Deux débats ce matin
tandis que je roulais vers la gare et avant de m’endormir
dans le train, trop engoncé et sans prise de courant pour
pouvoir vivre mon exercice du matin. La sainteté. Le « cas »
de Mère Térésa ou même de Jean Paul II, cette « obligation »
de miracle, certains, très significatifs, d’autres vraiment
mineurs. Mais comment avoir d’autres critères que la vox
populi ou les témoignages, car l’examen des écrits n’est
possible que s’il en existe. Les commentaires suivant les
dépêches du Monde pour la canonisation de
Mère Teresa évoquent l’Abbé Pierre, notoriété mondiale
équivalente, place intense dans les médias, évidence d’une
fondation et d’une réponse à des besoins précis, mais
interdit de canonisation selon les opinants, parce
qu’avouant le péché de chair. Je crois bien que ce n’est pas
cela, et d’ailleurs à cette canonisation du « pécheur »
comme nous tous, ma chère femme comptons bien contribuer par
notre témoignage, sans doute unique : la tourmente de
l’ « affaire Garaudy », puis quelques suites plus
personnelles. Il est vrai qu’aujourd’hui, la sainte du jour
ou de l’année, n’est pas seule, ce Jean-Joseph LATASTE
fondant au XIXème siècle une congrégation initialement
ouverte et consacrée aux femmes sortant de prison : il en
avait découvert le sort et surtout la richesse intérieure en
leur prêchant une retraite dans village natal, Cadillac, où
se trouvait une prison. Quatre cent criminelles passant la
nuit devant le Sait-Sacrement, ou se couchant plus tard pour
suivre les exercices sans mordre sur le temps réglementaire
du travail… La politique, elle est devenue dans cette
décennie uniquement la dévolution du pouvoir, ou sa
conquête, nullement l’exercice du pouvoir en manière, en
moyens, en outils disponibles ou à écurer, et encore moins
la définition de contenus. – Or, ce que j’ai encore vécu ce
matin par une nouvelle rencontre de train, nous sommes les
uns et l’autres si divers que la politique n’a de valeur
qu’unifiant et faisant communiquer-communier les gens, les
Français entre eux, ce qui suppose une politique ne portant
que sur l’essentiel et si elle doit s’assortir de parole
publique, il faut que celle-ci ait du poids et de la
qualité. Nous n’y sommes évidemment pas du tout.
Prier… des textes ou
très abrupts ou presque banaux, même structure spirituelle
appelant la même perplexité devant la radicalité, la même
interrogation sur le miracle ou la parabole ne paraissant
pas à première lecture, vraiment « sensationnels ». En fait,
un appel à la méditation plus profonde et à l’écoute,
l’éveil des échos [1].
Sainte colère de Paul, qui donnerait à première lecture
raison à tous nos passionnés intégristes en bio-éthique ou
en droit de la famille. Une inconduite telle
qu’on n’en voit même pas chez les païens : il s’agit d’un
homme qui vit avec la femme de son pore. Cas complexe : divorce
préalable, veuvage, en tout cas remariage du père sinon ce
serait l’inceste du fils et de la mère. Rien n’est dit
là-dessus. Radicalité punitive de Paul : chasser de
votre communauté celui qui commet cet acte… il faut livrer cet
individu au pouvoir de Satan pour la perdition de son être de
chair ; ainsi son esprit pourra être sauvé au jour du
Seigneur. L’adultère
condamnable seulement chez la femme, le Christ fait juge
là-dessus, mais le débat entre chrétiens dans l’Eglise
naissante ne porte que sur l’homme, pas sur cette femme qui en a deux.
L’évangile, le piège, la guérison un jour de sabbat,
l’interrogation simple du Christ à ses détracteurs : est-il
permis, le jour du sabbat, de faire le bien ou de faire le
mal ? de sauver une vie ou de la perdre ? Les autres évidemment
cois. Mais c’est le mode opératoire du défi : l’homme
handicapé est montré, plus aucun motif (je ne veux pas le
savoir) au manque de compassion ou de secours. Lève-toi
et tiens-toi debout, là au milieu. Pas de dialogue avec
l’handicapé. Des ordres : étends la main. Souveraineté du Christ,
transcendance demandée à ses disciples, les ouailles de
Paul : la droiture et la vérité. Une sorte de lumière des
icones orthodoxes. Comme nous avons besoin de
recueillement : la paix d’un discernement tranquille, et le
discernement ce n’est pas de voir pour choisir, c’est tout
simplement de tout notre être la perception de la compagnie
de Dieu à chaque instant de notre vie, et cela en chacun des
êtres vivants et pour l’ensemble de la Création.
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