M axime,
Ier évêque de Turin, florissait dans le Ve siècle. On pense, d’après quelques
passages de ses homélies, qu’il était né à Verceil. Il avait fait dans sa
jeunesse une étude approfondie des Écritures et dès qu’il fut élevé au
sacerdoce, il signala son zèle pour la foi chrétienne par de continuelles
prédications dans les diverses provinces de la Lombardie. Il assista, comme
évêque, au Concile de Milan en 451 et il souscrivit à celui de Rome en
465, immédiatement après le pape saint Hilaire, ce qui prouve qu’il était le
plus âgé de tous les prélats ; on croit qu’il mourut peu de temps après
son retour dan son diocèse.
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Il nous reste de saint Maxime de Turin un grand nombre de Sermons, dont plusieurs avaient été attribuées à saint Ambroise, à saint Augustin, à Eusèbe d’Émèse, sur les principales fêtes de l’année et sur différents sujet de morale.
Pour approfondir, lire la Catéchèse
du Pape Benoît XVI :
>>> Saint Maxime de Turin
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Sources principales : books.google.fr ; vatican.va (« Rév. x gpm »).
>>> Saint Maxime de Turin
[Allemand, Anglais, Croate, Espagnol, Français, Italien, Portugais]
Sources principales : books.google.fr ; vatican.va (« Rév. x gpm »).
SAN MASSIMO DI TORINO
VESCOVO / F
BENOÎT
XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi
31 octobre 2007
Chers frères et sœurs!
Entre la fin du quatrième
siècle et le début du cinquième, un autre Père de l'Eglise, après saint
Ambroise, contribua de manière décisive à la diffusion et à la consolidation du
christianisme dans l'Italie du Nord: il s'agit de saint Maxime, que nous
retrouvons Evêque de Turin en 398, un an après la mort d'Ambroise. Les
informations sur lui sont peu nombreuses; en revanche, un recueil d'environ
quatre-vingt-dix Sermons est parvenu jusqu'à nous, d'où ressort le lien profond
et vital de l'Evêque avec sa ville, qui atteste un point de contact évident
entre le ministère épiscopal d'Ambroise et celui de Maxime.
A cette époque, de graves
tensions troublaient le bon déroulement de la coexistence civile ordonnée. Dans
ce contexte, Maxime réussit à rassembler le peuple chrétien autour de sa
personne de pasteur et de maître. La ville était menacée par des groupes
dispersés de barbares qui, entrés par les frontières de l'Est, avançaient
jusqu'aux Alpes occidentales. C'est pourquoi Turin était protégée de manière
stable par des garnisons militaires, et devenait, lors des moments critiques,
le refuge des populations en fuite des campagnes et des centres urbains
manquant de protection. Les interventions de Maxime, face à cette situation,
témoignent de son engagement pour réagir à la dégradation civile et à la
désagrégation. Même s'il reste difficile de déterminer la composition sociale
des destinataires des Sermons, il semble que la prédication de Maxime - pour
éviter le risque de rester générique - s'adressait de manière spécifique à un
groupe sélectionné de la communauté chrétienne de Turin, constitué par de
riches propriétaires terriens, dont les possessions se trouvaient dans la
campagne turinoise et leur maison en ville. Ce fut un choix pastoral lucide de
l'Evêque, qui entrevit dans ce type de prédication la voie la plus efficace
pour conserver et renforcer son lien avec le peuple.
Pour illustrer dans cette
perspective le ministère de Maxime dans sa ville, on peut s'appuyer par exemple
sur les Sermons 17 et 18, consacrés à un thème toujours actuel, qui est celui
de la richesse et de la pauvreté dans les communautés chrétiennes. Même dans ce
domaine, la ville était parcourue par de graves tensions. Les richesses étaient
accumulées et cachées. "Personne ne pense au besoin de l'autre",
constate avec amertume l'Evêque dans son dix-septième Sermon. "En effet,
de nombreux chrétiens non seulement ne distribuent pas les choses qui leur appartiennent,
mais volent également celles des autres. Non seulement, disais-je, en
recueillant leur argent, ils ne l'apportent pas aux pieds des apôtres, mais ils
éloignent aussi des prêtres leurs frères qui cherchent de l'aide". Et il
conclut: "Dans notre ville, il y a beaucoup de visiteurs ou de
pèlerins. Faites ce que vous avez promis" en adhérant à la foi, "pour
que l'on ne vous dise pas à vous aussi ce qui fut dit à Ananie:
"Vous n'avez pas menti aux hommes, mais à Dieu"" (Sermon 17,
2-3).
Dans le Sermon suivant, le
dix-huitième, Maxime dénonce des formes récurrentes de spéculations
sur les malheurs d'autrui. "Dis-moi, chrétien", ainsi
l'Evêque apostrophe-t-il ses fidèles, "dis-moi: pourquoi as-tu pris
la proie abandonnée par les pillards? Pourquoi as-tu introduit dans ta maison
un "gain", comme tu le penses toi-même, déchiré et contaminé?".
"Mais peut-être", poursuit-il, "dis-tu l'avoir acheté, et crois
pour cette raison éviter l'accusation d'avarice. Mais ce n'est pas de cette
façon que l'on peut faire correspondre l'achat à la vente. C'est une bonne
chose d'acheter, mais en temps de paix, ce que l'on vend librement, et non au
cours d'un pillage ce qui a été volé... Agis donc en chrétien et en citoyen qui
achète pour restituer" (Sermon 18, 3). Sans en avoir l'air, Maxime
arrive ainsi à prêcher une relation profonde entre les devoirs du chrétien et
ceux du citoyen. A ses yeux, vivre la vie chrétienne signifie également assumer
les engagements civils. Inversement, chaque chrétien qui, "bien que pouvant
vivre de son travail, capture la proie d'autrui avec la fureur des
fauves"; qui "menace son voisin, qui chaque jour tente de ronger les
frontières d'autrui, de s'emparer des produits", ne lui apparaît même plus
semblable au renard qui égorge les poules, mais au loup qui se jette sur les
porcs (Sermon 41, 4).
Par rapport à l'attitude
prudente de défense prise par Ambroise pour justifier sa célèbre initiative de
racheter les prisonniers de guerre, apparaissent clairement les changements
historiques intervenus dans la relation entre l'Evêque et les institutions de
la ville. Désormais soutenu par une législation qui invitait les chrétiens à
racheter les prisonniers, Maxime, face à l'écroulement des autorités civiles de
l'Empire romain, se sentait pleinement autorisé à exercer dans ce sens un
véritable pouvoir de contrôle sur la ville. Ce pouvoir serait ensuite devenu
toujours plus vaste et efficace, jusqu'à remplacer l'absence des magistrats et
des institutions civiles. Dans ce contexte, Maxime œuvre non seulement pour
rallumer chez les fidèles l'amour traditionnel envers la patrie de la ville,
mais il proclame également le devoir précis de faire face aux charges fiscales,
aussi lourdes et désagréables que celles-ci puissent paraître" (Sermon 26,
2). En somme, le ton et la substance des Sermons cités semblent supposer une
conscience accrue de la responsabilité politique de l'Evêque dans les
circonstances historiques spécifiques. Il est la "sentinelle" placée
dans la ville. Qui sont ces sentinelles, se demande en effet Maxime dans le
Sermon 92, "sinon les bienheureux Evêques, qui, placés pour ainsi dire sur
un rocher élevé de sagesse pour la défense des peuples, voient de loin les maux
qui surviennent?". Et dans le Sermon 89, l'Evêque de Turin illustre aux fidèles ses
tâches, utilisant une comparaison singulière entre la fonction épiscopale et
celle des abeilles: "Comme l'abeille", dit-il, les Evêques
"observent la chasteté du corps, présentent la nourriture de la vie
céleste, utilisent l'aiguillon de la loi. Ils sont purs pour sanctifier, doux
pour restaurer, sévères pour punir". C'est ainsi que saint Maxime décrit
la tâche de l'Evêque à son époque.
En définitive, l'analyse
historique et littéraire révèle une conscience croissante de la responsabilité
politique de l'autorité ecclésiastique, dans un contexte dans lequel celle-ci
commençait, de fait, à remplacer l'autorité civile. Telle est, en effet, la
ligne du développement du ministère de l'Evêque en Italie du nord-ouest, à
partir d'Eusèbe, qui "comme un moine" habitait dans sa ville de
Verceil, jusqu'à Maxime de Turin, placé "comme sentinelle" sur le
rocher le plus haut de la ville. Il est évident que le contexte historique,
culturel et social est aujourd'hui profondément différent. Le contexte actuel
est plutôt celui qui est dessiné par mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul
II, dans l'Exhortation Ecclesia
in Europa, dans laquelle il offre une analyse articulée des défis et des
signes d'espérance pour l'Eglise en Europe aujourd'hui (6-22). Quoi qu'il en
soit, en dehors des conditions différentes, les devoirs du croyant envers sa
ville et sa patrie restent toujours valables. Le lien des engagements du
"citoyen honnête" avec ceux du "bon chrétien" n'est pas du
tout dépassé.
En conclusion, je voudrais
rappeler ce que dit la Constitution pastorale Gaudium
et spes, pour éclairer l'un des aspects les plus importants de l'unité
de la vie du chrétien: la cohérence entre foi et comportement, entre
Evangile et culture. Le Concile exhorte les fidèles à "remplir avec zèle
et fidélité leurs tâches terrestres, en se laissant conduire par l'esprit de
l'Evangile. Ils s'éloignent de la vérité ceux qui, sachant que nous n'avons
point ici-bas de cité permanente, mais que nous marchons vers la cité future,
croient pouvoir, pour cela, négliger leurs tâches humaines, sans s'apercevoir
que la foi même, compte tenu de la vocation de chacun, leur en fait un devoir
plus pressant" (n. 43). En suivant le magistère de saint Maxime et de
nombreux autres Pères, nous faisons nôtre le souhait du Concile, que les
fidèles soient toujours plus désireux de "mener toutes leurs activités
terrestres, en unissant dans une synthèse vitale tous les efforts humains,
familiaux, professionnels, scientifiques, techniques, avec les valeurs
religieuses, sous la souveraine ordonnance desquelles tout se trouve coordonné
à la gloire de Dieu" (ibid.) et donc au bien de l'humanité.
* * *
Je salue les pèlerins
francophones, tout particulièrement les jeunes servants de messe et les membres
des aumôneries de lycées. En suivant l’enseignement de saint Maxime, je vous
invite tous à vivre une cohérence toujours plus résolue entre la foi et la vie,
entre l’Évangile et la culture.
© Copyright 2007 - Libreria Editrice Vaticana
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