Pierre Nolasque
naquit d'une illustre famille, près de Carcassonne, en France, à la fin du
XIIe siècle (± 1189). Il excella, toute sa vie, dans la pratique de la
charité à l'égard du prochain. Dès son adolescence il perdit ses parents.
L'hérésie
des Albigeois ravageait alors le Midi de la France. Pour s'y soustraire, il
vendit son patrimoine, et se retira en Espagne, où il était appelé par le
roi Jacques d'Aragon. Il se rendit ensuite à Barcelone, et y consacra toute
sa fortune au rachat des captifs enlevés sur mer par les Sarrasins. Mais le
sacrifice de ses biens ne suffisait pas à sa charité. Il voulait encore se
vendre lui-même pour délivrer ses frères et se charger de leurs chaînes.
Une nuit qu'il priait en songeant à la délivrance des captifs, la Sainte
Vierge lui apparut et lui recommanda d'établir, en son honneur, un Ordre
religieux consacré à cette œuvre de charité. Il s'empressa d'obéir à cet
avertissement céleste, d'autant plus que le roi et Raymond de Pennafort
avaient reçu en même temps la même révélation.
Il
fonda l'ordre de « Notre-Dame de la Merci » pour la rédemption des
captifs. Le caractère particulier de cet ordre, c'est qu'il joignait aux
trois vœux ordinaires de religion un quatrième vœu : celui de se livrer en
gage aux païens, s'il en était besoin, pour la délivrance des chrétiens.
À
cet exemple héroïque de charité il joignait celui de toutes les vertus.
Favorisé du don de prophétie, il prédit au roi d'Aragon la conquête du
royaume de Valence sur les Maures. Il était soutenu par de fréquentes
apparitions de son ange gardien et de la Vierge Mère de Dieu.
Enfin, accablé par l'âge, le travail et
la pénitence, il reçut l'avertissement de sa mort prochaine. Lorsqu'on lui
eut administré les derniers sacrements, il exhorta encore ses frères à la
charité envers les captifs. Puis, en disant ces paroles : « Le Seigneur a envoyé la
rédemption à son peuple », il rendit son âme à Dieu, au milieu
de la nuit de Noël, l'an 1256.
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wikipédia –
en ligne vendredi 6 mai 2016
Pierre Nolasque
Saint Pierre
Nolasque
Pierre Nolasque (1180/1182-1245) est un religieux catalan, qui a
fondé l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci,
pour le rachat des captifs, dans le contexte de l'Espagne
médiévale, marqué par les hostilités entre chrétiens et musulmans. Il a été
canonisé par Urbain VIII en 1628. Sa fête se célèbre le 6 mai.
Sommaire
Biographie
Vocation
Vision de la Jérusalem céleste (par Zurbaran)
Pierre est né entre 1180 et 1182 au Mas-Saintes-Puelles (Languedoc-Roussillon). À une date inconnue, la
famille se transfère à Barcelone, où Bernard Nolasque initie son fils à l'état
de marchand. Libres de circuler dans les États musulmans comme dans les États
chrétiens de la péninsule, les commerçants jouaient, à cette époque, le rôle
d'intermédiaires pour le rachat des captifs des deux religions. Engagé dans
le négoce, Pierre Nolasque découvre alors la dure réalité de la captivité et
de l'esclavage. Profondément ému, il décide de consacrer ses biens et sa vie
à la rédemption (au sens étymologique du terme) des prisonniers chrétiens en
terre d'islam. À cet effet, il réunit, aux environs de 1203, quelques jeunes
hommes de son âge, désireux de travailler à cette œuvre de miséricorde, en
recueillant des aumônes dans la principauté de Catalogne et le royaume d'Aragon. Outre la compassion, le goût
de la prière unit ces compagnons laïcs, inspirés par l'idéal du Christ qui
a racheté le monde par le sang de la Croix. Ils considèrent la liberté
comme une valeur inséparable de la vie, et la vie chrétienne comme un
engagement de la liberté au service du prochain1.
Charisme
Vision de la Vierge Marie (par Zurbaran)
Quinze années durant, le petit groupe va servir la cause de la rédemption,
en mendiant de quoi constituer des rançons. Seulement, le nombre de
prisonniers à racheter ne cesse d'augmenter. Alors, que faire ? Pierre
Nolasque analyse la situation avec les yeux de la foi, et, dans la nuit du 1er
au 2 août 1218, une vision de la Vierge Marie l'incite à transformer son
association en une congrégation religieuse d'un genre particulier. La
fondation d'un ordre, sous la protection de Notre-Dame, pour la rédemption
des captifs, aura donc lieu, le 10 août 1218, à l'autel majeur de la cathédrale Sainte-Croix de
Barcelone. En plus des trois vœux traditionnels, les nouveaux religieux
s'engageront à servir d'otage, si la nécessité s'en fait sentir, lors de la
remise des rançons. En effet, non seulement, ils continueront à recueillir de
l'argent comme par le passé, et créeront des confréries de l'aumône pour les
captifs, mais ils se rendront sur place, dans les endroits les plus dangereux,
et procéderont à la négociation lors des rédemptions, quitte à servir de
monnaie d'échange. Comme l'affirment les premières Constitutions, publiées en
1227, ils doivent désormais se montrer toujours joyeusement disposés à
donner leur vie, à la suite du Christ qui s'est livré à la merci
de ses adversaires1.
Confirmation
Vision de saint Pierre (par Zurbaran)
À ses débuts, en 1218,
l'ordre de Notre-Dame-de-la-Merci avait simplement
reçu l'autorisation de l'évêque de Barcelone, Berenguer de Palou, qui leur avait remis la
Règle de saint Augustin, et le soutien de
Jacques Ier d'Aragon, grâce à l'intervention
du dominicain Raymond de Penyafort. Mais le 17 janvier
1235, à Pérouse,
le pape Grégoire IX, à la sollicitation du fondateur,
approuve officiellement l'ordre des mercédaires par la bulle Religionis
vestrae, laquelle sera complétée et confirmée par deux autres bulles,
émanant d'Innocent IV, cette fois : Religiosam vitam
eligentibus (1245) et Si juxta sapientis (1246). Ces documents
pontificaux témoignent de l'estime dans laquelle était tenue une congrégation
véritablement née des besoins de la population chrétienne. Du vivant du
fondateur, l'ordre comptera une centaine de frères répartis en dix-huit
couvents, essentiellement dans le royaume d'Aragon et le Sud de la France. À
la mort de Pierre Nolasque, survenue à Barcelone,
le 6 mai 1245, la jeune famille religieuse comptait déjà un martyr en la
personne de saint Sérapion, et avait réussi à racheter, en
vingt-sept ans, trois mille neuf cent vingt captifs1.
Postérité
Maison-mère de l'ordre de la Merci à Barcelone
Pierre de Nolasque fut inhumé dans la chapelle du couvent de la Mercè, à
Barcelone, maison-mère de l'ordre. La vénération dont sa mémoire n'a pas
cessé de faire l'objet de la part des mercédaires et du peuple, a abouti, au
terme d'un procès canonique de deux ans, à une sentence de culte immémorial
délivrée par la Congrégation des rites. Cette sentence a
été confirmée par Urbain VIII, le 30 septembre 1628, ce qui équivaut à une
canonisation. Le 19 juin 1655, le nouveau saint est inscrit au martyrologe romain, et en 1664, Alexandre
VII étend son culte à l'Église universelle, met au point une messe et un
office propre, et fixe la fête au 29 juin1.
En 1936, celle-ci fut déplacée au 31 janvier, mais depuis la réforme
liturgique du concile Vatican II, la date retenue est le 6
mai, anniversaire de la mort du saint, dont on peut également relever qu'il
est le patron d'El Viso del Alcor car, selon la légende, il
aurait participé à la reconquête de Séville
et de sa région, en 1248 (!), aux côtés de Ferdinand III de Castille. Toujours
dans le registre légendaire, l'Année liturgique de dom
Guéranger se fait l'écho d'une version dans laquelle le saint appartient
à la noblesse du Lauragais et s'expatrie en Espagne par haine des albigeois2.
Cette version, dont il existe des variantes, s'inspire directement des leçons
de l'ancien Bréviaire romain, composées à l'époque de la
canonisation. En deçà de leur message spirituel, leur contenu n'a pas été
ratifié par l'historiographie contemporaine, pas plus que les dates 1189 et
1258 pour la naissance et la mort du fondateur des mercédaires3.
Spiritualité
Ancien couvent de la Merci Chaussée de Séville,
aujourd'hui musée des beaux-arts
À l'époque de la canonisation, par un contrat signé le 28 avril 1628, le
couvent de la Merced Calzada de Séville commanda au peintre Francisco de Zurbaran une série de
vingt-deux tableaux représentant la vie de leur fondateur, destinés à être
exposés dans le cloître des Buis du monastère. Se basant sur des gravures
réalisées à partir des documents réunis durant le procès canonique, ces
toiles, qui n'ont probablement pas été exécutées dans leur totalité,
attestent à la fois du programme spirituel des mercédaires à la Contre-Réforme, et de la maîtrise de l'artiste à
rendre avec naturel les plus hauts états mystiques4.
De la dizaine de peintures retrouvée se détachent particulièrement les
différentes visions surnaturelles (reproduites supra) : celle de
la Vierge Marie, qui préside à la fondation de l'ordre en 1218; celle de
saint Pierre, qui met le mercédaire face à un exemple héroïque qu'il doit
être prêt à imiter; celle de la Jérusalem céleste, évoquée dans la collecte rédigée au XVIIe siècle
pour la messe du saint, comme le lieu où, libérée de la servitude du péché,
l'âme pourra jouir de la liberté sans fin3.
Le charisme de rachat des captifs tend ainsi à être interprété de manière
allégorique, pour s'insérer dans la cristallisation
"orthodoxisante" qui domine la spiritualité officielle du XVIIe siècle et se traduit, entre
autres, par l'atmosphère sereine et familière entourant l'irruption du sacré
dans les œuvres de Zurbaran5.
Voir aussi
Pierre Nolasque et Jacques Ier de Castille (par
Zurbaran)
Articles connexes
Liens externes
Sur les autres projets Wikimedia :
Références
- ↑ a,
b,
c
et d
http://www.ordenmerced.org/index.php/es/santoral/item/16-s-pedro-nolasco [archive].
- ↑
http://www.abbaye-saint-benoît.ch/gueranger/anneliturgique/noel/noel02/036.htm [archive].
- ↑ a
et b
http://www.introïbo.fr/28-01-St-Pierre-Nolasque [archive].
- ↑
I. Cano Rivero, Francisco de Zurbaran
(1598-1664), Bruxelles, Fonds Mercator, Bozar Books, 2014, p. 90.
- ↑
P. Tanganelli, Quelques lieux (communs) de
la peinture. Zurbaran et la mystique, p. 67-75, in I. Cano
Rivero, Francisco de Zurbaran (1598-1664), Bruxelles, Fonds
Mercator, Bozar Books, 2014, p. 68.
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