cette matinée.
11
heures 06 + Terrorisme, deux évidences pour l’éradiquer et
le prévoir ; L’argent
pour que les repentis et les délateurs, les proches se
manifestent et à temps.
La psychologie pour comprendre comment le tréfonds de l’âme
humaine conclut à
la tuerie et à l’assassinat en nombre pour se magnifier
elle-même ou pour se
culpabiliser plus encore. Tout le reste, dit sécuritaire, me
paraît rodomontade
et n’aura pas plus d’effet que l’exemplarité de la peine de
mort sur les
candidats au meurtre.
[1]
- Michée VI 1 à 8 ; psaume L ; évangile selon saint
Matthieu XII
38 à 42
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