09
heures 31 + Début de matinée paisible et heureux. La route vers
Saint-François-Xavier, thème Harry Potter, dont notre trésor imagine des suites
surtout pour corser la vie sentimentale du héros et mettre Hermione en
compétition : exercice dont son professeur de français lui a donné le
goût, conclure autrement ou prolonger une fable de La Fontaine ou se mettre
dans la peau d’Ulysse. Les élèves descendant la rue Thiers, les flux dans le
cloître de distribution des salles de classe et des escaliers. Dépôt de la
valise au lieu prévu près de la grande sacristie, dialogue à l’identique avec
le surveillant vérifiant la carte de chaque entrant. Vannes vers le château dit
de Limoges, la maison du diocèse, Chubert et un rendez-vous IRM trop loin et
dans nos vacances strasbourgeoises : le faire à Percy ces semaines-ci. Paris
avec ma tentative de reprise de l’Année politique, qui a cessé de paraître pour
compter de 2013, convenir l’édition de mes chroniques mauritaniennes et de mes
suppliques à l’Elysée en deux tomes pour deux règnes, et conférer sur le stand
du Vatican à Astana. – Retour avec la dizaine de chapelet, les petites routes
depuis notre village jusqu’à chez nous. L’herbe haute. La taille ces jours-ci,
un second clôturage pour les chèvres, puis dégager les palmiers et les rosiers
du talus.
Calme
aux stations-essence, quelques voitures en attente, apparemment pas de
distribution. A la réflexion, le débat est lourd de conséquence. Si FH
l’emporte, il aura détruit cent ans d’avancées dans la relation
travail-employeur puisque l’ambiance d’entreprise où le patron est en force,
surtout en période de chômage et de délocalisation (Total carrément
envisage d’autres points d’investissement qu’en France si « cela
continue »), l’emportera sur les conventions collectives. C’est également
amoindrir encore l’influence des syndicats. Donc, tout est acceptable en le
négociant encore et en l’amendant, tables rondes et vie parlementaire, mais pas
l’article 2 du projet de loi. Si FH cale, il ne peut se représenter, et enfin
la voie se libère pour une reconstruction à la diligence du PS peut-être encore
et forcément en union avec un ensemble CGT-PCF en reconstitution
psychologique, sinon politique. A suivre donc. Cette semaine est tournante. –
Un anniversaire qu’on ne fête pas : notre retrait de l’OTAN en Mars 1966.
Belle coincidence entre le centenaire de Verdun et le cinquantenaire de cette
manifestation de notre indépendance mentale.
Prier…
deux jeunes filles, l’une inconnue, tuberculeuse, héroïque, vie monastique, et
l’autre, personnage majeur de notre histoire nationale et qui donna cinq
siècles plus tard une stupéfiante référence à un autre de nos géants. Tout en
admirant profondément Jeanne d’Arc, à tous égards, je pensais que sa
canonisation, si tardive (Pie XI en 1922) avait fait partie d’un arrangement de
la République avec le Vatican, la Grande Guerre ayant fait la paix entre toutes
les confessions, les athéismes et divisions d’avant 14. La seule statue, de
très grande taille d’ailleurs, qui orne l’escalier montant à la bibliothèque
privée du Pape pour les audiences particulières (Février 1995, pour moi), est
celle de Jeanne d’Arc, offerte - je crois mais à vérifier – par la ville de
Paris. La catéchèse de Benoît XVI me remet à niveau : pour notre si cher
et vénéré Docteur, la comparaison de la petite illettrées, chef de guerre, avec
Catherine de Sienne, s’impose. Il est vrai qu’à défaut d’écrits personnels,
nous avons deux sources exceptionnelles pour ses dires et sa personnalité [1] : je vais essayer
de me les procurer.
Quand je me tiens sous l’abri du
Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant, je dis au Seigneur : « Mon
refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! » [2]Admirable exhortation de Pierre, la vraie et
totale bénédiction : que la grâce et la paix vous soient accordées par
la vraie connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur. Sa puissance divine
nous a fait don de tout ce qui permet de vivre avec piété, grâce à la vraie
connaissance de celui qui nous a appelés par la gloire et la force qui lui
appartiennent. De la sorte nous sont accordés les dons promis, si précieux et
si grands, pour que, par eux, vous deveniez participants à la nature divine, et
que vous échappiez à la dégradation produite dans le monde par la convoitise. Le patron-pêcheur, certainement peu lettré,
donne raison rétrospectivement à Eve. Notre sublimation par la connaissance,
sauf que notre mère dans le péché voulut procéder par elle-même et arracher de
sa propre initiative, à sa manière, cette connaissance qui nous transforme et
nous éternise. La connaissance, la vraie connaissance. Elle est dialogue, elle reçue, elle est mutuelle, elle est naturelle,
ainsi que le rappelle le psalmiste : il m’appelle, et moi, je lui
réponds ; je suis avec lui dans son épreuve, dit Dieu. Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ; je le
défends car il connaît mon nom. Bel éloge
de ce que nous pouvons être en vie quotidienne, confiante et protégée. Les
tribulations, ce ne sont pas nous qui les subissons, mais bien le Christ.
Parabole des vignerons homicides, donnée aux chefs des prêtres, aux scribes
et aux anciens… les chefs du peuple cherchaient à arrêter Jésus, mais ils
eurent peur de la foule. Ils avaient bien compris en effet qu’il avait dit la
parabole à leur intention. Ils le laissèrent donc et s’en allèrent.
Tout l’évangile est un suspense. – Chaque matin, les retrouvailles. La beauté
aussi, les vies de saints, la puissance de nos textes fondateurs en psychologie
et en certitude. Il me semble recevoir en grâce de plus en plus d’être passé de
l’espérance à la certitude.
Hier
Je
me remets à mon texte. Il n’avancera, prendra corps et ne sera ce que je souhaite
sans pouvoir le décrire, qu’en confiant ce travail à mon Créateur et à son
Esprit Saint.
19
heures 43 + Je pensais y travailler tout cet après-midi, je ne m’y remets que
maintenant, sensation et anxiété, comme si c’était à commencer. Je ne suis donc
pas encore lancé.
20
heures 09 + Encore une fois diverti : lecture commentée du Monde et du Canard par ma chère femme… j’en écris à l’Elysée [3].
23
heures 37 + Pas vraiment écrit, parce que je me suis trouvé en impasse, malgré
mes réflexions pour reprendre, et malgré surtout que j’inventorie bien la
succession de mes compréhensions et de mes rencontres. Ecrire un livre, c’est
certainement se provoquer soi-même en examen de conscience. Lire peut-être
aussi, selon le livre. Le sujet que je me suis donné y porte alors que
d’ordinaire c’est seulement la capacité d’écrire qui fait question (ou
angoisse). Donc,
quelques lignes seulement, puis maintenant un début de lettre à Marguerite sur
ces quinze jours heureux, denses et parfois coléreux, de la préparation de sa
profession de foi et de son prononcé, à notre soirée d’hier en gala et
aujourd’hui notre déjeuner en fête des mères, après un moment « sur »
la tombe de Maman.
[1] - Le premier, le Procès de condamnation (PCon),
contient la transcription des longs et nombreux interrogatoires de Jeanne
durant les derniers mois de sa vie (février-mai 1431), et reporte les paroles
mêmes de la sainte. Le second, le Procès en nullité de la condamnation,
ou de «réhabilitation» (PNul), contient les dépositions d'environ 120
témoins oculaires de toutes les périodes de sa vie (cf. Procès de
condamnation de Jeanne d'Arc, 3 vol. et Procès en nullité de la
condamnation de Jeanne d'Arc, 5 vol., ed. Klincksieck, Paris 1960-1989). – rappelé par la transcription de la
catéchèse du Saint-Père
[2] - 2ème lettre de Pierre XCI ;évangile selon saint Marc XII
1 à 12
[3] - Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
je constate la stérilité actuelle du "couple
franco-allemand", incapable de trouver même une symbolique de plus à ce
que sont les deux pays l'un pour l'autre depuis leurs terribles étreintes : ce
matin, à Verdun.
Je prends au sérieux la dégénérescence de notre République par
les parcours personnels et le mélange des genres, comme s'il devenait français
de tirer parti individuellement du service public quand on en a une part de
responsabilité. Que l'actuel gouverneur de la Banque de France - Yves Villeroy
de Galhau, ex-DGI, catholique d'étiquette (Messier faisait aussi la couverture
de Famille chrétienne) - ne puisse échapper que grâce à une discussion sur la
prescription, à l'inculpation pour parjure commis quand, entre deux positions
publiques, il dirigeait la Banque Nationale de Paris et assurait autant que la
Société générale ne diriger aucun client vers des paradis fiscaux... que le
directeur du Trésor (Bruno Bézard, donc) pantoufle et se mette au service d'un
milliardaire chinois établi à New-York et rachetant du non-coté... avec
probable mise à disposition des fonds de la B.P.I. ! m'épouvante. Nous en
sommes là.
Tandis que le "mouvement social actuel" va servir
d'excuse au non-rebond de la croissance et à la faillite de notre ensemble
nucléaire, alors que... Proglio et Lauvergeon... la Chine et la françafrique...
et que Emmanuel Macron, Jean-Christophe Cambadélis ont chacun
leur jeu, leur sigle et leurs troupes ?
Quel dépeçage : notre patrimoine ... notre moralité... nos
espérances quinquennales...
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