dimanche 4 septembre 2016

qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? - textes du jour

Dimanche 4 Septembre 2016


Hier

                                Un peu avant midi, la chambre funéraire à Muzillac. Sept femmes, dont une nettement plus jeune, assises, s’entretiennent autour du gisant. Après m’être recueilli et avoir photographié notre cher frère, le Père Zacharie, je les interroge. Trois mois seulement échangés avec lui il y a six semaines, mais le choc, l’onde de choc de sa mort, mercredi. Peuvent-elles me parler de lui. C’est alors l’hymne de l’Afrique, l’hymne de Dieu, de l’Afrique et de leurs prêtres. L’Europe a porté au reste du monde le pire et le meilleur est sans doute l’évangélisation, l’évangile et voici qu’en retour nous sommes gratifiés et aidés à nous sauver. La conversation, quand j’arrivais et dont elles ont craint que j’en sois fâché, portait sur les relations familiales étroites en Afrique alors que chez nous, arrivée d’une sœur, perte du nièce,. La première témoigne, elle nous avait accueillis tous les trois pour le parcours Alpha, ou bien étions-nous à la même table, Thérèse. Le groupe qu’animait Zacharie, échange et lecture d’évangile, saint Luc, avec lui, une fois par mois. En deux ans, pas la moitié, la préparation et le soin qu’il y mettait mais surtout son observation constante : parlez lentement, je n’ai pas compris, et puis écouter, pas autant de choses à faire, l’essentiel. L’expérience, pas identifiée ainsi mais… celle de Marthe et de Marie. Mouvement donc de femmes, l’évangile mais aussi leur vie. Je demande : et en couple, prier en couple, l’évangile. Thérèse répond qu’elles sont quatre dont trois veuves et une divorcée ; La mort : l’amour continue, il se passe des choses, et il n’y a plus d’obstacle. Une autre, que je sollicite pour sa physionomie : sa jovialité, au Père Zacharie. Un homme joyeux, et gai. Uine autre encore l’accueil, et aussi le plaisir de la vie, après nos échanges mensuels, un petit quelque chose, il y avait plaisir. Encore une autre, cette fois à ma gauche, l’expérience du silence qui est encore plus une présence que la parole. Il y tenait beaucoup. Sa bienveillance, l’accueil par la bienveillance. Elle est profonde, donne la sensation d’une vie entière exprimée par ce qu’elle dit. La plus jeune, deux filles au moins, l’une baptisée par le Père Zacharie en milieu d’année. Il est venue nous voir, il ne partait plus. Il demande et fait répéter le prénom, est-ce ainsi qu’on dit, et est-ce bien. Toujours : ne pas parler trop vite. Le baptême proprement dit, le parrain verse quelques gouttes sur le front : non, versez tout.  Thérèse reprend : le baptême par immersion, un ou une adulte à Pâques, l’installation qui fut physiquement difficile à réaliser. J’ai rappelé le geste si lent et tellement significatif de la divine et mystérieuse présence, de ce prêtre africain étudiant à Strasbourg qui célébrait à Ambon, au temps de notre cher Denis M. : l’élévation donc très lente, très lente et durable. Rappelé aussi : vous êtes la lumière du monde, homélie à la cathédrale. Encore un de nos prêtres africains : il commence, s’interrompt, va à l’autel, se saisit d’un des très gros cierge, le place sur sa tête, tout allumé, donne l’homélie et conduit la récitation du Credo, avec toujours la lumière du monde sur le haut du crâne… retour à la jeune famille de la nouvelle baptisée. Peu auparavant, décès de la grand-mère, mère de celle qui parle : les entretiens et la préparation avec la messe de funérailles. J’ai écouté comme jamais, ne retenant pas tout, mais vivant ce que nous donne celui qui vient de mourir, et puis – attendu pour le déjeuner par mes aimées – dû partir mais j’ai embrassé chacune de ces dames, les remercier de ce qu’elles venaient de me transmettre.
Hier soir, le souper de Beaucaire, mais au Boucanier de Port-Navalo. Pas tant un diagnostic de la France actuellement, pas non plus habituelles tirades sur les Français refusant les réformes, pas même sur celles-ci nécessaires dans leur contenu ou déjà légiférées par l’actuel mandat présidentiel, mais entre cousins, la discussion sur Emmanuel MACRON. Nous sommes cinq, plus Marguerite. L’ancien ministre, que je considère commpe un bateleur, intéresse positivement, trois d’entre nous, parce qu’il tranche sur le reste et sur le paysage. Mais aucun ne semble décidé à voter pour lui. Pierre le voit s’organiser avec l’U.D.I. mais lui-même souhaite JUPPE, moi je ne le vois qu’à la banque, d’où il arrivait quand il fut nommé à l’Elysée en début de quinquennat. Je conteste une compatibilité entre l’impétrant et l’U.D.F. résiduelle dans sa partie démocrate-chrétienne. Quant à JUPPE, j’en ai autant une pratique personnelle très défavorable, que je sois en place ou en disgrâce, que la mémoire des « événements » de Novembre-Décembre 1995… Jusqu’il y a peu je voyais Marine LE PEN l’emportait et pas que ce soit une catastrophe. Au contraire, un progrès de la démocratie et du contrôle des pouvoirs publics constitutionnels, puisque la nouvelle présidente ne peut avoir de majorité à l’Assemblée, faute de temps pour changer le mode de scrutin, mais même avec la représentation proportionnelle, je ne crois pas qu’elle l’emporterait jamais. Donc, un gouvernement formé par consensus des partis représentés au Parlement et impose à l’Elysée. On pourra s’opposer à une, deux, trois formules, mais pas davantage. Démission, et l’on est débarrassé. Acceptation ? contrôle mutuel et entrée du Front national dans le jeu politique classique. Je ne crois plus à la victoire de Marine LE PEN et en revanche, je crois bine que FH sera réélu, quelle que soit son impopularité. Le commentaire et les éphémérides de notre vie nationale montrent une montée des périls en tous genres : économiques, sociaux, sécuritaires. Y ajouter les risques d’une personnalité sans aucune expérience du pouvoir et au programme potentiellement totalitaire et certainement isolationniste est peu stimulant. FH est parvenu jusqu’à présent à satisfaire aux formes actuellement à la mode : les primaires, sans s’engager en rien puisqu’il n’est pas candidat proclamé à ces primaires. En revanche, il a obtenu un calendrier très favorable puisqu’il saura qui affronter à droite. A gauche, il n’a manifestement aucun compétiteur de poids. Et le jeu de MACRON, changeant tout l’échiquier et toutes les règles, je n’y crois pas. Que quelqu’un ayant un très grand passé joue solo, fort de son prestige, la France en a l’habitude, mais actuellement elle n’en a pas le héros. A aucun moment, il n’y a eu de pitié pour ce que nous devenons ni d’analyse des éléments de notre décrépitude, la conversation portant surtout – en dehors du « cas Macron » – sur l’éducation nationale, les carrières de diplômés, selon les recherches de Jean-François et l’expérience de ma chère femme.s échanges montrent surtout que la politique n’a plus prise sur ce qu’il y a à gérer, elle produit du spectacle, elle fait disparaître toute responsabilité tant chez les dirigeants que dans le peuple qui tolère cette perte de conscience du devoir d’état.
Ce soir



09 heures 13 +  Le temps est à la pluie. Nous accueillerons Zoé, sa mère et sa petite sœur pour la messe de onze heures. Prier… [1]

21 heures 54 + La messe paroissiale, en trinité, et Zoé, partageant pour leur deuxième année d’internat, la même chambre à Saint-François-Xavier, sa mère et sa petite sœur sont là. Etapes et fidélités vers le baptême : nous allons les vivre ensemble, mais mûe de sa mère qui vient de trouver un compagnon, en substitut d’un mari parti et d’un père évanescent. Un jeune Marocain, de quinze ans son cadet, sans permis de séjour, musulman. Le coup de foudre, la conscience d’elle cependant que par respect de la dignité de cet homme, elle ne peut l’entretenir, il lui faut donc une promesse d’embauche, il a des capacités diplômées en métallerie. Les deux religions, ils en discutent, évidemment le même Dieu. Elle le conduit à la mosquée le vendredi et vient donc avec ses filles à la messe le dimanche, sensible à notre accueil tous trois, pour elle et et ses filles, elle est en confiance avec nous. Mais quelle complexité ! et évidemment un tableau que les tiers auront de la peine à comprendre. Mise en évidence des deux lacunes qui particularisent la pénétration des immigrants et des musulmans. Nos églises se vident, même si pour notre paroisse à quatre clochers, elles sont pleines ; le recul de la pratique et de la foi chrétiennes, un vide donnant de l’espace à la pitié sinon à la conquête musulmanes, tant redoutées et dénoncées maintenant par les intégristes chrétiens. Et… les hommes volages, les foyers en décomposition et recomposition les femmes trouvent donc leur compagnon, des égards et de la tendresse, de l’amour ailleurs que dans leur nationalité et leur milieu naturel. Maintenant, le synchrétisme ? non. Mais la tendance sera forte avec les années si ce nouveau couple tient. Je ne l’apprends qu’à la sortie de la messe.
Lecture des textes, le sens psychologique aigü du livre de la Sagesse, l’indifférence au statut social mais la fraternité et l’égalité entre tous les hommes (l’exhortation de Paul à Philémon ayant à ré-accueilir en frère son esclave Onésime, comme s’il s’agissait du retour de Paul lui-même), enfin l’exigence extrême de la page d’évangile. Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. … Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple… Ce à quoi le Christ nous appelle c’est au choix, à la préférence, à la hiérarchie. C’est au fond un mouvement aussi, devant Dieu, aussi logique que la prévoyance du bâtisseur ou le chef de guerre évaluant ses forces et celles de l’adversaire. Mouvement de lucidité, de réalisme : l’homme devant Dieu reconnaît son Créateur. Et qui aurait connu ta volonté ; si tu n’avais do,nné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? Nous ne sommes pas conviés à l’impossible, mais à la mise en œuvre de toutes nos facultés. La réalité n’est pas celle de nos perceptions, de nos sens. Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées, instables ; car un corps périssable appesantit notre âme, mais l’Esprit Saint, le Christ parmi nous tel que le rapportent les évangiles nous font apprendre la volonté divine. Et c’est cette lucidité surnaturelle qui nous fait opérer ces choix si radicaux. La transformation de nos infirmités, l’élévation de notre liberté jusqu’à l’amour et à la communion bien indiquées par Paul traitant de l’esclavage qui n’entame pas, par lui-même, l’égalité native des hommes entre eux, et qui au contraire incline à la fraternité et à la communion. Que nos cœurs pénètrent la sagesse, conclut le psalmiste. – A reprendre les textes avant de les quitter, il m’apparaît bien que ces renoncements, ces choix, celui d’Onésime reconsidérant son esclave (il ne lui est pas demandé de l’émanciper, mais spirituellement, mentalement bien davantage qu’un changement de statut) sont le véritable aboutissement d’une vie : la tour bâtie, la paix obtenue selon les deux paraboles dont le dénouement nous appartient : au choix.



[1] - Sagesse IX 13 à 18 ; psaume XC ; Paul à Philémon 9 à 17 ; évangile selon saint Luc XIV 25 à 33

Aucun commentaire: