Martyrologe Romain :
Mémoire des premiers
saints martyrs de la sainte Église romaine.
En 64, après
l’incendie de la ville de Rome, l’empereur Néron accusa faussement les
chrétiens de ce forfait et en fit cruellement périr un grand nombre: les
uns, revêtus de peaux de bêtes, furent exposés aux morsures des chiens;
d’autres crucifiés; d’autres transformés en torches, afin qu’à la chute du
jour ils servissent d’éclairage nocturne dans le cirque.
Tous étaient
disciples des Apôtres; ils furent les premiers des martyrs que l’Église
romaine offrit au Seigneur.
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wikipédia – en ligne jeudi 30 juin 2016
Premiers martyrs de l'Église de Rome
Henryk Siemiradzki,
Les Torches de Néron (Lumières guidant la Chrétienté), huile sur
toile, 1876
Les Premiers martyrs de l’Église de Rome est, suivant
l'hagiographie catholique, le nom donné à un groupe indéterminé de chrétiens
victimes du premier épisode de persécution des chrétiens
qui prend place à Rome
entre 64 et 68 à l'instigation de Néron à la
suite du grand incendie de Rome.
Sommaire
Contexte
Un violent incendie se déclare à Rome en 64, que les pompiers de
l'Urbs ne peuvent
maîtriser. La rumeur court alors que la catastrophe serait le fait de Néron,
désireux de détruire les quartiers insalubres et de rebâtir la ville.
Témoignage de Tacite
L'historien Tacite,
tout en étant réservé quant à l’origine de l’incendie (« Fut-il dû au
hasard ou à la malignité du prince, on ne sait »)1
rapporte dans ses Annales (XV, 44) que l'empereur était
incapable de faire taire la rumeur dévastatrice : « Aucun moyen
humain, ni largesses princières, ni cérémonies expiatoires ne faisaient
reculer la rumeur infamante d’après laquelle l’incendie avait été
ordonné »2
Les chrétiens - un groupe religieux minuscule, encore mal distingué des juifs3
- sont choisis comme boucs émissaires : « [Néron] supposa des
coupable et infligea des tourments raffinés à ceux que leurs abominations
faisaient détester et que la foule appelait ‘Chrétiens’»4
Tacite décrit les supplices atroces auxquels les chrétiens sont soumis (et
qui ont largement alimenté l’iconographie
chrétienne) : « On ne se contenta pas de les faire périr ;
on se fit un jeu de les revêtir de peaux de bêtes pour qu’ils fussent
déchirés par la dent des chiens, ou bien ils étaient attachés à des croix et
enduits de matières inflammables, quand le jour avait fui, ils éclairaient
les ténèbres comme des torches… ». Tacite n’a aucune attirance
personnelle pour cette « détestable superstition ». Cependant, à la
vue de ce spectacle horrible5
il en vient à éprouver quelque sympathie : « Aussi quoique ces
gens fussent coupables et dignes des dernières rigueurs on se mettait à les
prendre en pitié ».
Sans se prononcer sur la culpabilité des chrétiens Tacite propose une
théorie du bouc émissaire lui permettant de faire ressortir la cruauté et
l'arbitraire de l'empereur et non par sympathie pour les chrétiens qui sont
amalgamés aux juifs, porteurs à ses yeux d'une même « haine du genre
humain »3.
Suétone
mentionne également une persécution au milieu d’une liste de mesures prises
par Néron6
mais sans la lier à l'incendie7.
Buste de Néron, Musée capitolin, Rome
Les chrétiens sont peut-être visés après avoir vu dans l'incendie le signe
précurseur de l'imminence de la fin du monde : se répandant
dans les rues pour appeler à la conversion[réf. nécessaire], tombant
ainsi sous le coup du crime de prosélytisme8,
ils auraient ainsi attiré l'attention sur eux9.
Ils sont condamnés comme incendiaires et subissent une peine réflexive :
ils sont eux-mêmes, pour certains, brûlés vifs dans les jardins
impériaux ; d'autres sont utilisés pour des jeux de rôle de type
mythologiques ou des jeux de chasse, dont est friand le public romain, dans
les arènes du cirque du Vatican9.
Ils sont condamnés en vertu de la lex Cornelia de sicariis et veneficis10
sans que leur religion ne rentre pour autant en ligne de compte11.
Ainsi, la justification de cette première persécution par un hypothétique institutum neronianum relève de la
légende10.
Une tradition de la communauté chrétienne de Rome lie dès la fin du Ier siècle à cet épisode la mort des
apôtres Pierre et Paul
de Tarse comme en atteste pour la première fois Clément de Rome dans son épître aux Corinthiens12,
bien qu'on n'en connaisse rien d'un point de vue historique. La communauté
chrétienne de Rome sera prompte, malgré le traumatisme subi, à dédouaner le
pouvoir impérial de cette persécution suivant l'injonction paulinienne de se
soumettre « à toute institution humaine » et Clément de Rome
lui-même impute les victimes néroniennes et la mort des deux apôtres à des
tensions intra-communautaires13.
Hagiographie
Suivant cette tradition, l’apôtre Pierre aurait été crucifié et son corps fut déposé
dans une sépulture au flanc de la colline du Vatican soit
en 64, soit en 67. L’apôtre Paul
de Tarse, suivant une tradition remontant au IIIe siècle14,
aurait lui été décapité aux Aquae Salvae, sur la route d’Ostie, en 65 ou
67, à l'emplacement de l'actuelle basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
Les deux apôtres son fêtés ensemble le 29 juin.
Liturgie
Ce groupe de martyrs anonymes ou légendaires est liturgiquement
commémoré le 30 juin, au lendemain de la fête des saints Pierre et Paul
La tradition chrétienne retient également une série de martyrs supposés
liés à cette persécution :
Notes et références
- ↑
Tacite, dans les Annales, livre XV, N°
XXXVIII (page 486 de l’édition latin-français de Henri Goetzler, Paris,
1925)
- ↑
Tacite, dans les Annales, livre XV, N° XLIV
(page 491 de l’édition latin-français de Henri Goetzler, Paris, 1925).
- ↑ a
et b
Marie-Françoise Baslez, Les
Persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyres, Fayard,
2007, p. 283.
- ↑
Tacite, ibidem
- ↑
Tacite, âgé de quelque 12 ou 13 ans, est
étudiant à Rome et probablement témoin oculaire de ce qui s’est passé
- ↑
Suétone,
Vie des douze Césars, Néron,
16.
- ↑
Manfred Heim, 2000 dates pour comprendre
l'Église, Albin Michel, 2010, p. 19.
- ↑
Marie-Françoise Baslez, Comment notre
monde est devenu chrétien, CLD, 2008, p. 61.
- ↑ a
et b
Baslez 2007, p. 282.
- ↑ a
et b
Heim 2010, p. 20.
- ↑
Baslez 2008, p. 60.
- ↑
Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval, Le
christianisme des origines à Constantin, PUF/Nouvelle Clio, 2006,
p. 197.
- ↑
Marie-Françoise Baslez, Comment notre
monde est devenu chrétien, CLD, 2008, p. 62.
- ↑
Heim 2010, p. 19.
Bibliographie
- Marie-Françoise Baslez, Les
Persécutions dans l'Antiquité. Victimes, héros, martyrs, Fayard,
2007.
- Glen W. Bowersock, Rome
et le martyre, Flammarion, 2002.
- Pierre Maraval, Les
Persécutions des chrétiens durant les quatre premiers siècles,
Desclée, 1992
- Simon Claude Mimouni et Pierre Maraval,
Le Christianisme des origines à Constantin, PUF/Nouvelle Clio,
2006.
- Adalberto Giovanni,
« Tacite, l’incendium neronis et les chrétiens », dans Revue des
études augustiniennes no 30, 1984, pp. 3-23
[lire
en ligne].
Articles connexes
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