Romualdo naît à Ravenne, vers 952, d'une des plus illustres familles
d'Italie. Sa jeunesse fut orageuse, mais bientôt la grâce, qui le
poursuivait, triompha de ses résistances, et il racheta son passé par les
plus effrayantes austérités.
Après avoir
vécu sept ans dans un monastère de Saint-Benoît, il se sentit inspiré de
mener la vie solitaire, et alla habiter avec un saint homme qui lui faisait
réciter chaque jour de mémoire tout le psautier. Quand il faisait quelque
faute, l'ermite, toujours armé d'une verge, lui donnait un rude coup sur
l'oreille gauche. Romuald souffrait patiemment ; cependant un jour,
s'apercevant qu'il perdait l'ouïe du côté gauche, il pria le rude vieillard
de le frapper sur l'oreille droite. Ce fait suppose un grand progrès dans
la vertu.
Bientôt
Romualdo devint le chef d'une foule de solitaires ; il réforma et fonda un
grand nombre de monastères, et établit enfin l'Ordre des Camaldules.
Dieu éprouva
sa vertu par les terribles assauts du démon, qui lui demandait à quoi
servaient tant de prières et de pénitences. Les victoires du Saint
rendaient son ennemi plus furieux, et plus d'une fois il fut battu et foulé
aux pieds par des esprits malins revêtus des formes les plus fantastiques :
« Quoi!
disait Romuald au démon, en se moquant de lui, tu as été chassé du Ciel et tu viens au désert
montrer ta honte ! Va-t-en, bête immonde, vilain serpent ! »
Romualdo jouit
à un haut degré du don des larmes ; il ne pouvait célébrer la Messe sans
pleurer, et, pendant son oraison, vaincu par l'émotion et ravi en extase,
il s'écriait : « Jésus,
mon cher Jésus ! Ô doux miel, ineffable désir, délices des Saints, suavité
des Anges ! »
Arrivé à une
extrême vieillesse, il jeûnait encore tous les jours, et, pendant le
carême, il se contentait d'une écuelle de légumes à son unique repas.
Quelquefois il demandait certains mets afin de les voir, d'en faire le
sacrifice à Dieu et de se moquer de la sensualité : « Voilà un bon morceau bien apprêté,
Romuald, disait-il ; tu le
trouverais bien de ton goût, n'est-ce pas ? Eh bien ! Tu n'y toucheras pas,
et tu n'en auras eu la vue que pour te mortifier davantage. »
Il faisait
tant et de si grands miracles que toute la nature semblait lui être soumise.
Cet illustre athlète de la pénitence, malgré ses austérités étonnantes,
mourut à un âge avancé.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de
l'année, Tours, Mame, 1950.
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