Eveillé
vers six heures et demi, je ne sortirai pas de mon travail aujourd’hui, sauf à
vider un réservoir de débroussailleuse pour continuer de dégager séchoir à
linge et pergola, et à respirer en refaisant l’accès à ma bibliothèque
principale et à ses casiers. Faire du faire. Messageries avec MMR, GS et
memento avec mon cher Pierre, l’ami passionnant et simple de mes dix ans, au
collège. Disparition quand qui nous aimons, meurt ? je ne le crois pas,
tellement la mort rend disponible à notre souvenir, à l’expression intime de
notre amour. Nos morts bien plus souvent en visite et en habitation de notre
esprit, de notre cœur, de nos émotions, nos morts devenus compagnons totaux et
références actives, je le vis de plus en plus. Evidemment, la rupture : instants
et minutes. Pleurer aide simplement, efficacement. Le privilège, la providence
d’être à l’instant du dernier souffle : ma belle-mère aimée qui m’a aimé,
ma femme et moi à ses côtés, chacun tenant une main, notre concentration et
notre communion, tous trois, sa mère, elle ma moitié et moi. Et puis notre cher
Claude, moine de Sainte-Anne de Kergonan, l’intensité de son message, de sa vie
et la tête qui se tourne vers moi quand j’eus fini de lire à haute voix les
lettres qu’il m’a adressait de chez sa mère et que je prenais, à bout de
psaumes, pour la prière de toute suite. La vie.
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est
lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse,
il te renouvellera par son amour. Il exultera pour toi et réjouira, comme aux
jours de fête. Dieu qui nous auve et nous
libère et nous donne, splendidement, d’être Sa joie, Sa création. Alleluia, en
ce début de journée, les oiseaux en accompagnement… Sophonie et la joie, Sion
véritablement. L’erreur dramatique d’Israël, dans sa version guerrière et
étatique d’aujourd’hui : le chef d’œuvre d’HITLER est d’avoir fait naître
le contraire de ce qu’aurait dû produire la shoah, un ferment de réconciliation
internationale, l’autorité morale désormais établie sur la sagesse et la piété,
la culture millénaire d’un peuple, vainquant une détestation et un martyre, et
provoquant un accueil mutuel, une réconciliation de tout depuis maintenant
soixante-dix ans. C’est presque le contraire qui s’est produit : un objet
et un fauteur de haine, de clivages, de séparations et surtout de simplisme.
Israël, motif et prétexte dans beaucoup de pays où la politique intérieure et
les élections ont une crispation dont il est cause. Evidemment, les
dégénérescences des pays arabes et musulmans, gâchant leurs printemps chaque
fois (sauf en Tunisie, sans doute grâce à notre empreinte transmise à BOURGUIBA
qui ne nous en voulut pas de ses années de taule (HO CHI MINH non plus, ne nous
en voulait pas), ces pays et peuples intenses leur propre fil et ignorant le
charme de leurs jeunesse respectives, se focalisant sur l’humiliation
renouvelée à chaque génération au Proche-Orient. Il faut à Israël quelques
géants et des saints, après qu’il y ait eu Satan, ses sbires et leur folie :
HITLER et la shoah. Je crois possible, à venir, cette surrection d’Israël et sa
production en intelligence et en grandeur. C’est possible, c’est certainement
nécessaire. Qu’alors, Sophonie et Isaie soient tes prophètes et tes chefs, ô
Israël, le monde va y gagner : le Seigneur a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a écarté tes ennemis. [1] Et les temps, les époques de silence. Marie
resta avec Elisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. La fin de la gestation du Précurseur, sa
naissance tandis que Jésus commence in utero. Le Magnificat est à quatre, ce qui sans doute
(numérologie ?) dit son universalité. L’humanité enfin heureuse, comblée,
rachetée. JOUHANDEAU à son orgue et chantant. Jésus, que ma joie demeure ! BACH et ce Jésuite, le Père LEDUC, nous le
donnant dans une église abbatiale entre les fortêtes et les cathédrales
d’Ile-de-France et de Picardie… La race humaine et sa danse si souvent manquée,
autour de l’amour. La chair horriblement traitée, tuée dans les camps, les
enfants tués. L’horreur, l’enfer n’est pas dans l’au-delà. Pitié pour nous,
pitié de nous succombant à nous-mêmes, aveugles, c…, lâches. Sa miséricorde
s’étend ‘âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève
les humbles. Alors toutes choses en place
et rétablies, il comble de biens les affamés, renvoie les mains vides. D’Adam à Abraham, tout s’est dit, se dit et
se dira. Nous y sommes. Le discernement d’Elisabeth, puisse-t-il être le nôtre,
aujourd’hui et toujours : d’où m’est-il donné que la mère de mon
Seigneur vienne jusqu’à moi ? Oui.
Hier
Presque
minuit + Je n’ai pas repris mon travail après notre dîner devant la
télévision, j’ai été entrainé par le programme de ma chère femme. – Je ne sais
pas du tout la valeur ni l’intérêt de ce que je fais, je sais seulement que
maintenant j’écris et suis lancé, que cela a une trajectoire, que j’écris de la
même façon que toujours, mais pas la même chose quoique la matière ne change
asn, mais maintenant elle ne me domine plus, elle me sert, peut me servir, car
cette fois j’ai un but qui de beaucoup dépasse l’édition. C’est une préface, je
l’espère, à beaucoup plus, ou bien… ce sera un de mes témoignages si j’échoue.
Le
film, l’Amérique quand elle est simple ! et ne l’est-elle pas
toujours ? le noir et blanc, toujours, le manichéisme. La campagne
maintenant pour le prochain mandat présidentiel TRUMP et CLINTON, également
médiocres, donc inutiles et faisant perdre quatre ans de plus au monde encore
plus qu’à leur pays puisque ce reste le seul, faute d’Europe, à pouvoir
réorienter les choses et les esprits), et à cette parabole intéressante (Arte) d’une
histoire de couple que perd la seule innocente du tableau : Assurance sur la mort, Billie
WILDER, 1944… que me fait découvrir ma chère femme…, succède un des films sur
les crimes nazis, leur condamnation et la chasse après guerre de leurs auteur :
Beate et Serge KLARSFELD, la traque des
nazis (la 2). Nous n’avions
regardé, il y a un an ou deux, que la fin. Ce sont les photos et des instants
qui je retiens, si explicatifs. Les entrées des quelques vingt exemplaires et
suprêmes au temps des uniformes et du feu. GOERING particulièrement
impressionnant d’intelligence et de présence, KEITEL emblématique de la Prusse,
qu’il y soit né ou pas. Le projet
juif,
l’absence de synthèse que seuls les historiens ont faite, et qui ne fut
pas je
crois le même dans l’esprit de chacun des survivants. Le film pour la
conviction, les têtes d'affiches se tordent les mains pour se voiler le
regard, échapper à ce qui est montré, a été enregistré. C'est cela, je crois, l'image qui doit rester de ce XXème siècle. Les atrocités de tableaux
d’ensemble, les cadavres qui ne sont plus qu’enveloppe d’os pantins avec les
engins de déblaiement, mais aussi les exécutions individuelles des auteurs, les
pendaisons, les marches d’escalier. Ce médecin émacié et barbue, le visage de
ses derniers instants, plus que pathétique : même s’étant laissée aller au
plus atroce et au plus effrayant et cruel (en bleu et clair, le profil de ce
médecin en blouse tuant par secouements un bébé hurlant… ), l’âme reste ce qu’elle
est, capable de souffrance et sans doute d’autre chose, je crois à la
rémission. Conclusion s'il est légitime d'en exprimer, tenter une ... la capacité
de souffrir et le crime de ne pas voir sont, humainement, infinies.
C'est même, pour des moments de nous, le seul infini. Les mains en
arrière plan à gauche du portrait gros plan de HESS. L’intelligence
de regard, la souveraineté de EICHMAN, la culpabilité absolue quand il y
a
fierté de ce qui fut commis, clairement, consciemment. SPEER,
passionnant et
décisif dans ses deux livres, lus dès leur publication française, m’est
ici antipathique,
souriant et en forme même sinon surtout dans les dernières semaines du
Reich, a
certainement failli être l’homme de la succession à HITLER, acceptable
par les
Alliés. Il s’en est fallu, je crois, de très peu. Il aurait sauvé sa
tête en
donnant tout ce qu’il savait de l’industrie nipponne. Mais transparence, auto-analyse de ce qu’est l’ambition : un aveu
qui est un chef-d’œuvre, et ces deux temps d’une seule vie : 1944 et 1966.
L’architecture. Le pire fut peut-être von
PAPEN qui avait la confiance de HINDENBURG… KIESINGER est une erreur d’ADENAUER
en recherche du remplacement d’ERHARD. Il est dommage pour DG qu’il y ait ce
couple en final franco-allemand. Evidemment le discours de Juillet 1962 à
Ludwigsbourg : seul l’homme du 18-Juin, à la tête d’une France faisant le
Marché commun et la décolonisation pouvait juger l’Allemagne et passer outre.
Je ne crois pas à l’inhumanité de quelque peuple que ce soit, dont les
Allemands, et je crois à la responsabilité collective d’une génération, celle
de l’entre-deux-guerres a été détestable alors qu’elle était à l’apogée de l’expérience
autant de la guerre que du bonheur de vivre. Mes chers parents l’ont incarné,
loin géographiquement, alors : Le Caire des années 30. Je ne veux pas être
passé à côté de ma propre époque et je veux en être responsable. Il m’est sans
doute donné de faire, surtout maintenant, le possible.
Oui,
il se passe quelque chose dans ma vie, alors qu’aucune de nos astreintes n’est
encore desserrée : je suis calme, tranquille, sans question. Il se peut
même qu’Edith perde de sa hantise de liquider ici pour ailleurs. Seule trace de
ce que nous avons subi, qu’elle subit encore d’anxiété : nos prises de
poids respectives. – Je ferme ce clavier, émerveillé que la vie garde toujours secret
l’instant d’après le présent.
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