dimanche 4 septembre 2016

Mère Teresa de Calcutta - wikipédia & homélies des papes Jean Paul II et François



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Mère Teresa de Calcutta
Sainte catholique
Image illustrative de l'article Mère Teresa de Calculta
Mère Teresa en sari blanc à liséré bleu, uniforme des sœurs missionnaires de la Charité, un pan sur la tête servant de voile et un crucifix de bois épinglé à l'épaule.
Sainte
Naissance
Décès
le 5 septembre 1997 (à 87 ans)
Calcutta (Inde)
Nom de naissance
Anjezë Gonxhe Bojaxhiu
Nationalité
Drapeau de l'Empire ottomanOttomane (1910-1912)
Drapeau de l'AlbanieAlbanaise (1912-1948)
Drapeau de l'IndeIndienne (1948-1997)
Vénérée à
Chapelle de la Maison-Mère des Missionnaires de la Charité à Calcutta
Fête
Anjezë Gonxhe Bojaxhiu ([aˈɲɛzə ˈɡɔnd͡ʒɛ bɔjaˈd͡ʒiu]), en religion mère Teresa, née le 26 août 1910 à Üsküb, Empire ottoman (actuellement Skopje, Macédoine), et morte le 5 septembre 1997 à Calcutta, Inde, est une religieuse catholique albanaise naturalisée indienne, missionnaire en Inde, prix Nobel de la paix en 1979. Elle est surtout connue pour son action personnelle caritative et la fondation d'une congrégation religieuse, les Missionnaires de la Charité qui l'accompagnent et suivent son exemple.
Elle est béatifiée le 19 octobre 2003, à Rome, par le pape Jean-Paul II et canonisée le 4 septembre 2016 par le pape François.
D'abord religieuse de l'ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame de Lorette, elle quitte cette communauté en 1949 pour « suivre son appel » puis fonder sa propre congrégation en 1950. Son œuvre auprès des plus démunis commence par l'éducation des enfants des rues et l'ouverture du mouroir de Kalighat (Nirmal Hriday) à Calcutta. Pendant plus de 40 ans, elle consacre sa vie aux pauvres, aux malades, aux laissés pour compte et aux mourants, d'abord en Inde puis dans d'autres pays, et elle guide le développement des Missionnaires de la Charité. Au moment de sa mort, ceux-ci s'occupent de 610 missions, dans 123 pays, incluant des soupes populaires, des centres d'aide familiale, des orphelinats, des écoles, des hospices et des maisons d'accueil pour les personnes atteintes de maladies comme la lèpre, le sida ou la tuberculose.

Sommaire

Biographie

Enfance

L'église de Skopje dans laquelle Mère Teresa fut baptisée.
Les parents d'Anjezë Gonxhe Bojaxhiu sont des commerçants bourgeois et chrétiens albanais3. Sa famille est d'une origine ethnique mixte albanaise catholique et aroumaine4. Son père Nikollë est à la tête de différentes entreprises du bâtiment et vend des produits pharmaceutiquesF 1. Ils ont deux enfants, une fille Age, et un fils Lazare quand Anjezë naît à Üsküp (l'actuelle Skopje) le 26 août 1910, dans le vilayet du Kosovo, une subdivision administrative de l'Empire ottoman.
Nikollë, son père, tient à ce que tous ses enfants aillent à l'école, garçons et filles, chose relativement rare dans un pays marqué par l'influence ottomaneF 2. Les enfants aident aux travaux domestiques et reçoivent par leur mère une éducation religieuseF 3.
Ses parents, catholiques pratiquants, aident souvent les pauvres de la ville, et Anjezë accompagne souvent sa mère dans la visite aux plus démunis, tant pauvres qu'alcooliques ou orphelinsF 4. Drâne, sa mère, conseille à ses enfants : « Quand vous faites du bien, faites-le comme une pierre que vous jetez à la mer »F 4. De même ils accueillent régulièrement des pauvres à leur table ; Anjezë est marquée par la recommandation de sa mère : « Ma fille n'accepte jamais une bouchée qui ne soit partagée avec d'autres »F 5.
La région connaît des tensions ethniques et religieuses avec les guerres des Balkans au cours desquelles la région est conquise par la Serbie, puis la Première Guerre mondiale ; en 1919 le père d'Anjezë est victime d'un malaise et meurtF 6. Elle se retrouve alors orpheline à 9 ansB 1. Les entreprises familiales font faillite et Drâne ouvre un atelier de couture pour subvenir aux besoins de sa familleF 7.
La mère éduque ses enfants dans la foi, les enfants participent activement à la vie de la paroisse tenue par des jésuitesF 8. La famille organise des veillées de prières, participe aux offices, Anjezë devient soprano de la chorale du village, joue au théâtre, apprend la mandolineF 9. C'est dans cette ambiance de prière qu'Anjezë pense, à l'âge de 12 ans, à se consacrer à Dieu, elle met six ans à être convaincue de cet appelF 10. Elle aime la solitude, la lecture mais sa santé est fragile et elle est victime de rhumes chroniquesB 1.
Un nouveau père jésuite, Franjo Jambrekovic, développe dans sa paroisse l'intérêt pour les missions, tant par des prières que des revues ou des conférences de missionnaires qui viennentB 1. À l'âge de 17 ans, elle lui demande comment discerner sa vocation. Le père jésuite répond que c'est « par la joie ». Après un pèlerinage au sanctuaire marial de Letnice, elle ressent le désir d'une vie consacréeF 11.
Elle demande à sa mère l'autorisation d'entrer dans la congrégation des sœurs de Lorette. Sa mère accepte malgré l'opposition de son frère Lazare qui trouve cela du gâchisF 12. Anjezë postule avec l'aide du père Franjo Jambrekovic et son départ est prévu pour le 25 septembre 1928F 13.

Religieuse chez les sœurs de Notre-Dame-de-Lorette

Postulat et noviciat

Elle quitte sa terre natale le 26 septembre 1928, à l'âge de 18 ans, et rejoint le couvent de l'ordre missionnaire des sœurs de Notre-Dame-de-Lorette, à Rathfarnham près de Dublin en Irlande, communauté missionnaire fondée au XVIIe siècle par Mary WardA 1,F 13. En six semaines elle apprend l'anglais ; elle apprend aussi à discerner son appel à la vie missionnaire, peut-être à l'aide des exercices spirituelsF 14. Le 1er décembre 1928, munie de quelques bases d'anglais, elle part en Inde pour y faire son noviciatF 14.
Elle arrive à Calcutta en 1929 ; elle y est très vite choquée par l'extrême pauvretéA 1,A 2, elle écrit ses impressions à un journal catholique de son village : « Si les gens de nos pays voyaient ces spectacles, ils cesseraient de se plaindre de leurs petits ennuis »B 2. Elle part ensuite pour Darjeeling où elle fait son postulat et son noviciatF 15.
Anjezë devient novice le 23 mai 1929 et porte l'habit religieux pour la première foisF 16. Retirée du monde, elle reçoit une formation religieuse par la lecture des vies de saints, et prépare son diplôme d'enseignanteF 17. Le 25 mai 1931 elle fait ses vœux temporaires et prend le nom de sœur Mary Teresa. Choisissant ce nom, elle veut se placer sous le patronage de Thérèse de Lisieux, religieuse carmélite canonisée trois ans plus tôt en 1925, déclarée sainte patronne des missions, qui voulait vivre « tout par amour » et qui a écrit « ma vocation c'est l'amour »B 3,F 18.

Enseignante à Calcutta

Après avoir travaillé quelques mois dans un dispensaire au Bengale où elle soigne des pauvresF 19, sœur Mary Teresa devient enseignante à l'école de Loreto Entally à Calcutta, de 1931 à 1937A 3,F 20. Face à des classes de 300 élèves, sa pédagogie stricte et son service humble la rendent proche des enfants indiens qui l'appellent rapidement « Ma », ce qui signifie « Mère »F 21.
Elle prononce ses vœux définitifs en Inde le 24 mai 1937. Elle devient en 1944 directrice des études à Sainte-Marie, école réservée aux classes sociales supérieures de Calcutta. Elle consacre une partie de son temps aux bidonvilles où elle se rend pour consoler les démunis et les malades, et visiter ceux qui sont hospitalisés à Nibratan SarkalF 22. Elle écrit à sa mère, et annonce probablement avec fierté sa nomination en tant que directrice ; sa mère lui répond : « Ma chère enfant, n'oublie pas que si tu es partie dans un pays si lointain, c'est pour les pauvres »F 18,F 22.

Le train vers Darjeeling : l'appel dans l'appel

Le 10 septembre 1946, au cours d'un voyage en train de Calcutta à Darjeeling où a lieu la retraite annuelle de sa communauté, elle reçoit ce qu'elle appelle « l'appel dans l'appel » E 1,F 23. Pendant qu'elle essaye de dormir : « Soudain, j'entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C'était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment »F 24. Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de l'inspiration »A 2. Mère Teresa ajoute que cette expérience est celle de l'amour de Dieu, qui veut aimer mais aussi être aiméE 2. Elle exprime cette expérience beaucoup plus tard dans une lettre en 1993 revenant sur cette expérience du 10 septembre, en affirmant que Dieu a soif de nous : « Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : “J'ai Soif” est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui »E 3.
Elle ne parle à personne de cette expérience et médite en silence. De retour à Calcutta, elle écrit à son guide spirituel jésuite belge Céleste Van Exem, et lui dit son désir de tout quitter. Celui-ci lui recommande de prier et de garder le silenceF 25. Peu de temps après il expose la situation à l'évêque de Calcutta Mgr Ferdinand Perier qui s'y opposeF 25. Sœur Mary-Teresa n'est pas surprise de la réponse et mûrit son désir ; elle veut fonder un nouvel ordre religieuxF 26. Elle tombe gravement malade peu de temps après et est envoyée dans un sanatorium à Asansol, dans le même état du Bengale-Occidental, pour guérir d'un début de tuberculoseF 27. Pendant cette convalescence, elle prie et approfondit le message qu'elle pense avoir reçu, elle dit découvrir alors que Dieu l'aime mais aussi qu’il veut être aiméE 3.
Ce temps de repos est écourté du fait de la crise politique qui secoue l'Inde, depuis peu indépendante. Les sœurs rappellent Sœur Mary-Teresa pour répondre aux besoins d'aide. Sa détermination est toujours aussi grande ; aussi l'archevêque, finalement convaincu, demande-t-il au Saint-Siège la permission de pouvoir lui accorder l'exclaustration religieuse. Le 8 août 1948 elle reçoit la réponse, le pape Pie XII lui accorde la permission de vivre hors d'une communauté de son Ordre pour un anF 28.

La fondatrice

Le début de la fondation

Sœur Mary Teresa, désormais mère Teresa, prépare son départ après avoir reçu l'autorisation ; elle se confectionne un sari de coton blanc ourlé du bleu marialF 29. Le 16 août 1948 elle quitte avec difficulté les sœurs de Lorette ; elle a cinq roupies en pocheF 30.
Elle se rend à Patna afin d'y recevoir une formation d'infirmièreF 31. Elle revient quatre mois plus tard et loge chez les Petites sœurs des pauvres. À la demande de Mgr Ferdinand Perier, elle tient un journal dans lequel elle décrit ses réflexions : « L'extrême pauvreté vide progressivement l'homme de son humanité »F 32.
Elle décide alors de donner des cours dans la rue aux enfants dès le 21 décembre 1948 ; dix jours plus tard ils sont déjà plus de 50 enfantsF 33. Elle cherche à louer un local ; elle distribue des savons et en explique l'usageF 34. Elle ouvre dans un autre bidonville de Tiljana une nouvelle écoleF 34. Elle tente de soigner les pauvres qu'elle rencontre. En décembre 1948, elle fait la connaissance de Jacqueline de Decker, une Belge qui veut vivre le même idéal qu'elleF 35. Cette dernière a des problèmes de santé et décide de se soigner avant de revenir voir Mère Teresa. Elle repart en Belgique pour des soins tout en gardant des liens épistolairesF 35. Certains[Qui ?] critiquent la nouvelle vie de Mère Teresa, la trouvant inefficace et utopisteF 34.
En janvier 1949, elle recherche à vivre au plus près des pauvres, et ne veut plus vivre avec l'aide des petites sœurs des pauvres ; elle décide donc de chercher un nouveau lieu et grâce à l'aide du père Van Exem elle est accueillie au dernier étage d'une maison de PortugaisF 36. Sa vie s'organise entre les temps de prière, l'enseignement aux enfants et les soins aux mourants. Elle reçoit l'aide ponctuelle de laïcs et mendie dans des pharmacies les médicaments qu'elle ne peut payerF 37.
Le 15 mars 1949, Mère Teresa reçoit la visite d'une de ses anciennes élèves, qui lui demande de pouvoir la suivre. Mère Teresa la renvoie en lui demandant de mûrir son choixF 38. Quelques mois plus tard cette même jeune femme revient en sari et lui demande de l'accepter. Quelques jours après elle est suivie par deux autres anciennes élèvesF 39. En août 1949, le délai de l'autorisation étant achevé, l'évêque décide de prolonger l'exclaustration de Mère TeresaF 40,E 3.

Les sœurs missionnaires de la Charité

Article détaillé : Missionnaires de la Charité.
Très vite plus de dix jeunes filles décident de suivre Mère Teresa. Elle oblige ses anciennes élèves à achever leurs études supérieuresF 41. Au printemps 1950, le Père Van Exem demande à Mère Teresa d'écrire une règle religieuse. Elle écrit la règle en une nuit et décide de choisir le nom de missionnaire de la CharitéF 41. Elle choisit ce nom de charité (agapé en grec) : amour qui vient de Dieu, Mère Teresa voulant répandre l'amour qui vient de DieuB 4. Mgr Ferdinand Perier inaugure la nouvelle congrégation le 7 octobre 1950. Elles adoptent l'habit du sari comme habit religieux pour se fondre parmi les populations indiennesE 2. Des parents de plusieurs religieuses d'une branche bengali des Sœurs de l'Immaculée Conception, ayant fait remarquer que le sari avec une bande bleue était également porté par les femmes pauvres qui balayaient les rues de Calcutta, la congrégation adopte officiellement le sari blanc bordé de trois bandes bleues en mai 19605.
  • Missionnaires de la Charité avec leur sari blanc et bleu dans les rues
Sœurs en sari et sandales.
Les sœurs sont autorisées à se couvrir d'un cardigan dans les pays froids.
  • Missionaries of Charity in Haiti.jpg

Naissance du mouroir de Kaligat

Article détaillé : Nirmal Hriday.
Mère Teresa voit un mourant[Quand ?], et décide de l'emmener à l'hôpital, mais l'établissement refuse de le prendre en charge ; et l'agonisant meurt sans avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de s'occuper des mourants et demande un lieu à la mairie de Calcutta, qui lui offre un local à Kaligat proche du temple à la déesse hindoue KâlîF 42. Elle appelle la maison « Nirmal Hriday », « Maison au cœur pur - Foyer pour mourants abandonnés »F 42. Les sœurs amènent les mourants les plus pauvres et abandonnés et les soignent avec des moyens rudimentairesF 43.
Cependant l'installation de religieuses catholiques proche d'un temple hindou est vue d'un mauvais œil par les hindous qui les accusent de prosélytismeB 5. Une émeute éclate et les sœurs doivent leur survie à la protection de la policeB 6. Un des opposants, victime de la tuberculose, rejeté car intouchable, est recueilli quelques mois plus tard. Son opinion sur Mère Teresa change, il voit en elle un avatar de la déesse Kâlî, ce qui conduit à établir des relations de fraternité entre les hindous et Mère TeresaF 44.
Deux ans après la fondation, Mère Teresa achète une maison, vendue à prix dérisoire par un musulman, pour y établir les sœursF 45. Mère Teresa exige des sœurs une pauvreté des lieux, qu'elle justifie : « Comment puis-je regarder les pauvres en face, comment puis-je leur dire « je vous aime et je vous comprends » si je ne vis pas comme eux ? »F 46. De même elle refuse l'aide économique du VaticanF 47.
La vie est organisée avec des temps de prières le matin et le soir, et la journée au service des pauvres. Mère Teresa affirme que la « prière est la respiration de l'âme. Sans la force que nous recevons de la prière, notre vie serait impossible. »F 48. Elle explique le lien entre la prière et l'action des sœurs missionnaires de la Charité, voyant dans chaque pauvre la présence de Dieu : « Jésus veut rassasier sa propre faim de notre amour en se cachant derrière les traits de l'affamé, du lépreux, du mourant abandonné. C'est pourquoi nous ne sommes pas des assistantes sociales mais des contemplatives au cœur même du monde. Nos vies sont consacrées à l'eucharistie par le contact avec le Christ, caché sous les espèces du pain et du corps souffrant des pauvres »F 49.

L'orphelinat de Nirmala Shishu Bavan

Un jour Mère Teresa aperçoit un enfant abandonné en train d'être mangé par un chien dans la rue ; elle recueille l'enfant qui meurt quelque temps aprèsF 50. Mère Teresa décide alors de créer un orphelinat. Le nouveau centre Nirmala Sishu Bavan ouvre ses portes le 24 novembre 1955 ; elle y recueille les enfants abandonnés et les propose à l'adoptionF 51,B 4. Elle ouvre quelque temps après un centre spécialisé pour les enfants qui ne sont pas adoptés, du fait de la croyance au mauvais karma et de la marginalisation des intouchablesF 51.

Les coopérateurs souffrants

Dans le même temps Mère Teresa apprend que son amie Jacqueline de Decker qui devait la rejoindre ne le pourra pas, à cause d'opérations graves au dos. Mère Teresa lui demande alors de devenir sa sœur spirituelle, lui demandant de partager « nos mérites, nos prières et notre travail par vos souffrances et vos prières »F 52. Mère Teresa croit que par la souffrance unie à Dieu, celle-ci peut acquérir une valeur positive. Jacqueline de Decker devient la première des coopérateurs souffrants, ensemble de personnes malades qui s’unissent dans la prière aux missionnaires de la CharitéF 53.

Les lépreux

Entre 1948 et 1957, Mère Teresa et les premières sœurs s'occupent des lépreux qu'elles rencontrent, mais sans que ce soit pour autant une prioritéF 54. C'est en 1957 qu'elle reçoit cinq personnes qui ont perdu leurs emplois à cause de la lèpre, du fait de la croyance au mauvais karma, qui conduit à exclure les lépreux de la société.
Mère Teresa cherche alors à ouvrir un centre pour les lépreux, mais les sœurs sont accueillies par des jets de pierre, Mère Teresa décide donc d'envoyer des ambulances pour soigner les lépreuxF 55. Ce moyen ambulant permet ainsi de soigner les lépreux en les rejoignant. Elle appuie alors la journée contre la lèpre de Raoul FollereauF 56.

Développement planétaire

Besoins et extension des missionnaires de la Charité

Devant les difficultés financières, le père Van Exem publie une annonce dans un journal afin de demander des soutiensF 57. Le Premier ministre du Bengale, le Dr Bidhan Chandra Roy donne alors une aide financière, et rencontre Mère Teresa avec qui il noue une amitié profondeF 58.
De même les premiers laïcs, dont Ann Blaikie, rencontrent Mère Teresa et veulent aider en offrant des cadeaux pour les enfants à Noël. Mère Teresa qui ne veut exclure aucun enfant leur demande d'offrir des cadeaux aussi pour les fêtes musulmanes ou hindouesF 59. Ces laïcs de plus en plus nombreux deviennent les coopérateurs actifs de l'ordre en 1960F 60.
Mère Teresa est invitée à la BBC pour témoigner et demander de l'aide. De nombreuses personnes répondent, mais elle ne se satisfait pas de la seule aide financière : elle demande aux coopérateurs d'aider là où ils sont, en se consacrant à leur entourage, et aussi en répétant la Prière de saint François d'AssiseF 61.
L'année 1959 marque ce que Mère Teresa appelle le « troisième pas de ma vie »F 62. Dix ans après sa fondation sa congrégation peut se développer en dehors des limites de son diocèse de CalcuttaF 62.
Mère Teresa s’implante à Ranchi, puis à New Delhi en présence du Premier ministre de l'Inde NehruF 63. L'année suivante elle fonde des missions à Jansi, Agâ, Asansal et Bombay où elle s'offusque publiquement de l'extrême pauvreté qui y règne. Cette critique déclenche une campagne de presse à Bombay contre Mère TeresaF 64. Mais en 1962 elle reçoit la première décoration Padma Shri des mains du président indien pour son œuvreF 64.
En 1963, Mère Teresa s'oppose en vain à la destruction d’un hôpital de lépreux à Calcutta ; elle décide de créer en 1963 une cité pour lépreux, la Cité de la paix à Asansol. La cité commence dès 1964F 65. Le pape Paul VI en visite en 1965 en Inde offre sa limousine à Mère Teresa, qui décide alors de la mettre aux enchères afin de pouvoir financer la construction de sa citéF 56.
En mars 1963 les premiers hommes fondent les frères missionnaires de la charité, Mère Teresa rencontre le père jésuite Andrew Travers-Ball et lui propose de diriger la nouvelle congrégation, ce qu’il accepteF 66. Il écrit les constitutions de l’ordre avec Mère Teresa, et reçoit en 1967 l’approbation de Rome, malgré des différences de conceptions, tant sur l’habit que sur la conduite religieuse différente des sœurs ; Mère Teresa préfère se soumettre à la conception du Père AndrewF 67. Tous les Frères ont une formation spirituelle intensive de neuf mois à Calcutta, suivie de trente jours de retraite ignacienne6.

Extension internationale

Dès 1965 les missionnaires de la Charité s’implantent en Amérique latine à la demande du pape Paul VIF 68. L’intégration est assez difficile dans ces pays pour à la fois respecter le clergé local et obéir au papeF 69. Mère Teresa refuse cependant tout engagement politique des sœurs, choisissant d’aller dans tous les pays, même dans les dictatures comme Haïti, les Philippines de Ferdinand Marcos ou le Yémen musulman, ce [Qui ?] qui lui est très vivement reprochéF 70.
En 1968, à la demande de Paul VI, elle ouvre une maison à Rome, et découvre alors la grande pauvreté qui existe aussi dans le monde occidentalF 71. Dans le même temps, les sœurs œuvrent au Bangladesh, pays dévasté à cette époque par la guerre d'indépendance ; de nombreuses femmes sont victimes d’exactions, violées par les soldats. L'œuvre s'étend peu à peu partout où est la pauvreté, même dans des régions et des pays peu favorables aux chrétiens, et jusque-là interdits à tout missionnaire. Au Yémen par exemple, pays à majorité musulmane où l'influence chrétienne est faible, Mère Teresa, invitée par le Premier ministre en 1973, ouvre des cours de couture à Al Hudaydah et s'occupe également des lépreux qui vivent retirés dans les grottes du désert yéménite. On [Qui ?] la surnomme Mère sans frontièreB 7.

Figure planétaire

Sandro Pertini et mère Teresa en 1978.
Mère Teresa recevant la médaille présidentielle de la Liberté du président Ronald Reagan en 1985.
En 1969, les missionnaires de la Charité sont reconnues de droit pontifical. En 1971, Mère Teresa reçoit le prix Jean XXIII du pape Paul VI, ce qui marque le début de la reconnaissance mondiale de son œuvreF 72. Elle fonde alors une maison à New York ainsi qu’un noviciat à LondresF 73.
En 1976, elle décide de fonder l’ordre des sœurs contemplatives, les sœurs du Verbe qui consacrent leurs temps à la prière pour les pauvres ; elle en fonde la première maison à New YorkF 74.
En 1978, elle reçoit le prix Balzan pour l'humanité, la paix et la fraternité entre les peuples « pour l’abnégation exceptionnelle avec laquelle elle s’est dévouée toute sa vie, en Inde et dans d’autres pays du tiers-monde, afin de secourir les innombrables victimes de la faim, de la misère et des maladies, les laissés pour compte et les mourants, transformant sans relâche en action son amour pour l’humanité souffrante ». En plus de ses nombreuses médailles, Mère Teresa est docteur honoris causa de plusieurs universités.
Le 17 octobre 1979, Mère Teresa reçoit le prix Nobel de la paix qu'elle accepte « au nom des pauvres ». La petite religieuse ne trahit pas ses propres convictions lors de son discours, en dénonçant l'avortement : « De nos jours, nous tuons des millions d'enfants à naître, et nous ne disons rien. Prions tous pour avoir le courage de défendre l'enfant à naître et pour donner à l'enfant la possibilité d'aimer et d'être aimé. »B 8

Pauvreté de l'Occident

À partir de ce moment la vie de Mère Teresa devient fortement médiatisée. Mère Teresa critique alors le matérialisme et l'égoïsme des sociétés occidentales, elle élargit son discours sur la pauvreté et parle de la faim spirituelle : « L'amour naît et vit dans le foyer. L'absence de cet amour dans les familles crée la souffrance et le malheur du monde aujourd'hui. Nous avons tous l'air pressé. Nous courons comme des fous après les progrès matériels ou les richesses. Nous n'avons plus le temps de bien vivre les uns avec les autres : les enfants n’ont plus de temps pour les parents, ni les parents pour les enfants, ni pour eux-mêmes. Si bien que c'est de la famille elle-même que provient la rupture de la paix du monde »F 75.
Mère Teresa refuse toute logique d’organisation ou de business de l’œuvre : elle veut que les missionnaires de la charité vivent de la providence, et donc des dons, mais sans trop accumulerF 76. Elle décide donc en juillet 1981 de refuser des dons d’argent trop nombreux ; la presse critique alors Mère Teresa qui aurait trop d’argent au point d’en refuserF 77. De même elle refuse les associations qui ne la soutiennent que financièrement, affirmant qu’elle ne veut pas d’amis mais des coopérateurs : « C’est un capital d’Amour qu’il faut réunir. Un sourire, une visite à une personne âgée. Les vrais coopérateurs du Christ sont les porteurs de sa charité. L'argent vient si on recherche le royaume de Dieu. Alors tout le reste est donné. »F 78.
En 1982, sur une des hauteurs du siège de Beyrouth, mère Teresa sauve 37 enfants hospitalisés pris au piège dans une ligne de front entre l'armée israélienne et la guérilla palestinienne. Elle provoque un cessez-le-feu, et accompagnée par la Croix-Rouge, elle traverse la zone de tir jusqu'à l'hôpital dévasté pour évacuer les jeunes patients.
En 1984, elle fonde les « pères missionnaires de la Charité » avec le père Joseph Langford. Le 11 décembre de la même année, elle vient assister les victimes de la catastrophe de Bhopal, quelques jours après le désastre. En 1985, elle reçoit de Ronald Reagan la plus haute distinction américaineF 79. La même année, elle crée à New York le premier foyer pour les victimes du sida, qui vient de faire son apparitionF 79,D 1
Le déclin de l’URSS marque le début des fondations dans les pays de l’Europe de l’Est en 1989.

Problèmes de santé

Portrait de Mère Teresa en 1988.
En cette même année 1989, Mère Teresa est victime d’un arrêt cardiaque, et elle décide de démissionner de la charge de supérieure des Missionnaires de la CharitéF 80. Elle est cependant réélue en 1990. Elle continue ses voyages malgré sa santé fragile, et fonde une maison en Albanie, nation de ses originesF 81. En décembre 1991, elle est de nouveau victime d’un arrêt cardiaque, elle se repose mais reprend ses visites dans le monde entier, cherchant à fonder[Quoi ?] en ChineF 82.
Mère Teresa a une tumeur à l'estomac. Le 5 septembre 1997, elle est amenée d'urgence à l'hôpital ; c'est vers 14 h 30 qu'elle décède des suites de cette tumeur.

Spiritualité

« J'ai soif »

Mère Teresa est très marquée par l'expérience du 10 septembre 1946, et bien qu'elle soit discrète pendant des années sur cette expérienceB 3, elle met les paroles de Jésus sur la croix : « J'ai soif » dans toutes les chapelles des missionnaires de la CharitéA 2.
Quand elle explique son expérience du 10 septembre 1946, elle affirme avoir expérimenté la « soif de Dieu » comme étant les « profondeurs du désir divin infini d'aimer et d'être aimé »E 4. Elle conçoit alors sa vocation comme répondre à cette soif de Dieu, aimant les pauvres dans lesquels elle voit Dieu : « Pour moi, ils sont tous le Christ - Le Christ dans un déguisement désolantF 10. »
Elle explicite cette « soif de Jésus » lors la lettre dite de « Varanasi » écrite aux missionnaires de la Charité, le 25 mars 1993, dans laquelle elle affirme « Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : « J'ai soif » est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. » Mère Teresa poursuit « Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres, il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimerE 3. »

Prière et service des pauvres

Alors que Mère Teresa embrasse pleinement sa vocation missionnaire, elle insiste tout autant sur la nécessité d'une vie contemplative de prière. Ainsi, malgré la surcharge de travail, elle insiste pour que chacune des Missionnaires de la Charité puisse participer à l'Eucharistie et passer une heure devant le Saint Sacrement chaque jour, à partir du chapitre général de sa congrégation en 19737. Pour Mère Teresa, la prière n'est pas du temps pris sur le service des pauvres, mais bien une partie essentielle de celui-ci : « plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner. »C 1 Le pape Benoît XVI a mis en avant la vie de Mère Teresa comme un exemple de cette articulation de la prière et de la charité au cœur de son encyclique Deus Caritas est :
« La bienheureuse Teresa de Calcutta est un exemple particulièrement manifeste que le temps consacré à Dieu dans la prière non seulement ne nuit pas à l’efficacité ni à l’activité de l’amour envers le prochain, mais en est en réalité la source inépuisable. »
— Benoît XVI, Deus caritas est8

Un chemin tout simple

Malgré sa souffrance physique et psychologique et la pauvreté qui l'entoure, Mère Teresa défend toute sa vie durant la réalité du bonheur terrestre accessible par la simplicitéC 1. En s'appuyant sur son expérience et celle des hommes et des femmes qui l'ont suivie, Mère Teresa trace un chemin tout simple vers le vrai bonheur, qu'elle résume dans son dernier ouvrage Un chemin tout simple publié de son vivant en 1995. Ce chemin se résume en cinq lignes, qu'elle imprime sur des petits cartons jaunes qu'elle distribue à ses visiteurs :
« Le fruit du silence est la prière.
Le fruit de la prière est la foi.
Le fruit de la foi est l'amour.
Le fruit de l'amour est le service.
Le fruit du service est la paix. »
— Mère Teresa, Un chemin tout simple9

Misère et souffrance

Bien que souvent accusée de mythifier la pauvreté et de prêcher un plaisir de la souffrance10, Mère Teresa fait une distinction entre la pauvreté librement choisie des religieux, qui est un signe, et la misère imposée, qui est le résultat de la pauvreté. Pour elle, « c'est le résultat de notre refus de partager. Dieu n'a pas créé la pauvreté, il nous a seulement créés, nous »F 23.
De même, elle distingue d'une part les souffrances imposées par la maladie et la misère, souffrances des personnes recueillies avec lesquelles les missionnaires de la Charité partagent l'Amour et la Compassion de Dieu. « Dieu aime encore le monde et Il nous envoie vous et moi pour être Son amour et Sa compassion auprès des pauvres11 ». D'autre part, elle insiste sur l'exigence de l'amour vrai, un amour qui va jusqu'au bout du don de soi : « Comme Dieu aimait le monde, Il a donné son Fils ; Jésus aimait le monde, Il a donné sa vie et il a dit “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”, donc si nous nous aimons vraiment les uns les autres, nous devons nous aimer jusqu'à en souffrir12[réf. insuffisante]… Parce que l'amour vrai fait souffrir13[réf. insuffisante]. »
Mais quelle que soit l'origine de la souffrance, elle rappelait à chacun qu'il n'était pas seul dans ses souffrances mais en union avec Jésus crucifié. « un signe que vous êtes si près de Jésus qu'il peut vous embrasser14. »
Désireuse de partager sa conviction que Dieu est amour, et consciente que les sermons ne suffisent pas à en convaincre ceux qui sont dans la misère, elle insiste que l'amour est exigeant. « Un amour vrai doit faire mal », selon elle, car il est à l'image de l'amour de Dieu, s'il est vrai que Dieu lui-même a souffert en aimant les hommes, car il a dû laisser son Fils, Jésus Christ, mourir sur une croix. En ce sens, la souffrance devient, pour elle, une expression de l'Amour de Dieu.
« Ne traitons-nous pas quelquefois les pauvres comme des poubelles où nous jetons tout ce que nous ne mangeons pas ou dont nous n'avons plus besoin? »
— Mère Teresa, Discours à l'occasion de la remise du Prix TempletonC 2
.

Nuit de la foi

Dans le silence, Mère Teresa vit pendant 50 ans une « nuit de la foi ». Largement commentée dans les milieux chrétiens à l'époque de sa béatification15, cette épreuve apparaît avec une précision jusque-là inédite avec la publication de Mother Teresa : Come be my Light (Mère Teresa : Viens, sois ma lumière), un ouvrage compilant des lettres rédigées au cours des soixante dernières années de sa vie.
Dans la quarantaine de lettres qui évoquent son sentiment d'être abandonnée de Dieu, l'une écrite en 1962 affiche clairement ces doutes : « Si un jour je deviens une sainte, je serai sûrement celle des ténèbres »16. La future « Sainte des ténèbres » confie en 1979 à son confesseur le Père Michael Van Der Peet17 : « Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas ». À la lecture de ses lettres, les tourments permanents de mère Teresa sont révélés dans toute leur ampleur. Sa tranquillité se comprend mieux à la lumière de ses enseignements : « Dieu aime celui qui donne avec joie et Il prend tout contre, la religieuse qu'Il aime »18. En compilant ces lettres et en éditant ce livre, conformément aux engagements de la communauté mais contre la volonté de la religieuse qui avait demandé la destruction de sa correspondance (l'autorité ecclésiastique s’y étant opposée, sans doute en prévision du procès en canonisation)19, le père Brian Kolodiejchuk finit par connaître ce secret alors connu seulement de quelques personnes dont son évêque et ses conseillers spirituels.

Postérité

Héritage

Reconnaissance

Tombe de Mère Teresa dans la Maison-mère de Calcutta.
Mère Teresa devient en quelques décennies l’une des personnes les plus connues de la planète et une légende vivante. Son nom devient synonyme d’amour inconditionnel, de don de soi et de dévouementF 83. Elle se désintéresse des honneurs, se rappelle rarement les prix reçus, ou vend les médailles afin de financer son œuvre ; cela accentue son image de désintéressementF 84, même si elle dit accepter les prix « en faveur des démunis »20.
Tout au long de sa vie les reconnaissances pleuvent : Mère Teresa reçoit sa première distinction indienne, la médaille de Padma Shri, dès 1962. Elle en recevra beaucoup d'autres, dont le Prix Jawaharlal Nehru pour le dialogue international en 1972. Le jury explique son choix en affirmant : « On ne peut que rarement voir un sacrifice aussi désintéressé et infatigable que celui de Mère Teresa en faveur des membres les plus faibles de la société humaine. Ce service altruiste, fait sans aucune distinction de nationalité, de caste ou de religion et sans aucune attente de reconnaissance publique, est un merveilleux exemple de la façon dont une œuvre silencieuse et efficace, un travail, un dévouement, peuvent contribuer à la promotion de l’amitié et à la compréhension entre les peuples »F 85.
Sa notoriété internationale grandit avec le documentaire Something Beautiful for God de Malcolm Muggeridge, diffusé en 1969 sur la BBC, et son livre publié en 197121. Elle reçoit du pape Paul VI, en 1971, le Prix Jean XXIII pour la Paix, puis le Prix Pacem in Terris en 1976, ainsi que de nombreux titres dont le prix Nobel de la paix en 1979C 3. Lors de l’attribution du prix Nobel de la paix de nombreux journaux la décrivent comme une sainte vivante F 86.
Son rayonnement dépasse tous les clivages religieux et culturels. Ainsi, les musulmans bengali l'appellent la Zinda Pir, ou Sainte Vivante en langue ourdou22,A 1 ; le Dalaï-Lama affirme « C'est un être pour qui j'ai le respect le plus profond. Dès l'abord, j'ai été frappé par l'absolue humilité de son comportement. Du point de vue bouddhiste, elle pourrait être considérée comme un bodhisattva »23.
L’Église catholique reconnaît dans un temps record l’héroïcité de ses vertus, et elle est béatifiée en octobre 2003 par Jean-Paul II24.
Tableau des honneurs reçus par Mère Teresa
Année
Honneur
Pays
1962
1962
Ordre du Lotus
1962
1970
Good Samaritan Award
1970
1970
1978
1979
1980
1981
Légion d'honneur haïtienne
1985
1996
2003
2016

Critiques

Témoin intransigeant de la foi religieuse dans un siècle largement sécularisé, mère Teresa est publiquement critiquée en Occident dans la dernière décennie de sa vie, notamment pour « son opposition implacable à l'avortement, à la contraception et au divorce, mais aussi pour l'indigence sanitaire de ses asiles, ses conceptions théologiques rétrogrades assimilant la souffrance à une occasion de rédemption, son opposition à l'éducation et à la formation de ses religieuses et son autoritarisme à l'égard de son ordre, enfin sa fréquentation peu regardante de dictateurs sans scrupules et de financiers douteux »25,26.
Des médecins critiquent le manque de médicalisation des mouroirs, dans lesquels les malades ne reçoivent le plus souvent ni soins, ni même analgésiquesF 87,27,28. De plus, Mère Teresa a souffert constamment de maladie, et ses séjours dans des hôpitaux privés, alors que ses asiles continuaient d'ignorer les analgésiques, sont considérés par ses détracteurs « comme une preuve de contradiction, sinon d'hypocrisie »25. De même certains critiquent le manque d’aide à la réinsertion des personnes guéries. Mère Teresa reconnaît le bien-fondé de ces critiques mais elle refuse toute logique d’efficacité, affirme que cela n’est pas sa vocation : « Nous ne sommes ni des médecins, ni des assistantes sociales. Il y a beaucoup d’organismes qui s’occupent des malades. Nous ne sommes pas l’un d’entre eux. Nous devons nous donner nous-même et, à travers notre vie, donner l’amour de Dieu »F 88. Le journaliste québécois Carl Langelier, qui a lui-même travaillé avec Mère Teresa, s'élève contre ces critiques, en rappelant d'une part que Mère Teresa avait construit des mouroirs, non des hôpitaux, et d'autre part que les détracteurs de la religieuse lui auraient reproché son action quoi qu'elle ait fait29.
Ainsi, « la logique de la sainte était de faire de la souffrance un don de Dieu, que le malade devait accepter comme le Christ a accepté la sienne. D'où la quasi-absence d'analgésiques dans sa "Maison des agonisants qui a frappé de nombreux médecins en visite à Calcutta30. ». Mère Teresa souriante raconte lors d'une interview TV son expérience face à une personne en phase terminale d'un cancer dans un hôpital occidental : « Tu souffres comme le Christ sur la croix. Alors, Jésus doit être en train de t'embrasser », lui dit-elle. L'homme souffrant lui réplique : « S'il vous plaît, alors, dites-lui d'arrêter », ajoute-elle au journaliste, sans sembler comprendre l'ironie du malade31. Elle n'hésite pas à déclarer « il y a quelque chose de très beau à voir les pauvres accepter leur sort, le subir comme la passion du Christ. Le monde gagne beaucoup à leur souffrance »D 2.
Certaines personnes [Qui ?] critiquent le prosélytisme religieux de Mère Teresa qui baptise des enfants et des mourants. Cependant, selon ses défenseurs, Mère Teresa cherche à respecter la croyance des malades : elle baptise les enfants uniquement quand elle n’a, après recherche, aucune idée de la religion des parentsF 89. De même pour les mourants, elle ne les baptise que de façon exceptionnelle, quand ils n’ont aucun signe permettant de reconnaître leur religion, et quand ils ont perdu la mémoire ou la raison. Cela permet ainsi aux malades d’avoir des funérailles, et d’être enterrés dans un cimetière. Les autres cadavres sont remis par les sœurs aux prêtres hindous ou aux imams musulmansF 88.
Son refus de faire de la politique est dénoncé quand elle accepte de fonder des établissements dans des dictatures ou de recevoir des dons venant de ces dictatures (comme le dictateur haïtien, Jean-Claude Duvalier qui lui décerne la Légion d'honneur en 1981A 4, les Philippines sous Ferdinand Marcos, ou le régime de Fidel Castro à Cuba), certains considérant sa présence comme un soutien aux dictaturesF 90, ou d'accepter des dons qu'elle reçoit de l'escroc américain Charles Keating, catholique intégriste pour lequel elle intervient et demande la clémence du juge lors de son procès pour fraude financière en 1992F 45. En 1990, elle se rend dans son pays natal et dépose une gerbe sur la tombe du dictateur de l’ancien dirigeant stalinien totalitaire Enver HodjaD 3. Ignorant les répressions et l'oppression des peuples, Mère Teresa répond à ces accusations en disant que ce « qui compte pour moi, c’est que je puisse m’occuper des pauvres »32.
Son opposition à l’avortement est elle aussi critiquée, certains l'accusent de tenir des propos antiféministes10. Ainsi, elle déclare lors de la remise de son Prix Nobel de la paix en 1979 : « la plus grande force de destruction de la paix aujourd’hui, un meurtre direct par la mère elle-même »33. Certains voient dans son opposition à l’avortement une action politique en contradiction avec sa volonté de ne pas en faire, et avec sa volonté de n’avoir que des relations de personne à personneF 91. Parfois taxée de « traditionaliste entêtée », elle appelle en 1995 les Irlandais à voter non au référendum sur le droit au divorce25.
Christopher Hitchens dénonce dans un ouvrage dédié l'utilisation des médias par la religieuse pour se forger une image de sainteté34,26, ou comme Michael Parenti, de détourner à des fins personnelles les fonds obtenus35. Cette remise en cause est reprise par Serge Larivée et autres (2013) dans le cadre d'une publication savante publiée dans la revue Studies in Religion/Sciences religieuses36,37. Ses défenseurs rétorquent que Mère Teresa a toujours refusé de thésauriser les dons et qu'elle refusait de même toute institutionnalisation trop grande de son œuvre, souhaitant que celle-ci continue à dépendre au jour le jour de la ProvidenceF 77.
Pour autant, la mort de Mère Teresa est l'occasion d'un hommage unanime de la part des autorités 38.
À la suite de sa canonisation le 4 septembre 2016, ces critiques ressurgissent39. Ses positions, notamment sur la sexualité sont considérées comme réactionnaires et le manque de prise en charge de la souffrance dans les mouroirs est critiqué par des volontaires des hospices des missionnaires de la charité40,41. Par ailleurs, dans un ouvrage consacré à la relation des femmes blanches avec les autres peuples, Vijay Prashad dénonce une certaines vision colonialiste42 de la charité telle que prônée par Mère Térésa.

Dévotion

Statue de Mère Teresa dans l'église Notre-Dame du Rosaire, dans l'État de Hidalgo, Mexique.
La vie de Mère Teresa et sa rapide béatification font d'elle une figure de vénération pour les chrétiens qui souhaitent imiter son modèle de charité chrétienne envers les plus démunis. Les prières écrites par la religieuse, comme son Chemin si simple qu'elle imprimait et distribuait aux gens qu'elle rencontrait, se répandent43 ; des statues à son effigie apparaissent dans des églises.
Mère Teresa a aussi favorisé l'émergence de nouvelles communautés chrétiennes. Ainsi, après une douzaine de séjours à Calcutta, Nicolas Buttet fonde la communauté Eucharistein44 en Suisse, dont la spiritualité est fortement inspirée par Mère Teresa pour ce qui concerne l'accueil des personnes blessées et la vie eucharistique, notamment le lien entre le service du pauvre et l'adoration du Saint SacrementF 11.
Une célébration du centenaire de la naissance de Mère Teresa se tient à Calcutta45. Parmi les personnalités venues lui rendre hommage, le 17e Karmapa, un éminent lama tibétain, inaugura une exposition photographique46.

Processus de canonisation

Béatification

L'Église catholique reconnaît un miracle à Mère Teresa47. Il s'agit d'une « guérison » qui aurait été constatée par des médecins d'une Indienne, Monika Besra, atteinte d'une tumeur à l'estomac. Cette guérison aurait été constatée le 5 septembre 1998, jour du premier anniversaire du décès de la fondatrice des Missionnaires de la charité. D'après les critiques, cette guérison n'aurait finalement rien d'un miracle dépassant la médecine. Christopher Hitchens écrit sur le site Slate en 2003 : « Son médecin, le Dr Ranjan Mustafi, déclare d’une part qu’elle n’avait pas de tumeur cancéreuse, et d’autre part, qu’elle était sous traitement médical pour le kyste tuberculeux qu’elle avait effectivement. »
La célébration solennelle de la béatification de Mère Teresa a lieu le 19 octobre 2003 sur la place Saint-Pierre, à Rome. Cette date est choisie parce que c'est le dimanche le plus proche du vingt-cinquième anniversaire de l'élection du pape Jean-Paul II, et aussi parce qu'elle est proche de la fin de l'année du rosaire qui finit en octobre 2003F 46.

Canonisation

Logo de la canonisation de mère Teresa.
Sa canonisation , qui la proclamerait sainte, requiert la reconnaissance d'un deuxième miracle attribuable à mère Teresa, car l’on considère que l’examen de la personnalité a déjà été fait dans le cadre du procès en béatification. La question s'est posée de savoir si les récentes mises au jour de lettres décrivant la « nuit de la foi » traversée par Mère Teresa ralentiraient le processus de sa canonisation. Dans un document officiel, le Vatican a affirmé que les doutes et la souffrance mis en lumière par les écrits de la religieuse sont perçus comme un élément enrichissant sa personnalité mais sa déréliction spirituelle et ses considérations imprégnées de relativisme religieux conduisent le cardinal Pietro Palazzini, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, à exprimer ses réticences, jusqu'à sa mort en 200048. Cette Congrégation reconnaît finalement que les termes employés par la religieuse pour décrire sa souffrance « sont particulièrement forts, et peuvent donc choquer », mais elle rappelle aussi que cette « nuit de la foi » est une expérience souvent vécue dans la vie spirituelle49.
Le 17 décembre 2015, le pape François promulgue un décret de la congrégation pour les causes des saints reconnaissant un miracle par l'intercession de la bienheureuse mère Teresa50.
Le 15 mars 2016, le pape François signe le décret de canonisation de mère Teresa à l'issue d'un consistoire chargé d’examiner la cause de canonisation. Le premier ministre indien Narendra Modi fait pour la première fois l'éloge de la future canonisée et annonce le 28 août 2016 qu'une délégation gouvernementale indienne se rendra à Rome pour la cérémonie51 qui a eu lieu le 4 septembre 2016 sur la place Saint-Pierre52. À cette occasion, de nombreuses manifestations sont organisées en divers endroits notamment en Macédoine, Albanie, Italie, Inde ou en France53. Au cours de l'homélie, le pape encourage les fidèles à continuer de l'appeler « mère Teresa » et non « sainte Teresa » comme l'usage le voudrait2. Un reliquaire en forme de croix et contenant comme relique de Mère Teresa son sang, est présenté à la vénération des fidèles lors de cette messe54.
Le logo de la canonisation a été créé par Karen Vaswani née D'Lima, catholique de Bombay55.

Reconnaissance dans la culture

Lieux dédiés à Mère Teresa

La Maison-mémorial Mère Teresa à Skopje, Macédoine.
Mère Teresa fait l'objet d'une commémoration spéciale dans sa terre natale des Balkans. Une maison-mémorial est dédié à sa mémoire dans le centre de Skopje, en Macédoine ; il contient de nombreuses reliques de la religieuse, ainsi qu'une reconstitution de sa maison d'enfance. Mère Teresa a donné son nom à l'Aéroport international de Tirana en 2001, ainsi qu'au plus grand hôpital civil et à la deuxième place de la ville. En Albanie, Mère Teresa a même son jour férié, Dita e Nënë Terezës, le 19 octobre. Au Kosovo, pays voisin, la rue principale de la capitale, Pristina, a été nommée Rue Mère Teresa (Rruga Nëna Terezë)56.
Dans de nombreux pays, Mère Teresa a prêté son nom à une grande variété de lieux. Ainsi, elle a donné son nom à une rue du Bronx, à New York, dans un quartier à majorité albanaise. Mère Teresa est aussi devenue la patronne de nombreuses institutions éducatives57,58 et lieux de cultes59,60.

Œuvres consacrées à Mère Teresa

La rencontre avec Jean-Paul II, Arnaud Courlet de Vregille (1997, acrylique 60 × 40 cm).
Une première biographie de Mère Teresa est publiée en 1977 par Edouard Le Joly, sous le titre de We do it For Jesus. Mother Teresa and her Missionaries of Charity61
Beaucoup d'autres suivent, dont celle qui est signée par Navin Chawla (en 2004), un haut fonctionnaire hindou au Ministère indien de la communication qui pendant vingt ans a participé activement à l'action et aux combats de Mère Teresa. En parallèle, de nombreux ouvrages biographiques, hagiographiques, critiques, de fiction historique, ou même de bandes dessinées sont publiés pour retracer la vie de la religieuse62.
À la suite du documentaire Something Beautiful for God de Malcolm Muggeridge diffusé en 1969 sur la BBC qui révéla Mère Teresa au monde63, Kevin Connor propose à Geraldine Chaplin d'incarner la religieuse dans Mother Teresa: in the Name of God's Poor (Mère Teresa : au Nom des Pauvres de Dieu) qui sort en 1997. En 2003, Olivia Hussey incarne Mère Teresa à l'écran dans une série italienne, adaptée au cinéma dans le film Mère Teresa de Calcutta en 2007.
En 1998, un disque de chansons intitulé Mother, we'll miss you, sort en son honneur. Les chansons sont interprétées par des chanteurs américains populaires, comme José Feliciano64.

Voir aussi

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Liens externes

Bibliographie

Sur le Mythe Mère Teresa

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

Principales sources utilisées
  • Perle Scemla, Thérèse, Teresa : la Passion en Héritage, La Flèche, Édition no 1, mars 1997, 258 p. (ISBN 2-863-91790-0)
  1. a, b et c p. 54.
  2. a, b et c p. 60.
  3. p. 62.
  4. p. 150.
  1. a, b et c p. 37.
  2. p. 58.
  3. a et b p. 55.
  4. a et b p. 130.
  5. p. 139.
  6. p. 140.
  7. p. 176.
  8. p. 214, Discours de Mère Teresa pour la réception du Prix Nobel.
  • Christian Feldmann, Mère Teresa, une Vie où la Charité demeure, Saint-Augustin, 2002, 129 p. (ISBN 978-2-88011-285-1)
  1. a et b p. 105.
  2. p. 87.
  3. p. 68.
  • Francesco Follo et Michel Salamolard, Mère Teresa : reflets d'un visage offert aux plus pauvres, Saint-Augustin, 2003, 165 p. (ISBN 978-2-8801-1325-4)
  1. p. 148.
  2. p. 98.
  3. p. 97.
  1. p. 59.
  2. a et b p. 81.
  3. a, b, c et d p. 77.
  4. p. 61.
  1. p. 18.
  2. p. 24.
  3. p. 22.
  4. a et b p. 26.
  5. p. 25.
  6. p. 27.
  7. p. 29.
  8. p. 33.
  9. p. 32.
  10. a et b p. 31.
  11. a et b p. 40.
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  13. a et b p. 45.
  14. a et b p. 51.
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  18. a et b p. 69.
  19. p. 71.
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  21. p. 78.
  22. a et b p. 79.
  23. a et b p. 86.
  24. p. 88.
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  26. p. 91.
  27. p. 92.
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  33. p. 113.
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  35. a et b p. 177.
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  43. p. 138.
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  46. a et b p. 152.
  47. p. 156.
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  49. p. 159.
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  51. a et b p. 166.
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  59. p. 193.
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  67. p. 235.
  68. p. 242.
  69. p. 244.
  70. p. 248.
  71. p. 252.
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  73. p. 254.
  74. p. 267.
  75. p. 264.
  76. p. 270.
  77. a et b p. 272.
  78. p. 273.
  79. a et b p. 260.
  80. p. 283.
  81. p. 284.
  82. p. 286.
  83. p. 289.
  84. p. 293.
  85. p. 294.
  86. p. 290.
  87. p. 146.
  88. a et b p. 147.
  89. p. 164.
  90. p. 246.
  91. p. 170.
Autres Sources
  1. Homélie de la béatification [archive], vatican.va, publié le 19 octobre 2003.
  2. a et b Homélie de la canonisation [archive], vatican.va, publié le 4 septembre 2016.
  3. « Mère Teresa de Calcutta (1910-1997), biographie » [archive], sur www.vatican.va (consulté le 11 octobre 2015).
  4. (mk) « Албанија прогласи национален празник и година на Мајка Тереза » [« L'Albanie a proclamé une fête nationale et une année Mère Teresa »], Dnevnik, Skopje,‎ 18 mars 2006 (lire en ligne [archive]) : во етнички мешано семејство на Влав и Албанка-католик « dans la famille ethniquement mixte d'un Valaque et d'une Albanaise catholique ».
  5. (en) « Mother Teresa habit: From one stripe sari to 3 stripes » [archive], sur cmpaul.wordpress.com,‎ 29 juillet 2010.
  6. Frères missionnaires de Mère Teresa [archive], www.eglise.catholique.fr.
  7. José Luis González-Balado, J'ai pris Jésus au mot, Médiaspaul, coll. « Maranatha », 1992, 199 p. (ISBN 2-7122-0444-1), chap. 28, p. 66.
  8. Benoît XVI, Deus Caritas est [archive]. Lettre encyclique du Souverain Pontife. Consulté le 16 septembre 2010.
  9. (en) Mère Teresa, Un chemin tout simple, Random House, Londres, Rider, mars 1995, 189 p. (ISBN 978-2-7289-0787-8 et 978-2-2591-8311-6, OCLC 407698480).
  10. a et b (en) Aroup Chatterjee, « Mother Teresa : The Final Verdic » [archive], sur Meteor Books.com [archive],‎ 2002 (consulté le 12 avril 2010).
  11. Mère Teresa, Quand l'amour est là, Dieu est là, Éditions DDB novembre 2011, p. 414.
  12. (id p. 50).
  13. (id p. 262).
  14. (Mère Teresa, les écrits intimes de la sainte de Calcutta, p. 321).
  15. Homélie de Jean-Paul II à l'occasion de la Béatification de Mère Teresa de Calcutta [archive]. Publiée le 19 octobre 2003. Site officiel du Vatican [archive]. Consulté le 12 avril 2010.
  16. Mère Teresa, Tout part d'une prière, Le Courrier du Livre, 2015, p. 11.
  17. J. M. Guénois, « Mère Teresa a passé sa vie de religieuse dans la nuit profonde de la foi » [archive], sur http://www.la-croix.com [archive] La Croix,‎ 26 août 2008 (consulté le 25 mars 2010).
  18. Extrait d'une instruction de Mère Teresa aux sœurs m.c. 30 octobre 1981 dans le livre Mère Teresa : Les écrits intimes de la « Sainte de Calcutta » Textes édités et commentés par Brian Kolodiejchuk MC, traduit de l'anglais par Cécile Deniard et Delphine Rivet, Édition Lethielleux, mars 2008, 444 pages (ISBN 978-2-283-61035-0).
  19. cf le numéro spécial de La Croix du 18 octobre 2003, p. 4-7.
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  23. Bstan-ʼdzin-rgya-mtsho, Au loin la liberté : mémoires, Paris, Fayard, 1990, 380 p. (ISBN 978-2-2130-2561-2 et 2-213-02561-4, OCLC 22833800), p. 286.
  24. « Béatification de Mère Teresa de Calcutta - Homélie de Jean-Paul II ».
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BÉATIFICATION DE MÈRE TERESA DE CALCUTTA
HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II
Journée Mondiale des Missions
Dimanche 19 octobre 2003

1. "Celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous" (Mc 10, 44). Ces paroles de Jésus aux disciples, qui ont retenti il y a peu sur cette place, indiquent quel est le chemin qui conduit à la "grandeur" évangélique. C'est la route que le Christ lui-même a parcourue jusqu'à la Croix; un itinéraire d'amour et de service, qui renverse toute logique humaine. Être le serviteur de tous!
C'est par cette logique que s'est laissée guider Mère Teresa de Calcutta, Fondatrice des Missionnaires de la Charité, hommes et femmes, que j'ai la joie d'inscrire aujourd'hui dans l'Album des Bienheureux. Je suis personnellement reconnaissant à cette femme courageuse, dont j'ai toujours ressenti la présence à mes côtés. Icône du Bon Samaritain, elle se rendait partout pour servir le Christ chez les plus pauvres parmi les pauvres. Même les conflits et les guerres ne réussissaient pas à l'arrêter.
De temps en temps, elle venait me parler de ses expériences au service des valeurs évangéliques. Je me rappelle, par exemple, de ses interventions en faveur de la vie et contre l'avortement, notamment lorsqu'elle reçut le prix Nobel pour la Paix (Oslo, 10 décembre 1979). Elle avait l'habitude de dire:  "Si vous entendez dire qu'une femme ne veut pas garder son enfant et désire avorter, essayez de la convaincre de m'apporter cet enfant. Moi, je l'aimerai, voyant en lui le signe de l'amour de Dieu".
2. N'est-il pas significatif que sa béatification ait lieu précisément le jour où l'Église célèbre la Journée mondiale des Missions? A travers le témoignage de sa vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l'Église passe à travers la charité, alimentée par la prière et par l'écoute de la Parole de Dieu. L'image qui représente la nouvelle bienheureuse alors que, d'une main, elle tient la main d'un enfant et que, de l'autre, elle égrène le Chapelet, est représentative de ce style missionnaire.
Contemplation et action, évangélisation et promotion humaine:  Mère Teresa proclame l'Évangile à travers sa vie entièrement offerte aux pauvres, mais, dans le même temps, enveloppée par la prière.
3. "Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur" (Mc 10, 43). C'est avec une émotion particulière que nous évoquons aujourd'hui le souvenir de Mère Teresa, une grande servante des pauvres, de l'Église et du monde entier. Sa vie est un témoignage de la dignité et du privilège du service humble. Elle avait choisi d'être non seulement la dernière, mais la servante des derniers. Véritable mère pour les pauvres, elle s'est agenouillée auprès de ceux qui souffraient de diverses formes de pauvreté. Sa grandeur consiste dans sa capacité à donner sans compter, à donner "jusqu'à souffrir". Sa vie était une façon radicale de vivre l'Évangile et de le proclamer avec courage.
Le cri de Jésus sur la croix, "J'ai soif" (Jn 19, 28), qui exprimait la profondeur de la soif de Dieu pour l'homme, a pénétré l'âme de Mère Teresa et a trouvé un terrain fertile dans son cœur. Étancher la soif d'amour et d'âmes de Jésus, en union avec Marie, la mère de Jésus, était devenu l'unique objectif de l'existence de Mère Teresa et la force intérieure qui la faisait se dépasser elle-même et "aller en toute hâte" à travers le monde pour œuvrer en vue du salut et de la sanctification des plus pauvres d'entre les pauvres.
4. "Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait" (Mt 25, 40). Ce passage de l'Évangile, si crucial pour comprendre le service de Mère Teresa aux pauvres, était à la base de sa conviction emplie de foi selon laquelle en touchant les corps brisés des pauvres,  c'était  le  corps du Christ qu'elle touchait. C'est à Jésus lui-même, caché dans les souffrances des plus pauvres d'entre les pauvres, que son service était adressé. Mère Teresa souligne la signification la plus profonde du service:  un acte d'amour fait à ceux qui ont faim, soif, qui sont étrangers, nus, malades et prisonniers (cf. Mt 25, 35-36) est fait à Jésus lui-même.
En le reconnaissant, elle lui prodiguait ses soins avec une sincère dévotion, exprimant la délicatesse de l'amour sponsal. Ainsi, dans un don total d'elle-même à Dieu et à son prochain, Mère Teresa a trouvé le plus grand accomplissement de la vie et a vécu les plus nobles qualités de sa féminité. Elle voulait être un signe de "l'amour de Dieu, la présence de Dieu, la compassion de Dieu" et rappeler ainsi à tous la valeur et la dignité de chaque enfant de Dieu, "créé pour aimer et être aimé". Ainsi, Mère Teresa "conduisait les âmes à Dieu et Dieu aux âmes" et étanchait la soif du Christ, en particulier chez les plus indigents, ceux dont la vision de Dieu avait été voilée par la souffrance et la douleur.
5. "Le Fils de l'homme est venu pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude" (cf. Mc 10, 45). Mère Teresa a partagé la passion du Crucifié, de manière particulière au cours de longues années d'"obscurité intérieure". Ce fut une épreuve parfois lancinante, accueillie comme un "don et un privilège" singuliers.
Lors des heures les plus sombres, elle s'accrochait avec plus de ténacité à la prière devant le Saint-Sacrement. Ce dur travail spirituel l'a conduite à s'identifier toujours plus avec ceux qu'elle servait chaque jour, faisant l'expérience de leur peine et parfois même du rejet. Elle aimait répéter que la plus grande pauvreté est celle d'être indésirables, de n'avoir personne qui prenne soin de soi.
6. "Seigneur, donne-nous ta grâce, en Toi nous espérons!". Combien de fois, comme le Psalmiste, Mère Teresa a elle aussi répété à son Seigneur, dans les moments de désespoir intérieur:  "En Toi, en Toi j'espère, mon Dieu!".
Rendons louange à cette petite femme qui aimait Dieu, humble messagère de l'Évangile et inlassable bienfaitrice de l'humanité. Nous honorons en elle l'une des personnalités les plus importantes de notre époque. Accueillons-en le message et suivons-en l'exemple.
Vierge Marie, Reine de tous les saints, aide-nous à être doux et humbles de cœur comme cette courageuse messagère de l'Amour. Aide-nous à servir avec la joie et le sourire chaque personne que nous rencontrons. Aide-nous à être des missionnaires du Christ, notre paix et notre espérance. Amen!
  
BÉATIFICATION DE MÈRE TERESA DE CALCUTTA
DISCOURS DU PAPE JEAN-PAUL II
AUX PÈLERINS VENUS POUR LA BÉATIFICATION

Lundi 20 octobre 2003

Vénérés frères dans l'épiscopat,
chères et chers Missionnaires de la Charité,
très chers frères et sœurs!

1. Je vous salue cordialement et m'unis avec joie à votre prière d'action de grâce à Dieu pour la béatification de Mère Teresa de Calcutta. J'étais lié à elle par une grande estime et une sincère affection. C'est pourquoi je suis particulièrement heureux de me trouver avec vous, ses filles et fils spirituels. Je salue de manière particulière Sœur Nirmala, me rappelant du jour où Mère Teresa vint à Rome pour me la présenter personnellement. Ma pensée s'étend à toutes les personnes qui composent la grande famille spirituelle de cette nouvelle bienheureuse.
2. "Missionnaire de la Charité:  telle a été Mère Teresa, en nom et dans les faits". C'est avec émotion que je répète aujourd'hui ces paroles que je prononçai le lendemain de sa mort (Angelus du 7 septembre 1997).
Avant tout, missionnaire. Il ne fait aucun doute que la nouvelle bienheureuse ait été l'une des plus grandes missionnaires du XX siècle. De cette femme simple, venant d'une des régions les plus pauvres d'Europe, le Seigneur a fait un instrument élu (cf. Ac 9, 15) pour annoncer l'Evangile au monde entier non par la prédication, mais à travers des gestes d'amour quotidiens envers les plus pauvres. Missionnaire dans le langage le plus universel:  celui de la charité sans limite et sans exclusion, sans préférence sinon pour les plus pauvres.
Missionnaire de la charité. Missionnaire de Dieu qui est charité, qui privilégie les petits et les humbles, qui se penche sur l'homme blessé dans son corps et dans son esprit et verse sur ses plaies "l'huile de la consolation et le vin de l'espérance". Dieu a fait cela dans la Personne de son Fils fait homme, Jésus Christ, Bon Samaritain de l'humanité. Il continue de le faire dans l'Eglise, en particulier à travers les saints de la charité. Mère Teresa brille de manière particulière parmi ces derniers.
3. Où Mère Teresa a-t-elle trouvé la force de se mettre tout entière au service des autres? Elle la trouva dans la prière et dans la contemplation silencieuse de Jésus Christ, de son saint Visage, de son Sacré Cœur. Elle l'a dit elle-même:  "Le fruit du silence est la prière:  le fruit de la prière est la foi; le fruit de la foi est l'amour; le fruit de l'amour est le service; le fruit du service est la paix". La paix, même aux côtés des mourants, même dans les nations en guerre, même confrontée aux attaques et à des critiques hostiles. C'est la prière qui emplissait son coeur de la paix du Christ et lui permettait de faire rayonner cette paix sur les autres.
4. Une missionnaire de la charité, une missionnaire de la paix, une missionnaire de la vie. Mère Teresa était tout cela. Elle s'exprimait toujours pour défendre la vie humaine, même lorsque son message n'était pas le bienvenu. Toute l'existence de Mère Teresa était un hymne à la vie. Ses rencontres quotidiennes avec la mort, la lèpre, le SIDA et toutes sortes de souffrances humaines faisait d'elle un témoin efficace de l'Evangile de la Vie. Même son sourire  était  un "oui" à la vie, un "oui" joyeux, né d'une foi et d'un amour profond, un "oui" purifié au creuset de la souffrance. Elle renouvelait ce "oui" chaque matin, en union avec Marie, au pied de la Croix du Christ. La "soif" de Jésus crucifié devenait la soif de Mère Teresa elle-même et l'inspiration de son chemin de sainteté.
5. Teresa de Calcutta a réellement été une Mère. Mère des pauvres, mère des enfants. Mère de si nombreuses jeunes filles et de tant de jeunes qui l'ont adoptée comme guide spirituel et en ont partagé la mission. A partir d'une petite semence, le Seigneur a fait croître un grand arbre, fécond en fruits (cf. Mt 13, 31-32). Filles et fils de Mère Teresa, vous êtes justement les signes les plus éloquents de cette fécondité prophétique. Conservez intact son charisme et suivez ses exemples; elle, depuis le ciel, ne manquera pas de vous soutenir dans votre chemin quotidien.
Le message de Mère Teresa, à présent plus que jamais, apparaît toutefois comme une invitation adressée à tous. Son existence tout entière nous rappelle qu'être chrétiens signifie être des témoins de la charité. Telle est la consigne de la nouvelle bienheureuse. En faisant écho à ses paroles, j'exhorte chacun à suivre avec générosité et courage les pas de cette disciple authentique du Christ. Sur le chemin de la charité, Mère Teresa marche à vos côtés.
De tout coeur, je vous accorde, ainsi qu'aux personnes qui vous sont chères, la Bénédiction apostolique.



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JUBILÉ DES OPÉRATEURS ET DES VOLONTAIRES DE LA MISÉRICORDE
HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE
Place Saint-Pierre
Dimanche, 4 septembre 2016


« Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 13).
Cette interrogation du livre de la Sagesse, que nous avons écoutée dans la première lecture, nous présente notre vie comme un mystère, dont la clef d’interprétation n’est pas en notre possession. Les protagonistes de l’histoire sont toujours deux : Dieu d’une part et les hommes de l’autre. Nous avons la tâche de percevoir l’appel de Dieu et, ensuite, d’accueillir sa volonté. Mais pour l’accueillir sans hésitation, demandons-nous : quelle est la volonté de Dieu ?
Dans le même passage du livre de la Sagesse, nous trouvons la réponse : « C’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît » (v. 18). Pour authentifier l’appel de Dieu, nous devons nous demander et comprendre ce qui lui plaît. Bien souvent, les prophètes annoncent ce qui plaît au Seigneur. Leur message trouve une admirable synthèse dans l’expression : « C’est la miséricorde que je veux et non des sacrifices » (Os 6, 6 ; Mt 9, 13). Toute œuvre de miséricorde plaît à Dieu, parce que dans le frère que nous aidons nous reconnaissons le visage de Dieu que personne ne peut voir (cf. Jn 1, 18). Et chaque fois que nous nous penchons sur les besoins de nos frères, nous donnons à manger et à boire à Jésus ; nous vêtons, nous soutenons et nous visitons le Fils de Dieu (cf. Mt 25, 40). En somme, nous touchons la chair du Christ.
Nous sommes donc appelés à traduire dans le concret ce que nous invoquons dans la prière et professons dans la foi. Il n’y a pas d’alternative à la charité : ceux qui se mettent au service de leurs frères, même sans le savoir, sont ceux qui aiment Dieu (cf. 1Jn 3, 16-18 ; Jc 2, 14-18). La vie chrétienne, cependant, n’est pas une simple aide qui est fournie dans le temps du besoin. S’il en était ainsi, ce serait certes un beau sentiment de solidarité humaine qui suscite un bénéfice immédiat, mais qui serait stérile, parce que sans racines. L’engagement que le Seigneur demande, au contraire, est l’engagement d’une vocation à la charité par laquelle tout disciple du Christ met sa propre vie à son service, pour grandir chaque jour dans l’amour.
Nous avons écouté dans l’Évangile que « de grandes foules faisaient route avec Jésus » (Lc 14, 25). Aujourd’hui, ces « grandes foules » sont représentées par le vaste monde du volontariat, ici réuni à l’occasion du Jubilé de la Miséricorde. Vous êtes cette foule qui suit le Maître et qui rend visible son amour concret pour chaque personne. Je vous répète les paroles de l’apôtre Paul : « Ta charité m’a déjà apporté de joie et de réconfort, car grâce à toi…, les cœurs des fidèles ont trouvé du repos » (Phm 7). Que de cœurs les volontaires réconfortent ! Que de mains ils soutiennent ! Que de larmes ils essuient ! Que d’amour mis dans le service caché, humble et désintéressé ! Ce service louable manifeste la foi  - manifeste la foi - et exprime la miséricorde du Père qui se fait proche de ceux qui sont dans le besoin.
Suivre Jésus est un engagement sérieux et en même temps joyeux ; cela demande radicalité et courage pour reconnaître le divin Maître dans le plus pauvre ainsi que dans le marginalisé de la vie et pour se mettre à son service. C’est pourquoi, les volontaires qui, par amour pour Jésus, servent les derniers et les démunis n’attendent aucune reconnaissance ni aucune gratification, mais renoncent à tout cela parce qu’ils ont découvert l’amour authentique. Et chacun de nous peut dire : ‘‘Comme le Seigneur est venu vers moi et s’est penché sur moi en temps de besoin, de la même manière moi aussi je vais vers lui et je me penche sur ceux qui ont perdu la foi ou vivent comme si Dieu n’existait pas, sur les jeunes sans valeurs et sans idéaux, sur les familles en crise, sur les malades et les détenus, sur les réfugiés et les migrants, sur les faibles et sur ceux qui sont sans défense corporellement et spirituellement, sur les mineurs abandonnés à eux-mêmes, ainsi que sur les personnes âgées laissées seules. Partout où il y a une main tendue qui demande une aide pour se remettre debout, doit se percevoir notre présence ainsi que la présence de l’Église qui soutient et donne espérance’’. Et cela, il faut le faire avec la mémoire vivante de la main du Seigneur tendue sur moi quand j’étais à terre.
Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à travers l’accueil et la défense de la vie humaine, la vie dans le sein maternel comme la vie abandonnée et rejetée.  Elle s’est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que « celui qui n’est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable ». Elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur a donnée ; elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes – face aux crimes - de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes. La miséricorde a été pour elle le ‘‘sel’’ qui donnait de la saveur à chacune de ses œuvres, et la ‘‘lumière’’ qui éclairait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance.
Sa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres. Aujourd’hui, je remets cette figure emblématique de femme et de consacrée au monde du volontariat : qu’elle soit votre modèle de sainteté ! Je crois qu’il nous sera un peu difficile de l’appeler sainte Teresa ; sa sainteté nous est si proche, si tendre et si féconde que spontanément nous continuerons de lui dire : ‘‘Mère Teresa’’. Que cet infatigable artisan de miséricorde nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d’action est l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion. Mère Teresa aimait dire : « Je ne parle peut-être pas leur langue, mais je peux sourire ». Portons son sourire le dans le cœur et offrons-le à ceux que nous rencontrons sur notre chemin, surtout à ceux qui souffrent. Nous ouvrirons ainsi des horizons de joie et d’espérance à tant de personnes découragées, qui ont besoin aussi bien de compréhension que de tendresse.

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