P ierre Favre naît le 13 avril 1506 dans le village du
Villaret (Savoie, alors dans le diocèse de Genève), dans une famille
nombreuse de bergers.
À dix ans, il apprit les rudiments de la
grammaire et du calcul à l'école de Thônes. Très vite, l'élève manifesta
une vive intelligence servie par une mémoire fidèle, si bien qu'à la
rentrée de l'automne 1517, Pierre entra au collège de la
Roche-sur-Foron.
En 1525, encouragé également par son oncle, Dom Mamert Favre,
prieur de la chartreuse du Reposoir, qui finança la suite de ses études, il
partit étudier à Paris au collège de Montaigu mais il passe rapidement au
Collège Sainte-Barbe où il a François Xavier comme camarade de chambre. Peu
après un troisième élément, Ignace de Loyola, les rejoint. Alors que
François Xavier est plus réservé, une profonde amitié se lie entre Pierre
et Ignace. Le premier devient le répétiteur du second et Ignace, qui a déjà
34 ans et une grande expérience spirituelle, aide Pierre à surmonter ses
tentations et ses scrupules.
En 1530, Pierre Favre est bachelier ès Arts et poursuit sa licence
en théologie. En 1534, il suit ses Exercices spirituels sous la direction
d’Ignace de Loyola et pénètre si profondément dans cette voie vers Dieu
que, plus tard, Ignace le reconnaîtra comme celui qui donne le mieux les
Exercices spirituels.
Ordonné prêtre le 30 mai 1534 par le cardinal Jean du Bellay,
il fut le premier prêtre de la Compagnie de Jésus. Lorsque, le 15 août 1534,
le groupe des sept « Amis dans le Seigneur » rassemblés par Ignace de
Loyola monte à la chapelle St-Denis à Montmartre pour se consacrer à Dieu
par les vœux de pauvreté et chasteté, c’est Pierre Favre qui célèbre la
messe et reçoit leur engagement religieux et apostolique. Peu après, il
remplace également Ignace à la tête du groupe lorsque ce dernier doit faire
un séjour dans son pays natal pour des raisons de santé. Trois nouveaux
compagnons sont alors reçus par Favre dans le groupe : Jean Codure,
Claude Le Jay et Paschase Broët.
En 1536, Favre obtient sa maîtrise en arts.
En janvier 1537, tous les « Amis dans le Seigneur » - ils
sont alors onze - se retrouvent avec Ignace à Venise. Ceux qui sont prêts
sont alors ordonnés prêtres. Le séjour à Venise, avec une aide portée aux
malades des hôpitaux des villes avoisinantes, est la dernière préparation
spirituelle avant de se rendre à Rome pour se placer au service de l'Église
et du Pape.
Arrivé dans la ville éternelle en 1538, Pierre Favre y enseigne
pour un temps la théologie à l'université « La Sapienza » tout en préparant avec les autres le
projet de fondation de la Compagnie de Jésus qui sera approuvé le 27 septembre
1540 par le pape Paul III (Regimini militantis ecclesiae).
Immédiatement après, fin 1540, Favre commence une vie itinérante
missionnaire, parcourant les principaux pays d'Europe et travaillant au
renouvellement spirituel et à la réforme du catholicisme. Il est d’abord à
Parme où durant 18 mois il donne les Exercices spirituels et réforme plusieurs
couvents et monastères.
Le pape l’envoie ensuite aux colloques de Worms et Ratisbonne, en
Allemagne. Les contacts avec les protestants n'étaient pas encore
rompus : on espérait y trouver un accord qui éviterait le schisme. Le
colloque fut un échec mais le séjour de Favre en Allemagne lui ouvrit les
yeux : l'ignorance religieuse du peuple chrétien et l'immoralité du
clergé étaient les causes principales du progrès du protestantisme.
Favre fait ensuite un voyage en Espagne puis, en 1542, il est de
retour en Allemagne, à Spire et Mayence, où il donne les Exercices
Spirituels, entre autres, au printemps 1543, à Pierre Canisius qui entrera
plus tard dans la Compagnie de Jésus.
À la demande du Pape Paul III (Alessandro Farnese, 1534-1549),
Pierre Favre se rend à la cour du Portugal pour une mission spéciale. En
Espagne, en 1545, il fonde des communautés jésuites à Valladolid et Alcala;
mais ces voyages incessants minent sa santé. Rappelé à Rome pour s'y
préparer à participer comme légat du pape au concile de Trente, Pierre
Favre s’éteint épuisé le 1er août 1546 dans les bras mêmes, dit-on,
d’Ignace de Loyola.
Mort à 40 ans, Favre est moins connu que d’autres parmi les
premiers compagnons jésuites. Cependant, il occupe une place très
importante dans l’histoire de la fondation de la Compagnie de Jésus ;
d'abord parce qu'il faisait partie du noyau initial des trois « Amis dans le Seigneur » fondé dans la chambre du Collège
Sainte-Barbe à Paris avec Ignace de Loyola et François-Xavier, ensuite
parce qu'Ignace de Loyola avait la plus grande confiance en lui.
Pierre Favre n’était ni un philosophe, ni un théologien, au sens
technique du mot. Les seuls écrits qu'il nous ait laissés sont ses lettres
et un Mémorial qui est une autobiographie spirituelle, rédigée de 1542 à
1545 dans laquelle il fait une approche du divin par le biais de
l'affection intime et du sentiment. Il n'hésitait pas à s'adresser
directement au Christ et aux anges, comme dans l'extrait ci-dessous, où il
raconte son installation dans une nouvelle demeure : « Dans
chaque pièce et dans chaque salle de la maison, je dis à genoux cette
prière : “Visitez
cette demeure, nous vous en prions, Seigneur ; écartez d'elle toutes
les embûches de l'ennemi, pour que vos saints anges y habitent et nous
gardent dans la paix, et que votre bénédiction soit sur nous à jamais, par
le Christ notre Seigneur.” Je le fis avec une vraie dévotion et
avec le sentiment qu'il était convenable et bon d'agir ainsi en entrant
pour la première fois quelque part. J'invoquai ensuite les anges gardiens
des voisins et je sentis que cela était convenable et bon quand on change
de quartier. Je priai pour que mes compagnons de logis et moi, nous n'ayons
à subir aucun mal de la part des mauvais esprits du voisinage et tout
spécialement celui de la fornication »
Pierre Favre, béatifié
le 05 septembre 1872 par le Bx Pie IX (Giovanni Maria Mastai Ferretti,
1846-1878), a été canonisé (canonisation équipollente) par le Saint Père
François le 17 décembre 2013 (la canonisation équipollente signifie que le
Pape étend d’autorité à toute l’Église le culte, à travers l’inscription de
sa fête, avec messe et office, dans le calendrier de l’Église universelle).
Les Jésuites le fêtent le 2 août.
Sources principales : diocese-annecy.fr/ ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).
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