cardinal
Raymond Nonnat perdit sa mère dès sa
naissance. Dès l'usage de la raison, se voyant sans mère ici-bas, il se
choisit Marie pour Mère. La Sainte Vierge et son dévot serviteur
rivalisaient de dévouement l'un pour l'autre. Partout le pieux enfant
saluait l'image de sa Mère céleste, il trouvait chaque jour mille moyens de
l'honorer. Le démon lui étant apparu un jour sous la forme d'un berger,
pour le tenter, Raymond le reconnut, appela Marie à son aide, et le tentateur
disparut avec un cri horrible. Son père, ayant entendu dire que la dévotion
de son fils lui faisait négliger la garde de son troupeau, vint un jour
l'épier et fut ravi d'admiration de voir un beau jeune homme éclatant de
lumière garder le troupeau pendant que Raymond se livrait à la prière dans
une chapelle voisine, aux pieds de l'image de la Vierge.
Raymond était arrivé à l'âge de fixer son avenir. Marie calma ses
inquiétudes en lui révélant qu'il devait aller à Barcelone et se faire
recevoir dans l'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci pour la rédemption des
captifs.
Après un noviciat plein de ferveur, il fut envoyé en Afrique, où,
n'ayant pas assez d'argent pour racheter tous les prisonniers, il se donna
lui-même en otage, afin de les mettre tous en liberté, et ne fut délivré
que quand le surplus du payement fut arrivé. Il souffrit avec joie tous les
outrages de la captivité en union avec le Rédempteur des âmes outragé pour
les péchés du monde. Un jour, il faillit être empalé pour avoir instruit et
converti plusieurs infidèles ; mais le supplice fut changé en coups de
bâton. La bouche cadenassée, il chantait encore les louanges divines, ce
qui fut attribué à des enchantements et donna lieu à une persécution
nouvelle.
Après sa délivrance, qui fut moins pour lui un sujet de joie qu'un
sujet de tristesse, il fut élevé au cardinalat ; mais, rentré dans son
couvent, il y mena la même vie simple qu'auparavant, et ne consentit à
changer ni d'habit, ni de logement, ni de genre de vie. Un jour très froid
d'hiver, il avait donné son chapeau à un pauvre vieillard mendiant ;
la nuit suivante, la Sainte Vierge vint, accompagnée de plusieurs Saints,
déposer une couronne sur sa tête.
Près de mourir, il reçut la Communion des mains de Jésus-Christ.
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les
jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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