Cyprien, né à Carthage vers 200, dans le paganisme,
était fils d’un sénateur. Son éducation, digne de son rang, fit briller
l’heureux génie dont il était doué. Il était tout entier aux idées de gloire
et de plaisir, quand un prêtre chrétien, homme de haute distinction, nommé
Cécilius, rechercha sa compagnie, dans le but d’attacher à la foi chrétienne
un jeune homme de si grand mérite.
|
Cyprien eut vite l’esprit convaincu par les sages
raisonnements de Cécilius ; mais son cœur frémissait à la pensée du
détachement exigé par l’Évangile. Comment lui, Cyprien, élevé dans les
honneurs, objet de l’admiration universelle, lui libre d’aspirer à toutes les
jouissances et à tous les triomphes, pourrait-il rompre ses chaînes et
subjuguer ses passions ?... Le combat était rude en son âme ; sa
conscience lui criait sans cesse : « Courage, Cyprien ! Quoi qu’il en coûte, allons à Dieu ! »
Il obéit enfin à cette voix, et reçut le baptême.
Dès lors Cyprien
devint un autre homme ; la grâce lui rendit tout facile, et
l’accomplissement de l’Évangile lui parut clairement être la vraie sagesse. Il
vendit ses vastes et belles propriétés et en donna le prix aux pauvres ;
son mérite l’éleva en peu de temps au sacerdoce et à l’épiscopat. La population chrétienne de Carthage tressaillit de joie en apprenant l’élévation de Cyprien au siège épiscopal de cette ville ; elle comprit qu’au moment où la persécution allait s’élever, menaçante et terrible, le nouvel évêque serait un modèle et un guide. Le saint pontife employa tout son zèle à fortifier son troupeau pour les saints combats, il glorifia les martyrs et montra une juste sévérité vis-à-vis des apostats.
Les païens, voyant de quelle importance serait pour eux la prise de celui qui était l’âme de la résistance chrétienne, recherchèrent le pasteur pour désorganiser plus facilement le troupeau ; mais Cyprien, voyant combien sa vie était utile aux âmes confiées à ses soins, trouva une retraite sûre, d’où il remplit admirablement son devoir apostolique par ses lettres, ses exhortations, l’administration des sacrements.
Enfin, après plusieurs années, il eut révélation de son prochain martyre et s’y prépara par un redoublement de zèle et de charité. Cyprien fut condamné à avoir la tête tranchée : « Je Vous rends grâces, Seigneur », s’écria-t-il. Comme le bourreau tremblait, le martyr l’encouragea avec bonté et lui fit remettre vingt-cinq pièces d’or ; puis il se banda lui-même les yeux et présenta sa tête, qui roula bientôt sur le sol baigné de sang.
Saint Cyprien a écrit en latin de nombreux traités ainsi que des lettres qui l’égalent aux Pères et aux Docteurs de l’Église.
Il a laissé de très nombreux écrits parmi lesquels :
Ad Donatum / A Donat : sur la décadence morale de son époque ;
Ad Quirinum / A Quirinus : sur les rapports et les oppositions entre judaïsme et christianisme ;
De habitu virginum / Les habits des vierges : sur la façon de se vêtir des vierges, laquelle doit être simple et modeste ;
De Catholicae Ecclesiae unitate / De l'unité de l'Église catholique : contre ceux qui cherchent à créer la division dans l'Église ;
De dominica oratione / La prière du Seigneur : commentaire du Notre Père ;
De mortalitate / La condition mortelle de l'homme : sur la maladie ;
De opere et eleemosynis / L'activité pratique et les aumônes : sur les bonnes œuvres, la perfection et le martyre ;
Ad Demetrianum / A Démétrien : réponse contre les attaques païennes ;
De lapsis / Des tombés : on nommait ainsi ceux qui avaient fléchi pendant la persécution de Dèce ;
De bono patientiae / La bonté de la patience : sur la vertu de patience....
Pour un approfondissement biographique,
lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Cyprien
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
lire la Catéchèse du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Cyprien
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Sources principales : viechretienne.catholique.org; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
6 juin 2007
Chers frères et sœurs,
Dans la série de nos
catéchèses sur les grandes personnalités de l'Eglise antique, nous arrivons
aujourd'hui à un éminent Evêque du III siècle, saint Cyprien, qui "fut le
premier Evêque en Afrique à recevoir la couronne du martyre". Sa réputation
est également liée - comme l'atteste le diacre Pontius, qui fut le
premier à écrire sa vie - à la production littéraire et à l'activité pastorale
des treize années qui s'écoulèrent entre sa conversion et le martyre (cf. Vie
19, 1; 1, 1). Né à Carthage dans une riche famille païenne, après une jeunesse
dissipée, Cyprien se convertit au christianisme à l'âge de 35 ans. Il raconte
lui-même son itinéraire spirituel: "Alors que je gisais encore comme
dans une nuit obscure", écrit-il quelques mois après son baptême, "il
m'apparaissait extrêmement difficile et pénible d'accomplir ce que la
miséricorde de Dieu me proposait... J'étais lié aux très nombreuses erreurs de
ma vie passée et je ne croyais pas pouvoir m'en libérer, tant je secondais mes
vices et j'encourageais mes mauvais penchants... Mais ensuite, avec l'aide de
l'eau régénératrice, la misère de ma vie précédente fut lavée; une lumière
souveraine se diffusa dans mon cœur; une seconde naissance me transforma en un
être entièrement nouveau. De manière merveilleuse, chaque doute commença alors
à se dissiper... Je comprenais clairement que ce qui vivait auparavant en moi,
dans l'esclavage des vices de la chair, était terrestre, et que ce que l'Esprit
Saint avait désormais engendré en moi était, en revanche, divin et
céleste" (A Donat, 3-4).
Immédiatement après sa
conversion, Cyprien - non sans être envié et en dépit des résistances - fut élu
à la charge sacerdotale et à la dignité d'Evêque. Au cours de la brève période
de son épiscopat, il affronta les deux premières persécutions ratifiées par un
édit impérial, celle de Dèce (250) et celle de Valérien (257-258). Après la
persécution particulièrement cruelle de Dèce, l'Evêque dut s'engager
vaillamment pour rétablir la discipline dans la communauté chrétienne. En
effet, de nombreux fidèles avaient abjuré, ou bien n'avaient pas adopté une
attitude correcte face à l'épreuve. Il s'agissait des lapsi - c'est-à-dire de
ceux qui étaient "tombés" -, qui désiraient ardemment revenir au sein
de la communauté. Le débat sur leur réadmission finit par diviser les chrétiens
de Carthage en laxistes et en rigoristes. Il faut ajouter à ces difficultés une
grave épidémie de peste, qui ravagea l'Afrique et qui fit naître des
interrogations théologiques angoissantes, tant au sein de la communauté, que
dans la confrontation avec les païens. Il faut rappeler, enfin, la controverse
entre Cyprien et l'Evêque de Rome, Etienne, à propos de la validité du baptême
administré aux païens par des chrétiens hérétiques.
Dans ces circonstances réellement
difficiles, Cyprien révéla de grands talents pour gouverner: il fut
sévère, mais non inflexible avec les lapsi, leur accordant la possibilité du
pardon après une pénitence exemplaire; il fut ferme envers Rome pour défendre
les saines traditions de l'Eglise africaine; il se démontra très humain et
empli de l'esprit évangélique le plus authentique en exhortant les chrétiens à
apporter une aide fraternelle aux païens durant la peste; il sut garder une
juste mesure en rappelant aux fidèles - qui craignaient trop de perdre la vie
et leurs biens terrestres - que pour eux la véritable vie et les véritables
biens ne sont pas ceux de ce monde; il fut inébranlable dans sa lutte contre
les mœurs corrompus et les péchés qui dévastaient la vie morale, en particulier
l'avarice. "Il passait ainsi ses journées", raconte alors le diacre Pontius,
"lorsque voilà que - sur ordre du proconsul - le chef de la police arriva
à l'improviste dans sa villa" (Vie 15, 1). Le jour même, le saint Evêque
fut arrêté et, après un bref interrogatoire, il affronta avec courage le
martyre entouré de son peuple.
Cyprien rédigea de nombreux
traités et lettres, toujours en rapport avec son ministère pastoral. Peu enclin
à la spéculation théologique, il écrivait surtout pour l'édification de la
communauté et pour le bon comportement des fidèles. De fait, l'Eglise est le
thème qui lui est, de loin, le plus cher. Il fait la distinction entre l'Eglise
visible, hiérarchique, et l'Eglise invisible, mystique, mais il affirme avec
force que l'Eglise est une seule, fondée sur Pierre. Il ne se lasse pas de
répéter que "celui qui abandonne la chaire de Pierre, sur laquelle
l'Eglise est fondée, se donne l'illusion de rester dans l'Eglise" (L'unité
de l'Eglise catholique, 4). Cyprien sait bien, et il l'a exprimé à travers des
paroles puissantes, que, "en dehors de l'Eglise il n'y a pas de
salut" (Epistola 4, 4 et 73, 21), et que "celui qui n'a pas l'Eglise
comme mère ne peut pas avoir Dieu comme Père" (L'unité de l'Eglise
catholique, 4). Une caractéristique incontournable de l'Eglise est l'unité,
symbolisée par la tunique sans coutures du Christ (ibid., 7): une unité
dont il dit qu'elle trouve son fondement en Pierre (ibid., 4) et sa parfaite
réalisation dans l'Eucharistie (Epistola 63, 13). "Il n'y a qu'un seul
Dieu, un seul Christ", admoneste Cyprien, "une seule est son Eglise,
une seule foi, un seul peuple chrétien, liés en une solide unité par le ciment
de la concorde: et on ne peut pas diviser ce qui est un par nature"
(L'unité de l'Eglise catholique, 23).
Nous avons parlé de sa pensée
concernant l'Eglise, mais il ne faut pas oublier, enfin, l'enseignement de
Cyprien sur la prière. J'aime particulièrement son livre sur le "Notre
Père" qui m'a beaucoup aidé à mieux comprendre et à mieux réciter la "prière
du Seigneur": Cyprien enseigne comment, précisément dans le
"Notre Père", la juste façon de prier est donnée aux chrétiens; et il
souligne que cette prière est au pluriel, "afin que celui qui prie, ne
prie pas uniquement pour lui. Notre prière - écrit-il - est publique et
communautaire et, quand nous prions, nous ne prions pas pour un seul, mais pour
tout le peuple, car nous ne formons qu'un avec tout le peuple" (L'oraison
du Seigneur, 8). Ainsi, la prière personnelle et la prière liturgique apparaissent
solidement liées entre elles. Leur unité provient du fait qu'elles répondent à
la même Parole de Dieu. Le chrétien ne dit pas "Mon Père", mais
"Notre Père", même dans l'intimité d'une pièce close, car il sait
bien qu'en chaque lieu, en chaque circonstance, il est le membre d'un même
Corps.
"Prions donc, mes frères
très aimés", écrit l'Evêque de Carthage, "comme Dieu, le Maître, nous
l'a l'enseigné". C'est une prière confidentielle et intime que celle de
prier Dieu avec ce qui est à lui, d'élever vers ses oreilles la prière du
Christ. Que le Père reconnaisse les paroles de son Fils, lorsque nous récitons
une prière: que celui qui habite intérieurement dans l'âme soit présent
également dans la voix... En outre, lorsque l'on prie, il faut avoir une façon
de s'exprimer et de prier qui, avec discipline, maintienne le calme et la
discrétion. Pensons que nous nous trouvons devant le regard de Dieu. Il faut
être agréables aux yeux de Dieu, aussi bien à travers l'attitude du corps que
le ton de la voix... Et lorsque nous nous réunissons avec nos frères, et que
nous célébrons les sacrifices divins avec le prêtre de Dieu, nous devons nous
rappeler de la crainte référentielle et de la discipline, ne pas disperser aux
quatre vents nos prières avec des voix altérées, ni lancer avec un verbiage
impétueux une requête qui doit être demandée à Dieu avec modération, car Dieu
est l'auditeur non de la voix, mais du cœur (non vocis sed cordis auditor
est)" (3-4). Il s'agit de paroles qui restent valables aujourd'hui
aussi et qui nous aident à bien célébrer la Sainte Liturgie.
En définitive, Cyprien se
situe aux origines de cette tradition théologique et spirituelle féconde, qui
voit dans le "cœur" le lieu privilégié de la prière. En effet, selon
la Bible et les Pères, le cœur est au plus profond de l'homme, le lieu où Dieu
habite. C'est en lui que s'accomplit la rencontre au cours de laquelle Dieu
parle à l'homme, et l'homme écoute Dieu; l'homme parle à Dieu, et Dieu écoute
l'homme: le tout à travers l'unique Parole divine. C'est précisément dans
ce sens - faisant écho à Cyprien - que Smaragdus, abbé de Saint-Michel sur la
Meuse au cours des premières années du IX siècle, atteste que la prière
"est l'œuvre du cœur, non des lèvres, car Dieu ne regarde pas les paroles,
mais le cœur de l'orant" (Le diadème des moines, 1).
Très chers
amis, faisons nôtre ce "cœur à l'écoute", dont nous parlent la Bible
(cf. 1 R 3, 9) et les Pères: nous en avons tant besoin! Ce n'est qu'ainsi
que nous pourrons pleinement faire l'expérience que Dieu est notre Père, et que
l'Eglise, la sainte Epouse du Christ, est véritablement notre Mère.
*
* *
wikipédia – à jour
au 2 mars 2016
article fort médiocre . BFF soir du mercredi 14 septembre
2016
Cyprien de Carthage
Cyprien
de Carthage
Cyprien de Carthage.
Fonction
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Biographie
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Naissance
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Décès
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Époque
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Nationalité
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Activités
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Autres informations
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Étape de
canonisation
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Sommaire
Vie et martyre
Il naît en Afrique du Nord vers 200, de parents païens, très probablement berbères2. Il fait d'abord une carrière de rhéteur à Carthage. Il professe la rhétorique et se convertit assez tard au christianisme.Il devient prêtre puis, en 249, évêque de Carthage1,3. Pendant la persécution de Dèce, il reste loin de Carthage4 ; cette « fuite », qu'on lui reproche, aggrave les difficultés qu'il a à résoudre : révolte des confesseurs, problème de la réconciliation des lapsi, éclatement de schismes à ce sujet en Afrique et à Rome, où Novatien choisit la sévérité et fonde une Église dissidente promise à un long avenir. La mort de Dèce en 251 lui apporte quelques années de répit, malgré les menaces de persécution et la survenue d'une épidémie.
En 255 commencent les démêlés avec Étienne, évêque de Rome : affaire de deux évêques espagnols apostats, imprudemment, à ses yeux, réhabilités par le pape ; affaire de Marcianus d'Arles, novatianiste, qu'il demande à Étienne d'écarter de la communion ; dispute relative à la validité (que refuse Cyprien) du baptême donné par les hérétiques5.
Quand paraît le premier édit persécuteur de Valérien, Cyprien est exilé en août 2576 ; un an après, revenu dans sa ville épiscopale, il y est, en vertu du second édit, décapité le 14 septembre 258 avec plusieurs de ses compagnons ecclésiastiques, dont Flavien de Carthage.
Sa vie est connue par une biographie, la Vita Cypriani, écrite par le diacre Pontius. On a aussi conservé les Actes proconsulaires de sa passion avec les compte-rendus authentiques des interrogatoires.
Œuvres
Écrits
Saint Cyprien a écrit en latin de nombreux traités ainsi que des lettres. Leur objet et leur but est de défendre le christianisme et de soutenir la foi des chrétiens.Les lettres de saint Cyprien sont des documents historiques précieux7, notamment pour comprendre l'évolution du droit ecclésiastique.
Il a laissé de très nombreux écrits parmi lesquels :
- Ad Donatum / A Donat8 : sur la décadence morale de son époque ;
- Ad Quirinum / A Quirinus9 : sur les rapports et les oppositions entre judaïsme et christianisme ;
- De habitu virginum / Les habits des vierges : sur la façon de se vêtir des vierges, laquelle doit être simple et modeste ;
- De Catholicae Ecclesiae unitate / De l'unité de l'Église catholique10 : contre ceux qui cherchent à créer la division dans l'Église ;
- De dominica oratione / La prière du Seigneur11 : commentaire du Notre Père ;
- De mortalitate / La condition mortelle de l'homme : sur la maladie ;
- De opere et eleemosynis / L'activité pratique et les aumônes : sur les bonnes œuvres, la perfection et le martyre ;
- Ad Demetrianum / A Démétrien : réponse contre les attaques païennes ;
- De lapsis / Des tombés : on nommait ainsi ceux qui avaient fléchi pendant la persécution de Dèce ;
- De bono patientiae / La bonté de la patience : sur la vertu de patience ;
- Contre les spectacles : contre les excès immoraux de certains spectacles ;
- Les avantages de la pudeur : sur la pudeur et la morale ;
- La jalousie et l'envie : contre la jalousie et l'envie ;
- Lettres12.
Citation
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Converti du paganisme, Cyprien fut un homme de prière et un éminent pasteur auprès de nombreuses Églises d'Afrique.
Patient au-delà de l'azur
« Quelle immense patience en
Dieu ! ... Nous voyons, par un effet de sa patience égale et sans faille
pour les coupables et pour les innocents, pour les gens pieux et pour les
impies, pour ceux qui témoignent de la reconnaissance et pour les ingrats, sur
un signe de Dieu les saisons obéir, les éléments accomplir leur service,
les vents souffler, les sources couler, les moissons croître en abondance,
les raisins de la vigne mûrir, les arbres se charger de fruits, les bois se
couvrir de feuilles, les prés de fleurs. Et bien que Dieu soit douloureusement
affecté par nos péchés fréquents, que dis-je ? continuels, il maîtrise son
indignation et attend patiemment le jour de la rétribution, fixé d'avance une
fois pour toutes ; et bien qu'il tienne la vengeance en son pouvoir il
préfère, conserver longtemps la patience, supportant et retardant avec une
évidente clémence pour que, si possible, la méchanceté, à force d'avoir duré,
se transforme un jour et que l'homme, après s'être vautré dans les égarements
et les crimes contagieux, revienne à Dieu : Je ne veux pas la mort de
celui qui meurt, mais qu'il se convertisse et qu'il vive (Ez 18,
32). »
« Frères très aimés, la
patience est un attribut de Dieu, et quiconque est bon, patient et doux imite
Dieu le Père ! »14
Style
Le style de saint Cyprien est célébré notamment par le poète Prudence. Jusqu'à saint Augustin, il est le modèle incontesté des écrivains ecclésiastiques latins et d'auteurs de la Renaissance comme Érasme.Prudence consacre à saint Cyprien le poème Peristephanon 13 où il évoque sa conversion, son éloquence et son martyre. Ennode de Pavie fait de même (Hymne, 1, 12).
Traductions
Ses Œuvres ont été imprimées plusieurs fois, la meilleure édition signalée au XIXe siècle par le Dictionnaire Bouillet est celle commencée par Étienne Baluze et terminée par Dom Maran (publiée à Paris en 1726). Une partie de ses Œuvres a été traduite en français par Jacques Tigeon en 1574 et par Lambert en 1672. L'abbé Marie-Nicolas-Silvestre Guillon en a donné une traduction complète en 1838.Écrits attribués
- Adversus Judaeos (Contre les Juifs) : attribué à Donatien par Adolf von Harnack, à Sixte II par d'Alès, daté du milieu du IIIe siècle ;
- Ad Novatiamum (À Novatien) ;
- Cena Cypriani (Cène de Cyprien) : banquet réunissant les grands personnages de la Bible ;
- De laude martyrii (Louange du martyre) : attribué à Donatien par Harnack, daté du milieu du IIIe siècle ;
- De duodecim abusivis Saeculi (Des douze abus du siècle) : livre du VIIe siècle d'origine irlandaise ;
- Quod idola di non sint (Les idoles ne sont pas des dieux)15 : ouvrage sur le paganisme, qui n'est probablement pas de Cyprien mais lui est souvent attribué, daté vers 230 ;
- Sermo de voluntate Dei (Sermon sur la volonté de Dieu) ;
- De singularitate clericorum (De la singularité des clercs) : interdiction faite aux clercs de vivre avec des femmes.
- Confessio Cypriani (La Confession de Cyprien) : La légende de Cyprien le Mage a eu un grand succès, jusque dans le Faust de Goethe. Enfant, il est voué à Apollon, puis « initié à la dramaturgie du serpent », initié aux Mystères de Mithra à sept ans, initié aux Mystères de Déméter à dix ans, initié au serpent de Pallas sur l'Acropole, instruit par sept hiérophantes sur l'Olympe, etc. Finalement il se convertit au christianisme à Antioche. La Confession de Cyprien, en grec, figure dans les Cypriani Opera de l'édition de Baluze (Venise, 1758, col. 1106 ss.). Le roman, écrit vers 440, a été traduit en français16.
- De duplici martyrio (Des deux formes de martyre) : En 1530, Érasme, dans sa quatrième édition des œuvres de saint Cyprien, introduit un traité De duplici martyrio ad Fortunatum qu'il présente comme un texte de Cyprien retrouvé par hasard dans une ancienne bibliothèque. Ce texte, proche des ouvrages d'Érasme, aussi bien pour le fond (hostilité à la confusion entre vertu et souffrance) que pour la forme, et dont on ne connaît aucun manuscrit, contient des anachronismes flagrants, comme une allusion à la persécution de Dioclétien, persécution bien postérieure à la mort de saint Cyprien. En 1544, le dominicain Henricus Gravius dénonce l'ouvrage comme inauthentique et en attribue la paternité à Érasme ou à un imitateur d'Érasme. Au XXe siècle, l'hypothèse d'une fraude d'Érasme était rejetée a priori par la plupart des grands érasmiens, comme Percy S. Allen, mais elle est adoptée par des universitaires comme Anthony Grafton17,18,19,20.
Culte
Saint Cyprien est enterré à Carthage, dans le cimetière de Macrobius Candidianus, à la rue des Mappales. C'est là que commence son culte, immédiatement après son martyre, le 14 septembre 258. Lors de la Paix de l'Église, on y construit une basilique et on établit une mensa Cypriani (mémorial) sur le lieu de son supplice (in agro Sexti).Fête
Saint Cyprien, évêque, martyr et docteur de l'Église, est un saint chrétien, fêté le 14 septembre ou le 16 septembre par certaines Églises d'Occident21 et le 31 août par les Églises d'Orient. Cette fête est inscrite dans les plus anciens calendriers liturgiques.Cyprien est nommé au canon romain de la messe de rite latin.
Notes et références
- Enzo Lodi, Les saints du calendrier romain. Avec les propres nationaux d'Afrique du Nord, de Belgique, Canada, France, Luxembourg, Suisse : prier avec les saints dans la liturgie, éd. Médiaspaul, Montréal, 1996, p. 287 [archive]
- Saint Cyprien est considéré comme Berbère par de nombreux auteurs français et anglo-saxons dont Gabriel Camps et Eugène Guernier.
- Brigitte Basdevant-Gaudemet, Église et autorités : études d'histoire du droit canonique médiéval, éd. Presses universitaires de Limoges, Limoges, 2006, p. 70 [archive]
- Enzo Lodi, op. cit., p. 288 [archive]
- Paul Mattei, Le christianisme antique (Ier – Ve siècle). L'Antiquité : une histoire, éd. Ellipses, Paris, 2003
- Enzo Lodi, op. cit., p. 289 [archive]
- La Lettre de Saint-Cyprien (Epistula LXVIII) adressée au pape Étienne Ier nous indique par exemple le premier évêque d'Arles historiquement connu : l'évêque Marcianus :
« Frère Cyprien à
Étienne,
Notre collègue Faustinus, de Lyon, un frère qui nous est très cher, m'a écrit à deux reprises en me disant que Marcianus qui est à Arles, porte contre les chrétiens repentants la très grave accusation d'hérésie, si bien que les serviteurs de Dieu qui se repentent, souffrent et implorent l'église dans les larmes, les gémissements et la douleur, se voient refusées la consolation et l'aide de la piété divine et de la douceur du Père ; alors qu'ils sont blessés, ils n'ont pas le droit de venir soulager leurs blessures, mais sans espoir d'apaisement et de communion, ils sont laissés en pâture aux loups et jetés en proie au diable. »
Notre collègue Faustinus, de Lyon, un frère qui nous est très cher, m'a écrit à deux reprises en me disant que Marcianus qui est à Arles, porte contre les chrétiens repentants la très grave accusation d'hérésie, si bien que les serviteurs de Dieu qui se repentent, souffrent et implorent l'église dans les larmes, les gémissements et la douleur, se voient refusées la consolation et l'aide de la piété divine et de la douceur du Père ; alors qu'ils sont blessés, ils n'ont pas le droit de venir soulager leurs blessures, mais sans espoir d'apaisement et de communion, ils sont laissés en pâture aux loups et jetés en proie au diable. »
- Jean Molager, A Donat et La vertu de patience, éd. du Cerf, Paris, 1982
- Traité Ad Quirinus [archive]
- Pierre de Labriolle, De l'unité de l'Église catholique, éd. du Cerf, Paris, 1942
- Michel Réveillaud, L'Oraison dominicale, éd. PUF, Paris, 1964
- Louis Bayard, Saint Cyprien. Lettres, éd. du Soleil Levant, Namur, 1961
- Charles Kannengiesser, Bible de tous les temps, vol. II, éd. Beauchesne, Paris, 1984, p. 357 [archive]
- Jean Molager, trad., La vertu de patience 4-5, SC 291, Cerf, Paris, 1982, p. 189-193
- Guilelmus Hartel, Sancti Thasci Caecili Cypriani Opera omnia, tome I, Vienne, 1868, pp. 17-31
- Pierre Grimal, « La Confession de saint Cyprien », Les Romans grecs et latins, coll. La Pléiade, éd. Gallimard, Paris, 1958, pp. 1389-1413
- Anthony Grafton, Faussaires et critiques, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2004, p. 53-54
- Fernand Halleyn, « Le fictif, le vrai et le faux », dans Jan Herman et al. [sous la dir. de], Le topos du manuscrit trouvé, éd. Peeters, Louvain - Paris, 1999, p. 503-506, partiellement consultable sur Google Livres [archive]
- L'attribution à Érasme a été soutenue par Friedrich Lezius, « Der Verfasser des pseudocyprianischen Tractates De duplici martyrio : Ein Beitrag zur Charakteristik des Erasmus », Neue Jahrbücher für Deutsche Theologie, IV (1895), p. 95-100 ; par Silvana Seidel Menchi, « Un'opera misconosciuta di Erasmo ? », Rivista storica italiana, XC (1978), p. 709-743 ; et par Neil Adkin, « The Use of Scripture in the Pseudo-Cyprianic De duplici martyrio, Giornale italiano di filologia, n°47, 1995, p. 219-248
- Voir recension de l'article de Neil Adkin par François Dolbeau dans Revue des Études Augustiniennes, n°44 (1998), Chronica Tertullianea et Cyprianea, p. 307-339, en ligne [archive]
- Nominis : Saint Cyprien de Carthage [archive]
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
- Cyprien de Carthage, sur Wikisource
Bibliographie
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Cyprien de Carthage » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- Bruno Chenu, Le Livre des martyrs chrétiens, Paris, Centurion, 1988 (lire en ligne), p. 95-98
- Maurice Jourjon, Cyprien de Carthage, Paris, Éditions ouvrières, 1957
- Charles Saumagne, Saint Cyprien, évêque de Carthage, « pape » d'Afrique (248-258), Paris, CNRS, 1975
- Vincent Serralda et André Huard, Le Berbère… Lumière de l'Occident, Paris, Nouvelles Éditions Latines, 1990 (ISBN 9782723302395)
- Cyprien de Carthage, La Vertu de la Patience, Paris, Le Laurier, 2004 (ISBN 9782864952053)
Article connexe
Liens externes
- Notices d'autorité : Fichier d'autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France (données) • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
- « Cyprien (saint) », sur jesusmarie.free.fr, Dictionnaire de théologie catholique (consulté le 2 mars 2016)
- « Œuvres de Saint Cyprien », sur abbaye-saint-benoit.ch (consulté le 2 mars 2016)
- (en) « St. Cyprian of Carthage », sur newadvent.org (consulté le 2 mars 2016)
- « Audience générale », sur vatican.va (consulté le 2 mars 2016)
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