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VISITAZIONE DELLA
BEATA VERGINE MARIA / F
Fête de la Visitation --- missel.free.fr
Sommaire :
1. Les textes évangéliques révèlent
clairement la vérité sur l'Esprit Saint dans la description de certains moments
de la vie et de la mission du Christ. Nous avons déjà réfléchi sur la
conception virginale et sur la naissance de Jésus de Marie par l'œuvre de
l'Esprit Saint. D'autres pages de l'Évangile de l'enfance méritent
toute notre attention car elles mettent particulièrement en relief l'action de
l'Esprit Saint.
L'une de ces pages est certainement
celle où l'évangéliste Luc raconte la visite de Marie à Elisabeth. Nous
lisons qu'en ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région
montagneuse, dans une ville de Juda (I 39). On considère généralement qu'il
s'agit de la localité de Aïn-Karim, à six kilomètres à l'ouest de Jérusalem.
Marie s'y rend pour être aux côtés de sa parente Elisabeth, plus âgée qu'elle.
Elle s'y rend à la suite de l'Annonciation, dont la Visitation devient
presque un complément. En effet, l'Ange avait dit à Marie : Et voici
qu'Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa
vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile ;
car rien n'est impossible à Dieu. (Luc I 36-37).
Marie partit en hâte pour se
rendre chez Elisabeth, certainement poussée par un besoin intérieur, afin
de manifester son affection, comme à une sœur, en ce mois de grossesse avancée.
Un sentiment de solidarité féminine naît dans son cœur sensible et bon,
solidarité propre à cette circonstance. Mais l'expérience d'une communion
toute particulière entre elle et Elisabeth à la suite de l'annonce faite
par l'ange, se rattache probablement à ce contexte psychologique : le fils
qu'attend Elisabeth sera, en effet, le précurseur de Jésus et celui qui le
baptisera dans le Jourdain.
2. Cette communion d'esprit explique
pourquoi l'évangéliste Luc s'empresse de mettre en lumière l'action de l'Esprit
Saint dans la rencontre entre les deux futures mères : Marie entra chez
Zacharie et salua Elisabeth. Et il advint, dès qu'Elisabeth eut entendu la
salutation de Marie, que l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut
remplie d'Esprit Saint (I 40-41).
Cette action de l'Esprit Saint, vécue
par Elisabeth d'une manière particulièrement profonde au moment de sa rencontre
avec Marie, se rattache au destin mystérieux de l'enfant qu'elle porte dans son
sein. Zacharie, le père de l'enfant, en recevant l'annonce de la naissance de
son fils au cours de son service sacerdotal dans le temple, s'était entendu
dire : il sera rempli d'Esprit Saint dès le sein de sa mère. (Luc I 15).
Au moment de la Visitation, quand Marie franchit le seuil de la maison
d'Elisabeth, (et avec elle, Celui qui est déjà le fruit de ses entrailles), la présence
de l'Esprit Saint est ressentie par Elisabeth d'une manière expérimentale.
Elle le témoigne elle-même dans son salut à la jeune mère qui est venue lui
rendre visite.
3. Selon l'Évangile de Luc, en effet,
Elisabeth poussa un grand cri et dit : Bénie es-tu entre les femmes, et béni
le fruit de ton sein ! Et comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de
mon Seigneur ? Car vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes
oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse
celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du
Seigneur ! (I 42-45).
En peu de mots, l'évangéliste nous
révèle le tressaillement joyeux d'Elisabeth, ainsi que celui de l'enfant dans
son sein, l'intuition, tout au moins confuse, de l'identité messianique de
l'enfant que porte Marie, la reconnaissance de la foi de Marie dans la
révélation que le Seigneur lui a faite. Luc utilise dès cette page le titre
divin de Seigneur, non seulement pour parler de Dieu qui révèle et
promet (les paroles du Seigneur), mais également du fils de Marie,
Jésus, auquel dans le Nouveau Testament, le titre est attribué surtout comme ressuscité
(cf. Actes II 36 ; Philippiens II 11). Ici il doit encore naître. Mais
Elisabeth perçoit, autant que Marie, sa grandeur messianique.
4. Cela signifie qu'Elisabeth, remplie
d'Esprit Saint, est introduite dans la profondeur du mystère de la venue du
Messie. L'Esprit Saint opère en elle cette illumination particulière, qui
s'exprime dans le salut adressé à Marie. Elisabeth parle comme si elle avait
participé à l'Annonciation de Nazareth et comme si elle en avait été témoin.
Elle définit par ses paroles l'essence même du mystère qui à ce moment-là s'est
opéré en Marie ; en disant la mère de mon Seigneur vient à moi, elle
appelle, mon Seigneur l'enfant que Marie attend depuis peu de temps.
Ensuite, elle proclame Marie bénie entre les femmes et elle ajoute : bienheureuse
celle qui a cru, comme si elle voulait faire allusion au comportement de la
servante du Seigneur, qui répondit à l'ange par son fiat : qu'il
m'advienne selon ta parole ! (Luc I 38).
5. Le texte du Luc manifeste sa
conviction que l'action du Saint-Esprit illumine et inspire aussi bien Marie
qu'Elisabeth. De même que l'Esprit a fait pressentir à Marie le mystère de la
maternité messianique qui s'est réalisée dans la virginité, il donne à
Elisabeth la capacité de découvrir Celui que Marie porte dans son sein et ce
qu'elle est appelée à être dans l'économie du salut : la Mère du Seigneur.
Il lui donne ainsi ce transport intérieur qui la pousse à proclamer cette
découverte dans un grand cri (Luc I 42), avec cet enthousiasme et cette
joie qui sont également le fruit de l'Esprit Saint. La mère du futur
prédicateur et baptiste du Jourdain attribue cette joie à l'enfant qu'elle
attend depuis six mois : l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein.
Mais le fils et la mère se trouvent unis dans une sorte de symbiose
spirituelle, c'est pourquoi la joie de l'enfant est transmise à celle qui l'a
conçu, et voici : Elisabeth laisse éclater le cri qui exprime la joie qui
l'unit profondément à son fils, comme le témoigne Luc.
6. Toujours selon le récit de Luc, un
chant d'allégresse jaillit du cœur de Marie, le Magnificat, dans lequel
elle exprime elle aussi sa joie : mon esprit tressaille de joie en Dieu mon
Sauveur (I 47). Elevée comme elle l'était au culte de la Parole de Dieu
qu'elle connaissait par la lecture et la méditation de la Sainte Écriture,
Marie sentit monter à ce moment-là, du plus profond de son âme, les versets du
Cantique d'Anne, mère de Samuel (cf. I Samuel II 1-10) et d'autres paroles de
l'Ancien Testament, pour laisser libre cours aux sentiments de la fille de
Sion, qui trouvait en elle la plus grande réalisation. C'est ce qu'a bien
compris l'évangéliste Luc d'après les confidences reçues directement ou
indirectement de Marie.
L'une de celles-ci devait être la
joie qui unit les deux mères lors de cette rencontre, comme manifestation du
fruit de l'amour vibrant dans leur cœur. Il s'agissait de l'Esprit-Amour
trinitaire, qui se révélait au seuil de la plénitude du temps (Galates
IV 4), inaugurée dans le mystère de l'Incarnation du Verbe. A ce moment
bienheureux, ce que Paul dira plus tard se réalisait déjà : le fruit de
l'Esprit Saint... est charité, joie, paix (Galates V 22).
Allocution de S.S. Jean-Paul II,
au cours de l'audience générale hebdomadaire du 13 juin 1990
au cours de l'audience générale hebdomadaire du 13 juin 1990
Les meilleurs vont vers les moins
bons, pour leur procurer quelque avantage par leur venue. Ainsi, le Sauveur
vient près de Jean pour sanctifier son baptême ; et dès que Marie eut
entendu l'ange lui annoncer qu'elle allait concevoir le Sauveur et que sa
cousine Elisabeth était enceinte, elle partit, se rendit en hâte vers le haut
pays et entra dans la maison d'Elisabeth. Car Jésus, dans le sein de Marie, se
hâtait de sanctifier Jean, encore dans le sein de sa mère. Avant l'arrivée de
Marie et son salut, l'enfant n'avait pas tressailli dans le sein de sa
mère ; mais dès que Marie eut prononcé la parole que le Fils de Dieu, dans
son sein maternel, lui avait suggérée, l'enfant tressaillit de joie et, dès
lors, de son précurseur, Jésus fit un prophète.
Marie, tout à fait digne d'être mère
du Fils de Dieu, devait, après son entretien avec l'ange, gravir la montagne et
demeurer sur les sommets. D'où ces mots : « En ces jours-là, Marie
partit et se rendit en hâte vers le haut pays. » Il lui fallait aussi,
parce qu'elle était active et pleine de sollicitude se hâter avec zèle et,
remplie de l'Esprit-Saint, être conduite sur les sommets et protégée par la
puissance divine, qui l'avait déjà couverte de son ombre. Elle vint donc
« dans une ville de Juda ; elle entra chez Zacharie et
salua Elisabeth. Or, dès qu'Elisabeth eut entendu la salutation de Marie,
l'enfant tressaillit dans son sein et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit.[1] »
C'est pourquoi il n'est pas douteux
que, si Elisabeth fut alors remplie du Saint-Esprit ce fut à cause de son fils.
Car ce n'est pas la mère qui, la première, a mérité le Saint-Esprit ; mais
lorsque Jean, encore enfermé dans son sein, eut reçu le Saint-Esprit, alors,
Elisabeth, après la sanctification de son fils, fut remplie du Saint-Esprit. Tu
pourras le croire, si tu as remarqué une chose semblable à propos du Sauveur...
Car Marie fut remplie du Saint-Esprit, quand elle commença à avoir le Sauveur
en son sein. En effet, dès qu'elle eut reçu l'Esprit Saint, créateur du corps
du Seigneur, et que le Fils de Dieu eut commencé à être dans son sein, Marie
aussi fut remplie de l’Esprit-Saint.
« Alors Elisabeth poussa un
grand cri et dit : Tu es bénie entre les femmes.[2] »
Si la naissance du Sauveur n'avait
pas été céleste et bienheureuse, si elle n’avait pas eu quelque chose de divin
et de supérieur à l'humanité, jamais sa doctrine ne se serait répandue sur
toute la terre. S'il y avait eu dans le sein de Marie un homme au lieu du Fils
de Dieu, comment pourrait-on expliquer, au temps du Christ comme maintenant,
des guérisons de maladies de toutes sortes, non seulement physiques, mais
encore morales ?...
Avant Jean, Elisabeth
prophétise ; avant la naissance du Seigneur notre Sauveur, Marie
prophétise. Et de même que le péché a commencé par une femme pour atteindre
ensuite l'homme, de même le salut a débuté par des femmes, pour que les autres,
oubliant la faiblesse de leur sexe, imitent la vie et la conduite des saintes,
surtout de celles que l'Evangile nous décrit maintenant. Voyons donc la
prophétie de la Vierge. « Mon âme magnifie le Seigneur, dit-elle, et
mon esprit exalte en Dieu mon Sauveur.[3] » Deux principes, l'âme et l'esprit,
s'acquittent d'une double louange. L'âme célèbre le Seigneur, l'esprit célèbre
Dieu, non pas que la louange du Seigneur soit différente de celle de Dieu, mais
parce que Dieu est aussi Seigneur et que le Seigneur est également Dieu.
On me demande comment l'ame magnifie
(c'est-à-dire agrandit) le Seigneur. Car, si le Seigneur ne peut être ni
augmenté ni diminué, s'il est ce qu'il est, comment Marie peut-elle dire
maintenant : « Mon âme magnifie le Seigneur » ? Si
je considère que le Seigneur notre Sauveur est « l'image du Dieu
invisible[4] », si je vois mon âme faite « à
l'image du créateur[5] », afin d'être l'image de l'image (car
mon âme n'est pas exactement l’image de Dieu, mais elle a éte créée à la
ressemblance de la première image) alors voici ce que je comprendrai : à
la manière de ceux dont le métier est de peindre des images et d'utiliser leur
art à reproduire un seul modèle, le visage d'un roi par exemple, chacun de nous
donne à son âme l'image du Christ ; il en trace une image plus ou moins
grande, délavée ou ternie, ou, au contraire, claire et lumineuse, ressemblant
au modèle. Donc, lorsque j'aurai agrandi l'image de l'image, c'est-à-dire mon
âme, lorsque je l'aurai « magnifiée » par mes actions, mes
pensées et mes paroles, alors l'image de Dieu grandira et le Seigneur lui-même
sera « magnifié » dans mon âme qui en est l'image. De même que
le Seigneur grandit dans cette image que nous sommes de lui, de méme, si nous
tombons dans le peché, il diminue et décroît...
Voilà pourquoi l'âme de Marie
magnifie d'abord le Seigneur et ensuite « son esprit exulte en Dieu. »
En effet, si nous n'avons pas grandi auparavant, nous ne pouvons exulter.
« Parce que, dit-elle, il a jeté les yeux sur l'humilité de sa
servante.[6] » Quelle est cette humilité de Marie
que le Seigneur a regardée ? Qu’avait d'humble et de bas la mère du
Sauveur qui portait en elle le Fils de Dieu ? « Il a jeté les yeux sur
l'humilité de sa servante », cela veut dire à peu près : il a
jeté les yeux sur la justice de sa servante, sur sa tempérance, sur sa force et
sur sa sagesse. D'ailleurs, il est naturel que Dieu regarde les vertus. On me
dira peut-être : Je comprends que Dieu regarde la justice et la sagesse de
sa servante ; mais il n'est pas évident qu'il fasse attention à son
humilité. Celui qui cherche à comprendre doit remarquer que précisement
l'humilité est designée dans les Ecritures comme l’une des vertus. Du reste, le
Sauveur déclare : « Apprenez de moi que je suis doux et
humble de cœur ; et vous trouverez soulagement pour vos âmes.[7] »
« Désormais toutes les
générations me diront bienheureuse.[8] » Si je comprends dans le sens le plus
simple les mots « toutes les générations », je l'interprète des
croyants. Mais si je réfléchis plus profondément, je remarque qu'il vaut bien
mieux ajouter : « car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes
choses.[9] » En effet, puisque « tout
homme qui s'abaisse sera élevé[10] », Dieu qui a regardé l'humilité de la
bienheureuse Marie, a naturellement le Tout-Puissant fait pour elle de grandes
choses.
« Et sa miséricorde s'étend
d'âge en âge.[11] » La miséricorde de Dieu s'étend non
pas sur une, deux, trois, ni même cinq genérations, mais éternellement, d'âge
en âge. « Pour ceux qui le craignent, il a déployé la force de son bras.[12] » Si, malgré
ta faiblesse, tu approches du Seigneur dans la crainte, tu pourras entendre sa
promesse en réponse à ta crainte. Quelle est cette promesse ? Il se fait, dit
Marie, la force de ceux qui le craignent. La force ou la puissance est une
qualité royale... Si donc tu crains Dieu, il te donne sa force et sa puissance,
il te donne son Royaume, afin que, soumis au Roi des rois, tu possèdes le
Royaume des Cieux, dans le Christ Jésus.
« Marie demeura avec Elisabeth
environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.[13] » S'il a suffi de la venue de Marie
chez Elisabeth et de sa salutation pour que l'enfant tressaille de joie et
qu'Elisabeth, remplie de l'Esprit-Saint, prophétise ce que rapporte l'Evangile,
si une seule heure a apporté de si grandes transformations, il nous reste à
imaginer quels progrès Jean a réalisés pendant les trois mois du séjour de
Marie près d'Elisabeth. Si en un instant le petit enfant a tressailli et,
pourrait-on dire, bondi de joie, et si Elisabeth a été remplie de l'Esprit
Saint, il est anormal que, pendant trois mois, ni Jean, ni Elisabeth n'aient
pas réalisé de progrès au voisinage de la mère du Seigneur et en la présence du
Sauveur lui-même.
Origène
[1] Evangile selon saint Luc, I 39-41.
[2] Evangile selon saint Luc, I 42.
[3] Evangile selon saint Luc, I 46-47.
[4] Epître de saint Paul aux Colossiens, I 15.
[5] Livre de la Genèse I 27.
[6] Evangile selon saint Luc, I 48.
[7] Evangile selon saint Matthieu, XI 29.
[8] Evangile selon saint Luc, I 48.
[9] Evangile selon saint Luc, I 49.
[10] Evangile selon saint Luc, XIV 11.
[11] Evangile selon saint Luc, I 50.
[12] Evangile selon saint Luc, I 50-51.
[13] Evangile selon saint Luc, I 56.
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